Ils étaient trois...

Si Fanny avait su...

Elle ne serait pas venue, bien entendu.

Ou alors, elle aurait fait un effort pour s'adapter. Il fallait faire profil bas dans la vie pour être accepté. Hélas pour les rebelles et les différents.

Il fallait du courage pour montrer sa différence.

Il en fallait encore plus pour en accepter les conséquences.

Si elle avait su...

Si elle avait su, elle n'aurait pas été différente.

Il suffisait de mentir, de cacher, de se taire.

Si elle avait su...

Elle ne serait plus.

Cela aurait été si facile.

Savez-vous ?

Fanny aurait fait un effort pour agir.

Si elle avait su, elle n'aurait pas hésité.

Il suffisait de si peu et tout serait en paix.

Mais c'était trop tard.

Nuits fauves, nuits de danger.

Ils étaient trois et Fanny ne pouvait rien faire d'autre que de fermer les yeux. Et se taire.

Espérer que cela ne dure pas.

Nuits fauves, nuits de danger.

Commençons par cela.

Car il faut bien commencer quelque part.

Ce n'était pas la première fois que Fanny se mettait ainsi en danger mais c'était la première fois que le danger la trouvait.

Ils étaient trois.

Fanny essayait de se perdre dans ses souvenirs pour ne pas se voir ainsi.

Mais elle ne se souvenait pas de beaucoup. Les années se mêlaient très vite dans une mémoire.

Elle se souvenait juste de quelques nuits.

Elle était jeune.

Elle avait pris l'habitude de marcher dans sa ville la nuit.

A l'insu de ses parents, elle marchait. Fuir par une fenêtre et escalader un mur, elle connaissait.

Elle marchait des heures à la recherche du danger.

Nuits fauves.

Nuits de danger.

Le danger ne l'avait jamais trouvée...jusqu'à aujourd'hui.

Ils étaient trois.

Peut-être la finiraient-ils ?

Le danger... Des nuits dans la rue à marcher et à explorer...

Peu de rencontres.

Juste assez pour décider de se taire.

Si elle avait su, Fanny se serait adaptée. Elle se serait tue.

Et elle aurait baissé les yeux sur le monde.

Mais voilà...elle n'a pas su.

Il y avait dans certains quartiers de certaines villes, des dangers redoutables que l'on devait apprendre à éviter.

Il y avait dans certains quartiers de certaines villes, des dangers que l'on se voyait prier de devenir mortels et qui le sont trop peu.

On survivait.

Hélas.

Mais on était brisé.

Nuits fauves, nuits de danger.

Ils étaient trois...

Ils la brisèrent mais ne la tuèrent pas.

Hélas pour Fanny...

" Allô ? La police ? Venez rue de la Ferronnerie. J'ai trouvé une fille. Vite !

- ................................................

- Vivante ? Oui, mais... Mon Dieu ! Venez !

- ................................................

- Je suis..."

On raccrocha et la police demandait encore le nom de son interlocuteur.

En vain.