Exode 7 et 8 - Moïse et Aaron déclenchent les plaies d’Égypte

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Ce nouveau chapitre débute par un échange verbal entre Dieu et Moïse. Ce dernier bénéficie d’une ré-explication complète du plan divin pour affranchir les hébreux du joug des égyptiens. En complément dans son discours, Dieu tient à distinguer les rôles des deux frères. Parlant à Moïse, Dieu précise ; « Vois, je te fais Dieu pour Pharaon: et Aaron, ton frère, sera ton prophète. / Toi, tu diras tout ce que je t'ordonnerai ; et Aaron, ton frère, parlera à Pharaon, pour qu'il laisse aller les enfants d'Israël hors de son pays. »

Il y a ici à nouveau de quoi s’interroger sur la sélection de Moïse en tant qu’intermédiaire entre Dieu et les Hommes. Moïse ne voulait pas assumer ce rôle et il est en difficulté en expression orale au point que son frère a dû être appelé à ses côtés. À présent, au regard du nombre d’explications qui sont nécessaires, on en viendrait à se demander si l’Éternel a une grande confiance en la capacité de compréhension de Moïse… Dieu explique à Moïse ce qu’il doit dire à Aaron, qui lui-même s’exprime face aux différents interlocuteurs. C’est même Aaron, avec la verge confiée à Moïse, qui réalise les tours de magie, censés impressionner tout le monde. Dieu a une marionnette, qui a lui-même une marionnette. Nous nous sommes déjà interrogés préalablement sur l’intérêt de Dieu de passer par Moïse et Aaron, plutôt qu’Aaron seul, car pour le moment, leurs rôles pourraient tout à fait être assumés par un seul personnage. En fait il faut aller bien plus loin dans le récit pour observer les différences qui existent entre leurs choix, leurs trajectoires de vie et constater (scénaristiquement parlant), l’intérêt pour le récit qu’ils soient deux. Dans leurs relations avec Dieu, ils suivent un début de parcours très similaire, mais par la suite, quand Moïse représentera la fidélité au Tout-Puissant, Aaron incarnera la faiblesse humaine par ses errements, avant de se racheter aux yeux de Dieu.

Moïse et Aaron retournent voir Pharaon et tentent de reprendre les négociations. Pour soutenir leur demande et le convaincre de la nature divine de leur mission, Aaron jette au sol sa verge (le bâton magique) devant l’assemblée. Celle-ci se transforme en serpent. Mais Pharaon a de nombreux serviteurs et parmi eux se trouvent des magiciens. Il n’est donc pas impressionné. Il en a vu d’autres et d’ailleurs, ses thaumaturges réalisent aisément le même tour. Ils jettent leurs verges qui se transforment elles aussi en serpent. Néanmoins, le reptile d’Aaron démontre sa supériorité sur ceux créés par les mages égyptiens en les dévorant. Cela permet à Aaron de conclure ce premier affrontement avec un léger avantage, car pour ce qui est du prodige en lui-même, il semble accessible à tous les précurseurs de Garcimore. Pharaon maintient son refus (Dieu endurcit son cœur). Moïse et Aaron prennent congé et s’empressent d’aller relater à l’Éternel ce nouvel épisode.

« L'Éternel dit à Moïse: Pharaon a le cœur endurci; il refuse de laisser aller le peuple. » (Dieu aurait aussi bien pu dire « J’ai endurcit le cœur de Pharaon pour qu’il refuse. »). Dieu renvoie ses deux émissaires renouveler la demande dès le lendemain matin, lorsque Pharaon sortira de son palais pour aller près de l’eau.

Le jour suivant, pour tenter de conforter l’ascendant psychologique acquis lors de la précédente confrontation, Aaron réalise un tour plus difficile. Il frappe de sa verge les eaux du fleuve, qui se transforment en sang. Tous les poissons meurent et plus personne ne peut boire l’eau du Nil (bien joué Aaron !). Probablement piqué au vif par l’impudence de cet amateur, les magiciens égyptiens réalisent le même enchantement. À nouveau, Pharaon regarde ce combat de magiciens sans grand intérêt (pour lui, on apprend ça en première année à Poudlard).

De prime abord, nous pourrions considérer que ce n’est pas très malin de la part des mages égyptiens de reproduire un tour de magie qui est manifestement préjudiciable à leur peuple. Ils auraient effectivement pu se contenter de contrer l’attaque magique d’Aaron en réparant les dégâts. Mais, personnellement, je trouve que ces mages ont une longueur d’avance. D’abord, il est probablement plus difficile de réaliser au débotté, un tour de magie qui n’a pas été répété au préalable. En plus de cela, puisqu’Aaron a changé l’eau du fleuve en sang et que tous les poissons nagent sur le dos, cette action précisément est déjà réalisée. Comme vous conviendrez aisément que changer du sang en sang, n’a pas beaucoup d’intérêt... donc, le fait de réaliser le même prodige, cela signifie nettoyer le fleuve, ressusciter les poissons puis refaire la même (et ça c’est fort). Autre option (moins spectaculaire), après que les mages aient réalisé leur enchantement, le fleuve est plus riche en globules rouge et les poissons sont encore plus morts.

Force est de constater que ce passage du scénario est mal écrit au point d’en être dénué de sens, car il faut naturellement comprendre que les prodiges d’Aaron sont supérieurs à ceux des mages. En effet, (et c’est bien Dieu qui en est responsable) le fleuve reste ensanglanté durant sept jours et les égyptiens durent creuser des trous à la hâte pour épancher leur soif.

À l’issue de ces sept jours, Dieu donne de nouvelles consignes à ses porte-paroles. Cette fois, Moïse et Aaron doivent annoncer à l’avance le désastre qui frappera l’Égypte si Pharaon s’entête à refuser la liberté aux hébreux. Lors de leur nouvelle entrevue (soit la troisième demande formelle), les deux frères menacent le roi d’Égypte de multiplier les grenouilles dans tout le pays. Cependant, c’est sans attendre sa réponse (en même temps chacun sait bien que Pharaon va refuser, puisque Dieu endurcit son cœur), que l’Éternel demande à Moïse de demander à Aaron d’étendre sa main (avec sa verge) sur les rivières, les ruisseaux et les étangs. Les grenouilles se multiplient et s’introduisent jusque dans la chambre de Pharaon. Un peu couillonnement, à nouveau les mages égyptiens font de même pour démontrer qu’ils en sont capables (et les grenouilles sont encore plus nombreuses). Si cette réaction sur le fond est d’une bêtise abyssale, ce passage est moins idiot que le précédent sur la forme. Pour le coup, il est possible de renouveler cet enchantement et d’augmenter le phénomène. On ne sait pas combien de temps dure cette invasion de grenouilles, mais Pharaon revoit enfin sa copie. Il convoque les deux frères et leur demande de faire cesser cette prolifération de batraciens, promettant en contrepartie de libérer Israël.

Sur ordre divin, les grenouilles périrent. Mais Dieu endurcit le cœur de Pharaon et ce dernier refuse finalement de tenir sa parole. Cette fois-ci, sans nouvelle entrevue ou menaces formulées, Dieu demande à Moïse de demander à Aaron de frapper la poussière de sa verge. Toute la poussière se change en poux qui infestent les hommes et les animaux. Les magiciens égyptiens essaient de reproduire ce prodige (faisant définitivement la preuve que leurs capacités intellectuelles sont plus limitées que la moyenne). Ils n’y parviennent pas et c’est sans doute mieux pour tout le monde. Se rendant à l’évidence que le pouvoir magique d’Aaron est supérieur aux leurs, les mages décident d’abandonner le combat et conseillent à Pharaon d’arrêter les frais.

Mais Dieu endurcit encore le cœur de Pharaon et ce dernier refuse de laisser aller Israël. Toujours sur conseil de Dieu, Moïse retourne voir Pharaon un matin tandis que celui-ci est auprès de l’eau. Il s’agit ici de la quatrième fois que Moïse et Aaron formulent la demande de laisser partir Israël. Ils annoncent qu’en cas de refus de Pharaon, dès le lendemain ils passeront à la vitesse supérieure et multiplieront des mouches venimeuses. Ils annoncent que Dieu épargnera le pays de Gosen où les hébreux résident. Cette précision nous indique donc, que concernant les grenouilles ou les poux, les hébreux de Gosen n’ont pas été distingués du reste de la population égyptienne (ils doivent être tout à fait satisfaits de profiter des miracles de leur dieu…).

Nous pouvions nous y attendre, dans le laps de temps qui lui a été accordé pour se décider, Pharaon a choisi de ne pas laisser partir Israël. Les mouches venimeuses se multiplient et toute l’Égypte, à l’exception du pays de Gosen, en est infestée. Le pays est dévasté.

Pharaon re-convoque les deux frères. Il leur propose de laisser les hébreux pratiquer leurs rites sacrificiels en l’honneur de l’Éternel au sein même du territoire égyptien. La tactique pharaonique est un peu grossière, aussi Moïse lui répond ; « Il n'est point convenable de faire ainsi; car nous offririons à l'Éternel, notre Dieu, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens. Et si nous offrons, sous leurs yeux, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens, ne nous lapideront-ils pas? / Nous ferons trois journées de marche dans le désert, et nous offrirons des sacrifices à l'Éternel, notre Dieu, selon ce qu'il nous dira. »

Pharaon se laisse convaincre et donne son accord. Il recommande aux hébreux de ne pas s’éloigner trop loin dans le désert et leur demande (curieusement) de prier pour lui. Moïse est satisfait, il sollicite Dieu pour qu’Il éloigne les nuées de diptères venimeux. Les mouches disparaissent. Mais Pharaon endurcit son cœur et il fait volte-face. Le déroulé global des actions est un peu redondant, mais vous noterez que pour une fois (peut-être pour apporter un peu de variété dans la monotonie du style narratif), c’est Pharaon qui endurcit lui-même son cœur.

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