9 - Michel

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De retour d’une visite de sa succursale située à Cagnes-Sur-Mer, il retrouva enfin la sécurité fraîche de son bureau. Sa chemise était trempée, ses cheveux collaient à ses tempes. A 14 heures, la chaleur était étouffante dans cette ville.

Heureusement, il disposait d’un cabinet de toilette. Il s’y rendit aussitôt et prit une douche pratiquement froide.

Un quart d’heure après, frais et dispos, il se servit une bière bien fraîche qu’il but à même la bouteille et se mit au travail. Rien d’important dans sa boîte mail, ni dans ses messages téléphoniques. Cependant, il devait se préparer pour une importante réunion avec ses principaux collaborateurs qui devait avoir lieu dans une demi-heure.

Or, il n’avait pas envie de s’atteler à la tâche.

Inexplicablement, ce matin, il s’était mis subitement à penser à elle et depuis, son image s’était imprimée dans son esprit. D’habitude, il refoulait toute pensée ou représentation d’elle, mais aujourd’hui, ça ne marchait pas. Et cela l’agaçait terriblement.

Pourtant, il avait fini par tirer un trait sur elle. Après ses nombreux appels téléphoniques et messages restés sans réponse, en désespoir de cause, il avait fini par baisser les bras. Elle ne voulait pas lui accorder son pardon. Et il le méritait bien, après tout.

Mais bon sang, qu’est-ce qui lui avait pris ?

En vérité, il était fou amoureux d’elle, il avait perdu la tête tout simplement. Le diable s’était emparé de lui ce soir-là, il n’y avait que cette raison qu’il pouvait considérer comme plausible. Car comment expliquer qu’un homme tel que lui, doté d’autant de contrôle et de sang-froid dans la vie de tous les jours, ait pu perdre ainsi son self-control ? C’est vrai, une petite voix lui avait susurré que peut-être, elle se laisserait faire. Cette même voix lui avait fait penser que Clara avait probablement un petit faible pour lui.

Non, la faute lui en incombait entièrement.

Comment taire cela maintenant ? Cela faisait plus de six ans et il n’y arrivait pas. Comment vivre avec cette honte, ce mépris de lui-même sans oublier le sien à elle ? Par sa stupidité et par sa folie, il avait tout gâché. Et il n’y avait plus rien à faire désormais.

Il avait tout fait pourtant pour l’oublier. Il avait même tenté de reprendre sa vie de couple, ce qui leur avait valu la naissance de la petite dernière. Au début, ça avait l’air de fonctionner car la nouvelle maternité de son épouse l’avait fait sortir de sa dépression. Mais six mois après, elle était retombée dans cette espèce de léthargie et de torpeur qui l’empêchaient d’être une bonne mère et une bonne épouse. Elle prenait beaucoup trop de tranquillisants et parfois, souvent même, elle buvait aussi, ce qui avait provoqué irrémédiablement la fin de leur histoire.

Avec un soupir, il s’approcha de la fenêtre. Ses bureaux étaient établis non loin de la promenade des Anglais et le flux incessant des voitures lui parvenait en sourdine. Il s’attarda un moment à observer dehors : les passants, les voitures, et au-delà, la mer qui aujourd’hui était d’huile.

Le téléphone multifonctionnel posé sur son majestueux bureau en merisier grésilla : c’était Cécile qui lui rappelait sa réunion. Il prit ses dossiers et se dirigea vers la porte.

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