5- Clara

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Installée dans le bureau que je partage avec ma collègue Célia, je ressasse pendant des heures mon plan d’action. Je n’arrive pas à me concentrer sur autre chose ; heureusement, notre chef n’est pas dans le bureau et c’est plutôt calme aujourd’hui.

Je vais le surprendre chez lui, en début de soirée, je serai certaine de rencontrer également son épouse. Je créerai un esclandre sans précédent en lui avouant tout haut les tromperies de son époux. Je lui raconterai tout.

Du calme, Clara, me dis-je, crois-tu que cela soit vraiment nécessaire ? Pourquoi remuer tout cela ?  Surtout, après tout ce temps ?

Parce que je me sentirais mieux, parce que j’ai donné ma confiance à un homme qui en a profité et qui a abusé de moi. Parce que j’ai rêvé de me venger, de lui faire du mal, comme il m’en a fait il y a quelques années.

Oui, certes, je pourrais pardonner, essayer d’oublier, aller de l’avant. Ne pas avoir d’animosité ni de ressentiment. Tourner la page en somme. Me reconstruire. Pardonner. Oui, mais avec lui, c’est différent. Je n’y parviens pas et demain, je vais exécuter mon plan, qui somme toute, n’est pas si machiavélique que cela.

Dehors, il pleut à verse et j’entends le vent souffler dans les arbres qui bordent la rue d’en face : j’ai l’impression que les éléments se sont déchaînés, comme pour faire corps avec mes tortueuses pensées.

– Ouh ouh Clara ! tu es toujours là ?

– Excuse-moi, j’étais perdue dans mes pensées !

– Eh bien, ça se voit ! Tu n’as pas de soucis j’espère ?

– Non, je te remercie Célia, tu es gentille. Quelle heure est-il ?

– Bientôt 17 heures. L’heure des braves !

Nous sommes jeudi. Demain est le jour idéal pour agir. J’aurai plus de chance de les trouver tous à la maison.

Car je sais où il demeure avec sa petite famille, il m’en avait parlé un jour. Et à l’ère d’Internet, qui ne connaît pas ce chef d’entreprise qui a réussi à se hisser au sommet du textile et qui compte plusieurs succursales dans toute la France ? Qui ne l’a jamais vu avec, à son bras, toujours une femme différente, blonde, brune, rousse ? Quelle sorte d’épouse a-t-il pour qu’elle accepte cette situation ? Elle fait probablement la même chose de son côté… Parfois, les gens sont étranges…

Oui, demain est le jour idéal, car j’aurai ensuite tout le week-end pour me remettre de mes émotions et reprendre le cours de ma vie.

Je chasse cette petite idée qui trotte dans ma tête comme une psalmodie  : « C’est mal, c’est mal… »

J’éteins mon ordinateur en soupirant et me lève en rassemblant mes affaires. J’attrape mon gilet et mon parapluie. Il pleut encore, mais je suis toute moite et malgré la climatisation, j’ai terriblement chaud, je suis au bord du malaise. J’ai hâte de me retrouver sous le jet frais de ma douche.

– Au revoir Célia !

– Au revoir ma belle, à demain !

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