Chapitre 1 

Partie 1

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Frappant toujours plus fort, un son bestial sortant de ma gorge à chaque coup. Ce rugissement animal n’a rien de naturel. Je frappe à mains nues ce que je trouve pour rechercher la douleur. Amnésique, j’oublie parfois qui je suis. Complètement anesthésiée lorsque je ne suis plus moi. J’essaye de garder une vie normale, mais deux moi s’opposent. Et je ne sais pas laquelle de nous deux sera gagnante.

Je ne suis pas amusante, mais mon naturel suffit à faire rire. Je suis assez directe, pas besoin de passer par quatre chemins ou de faire mille courbettes pour obtenir les mêmes résultats. Je suis confiante mais je me laisse déstabiliser rapidement, défaut de mon enfance que je n’arrive pas encore à surmonter.

Habillée, coiffée, à peine maquillée, lunettes sur le bout de mon nez. J’enfile ma veste en cuir et je chevauche ma moto pour me rendre à la fac. La vie passionnante d’une étudiante qui se rend à son premier cours de la journée. Je ne suis pas une simple étudiante ou du moins plus depuis quelques temps. Que fût ma réaction quand après un simple vaccin de rappel, mes yeux ont soudain retrouvé leur acuité jusqu’à être trois fois supérieurs aux humains. Que l’ensemble de mon corps fût dopé aux stéroïdes afin que je sois capable de courir plus vite qu’un guépard, que je sois plus forte que n’importe quel être au monde. Mes sens décuplés, des canines acérées sortant tout droit d’une série pour adolescents, j’ai cru pendant un bref instant que cette piqûre ne contenait pas un vaccin mais une bonne dose de Marie Jane ou de Cannabis. Mais les faits étaient là, d’une apparence humaine, seuls mes yeux d’un bleu cristallin brillant dans le noir et mes canines bien trop longues et acérées trahissaient ma nature à demi humaine et demi… Indéfinissable. Que fût la terreur de mon médecin en me voyant me transformer en monstre.

Mais heureusement pour moi, j’ai le contrôle aujourd’hui, mes lunettes sont toujours présentes et mes douleurs toujours au garde à vous. Ma nature est toujours passée inaperçue et aucune personne me côtoyant ne connait ce que je suis. Je suis donc une simple étudiante en dernière année en faculté d’informatique. C’est assez libérateur de me dire qu’il reste un endroit où je suis encore la fille aux mille problèmes de santé qui a la vie la plus simple du monde.

La vérité ? J’ai deux vies, deux corps, deux personnes en moi que je tente de contrôler. Mon ancienne moi, l’humaine à la vie lambda fragile et intelligente ainsi que le titan, puissant, impulsif et à la vie obscure. J’ai l’avantage de pouvoir avoir plusieurs choix de vie. J’essaye de me rassurer en me disant que ma deuxième nature peut avoir plusieurs avantages. Après tout, qui ne rêve pas de goûter à la part d’héroïsme que chaque humain souhaiterait après avoir vu le film Avengers passer à la télévision. Pour être franche, être un héros ça craint. En devenir un, c’est chiant. Et moi je n’ai rien demandé, je le suis de naissance.

J’arrive devant un grand bâtiment un peu exclu du reste de la faculté, mon bâtiment, celui des geeks pour la plupart des autres étudiants. De toute manière, quand vous touchez de près ou de loin à un ordinateur vous êtes un nerd, un accro du clavier, un geek invétéré. Pour ma part j’aime juste les choix qu’offre cette voie. Et j’aimais particulièrement m’abonner à quelques soirées de jeu. D’accord, je participe un peu à cette image mais toute ma promotion n’est pas dans mon cas.

Mon bâtiment et mon université n’ont rien de particulier, enfin je suis quand même à Columbia dans le cadre d’un échange universitaire. New-York, quelle magnifique ville.

J’ai à peine le temps d’enlever mon casque que Brian ou plus communément surnommé "Be" à cause notamment de sa bissexualité, qu'il ne cache pas, arrive en joie.

• Elena, tu sais pas ce qui m’est arrivé ce week-end, me demande-t-il un peu maniéré comme à son habitude accentuant sa gay attitude.
• Non Be je ne sais pas, lui dis-je sans conviction pour l’agacer.
• C’est normal, tu n’as donné aucun signe de vie ce week-end !

S’il savait que ce week-end, j’avais laissé le titan en moi détruire deux raclures près de Madison Square après avoir un peu trop joué avec mes nerfs durant une intervention. Les souvenirs d’un combat à mains nues, de quelques côtes cassées et mâchoires déplacées envahit mon visage, me donnant un air à demi sérieux et à demi perdu.

• Len’ arrête les médocs tu as l’air encore plus stone que d’habitude.
• Excuse-moi, dis-je en revenant à moi.

M’embrochant le bras sans me laisser le choix, nous marchons vers ma salle de cours.

• Tu suis combien de cours ce semestre ? Car j'ai l'impression que tu es de moins en moins présente. Je veux bien que tu sois surdouée ma chère mais quand même !
  
• J’ai pris des cours anticipés le semestre dernier pour être plus libre pour des projets personnels.
• Et tu ne m’en as même pas parlé ?
• Je perds un peu la tête en ce moment, tu ne m’en voudras pas c’est les cachets.

La bonne vielle excuse des cachets, une valeur sûre dont j’abuse un peu ses derniers temps. Je n’allais pas lui avouer qu’en vérité si mes cours ont diminué c’est simplement car j’aide l’État dans sa chasse aux titans, une espèce d’humain qui n’a rien de terrien. 

Car oui, je ne suis pas la seule.

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