Où l'on fait la connaissance du Libraire

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 Mia s’éclipsa ; elle avait eu ce qu’elle voulait. Elle continua. Son étape suivante fut chez un vieux Libraire, dont la peau était difficilement différenciable des parchemins qu’il possédait par montagnes. Elle s’était dit qu’un homme ayant tant côtoyé les mots serait sûrement à même de lui en définir deux. Mais il refusa. « Pas le temps ». Elle lui affirma alors qu’elle était prête à se mettre à son service durant un an. (Elle avait vraiment pris le Chevalier au sérieux quand il lui avait dit que c’était un prix raisonnable pour une information !) Le Libraire refit rapidement son calcul et y vit une bonne affaire : si elle s’occupait de tout ce qui concernait l’intendance, il pourrait passer plus de temps dans les livres. Il lui rédigea (rapidement) un contrat d’embauche (stipulant qu’elle serait nourrie et logée mais n’aurait pas d’autre salaire que ses définitions). Mia, qui commençait à avoir l’habitude, s’occupa donc de la cuisine, du ménage, de ranger les livres, de tenir la librairie, etc. Dès qu’elle sollicitait son Maître (c’est ainsi que son contrat le nommait), il répondait : « Je n’ai pas le temps, je dois apprendre ». Il accumulait les connaissances, de toutes sortes, inlassablement. Mais sans les partager. Un jour où il semblait d’humeur particulièrement ouverte, elle osa le questionner : « Pourquoi vous contentez-vous d’apprendre dans les livres ? D’autres choses comme discuter ou cuisiner peuvent également être enrichissantes…

-Vois-tu, en discutant, ou en cuisinant, on a vite fait de faire le tour de la question. Les livres sont différents. Avec eux, on n’en finit jamais de découvrir de nouvelles réponses ou de nouvelles questions. »

 Elle allait lui répliquer que c’était aussi le cas avec plein d’autres choses mais il était déjà absorbé par un nouvel ouvrage. Au bout d’un an, il attrapa un vieux dictionnaire et commença à lire la définition du mot « honneur » : « HONNEUR [ɔnœʁ]n.m.-honor, onor XIIe ; var.pop. enour ;lat. honor I Dignité morale. 1. Fait de mériter… »

 Mia était déjà partie. Après une année passée parmi les livres, elle n’avait pas manqué d’occasions de consulter des dictionnaires. Peut-être es-tu étonné : elle avait lu les définitions du dictionnaire et entendu celles d’un chevalier… Cela ne lui suffisait-il pas ? Pourquoi continuer ? Eh bien… Je ne sais pas. J’aurais du lui demander. Je ne saurais jamais. Je ne peux qu’imaginer. Peut-être qu’au fond ce n’était qu’un prétexte. Peut-être qu’elle voulait voyager, apprendre, rencontrer, être libre… Je ne saurais jamais. Je ne peux qu’imaginer. Cette fois-ci, elle cherchait un samouraï. Elle avait lu dans les livres que ceux-cis étaient des modèles d’honneur et de courage. Mais sur la route, elle allait d’abord croiser d’autres personnages.

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