#9 - 8 juillet

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De bâbord à tribord et sous la plante des pieds, des nuages confettis que l’on confesse dans des murmures comme des vagues au creux des Rhin, fluviaux et pluvieux dans les mémoires que l’on sème. Des particules de printemps jetées à l’amarrage, on lève l’ancre et les bras, d’un mouvement de parjure sur des monticules d’insomnie ou de somnolence passagère. Clandestines, clabaudant à cloche-pied dans les apanages de lèvres avinées, de soleil et d’émois estivaux, que l’on garde précieux, serrés et blottis contre les cœurs en cascade. Un cheval de bataille comme des cheveux en nid, des orties dans les ronces, picotements aux tréfonds des estomacs noueux, tortueux sous l’appendice, à se lécher les babines et se ronger les os, comme on ronge une chimère qui n’est plus. Dépassée par le temps qui s’en est allé, voir ailleurs et au fond, ici toujours, incertain des chagrins que l’on étouffe dans les plumes d’oreiller, ces plumes que l’on a perdues à trop se vouloir, à trop s’aimer, à s’insurger d’être deux au lieu d’un seul, un linceul jeté sur les draps froids et amers. Si l’on parvient, parfois, et par hasard souvent, à entendre le chant des alouettes au loin, glapis comme ça, par-dessus les épaules, jeté tel du sel pour se porter bonheur, si l’on capte le souffle, léger et salutaire, des grincements hiémaux de hyènes en moqueries, alors on peut se taire encore, on se réchauffe de bras que l’on serre, que l’on enserre en prière de ne jamais les déchirer, du papier buvard à absorber nos rires et nos larmes. Et on les gardait près de nous, trésors de belles années, trésors de joie éphémère qui nous usent la peau, nous griffent et nous écartèlent, ne laissant là que les souvenirs qui s’entremêlent aux encres que l’on plie ainsi à nos idées, sur des lignes troubles, des horizons lointains que l’on saisit du bout du nez, un effluve dont on s’orne, comme ça, pour se dire que l’on existe encore un peu, quelque part malgré le noir de la lune qui s’enfuit. Et des comètes lâchent leurs queues sanglantes sur les nuées d’étoiles sifflantes, loin, si loin que l’on effleure à peine du bout des cils, des pectines embrassades à la lueur obscure. On s’oublie un peu, parfois, dans les cendres encore chaudes, juste, tout juste tièdes encore de nos corps enlacés qui s’estompent dans les rêves. S’en vont. Les rêves et les corps et les souvenirs. S’envolent. Et la nuit reste noire, même quand elle disparaît sous son manteau de suie, même quand elle fuit. La nuit reste noire, les yeux fermés ou ouverts, les rêves éveillés ou endormis. Qu’importe. La nuit reste noire et de nos restes rien. Pas même une braise à souffler d’un baiser.

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