#5 - 26 mai

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  Est-ce que l’on parcourt encore les murs de notre insouciance ? Est-ce que le fil s’est rompu ? La corde trop fragile pour supporter le poids de nos deux cœurs entrelacés… En pas chassés je m’éloigne, de ton odeur qui feutre les fissures, le carrelage craquelé et les brisures de riz sur nos rires émaciés. Le temps a effiloché les chagrins nocturnes, pourtant perlent encore au creux du jour quelques larmes, des regrets, des remords que l’on mord sous les doigts, les phalanges enneigées de poussière de fée. A creuser l’asphalte sous une dérouillée bien tombée, tombée dans l’oubli, tombée dans le vortex, et le cortex cérébrale s’entête dans des arabesques aux ongles rongés par l’absence. Les huiles encensent l’atmosphère bleutée, chamarrée et moirée sous les lumières albuminées, et les cocons en fleurs d’aube au lever du soleil. Les étoiles s’éteignent, les rayons percent les persiennes à demi endormies sous les toits diluviens. Le clocher s’ébahit et l’horloge se tait pour arrêter le temps qui guérit les fêlures… La girouette s’évapore, se torsionne et se contorsionne dans tous les sens des vents qui se lapident sur la jetée, l’avancée dans l’amertume éblouie. S’enfonce en plein cœur et hurle son aveugle souffrance. Aveugle ou les yeux fermés, bandés sous le soi de suie qui se cendre. Tout se répand dans des souffles distordus. Tout se répand. Et l’on s’épanche à ne plus savoir que faire pour toucher du doigts les bonheurs simples qui dérivent, en houle céleste dans l’air chaud du printemps qui se meurt, qui s’effeuille en comptant fleurette dans les bustiers butinés du bout des lèvres. Prêts à éclore, encore précoce des baisers fragiles qui tiennent aux coins des lèvres. Gravitent sous les dents et dans les palais froids. Seul le goût de la fumée s’introduit jusqu’aux entrailles, remplit les espaces vides, vides de toi, de nous… de soi. Libre au fond, comme on peut l’être, quand cette liberté nous perd dans des méandres labyrinthiques. Et l’on se fuit sans se voir, sans le vouloir. On touche les blés sous les paumes qui caressent l’échine improbable des songes pendus sous les arbres centenaires. Balançant leur corps frêle à une branche cassée. L’aurore perdure et s’entretient dans sa splendeur matinale, comme une pomme ronde et lisse dans laquelle on croque sans attendre le signal, et l’on tombe fort, et l’on tombe bas. Si bas, que le corps n’était pas prêt pour le choc, s’éclate en fragments contre le bitume à rosée sur les pétales défraichis. Et le temps se prélasse, là, les doigts de pieds en inventaire de souvenirs décalqués sur des chiffons sales, suant de suie et de suif, perlé d’aphrodisiaque pesanteur, insalubres murmures blottis au fond des gorges. Alors on se gargarisent d’insoumission, sale la langue sous le salpêtre en priant les mains jointes, accoudés au comptoir délavé. Glissent les sols sous les pieds, s’empêtrent entre chaque grain de peau que l’on sème en muant de coquille en coquille. A mi-mot on s’albâtre aux paupières soulevées, on s’ébat, s’abat d’un coup de flegme décoché du carcois sanguinaire. Mémoires acides sous les papilles.

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