#6 - 11 mai

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Dégouttent et détrempent, les fonds des éviers, des cheveux emmêlés dans la sueur, la suédine endormie sur les épaules se porte en châle. Les toits blancs de suie, de neige fondue qui s’obombre de miettes, de restes de feuilles tuées par les saisons. Poussière dans les gouttières et s’écoulent dans les sols. Les arrivées de nuées, aux dents longues et d’acier. Griffures sur les guipures, et les voiles sur les yeux, tulle de larmes fanées sur les visages diaphanes. Un bouquet d’œillets et d’yeux fermés, de paupières lourdes et de fumée époumonée. Dans les cieux se moirent, des milliers d’escaliers, crevant les persiennes aux débuts du jour, entre chien et loup à se mordre la queue, à se ronger les os. Se percutent dans les ventres et se nichent aux entrailles, entassées seulement, sous les palais de glace et les gorges fendues, des notes sucrées. Quand les étoiles s’alignent en grand oursin de mer, les langues fourchues et les doigts crochetés sur les mailles, les filets se relèvent. Les prises se meurent sans air, sans ailes pour disparaître au creux de la jetée, les bras ouverts sur les toits, les ecchymoses aux pommettes déchues, et parfois dans le rien qui nous anéantit la lumière s’amoncelle, papillons d’argent dans les bourrasques de souvenirs frêles au beau milieu des algues vertes. Mûres à point contre les cœurs qui se saignent et s’immolent, de feu trop ardent à se rosir les mains, les paumes abîmées contre les roches qui dansent, qui crépitent sous les cerfs-volants et les arcs-en-ciel d’automne. Alors que les rivières débordent, les eaux s’usent et s’amusent, à se jouer des tours, de magie, de passe-passe, repassés sous le fer et le fil du rasoir. Tant d’infortunes à déjouer que l’on se perd, à se retrouver peut-être sur les abords d’un fleuve, fondus sous le ciel brûlant. Tapisser les murs de mots tus, de chardons épinglés sous les langues et dans la langue que l’on cherche dans les rumeurs, comme une oasis rudérale. Arpenter le sommeil, funambule aux voies lactées, dans les chambres closes. S’emmitoufler de rêves et de couvertures d’ivresse, de pain rompu sur les tables de nuit, des réveils absurdes, sonnant la diane de parfums éteints, sous le chant des cygnes. Agonie solitaire alors que vient le glas, sous un amas de cordes, et de pendus, et de pendules cliquetant les secondes qui s’enfuient déjà, à peine touchées du bout du doigt, la pulpe filtrée entre les canines.

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