63. La jalousie de la nana qui compte

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Oriane

Je soupire de contentement en sentant les lèvres d’Hugo sur ma nuque et ses mains qui glissent sous les pans de mon kimono en soie pour caresser mon ventre et remonter sous ma poitrine. Je me tortille sur place et resserre la ceinture pour ne pas finir à poil dans la seconde dans ma cuisine alors que je n’ai même pas bu mon premier café de la journée. Manque de chance, enfin pas vraiment en fait, je me retrouve rapidement hissée sur le plan de travail, tasse vide en main, un stripteaseur ultra sexy torse nu glissé entre mes cuisses, les seins à l’air et pas bien loin d’être en tenue d’Eve.

Bon sang, il est vraiment chaud et j’adore ça. Hugo part en un quart de seconde. Pour preuve, je me suis juste penchée pour récupérer deux tasses dans le placard sous la cafetière. Et le pire, c’est que j’en redemande. J’ai l’impression de ne jamais être rassasiée alors que chacune de nos étreintes est torride.

Et j’adore les samedis matins où il n’a pas à partir en douce. Depuis que Robin l’a surpris à la maison, la semaine dernière, nous faisons d’autant plus attention. Cependant, je vois bien qu’Hugo fatigue, à arriver tard, repartir tôt, et ça m’embête de lui imposer ça. Voilà pourquoi nous avons profité de ce début de weekend pour faire une grasse matinée. Enfin, lui, surtout. Moi j’étais bien éveillée dès huit heures, et j’ai dû retenir mes mains baladeuses jusqu’à ce qu’il émerge quasiment deux heures plus tard.

— Je croyais que tu avais faim de nourriture ? pouffé-je alors qu’il dénoue finalement la ceinture, sa bouche picorant mon cou.

— La nourriture peut attendre, pas mon envie de toi, ma Douce.

Je frissonne, et ce n’est pas uniquement dû au sillon humide qu’il laisse sur mon téton après y avoir enroulé sa langue. J’aimerais dire qu’en arriver à se donner un petit surnom me fait flipper et est carrément déplacé vu le contexte, mais Hugo utilise celui-ci depuis quelques jours et ça me fait littéralement fondre. Et m’excite, aussi, si bien que mes mains quittent sa tignasse brune pour gagner le bouton de son jean, qu’il a enfilé en se levant, laissant traîner son boxer par terre. Même sans rien faire, qu’est-ce qu’il peut être sexy, tout ça, sans qu’il ne s’en rende compte ! Hugo dégage une incroyable sensualité et un sex appeal qui ont un effet dingue sur moi.

Un grognement de frustration m’échappe lorsque mon téléphone se met à sonner dans mon dos. C’est la sonnerie attribuée à Louis, je le sais, Hugo aussi, et ça refroidit légèrement nos ardeurs même si je ne réponds pas immédiatement. Je sais qu’il faut que je le fasse, on ne sait jamais, il pourrait très bien m’avertir qu’il doit passer à la maison récupérer des dossiers ou des fringues comme il l’a déjà fait, mais je n’ai aucune envie que nous nous interrompions maintenant…

Un SMS est annoncé et je me contorsionne pour récupérer mon mobile. Je suis presque allongée sur le bar pour lire le texto de mon mari, et les mains d’Hugo se montrent vraiment baladeuses.

— Louis demande à garder Robin ce soir pour l’emmener au cinéma… Tu bosses ce soir ou demain, ce weekend ? On pourrait se faire un restau sur Deauville tous les deux, ce serait sympa de faire autre chose que s’enfermer chez toi ou chez moi, pour une fois.

— Ce soir, ce n’est pas possible, pour moi. J’ai un show avec David et les jumeaux pour un enterrement de vie de jeune fille. Tu vois de quoi je veux parler, indique-t-il avant de se reconcentrer sur ma poitrine qu’il couvre de baisers.

Je soupire en répondant à Louis, plus du tout dans le mood coquin dans lequel nous étions plongés il y a encore une minute. Evidemment qu’il bosse… Pour la première fois depuis que nous nous côtoyons, savoir qu’il va aller se déshabiller devant des nanas plutôt que de rester avec moi me peine… et pique ma jalousie.

— Et tu ne peux pas te faire exceptionnellement remplacer ? soufflé-je en attrapant son menton pour déposer un baiser sur ses lèvres.

— Non, pas à la dernière minute comme ça. Les autres comptent sur moi et les clientes ont payé pour voir quatre beaux mecs, pas trois.

— Hum… c’est sûr que danser pour des nanas en pâmoison est bien plus excitant qu’un restaurant, murmuré-je en remontant mon kimono sur mes épaules pour être plus décente, l’obligeant à se redresser.

— Mais non, ce n’est pas ça du tout, réplique-t-il en me regardant, un peu surpris de ma réaction. J’ai pris un engagement, je le tiens, il n’y a rien d’autre à voir dans ce que je viens de te dire parce que je t’assure qu’il n’y a pas plus excitant que toi.

Effectivement, il a l’air bien excité avec sa virilité qui se dresse entre ses jambes. Dommage pour lui, de mon côté, ma libido s’est fait la malle alors que mon cerveau me proposait des images de lui en train de se frotter à une inconnue aux mains baladeuses. Pourquoi ce qui ne me gênait qu’un peu jusqu’à présent prend de l’ampleur dans ma tête, ce matin ? Peut-être parce que ça fait trois semaines qu’il bosse le samedi et que, par conséquent, je ne vais pas le voir au Lotus Club puisque ce sont des shows privés… Au moins, quand j’y passe le dimanche, il danse dans la salle principale, et si sa patronne lui a demandé de s’amuser avec d’autres clientes quand il m’a choisie une deuxième fois, j’ai un œil sur lui quand il passe. Et j’en profite pour m’installer au bar et papoter avec le barman en l’attendant.

— Tu ne bosses plus du tout le dimanche, ces derniers temps. Si tu préfères que je ne sois pas au club quand tu danses, il suffisait de me le dire, tu sais ?

— Ce n’est pas moi qui fais les programmes, ma Douce, ne te fais pas de fausses idées, voyons. Natalia a juste fait pas mal de pub pour notre spectacle de groupe et ça a un succès fou. Et si je ne fais pas les deux soirées, c’est pour pouvoir en garder une pour toi… Je… tu crois vraiment que je n’aime pas que tu sois là quand je fais un spectacle ? Moi, j’ai l’impression que tu me transcendes, au contraire et que, quand tu n’es pas là, rien n’a la même saveur.

— Mouais, je crois surtout que Natalia te kiffe et que me voir te tourner autour la fait chier, marmonné-je en descendant de l’îlot central pour me faire un café.

— Tu voudrais que je fasse quoi, alors ? Tu le sais bien que Natalia me kiffe, je te l’ai dit et je fais tout pour éviter ses avances parce que c’est avec toi que je veux être. Mais je ne peux pas renoncer non plus à me produire juste parce que Louis prend Robin plus que d’habitude, quand même !

Il a raison, je le sais. Je suis vraiment égoïste sur ce coup. Sauf que la situation dans laquelle nous nous trouvons n’a rien de normal et je ne me sens pas en sécurité. Comment pourrais-je l’être alors que je suis mariée et simplement en plein break ? Que nous ne nous sommes rien promis et que, de toute façon, nous ne pouvons pas le faire à cause de moi ? Je suis toujours aussi paumée dans ma vie amoureuse, c’est un fait, et comme je ne peux pas dissocier mon bonheur de celui de mon fils, impossible de me décider quant à la suite des événements. J’ai grandi seule avec une mère, je ne veux pas que Robin vive la même chose que moi. Parce qu’elle est là, ma plus grande peur : que Louis s’éloigne de lui si nous nous séparons.

— Je sais, soupiré-je en lui tendant une tasse pleine. C’est juste que ça me frustre qu’on passe le peu de temps qu’on a ensemble ici ou à dormir, et qu’il y a forcément un truc pour nous empêcher de passer une soirée normale, pour une fois… Et que ce truc, c’est toi qui dois te déshabiller devant des nanas…

— Je crois que je me déshabille beaucoup plus devant toi que devant ces filles que je ne reverrai jamais… Et elles ne peuvent pas me toucher comme toi tu le fais… Je ne savais pas que ma passion pouvait te gêner à ce point… J’avais cru comprendre que ça ne te dérangeait pas et que ça t’excitait même un peu. Je t’assure que tu n’as rien à craindre. Avant de te connaître, j’ai fait des dizaines de spectacles et pas une fois, je ne me suis intéressé à une cliente. Il n’y a que toi qui me fais perdre tous mes moyens et toute raison.

— Ça t’exciterait que je danse pour des mecs en me déshabillant, toi ? Je… Ce qui me plaisait, c’était de te regarder faire tout en sachant que c’est dans mon lit que tu finirais, pas dans celui de la nana qui te tripotait. Pour le reste… j’ai l’air d’une folle si je te dis que je voulais effacer toutes les caresses des autres avec les miennes après tes shows ? Bon sang, oui, je suis folle en fait, grimacé-je.

— Mais non, tu n’es pas folle… Oriane, regarde-moi. Tu vois bien que c’est avec toi que je suis, là, non ? Tu es mariée, tu as un enfant, tu es la plus inaccessible des femmes que j’aurais pu essayer de séduire, mais cela ne m’a pas empêché d’être envoûté par toi. Je… je m’en fous des autres femmes. Au Lotus, ce ne sont que des clientes qui viennent voir un mec se déshabiller. C’est sûr que je ne suis pas en train de jouer de la clarinette derrière un paravent où l’on ne verrait que mon ombre. Mais le principe est le même. Je fais mon show, je fais plaisir à ceux qui viennent y assister et après, c’est terminé. Par contre, avec toi, j’ai toujours envie que ça ne finisse jamais. A chaque fois que je dois te quitter, c’est comme si une partie de moi se déchirait. Franchement, même si j’entends tes craintes, je ne sais pas comment te rassurer plus que je ne le fais déjà… Et pour ce soir, si tu veux, dès que j’ai fini le show, je viens ici et tu pourras effacer tout ce que tu veux, autant que tu veux.

Je bois ses paroles et tente de m’y accrocher. Cette jalousie est stupide et totalement déplacée. Lui ne m’a rien demandé, en plus, de son côté. Il pourrait se trouver une gentille fille, libre de tout engagement. Il est plus jeune que moi, n’a pas d’enfant, il serait bien mieux qu’enfermé dans une relation qui n’est sans doute que passagère. Et c’est peut-être ça qui me fait flipper, l’idée de le perdre alors que je n’ai aucun droit de le retenir.

— Bien, marmonné-je plus pour la forme qu’autre chose. T’as intérêt de m’offrir un bon restau sur la côte demain midi en compensation, parce que je me réjouissais de passer ma soirée avec toi.

— Bien sûr, ma Douce. Tout ce que tu veux. J’ai envie de t’apporter un peu de plaisir, pas de te rendre malheureuse. Surtout pas. Tu mérites qu’on prenne soin de toi, qu’on s’occupe de ce que tu désires et souhaites. Et pour ce soir, je suis désolé, mais je ne peux pas annuler à seulement quelques heures du spectacle. Je te jure et je te demande de me croire quand je te dis que je préfèrerais cent fois une soirée en tête à tête avec toi à une séance de striptease.

— Je sais, désolée, je me suis emballée, soupiré-je en l’embrassant au coin des lèvres. Je viens de découvrir que je suis une femme jalouse, j’espère que ça ne va pas te faire fuir.

— Au contraire, sourit-il. Si tu es jalouse, c’est que tu tiens à moi. Et c’est clair que si c’était toi, la stripteaseuse de notre couple, j’aurais déjà débarqué armé d’un fusil pour éliminer tous ceux qui se permettraient ne serait-ce que t’effleurer !

— Ben voyons, souris-je. Tu me rejoins sous la douche ? Autant mettre à profit le temps qu’il nous reste avant que tu m’abandonnes pour de parfaites inconnues.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et file au deuxième étage, non sans l’avoir gratifié d’une tape sur ce fessier musclé que j’adore empoigner lorsqu’il me fait l’amour. La douche est plus petite dans la chambre d’amis, mais je ne me voyais pas vraiment l’accueillir dans la suite parentale… Trop bizarre à mon goût. Au final, pas besoin d’un lit King-size ou d’une grande douche lorsqu’on finit imbriqués l’un dans l’autre, de toute façon !

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