64. Un déjeuner et puis c’est tout

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Hugo

La semaine est presque terminée et, contrairement à d’habitude, je ne vais pas pouvoir passer le weekend avec Oriane. Je l’apercevrai sûrement, mais de loin, au mariage de sa meilleure amie. Heureusement que j’ai été invité, sinon, je ne l’aurais pas du tout vue de la semaine puisqu’elle l’a passée à régler les derniers détails de la cérémonie. Nous n’avons pu passer qu’une seule nuit ensemble et c’est fou comme elle me manque déjà. Vivement la semaine prochaine que tout redevienne comme avant.

Je soupire en regardant la liste de tâches qu’il me reste à réaliser. Je sais que je n’arriverai pas à tout faire avant samedi et il faut donc que je priorise ce qui est le plus important. Et que j’arrête de penser tout le temps à Oriane, parce que ça me déconcentre énormément. Il faut dire que je suis vraiment devenu accro. J’en discutais encore hier soir avec David et il pense que je suis amoureux. J’ai rejeté ça avec vigueur mais plus j’y repense, plus je me dis qu’il a raison. Comment expliquer sinon ce sentiment de plénitude que je ressens quand je suis en sa compagnie ? Et cette excitation sans cesse renouvelée quand nous nous retrouvons ? Sans parler de tout ce que nous partageons, de ce bien-être et cette “normalité” de notre relation alors que tout devrait concourir à nous faire arrêter ?

Pris d’une soudaine envie de la voir, je récupère mon téléphone sous une pile de dossiers et lui envoie un petit SMS.

— Coucou ma Douce. Tu me manques et je pense à toi. Ça te dirait d’emmener Robin au Jardin Public ce midi pour un déjeuner improvisé ? Il se pourrait que le Lord ait décidé d’y manger et qu’on se rencontre comme par hasard. Bisous.

J’ai failli terminer mon message par un “Je t’aime” auquel je pense de plus en plus mais je me suis retenu à temps. Sa réponse ne tarde pas à venir, en tout cas, et quand je la lis, je retrouve immédiatement le sourire.

— Salut, charmant Lord des câlins ! J’adore les pique-niques improvisés, surtout si tu es dans le coin. Heureux hasard, Robin et moi sommes en train de faire un gâteau… Alors on se croise “par hasard” avec plaisir. J’ai hâte, tu me manques aussi. Bisous.

Eh bien, voilà une journée qui s’annonce plus plaisante que prévue finalement ! Je lui réponds rapidement pour confirmer que je serai sur place entre midi et treize heures et me remets à travailler avec une énergie renouvelée et une efficacité beaucoup plus importante que ce que j’avais réussi à faire jusque là. C’est fou comme la perspective de voir Oriane est motivante et dynamisante.

Un peu avant midi, content de tout ce que j’ai réalisé, je salue Fabienne que j’informe de mon indisponibilité jusqu’à treize heures trente et me dépêche de me rendre au jardin public dont je fais rapidement le tour pour voir si ma belle brune est déjà arrivée ou pas avec son fils. Ne la voyant pas, je m’installe à une table de pique-nique et sors la salade que je me suis préparée, faisant mine de la commencer pour sauver les apparences devant Robin.

Lorsque je vois Robin et Oriane se présenter main dans la main sur le petit chemin à l’entrée du parc, je n’ai pas à surjouer l’étonnement tellement je suis surpris comme à chaque fois par la beauté de mon amante. Je pense qu’elle a choisi cette robe tout spécialement en pensant à moi car elle ne couvre que ce qu’il faut couvrir et laisse peu de place à l’imagination sur les merveilles qu’elle dissimule. Sans manche et bien échancrée, les motifs dessinent parfaitement sa taille que j’aime enlacer, ses fesses que j’adore caresser et sa poitrine que je ne me lasse pas de masser et de couvrir de baisers. C’est fou comme un simple de ses sourires me remplit de joie et comme de la voir, là, au loin, si jolie et si désirable, m’excite.

Robin, en m’apercevant, lâche la main de sa mère et se met à courir vers moi en riant. Je le salue en langue des signes et lui souris.

— Qu’est-ce que vous faites là ? demandé-je en sachant bien que je ne comprendrai pas sa réponse.

Effectivement, il me répond avec des signes alors que sa mère s’approche et que je sens son parfum vanillé atteindre mes narines et réveiller encore plus en moi ce besoin d’intimité et de proximité.

— Bonjour, Hugo, me lance-t-elle avec un sourire en coin tout en signant. Je vois que nous avons eu la même idée pour le déjeuner.

— Les Grands Esprits se rencontrent ! Installez-vous à ma table, voyons ! Cela m’évitera de passer mon repas tout seul. Tu veux bien, Robin ?

Il fait un grand oui de la tête et s’installe à côté de moi alors qu’Oriane prend la place juste en face. Franchement, il faut que je fasse attention à mon comportement, que je pense à fermer la bouche et surtout que je ne lui saute pas dessus devant son fils, mais c’est compliqué tellement elle est magnifique.

— Robin, tu sais que ta maman est super jolie ? On a de la chance qu’elle mange avec nous, hein ?

Le petit me fait un nouveau sourire immense et acquiesce vigoureusement. Il signe ensuite vers sa mère qui rougit un peu et me traduit ce qu’il vient de lui dire.

— Il dit que c’est toi qui as de la chance, parce que lui mange avec moi tous les jours. Et… que vu le temps que j’ai mis à me préparer, c’est normal que tu me trouves jolie, rit Oriane, gênée.

J’éclate de rire et suis bientôt rejoint par les deux autres. C’était vraiment une bonne idée de partager ce repas avec eux. Je ne regrette pas, surtout quand je sens la jambe d’Oriane se poser contre la mienne et son pied nu remonter délicatement. Je lui souris et je crois qu’elle est prise du même désir que moi de se retrouver nus, imbriqués l’un dans l’autre et de la même frustration de ne pouvoir réaliser ce fantasme. Robin me ramène à la réalité en tirant sur mon bras pour attirer notre attention car nous l’avions un peu oublié pendant ces quelques secondes intenses. Il signe quelque chose à sa mère qui lui répond :

— Bien sûr que tu peux aller jouer au toboggan, mon Chéri. Je vais rester ici un peu avec Hugo et discuter, d’accord ?

Il n’a pas vraiment attendu la fin du discours de sa mère pour se précipiter vers les jeux et Oriane en profite pour venir s’installer à mes côtés, afin de pouvoir observer son fils tout en parlant.

— Tu es vraiment la plus belle femme que je connaisse, ma Douce. Et j’ai envie de toi à un point…

— Quel flatteur tu fais ! Mais… l’envie est partagée. C’est de la torture de devoir rester sages, là, même si je suis contente qu’on se voie.

— Oui, tu ne peux pas savoir ce que ça m’a donné de l’énergie de savoir que tu allais me retrouver. J’aime pas les semaines où on n’arrive pas à se voir. J’ai trop pris goût à nos temps ensemble.

Discrètement, sous la table, je pose ma main sur sa cuisse que je caresse. J’ai envie de me montrer coquin mais avec Robin qui est à côté, je ne peux pas prendre ce risque, même si l’envie est fortement présente.

— Moi aussi. Je préfère largement m’endormir contre toi que toute seule ou avec Rachel qui s’est tapé l’incruste hier soir, rit-elle.

— Elle ne t’a pas proposé de faire un plan à trois ? La connaissant, ça ne m’aurait pas surpris !

— Je crois que tu l’as bien cernée, s’esclaffe-t-elle. Mais non, elle est à fond sur le mariage et il n’y a plus que ça qui compte. Je n’en peux plus, vivement que ce soit passé ! Et toi, ça va, le boulot ?

Je crois que j’ai tellement envie de ma jolie brune que je n’aurais même pas refusé si elle m’avait invité en me disant qu’il fallait aussi que je m’occupe de sa copine. Je ne sais pas si j’aurais réussi à ne pas sauter que sur Oriane, mais franchement, pour un moment coquin avec elle, je serais prêt à tout.

— Oui, Louis m’a bien chargé avec les nouveaux dossiers mais je m’en sors. Tu vois, j’ai encore le temps de prendre des pauses. Je crois qu’il fait tout pour te récupérer. Il a même donné l’ordre de ne pas le déranger ce weekend. Et il n’arrête pas de nous dire qu’il doit lever le pied pour récupérer sa femme, soupiré-je.

— Ah oui ? Comme quoi, quand on veut, on peut… J’espère qu’il ne te submerge pas trop non plus.

— Non, ça va, mais…

Je préfère m’arrêter là avant de lui parler de mes peurs par rapport à ces efforts qu’il entreprend. Cela fait en effet plus d’un mois qu’ils se sont séparés et même si elle l’a repoussé à plusieurs reprises déjà, je me demande si elle ne va pas finir par céder, surtout que Robin insiste de plus en plus pour que ses parents se remettent ensemble.

— Mais ? Mais quoi, Hugo ? me demande-t-elle en nouant nos doigts sur sa cuisse.

J’hésite un instant à lui dire le fond de ma pensée, mais nous nous connaissons bien désormais et j’en ai trop dit pour ne pas continuer. Je décide donc de me lancer.

— Mais j’ai peur que tout s’arrête, ma Douce. Tu sais, cette semaine où on se voit beaucoup moins que d’habitude me fait réaliser à quel point je tiens à toi et à quel point tu peux vite me manquer. Et… et j’ai peur qu’un jour, tu me dises qu’on arrête tout. Je… je comprendrai, tu sais ? Mais ça ne sera pas facile à vivre pour moi.

— Je suis désolée, Hugo. Tu vois, c’est pour ce genre de choses qu’on n’aurait pas dû… Je ne veux pas te faire de mal, et pour être honnête, je suis bien avec toi, je n’ai aucune envie qu’on arrête, toi et moi. Mais…

— Oui, il y a ce “mais”. Ne sois pas désolée, Oriane. Tu m’as permis de passer à autre chose après le décès de Valérie, c’est déjà énorme. Et je ne regrette aucun des moments passés avec toi. Alors, si, on a bien fait d’essayer. Et tant que ça dure, il faut en profiter.

Je serre fort ses doigts entre les miens et lui souris. Je ne sais pas pourquoi, mais ce simple contact entre nous me fait du bien et me rassure. Elle tient vraiment à moi, c’est sûr. Peut-être qu’elle n’est pas amoureuse comme je le suis, mais tout ce qu’elle me donne, elle me le donne avec plaisir et il faut que j’apprenne à m’en contenter.

— J’aurais vraiment aimé pouvoir te donner plus, Hugo. Seulement je ne peux pas penser qu’à moi. Je n’ai jamais été la priorité de ma mère, je ne peux pas faire pareil avec Robin, tu comprends ? Il y a trop de facteurs qui entrent en jeu. Louis… Je n’ai pas envie que mon fils souffre. Comme j’aimerais ne pas te faire souffrir non plus.

— Eh bien, là, tu y arrives parfaitement, dis-je légèrement. Ton fils est heureux comme tout et moi, je profite de la magnifique vue, de ta douceur et de ta présence. Et très vite, on se retrouve chez toi ou chez moi pour nos petites folies qui nous font tant de bien.

J’essaie d’avoir l’air rassuré, de rester jovial, mais je ne suis pas totalement convaincu et elle le sent. Elle entre cependant dans mon jeu et me répond de la même façon, même si ça sonne un tout petit peu faux.

— Je fais au mieux, et t’avoir près de moi me rend heureuse aussi. Sans compter que j’adore te voir sans tes lunettes au réveil et qu’il va vraiment falloir qu’on se voie rapidement pour que je puisse profiter de cette vision. Enfin, j’hésite, j’aime aussi beaucoup te voir nu, avec tes lunettes. Je crois que je développe un certain fétichisme bizarre, non ?

— Oui, ma petite perverse préférée ! Mais tu pourras profiter de moi, avec ou sans lunettes, c’est comme tu préfères !

Robin nous voyant ainsi rigoler revient vers nous et nous devons arrêter notre petit échange. J’en profite pour me lever.

— Je vais devoir vous laisser, le travail m’appelle. Robin, occupe-toi bien de ta maman, hein, dis-je en lui serrant la main cérémonieusement. Oriane, à bientôt.

Je me penche et lui fais la bise sagement sur la joue même si j’ai envie de goûter à ses lèvres, puis je m’éloigne rapidement avant de dire ou de faire une bêtise. C’est fou comme ce petit repas m’a fait du bien et, en même temps, comme il a souligné le fait que notre avenir est loin d’être rose. Ce que j’en retire, c’est que j’ai besoin d’elle dans ma vie et qu’il est sûr que lorsque ça s’arrêtera, je vais souffrir. Je crois que l’amour, ce n’est pas pour moi.

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