Chapitre 21 - Le Championnat de Yuei (2)

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- C'est quoi, ces mouvements de fou furieux ?

Esquiver, dévier, parer. Dévier, parer, esquiver. Frapper, tordre, rompre.

Mais sans tuer.

Aller à fond pour Akira, c'était théoriquement impossible : la plupart des techniques qu'il maîtrisait demandait à son corps d'être dans des conditions magiques optimales, ce qui n'était pas le cas (les utiliser abîmerait son corps au delà de toute régénération naturelle). Mais le maximum était relatif, et ce qu'on lui demandait de faire, c'était juste de se défendre.

Alors il pouvait attaquer en même temps.

Momo créa de la maïzena pour désorienter les chevaux des cavaliers. Elle prenait les initiatives pas elle-même, sachant exactement ce que l'équipe avait besoin. D'ailleurs, elle avait auparavant façonné une corde métallique pour Denki, afin qu'il puisse s'en servir pour faire circuler son Alter éléctrique. Tenya leur offrait la mobilité nécessaire pour échapper aux plus lents ou pour surprendre. Enfin, Todoroki était leur "arme secrète" éclair.

Tandis qu'Akira dévia un nouvel assaut d'un élève de la section générale, il entendit une voix familière derrière lui :

- CRÈÈÈÈÈÈÈVE !!!

Il se retourna dans l'instant pour éviter l'explosion de Bakugo, qui réussit à lui chiper un bon bandeau, mais pas le pactole. Suivie du scotch de Sero et de l'acide de Mina, Akira eut plus de mal à les éviter, se prenant une goutte d'acide sur sa manche et faillit perdre un bandeau (il ne savait pas lequel) avec le scotch.

- Mince, il est vraiment rapide ! se plaignit Kirishima tandis que l'équipe Bakugo reculait, mais ce dernier gronda :

- On va les éclater, de toute façon on peut faire que ç...

- Bakugo, ton bandeau ! cria Mina.

- Hop ! fit une voix narquoise. Du travail facile, mais rien d'étonnant venant de la classe A !

Après un hurlement et un changement de cible, l'équipe Bakugo ne fut plus un problème. Mais c'était sans compter qu'il restait la moitié du temps, pensa Akira en parant un autre coup, et toujours aucune autre équipe des filières héroïques n'était encore appar...

- SMASH !!!

Mince ! Akira avait réagi tard, et...

- LES 10 millions vont à l'équipe d'Izuku Midoriya !

Alors qu'il se remettait de cette cuisante erreur, une vague chaleur surgit derrière lui, mais Akira n'y prêtait nulle attention.

Ses mains. Elles tremblaient.

* * *

- Oh là là, fit Present Mic depuis le studio surélevé. On dirait qu'Arata l'invincible a perdu son surnom très rapidement ! Et pourtant, il se défendait comme un diable !

- C'est un combattant entraîné, et expérimenté, soupira Aizawa. Mais même ces derniers ont des faiblesses. Arata ne peut pas gérer tous les adversaires autour de lui, ce que ses coéquipiers ont pensé : ils ont trop eu confiance en sa capacité de défense, et ne se sont concentrés que sur l'attaque ou la fuite.

Le professeur prit l'arrête de son nez entre son pouce et son index.

- L'erreur de débutant quand quelqu'un d'un autre niveau joue dans votre cour : on veut lui permettre d'exercer son point fort seul, parce qu'on croît qu'on va le gêner. Mais c'est surtout une erreur d'évaluation : le point fort d'Arata sont les combats courts, donc il n'est pas très judicieux de combattre contre des adversaires comme Midoriya ou Bakugo.

* * *

Son corps était trop faible, voilà ce qui le faisait trembler !

Akira savait que les pertes d'énergie engendraient des contrecoups, mais il ne savait pas que ces derniers étaient différés ! Sans magie pour le booster à son paroxysme, son métabolisme ne supportait plus la charge que son cerveau imposait à ses muscles, créant un décalage entre ce qu'il voulait faire et ce qu'il pouvait faire.

- Les autres, désolé ! cria-t-il pour se faire entendre. Je suis arrivé à mes limites physiques ! J'ai perdu le "bandeau d'or" !

- Déjà ? s'inquiété Momo.

- Ce n'est pas bien grave, intervint Iida. Nous avons déjà une bonne avance avec le reste de tes bandeaux, et nous pouvons en chercher d'autres...

- Non, rétorqua Akira. On va pas en chercher d'autres...

Être un héros, c'est être à la fois rassurant pour les uns, inconcevable pour les autres.

Le principal problème des portails, c'est le paradoxe de l'ubiquité. En soit, cela n'est pas réellement un problème dans un cas simple d'Einstein-Rosen, sachant qu'on ne fait que passer d'un point A à un point B. Mais que se passerait-il si vous passiez de A à B, C,D, E, F, etc... en même temps ? Vous irez créer des masses identiques, chacune existant et n'existant pas à la fois.

Pourtant, Akira était à "sec". Utiliser son Alter dans ce état lui serait néfaste, mais il lui fallait dépasser ses limites si il souhaitait réussir à impressionner la galerie.

- Babiron no sen no mon !

Il aurait pu trouver un nom plus adéquat, mais hurler ses techniques c'était un peu le credo des superhéros. Un portail apparut près de sa main, et une dizaine d'autres s'ouvrirent près de la tête des équipes les plus proches. Puis, avec toute la vitesse qu'il put déployer, Akira plongea sa main dans l'ondulation dorée.

Sa main ressortit par tous les portails à la fois, et une douleur immense perça son bras de part en part. Un BANG sonore retentit, il fut éjecté violemment, non sans récupérer deux bandeaux.

- LE TEMPS EST BIENTÔT ÉCOULÉ !!!

La mêlée continua de plus belle, mais Akira n'arrivait pas à se concentrer, la dysphorie thaumique grignotait son cerveau. Comment réussirait-il à prendre le bandeau des 10 millions ? Il voyait au loin l'équipe d'Izuku s'envoler pour échapper aux participants. Comment les atteindre à cette hauteur ? Mais oui !

- Todoroki ! Iida ! Momo !

- Oui ! répondirent ses porteurs à l'unisson.

En un instant, un pilier de glace géant se tendit vers le ciel, balayant les élèves malchanceux.

- Recipro Burst !

L'accélération n'était pas aussi forte que celle du Stratosphérange, mais la vitesse était amplement suffisante. Glissant sur le pilier de glace en direction de l'équipe d'Izuku, Momo avait déjà créé des ailerons et les avait accroché sur le dos d'Akira. Ce dernier attrapa ensuite la corde métallique de Denki, et agrippa en l'air le pied de l'élève aux cheveux roses en filière assistance.

- ENVOIE LA SAUCE ! hurla Akira.

Denki ne se fit pas prier, et Akira sentit la douleur provoquée par l'électrocution contracter ses muscles. Mais l'effet désiré fut atteint : Izuku, Uraraka, Fumikage (désolé !) et l'autre fille de la section assistance.

Quand ils retombèrent au sol, leurs deux équipes avaient été éliminées ; malheureusement Akira était séché, ses doigts serrés sur le front d'Izuku, n'avaient qu'aggripé le bandeau suprême.

- ET L'ÉQUIPE VICTORIEUSE EST... L'EQUIPE MIDORIYA !!!

* * *

Todoroki Shoto serra ses poings de frustration ; malgré la performance d'Arata sur le terrain, ils n'avaient pas réussi à prendre le dessus. D'un autre côté, il aurait été plus simple de voler le bandeau en fin d'épreuve, et le protéger avait été bien plus dur qu'il ne l'aurait crû. Pourquoi s'était-il mis dans cette équipe ? pensa Shoto en enlevant sa chemise de sport toute sale de la terre qu'il avait percuté dans sa chute et en renfila une autre.

Sans le vouloir, au moment où Midoriya s'était emparé du bandeau des 10 millions, il s'était enflammé.

Je suis sûr que le vieux me regardait... enragea le bicolore. Son père avait toujours eu envie de lui montrer "ce qu'était un vrai héros". Et son père méritait la prison. D'une certaine manière, Shoto avait vu dans ce Championnat une occasion de lui clouer le bec à jamais, mais cette occasion avait été manquée, et pire, il avait brisé son serment. Fais...

-...CHIER ! cria Arata en frappant le mur de son poing dans un bruit mat.

Todoroki se retourna : son senpai avait le visage déformé par la rage et le regret. Apparemment il n'avait pas très bien digéré sa défaite, à l'instar de Shoto. Soudain, il remarqua le regard de ce dernier, et reprit contenance.

- Désolé d'avoir été si mauvais, avoua Arata.

- Tu as fait ce que tu as pu, répondit Shoto avec le même ton placide que d'habitude. Mais quand tu disais que tu ne pouvais pas utiliser ton Alter, c'était vrai ?

Quand son senpai avait ouvert tous ces portails, Shoto pensait depuis lors qu'il avait délibérément menti à ce sujet pour préserver un atout dans sa manche. Mais l'interrogé nia.

- J'étais à court de jus, et la technique que j'ai utilisé a poussé mes limites cérébrales au bord de la rupture synaptique, expliqua-t-il ensuite. Mon Alter prend sa puissance directement dans mon cerveau, mais l'endommage à chaque utilisation.

- Je l'ignorais, répondit sincèrement Shoto. Excuse-moi.

Arata le regarda sans comprendre.

- T'excuser de quoi ? C'est normal que tu m'ai demandé : tu ne pouvais pas être sûr que je disais la vérité.

Il était perspicace. L'âge, peut-être...

- Pourquoi tu veux devenir un héros ? demanda Shoto.

Cette question classique, simple. Shoto ne l'avait jamais posé à quiconque, mais Arata le dérangeait. Plusieurs fois, en classe, il avait vu le regard du presque-adulte se perdre dans le vague et se figer dans ce regard étrange et pourtant si familier. Le même regard qu'il croisait quand il se trouvait devant son miroir chaque matin.

- Et toi ? lui rétorqua son camarade.

Baissant les yeux, Shoto sentait que quelque chose bouillonnait en lui. Ça le démangeait.

- Mon père, cracha le bicolore.

Arata haussa un sourcil interrogateur.

- Tu sais ce que ce sont les mariages d'Alters ?

- J'en ai vaguement entendu parler...

- Mon père est un héros très puissant. Mais il n'a jamais été le numéro 1.

Shoto lâchait les mots comme du lest.

- Il a commencé à éprouver une haine viscérale envers All Might, le seul obstacle à son "rêve". Mais il a rapidement comprit qu'il n'atteindrait jamais le niveau requis, alors il a décidé de jouer cartes sur tables (il eut une sensation de nausée) ; ma mère possède un puissant alter de contrôle de glace, aussi mon père a payé ses parents pour qu'ils la lui vendent... Et il conçu une progéniture destinée à surpasser All Might.

-...

- Et je suis son "chef-d'œuvre". Un jour, ma mère a vu en moi ce qu'elle voyait en mon père ; ça l'a répugné, et elle m'a aspergé d'eau bouillante (il toucha instinctivement sa marque). Après ça, mon père l'a traité de folle et l'a interné. Malgré tout, c'était elle qui aimait me lire des histoires et me parler de héros. Mon père m'entraînait sans relâche, me battant à mort pour faire ressortir mon potentiel.

Shoto regarda sa main droite.

- Voilà pourquoi je n'utilise que la glace. Pour montrer à mon salaud de père que je serais un héros sans utiliser ses flammes. Et si j'arrive à monter dans le classement, peut-être que je lancerais un procès contre lui. (Shoto leva ses yeux vers Arata) Et toi, quelle est ta raison ?

Arata ne répondit pas, se contentant de fixer le sol avec une mine pincée. Shoto attendit, avant de perdre patience et de s'éloigner. Mais quand il sortit des vestiaires pour se diriger vers la salle d'attente avec ses autres camarades, il entendit une voix faible :

- C'est le fardeau des autres qu'on m'a chargé de porter.

Dérangeant.

* * *

En regardant ses mains intactes, Izuku était content : il avait réussi !

Certes, il n'avait pas réussi à finir la course en premier, mais grâce à sa technique qu'il avait nommé "Revêtement Intégral", il pouvait utiliser son Alter sans se blesser et atteindre des niveaux d'aptitudes physiques parfaitement attendus dans un lycée héroïque.

Pour l'instant, il s'était entraîné pour utiliser jusqu'à 5% de son pouvoir, ce qui était déjà un bond énorme par rapport au début de l'année. S'être entraîné auprès d'Akira avait vraiment payé, et Izuku s'était senti mal de lui voler la victoire ; il espérait que son senpai ne développe pas de ressentiment à son égard.

Il serra ses poings : il allait gagner ! Atteindre le niveau d'All Might n'était plus un rêve, mais un idéal. Il se leva d'un coup sous l'effet de la motivation, et se retourna pour se retrouver nez à nez avec...

- T...Todoroki ! s'excusa Izuku en rougissant de gêne.

- Midoriya.

L'ambiance se refroidit aussitôt, leurs autres camarades se tournèrent vers la scène, attirés par la confrontation. Todoroki lui lança un regard perçant. Comme si il cherchait à dire quelque chose, il ouvrit la bouche, puis la referma et partit s'asseoir, au grand soulagement d'Izuku qui avait senti une catastrophe arriver.

Akira débarqua juste après, et Izuku en profita pour l'approcher :

- Tu étais géant pendant l'épreuve des cavaliers !

- Merci ! sourit son senpai en ajoutant : Toi non plus, tu n'as pas chômé ! À quelle puissance tu te situerais ?

- 5%, je dirais, mais si on regarde la puissance débridée de mon Alter, il est possible que je sois sur un niveau plus élevé, marmonna Izuku. Enfin, on peut affirmer que mon Alter augmente non seulement ma force, mais aussi ma vitesse, mes réflexes, mon endurance...

- Ouh là, je t'arrête avant que tu partes en cacahuètes ! s'inquiéta Akira. En attendant, Izuku...

- Oui ?

- Je comptes bien prendre ma revanche !

Le vert opina du chef, heureux que son camarade garde l'esprit de compétition et la motivation pour gagner.

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