Tandis que Midoriya se confondait en excuses et en "tu vas bien", Bakugo le dévisageait depuis déjà une bonne minute.

Akira aurait apprécié être soutenu par Sero, mais ce gredin avait filé la queue entre les jambes, prétextant qu'il "serait en retard pour son bus", sachant qu'il y avait du transport dans toute la ville 24h/24 avec tous ces systèmes automatisés. Sois maudit, Serooo !!! persifla Akira en sentant des larmes exagérées lui monter aux yeux.

Cependant, il sentait bien que Bakugo avait quelque chose à lui dire. Quand à Midoriya ? Il était venu lui offrir un panier de fruits, pâle cadeau comparé à celui de Yaoyorozu qui lui avait laissé une montagne de fruits, chocolats et médicaments ultra-sécurisés et perfectionnés, avec des notes gentilles et encourageantes.

- Tu vas en parler, le vieux ? grinça Bakugo.

- Kacchan ! Tu ne peux pas l'obliger à...

- La ferme, sale nerd ! beugla-t-il, les yeux exorbités par une rage soudaine. Ton tour va venir, alors va attendre dans un coin comme les nuls dans ton genre !

Alors que Midoriya s'était tut, Akira soupira ; comment allait-il expliquer ce phénomène, même sans invoquer la magie ou la Vérité ? Un Alter de longue distance, qu'un vilain que Bakugo n'avait jamais croisé, et qui fonctionnait sans que ce dernier puisse voir sa cible. Même pour une brute comme lui, se dit le jeune brun, cela devait être au moins agaçant.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ? demanda Akira en serrant sa couverture.

- C'était pas ton Alter, c'est sûr, fit remarquer Bakugo. À moins que ta saleté de lumière puisse faire ça, mais je pense pas... Et dans la classe, ça parle de vilain...

Akira remarqua qu'Izuku lançait un regard étrange à Katsuki, mais pourquoi ? Le mot vilain avait peut-être un lien avec ces deux-là...

- C'était bien un vilain, avoua Akira, sans réellement mentir.

- Tu le connais ? s'étonna Midoriya, vif d'esprit.

- Pour sûr... C'est lui qui a tué deux de mes meilleurs amis. Sous mes yeux.

Même Bakugo prit un air choqué. C'est vrai que ce genre d'histoires n'était pas courant ; peu de vilains d'aujourd'hui en venait à de telles extrémités, et c'était souvent des accidents. Seulement, dans le monde de Yannis le Mage, mourir était devenu aussi commun que de manger des céréales au petit déjeuner.

- Toutes mes condoléances, finit par dire Midoriya en baissant les yeux.

- C'était la rue, expliqua Akira sans vraiment dire la vérité. On était tous ensemble, et puis on a divergé.

- Attends ! (Bakugo frappa du poing la table où était son repas, l'air ahuri et enragé) T'étais pote avec ce vilain ?

- On a à peu près le même âge. Et on est né dans le même canton. Mais on s'est éloigné quand nos opinions ont divergé.

Akira regarda dans le vague, les flammes d'Eternitas encore luisantes au fond de ses yeux.

- Il pensait qu'un monde sans pouvoirs aurait été bien meilleur, expliqua-t-il en se s'adossant contre son oreiller. Un monde où seuls ceux qui font des efforts auraient la chance de réussir. Une sorte de méritocratie positive, je suppose...

- Mais tu étais contre ça, comprit Midoriya tandis que Bakugo se retenait de se déchaîner.

- Pas vraiment, mais je ne voulais pas que quelqu'un puisse priver le monde du talent qu'on possède à la naissance. Et puis supprimer les pouvoirs ? C'était régresser à un état primordial, donc à la fois irrationnel et idiot.

- Très con, surtout, renâcla Bakugo. Mais ce genre de mondes t'aurait plu, stupide nerd !

- Pas vraiment ; je pense que beaucoup de personnes seraient mortes si les superpouvoirs n'étaient pas apparus, souligna Midoriya.

- Bref, le truc était que mon ancien ami s'est retourné contre moi, a massacré nos deux potes et s'est barré. On vivait en autarcie, mais c'était facile à quatre parce qu'on s'entraidait. Seul, je suis resté à errer dans la rue à Musutafu pendant quelques mois, sachant que je n'avais pas reçu de soins médicaux...

Akira releva sa chemise pour montrer une brûlure étrange qu'Ugo lui avait infligé avant sa venue sur ce monde ; comme la Vérité du Savoir et des Connaissances était néfaste à tout être, les blessures ne se régénéraient pas, même avec de la magie. À la vue de cette horrible blessure, Bakugo fronça juste les sourcils, mais Midoriya avait l'air d'être très perturbé.

- Et tu penses que c'était lui qui a contrôlé Bakugo ? demanda ce dernier, appréhendant la réponse.

- Tout juste, confirma Akira. Mais le seul moyen qu'il l'ait d'utiliser son pouvoir, c'est d'avoir un contact physique avec la personne en question, et ça ne marche qu'une fois par toucher. Quand son pouvoir s'active, la personne est confrontée à sa psychée profonde, ressent une terrible sensation de vide au point de soit vouloir tout détruire, soit d'en finir avec sa propre vie.

Midoriya se tourna alors vers Bakugo, qui serrait les poings à s'en faire blanchir les pahlanges.

- Je vais l'écrabouiller... gronda-t-il, avant de se lever. Le vieux ! Si t'as des infos supplémentaires, crache-les au plus vite ! Qu'on puisse retrouver cette sale merde...

Bakugo sortit de la salle en fracassant presque la porte au passage, et ne restèrent que Midoriya et Akira. Ce dernier sentait bien que le premier voulait poursuivre la conversation, car il était trop curieux. Mais le jeune brun avait déjà prévu cette éventualité, et ajouta :

- Tu as quelque chose à lui dire, non ? À propos de ton pouvoir...

Midoriya se figea, pour dévisager Akira avec un air beaucoup trop effrayé. Ce dernier soutint son regard, puisque de toute façon, si Izuku prenait la parole, il se grillerait sans plus attendre. S'excusant en s'inclinant, il sortit en hâte rejoindre le type explosif.

Akira soupira, avant de se tourner vers la fenêtre et la lumière du soleil couchant pour trouver le sommeil et le repos.

* * *

Quel imbécile il faisait.

Ugo avait bien prévu que Katsuki Bakugo résisterait à son emprise. Il avait prévu qu'Izuku Midoriya serait parti affronter Sero Hanta, et même sut que ce serait All Might qui interviendrait en exactement trois minutes et cinquante-trois secondes. Tout avait fonctionné parfaitement.

Mais il avait oublié cette sensation d'imprévu. Quand on était omniscient, c'était difficile d'être surpris. Pourtant, seuls les détenteurs de vérité échappaient à son emprise. Edward avait été le plus difficile à cerner, mais maintenant il nourrissait les poissons. Ludwig ? Dans un cachot en rotation autour d'un trou noir. Et Hadrian, n'en parlons même pas... Seul Yannis lui échappait sans cesse, lui et sa foutue magie.

Il quitta des yeux le verre de Brandy, qui luisait auparavant comme une lampe. L'alcool lui conférait la vision sur ses possédés, et une partie de contrôle de leurs mouvements. Seulement, la possession était l'apanage de la Coupe du Sang de l'Accusé, véritable paroxysme comparé aux pâles imitations scientifiques de la Liqueur des Axiomes. Voilà pourquoi il perdait souvent le contrôle, et en très peu de temps.

Mais cela avait été suffisant pour lancer un avertissement à la nouvelle identité de cette raclure de mage. Pour lui montrer qu'il n'y avait pas que les Outsiders qui pouvaient déroger aux règles, et aussi pour lui faire peur : dans les autres mondes, Yannis n'était pas immortel, et la présence d'Ugo devrait faire son petit effet.

- Tu ne souris pas souvent, fit Kurogiri.

- C'est que j'ai passé un bon moment entre amis, répondit avec humour Ugo. On ne vit pas ça tous les jours, c'est précieux.

Le type morbide à côté de lui gratta du bout de l'ongle le bois du bar, déjà bien élimé.

- On t'a permis d'accomplir ce que tu voulais, maintenant c'est toi qui doit remplir ta part du marché, grinça Shigaraki Tomura.

- Bien sûr. Allons tuer All Might.