Roc de Chère - 10 octobre 2017

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Bon, certes, c'est dimanche et la semaine a été difficile pour tous les deux. Mais... Mais ! Nous sommes en octobre et il s'agit sans doute de l'une des dernières journées lors desquelles il sera agréable d'aller marcher en tenue d'été. Alors, on se motive, on choisit une randonnée pas trop dure mais agréable, et c'est parti. J'ai déjà hâte d'y être !

Dans ces conditions, le Roc de Chère, proche du lac d'Annecy, conviendra sûrement. Après tout, j'en ai entendu du bien durant l'été, j'ai même vu passer des photos magnifiques, alors, pourquoi pas. Ne possédant pas la carte de la région, c'est l'occasion de tester l'application visorando, qui offre un panel de randonnées important selon les critères de chacun.

Le téléchargement des données terminé, il est temps de filer. Finalement, nous choisissons un autre point de départ, depuis la côte de Talloires, qui nous permet de longer le lac et de profiter du soleil d'automne. La température est fraîche, mais agréable avec un sweat. De même, le vent glacial qui souffle chez nous n'est pas descendu jusque-là.

Nous nous engageons vers le sentier signalé « dangereux et étroit », plus étroit que bien dangereux, qui nous permettra d'arriver à l'entrée de la réserve naturelle du Roc de Chère. Nous nous trouvons alors coincés entre la clôture en pierre d'une villa romaine — tout y est : statues, belvédère, allée ombragé par des vignes... — et l'eau translucide du lac. Ce n'est pas pour autant que nous nous sentons coincés, la clarté de l'eau nous donnant envie de plonger dedans et l'étendue du paysage nous aidant à porter notre regard au loin.

Le chemin lisse et bétonné déboule sur un sentier forestier, actant notre arrivée dans la réserve. Sans trop d'hésitation, nous choisissons de prendre de la hauteur, plutôt que de longer le lac. Un premier point de vue entre les branches nous offre un aperçu de ce qui nous attend au belvédère. Vivement qu'on arrive là-haut ! L'ascension crescendo a été soudaine, mais le sentier étant praticable, il nous a permis de gérer son rythme facilement et c'est sans difficulté que nous arrivons à la surmonter, après s'être brièvement arrêté pour dériver vers une grotte sans intérêt.

La randonnée s'annonce tout de suite comme étant davantage une balade familiale, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Il est difficile de s'imaginer que la forêt était quasi-inexistante un siècle auparavant. Le sentier est majoritairement plat, permettant d'apprécier le relief accidenté et un nouveau signe d'automne : les champignons. Aucun de nous deux n'ayant de connaissance dans le domaine, nous laissons tout sur place, mais la multitude de leur forme — accrochés au tronc mort, en petit bouquet ou imitant une fleur — en un seul et même endroit me laisse pensive. La forêt est dense et emplies d'autres signes automnaux : les couleurs sont chaudes et flamboyantes, les bogues des marrons pullulent sur le sol parmi les feuilles et les glands. À propos d'automne, nous repensons qu'il s'agit également de la saison de la chasse. Et que nous n'avons rien prévu pour avertir les chasseurs de notre présence... avant de nous remémorer que nous nous trouvons dans une réserve naturelle. Donc, tout va bien.

Ce sentier praticable et très accessible attire du monde en ce beau dimanche. Et nous nous amusons du fait que nous sommes sans doute les seuls à ne pas avoir pensé à apporter un sac plastique pour ramasser les marrons. Sérieusement, tous les promeneurs que nous croisons en ont un à la main. Tant pis, il nous en reste un sac au congélateur qui nous permettra de nous rattraper le soir-même.

Une douce descente s'amorce, jusqu'à arriver à un golf. Pas un golf maritime, un véritable dix-huit trous. À notre surprise, il nous faut en traverser une partie et le paysage artificiel un peu trop parfait tranche étrangement avec la forêt naturelle dont nous sortons. Comme une anomalie au milieu de la réserve. J'ai hâte de la retrouver et mon souhait est rapidement exaucé. Il faut tout de même concéder à ce petit entracte qu'il nous aura permis de profiter du soleil haut perché dans le ciel.

De retour en forêt, nous croisons par ici plus de véritables promeneurs que de quêteurs de marrons. Ou alors leur sac est bien caché. Nous nous attardons un bref instant auprès d'un arbre à plusieurs troncs dont la racine commune doit se trouver sous terre. Nous l'entendons grincer comme s'il allait se briser d'un instant à l'autre. Il a déjà l'air frêle : malgré l'épaisseur d'une bonne vingtaine de centimètres de chacun de ses troncs, il penche vers l'avant et seul son voisin, plus costaud, semble le retenir de sa chute. Bien sûr, il n'était près de tomber et, ne souhaitant pas passer une éternité à attendre sa chute, nous reprenons notre chemin vers le belvédère qui est désormais tout proche.

Nous sommes surpris de voir que le terrain est par ici sableux, bien plus que rocheux. Évidemment, ni l'un ni l'autre n'ayant de connaissance en géologie, nous resterons sans explication à propos de ce changement de terrain. Après avoir repris quelques mètres d'altitude tout doucement, nous grimpons les deux, trois rochers suivant le panneau indiquant la direction des trente derniers mètres à parcourir. La vue magnifique permet d'oublier les quelques personnes déjà présentes et leurs enfants bruyants sur le petit espace rocheux. Le lac est visible presque dans son ensemble, appréciant ses détours tortueux, la côte opposée montagneuse et peu habitée. Certains observeront que l'hôtel fait tâche au bord du lac. Ce n'est pas faux, mais le rivage et la côte sont tout de même bien mieux préservés que ce que j'ai pu connaître des stations balnéaires en Aquitaine. Dans tous les cas, la magnificence du massif des Bauges absorbe toute notre attention. Le soleil est encore chaud pour la saison et l'absence de vent couplé à la réflexion de la pierre nous donne envie de nous poser un instant ici, à apprécier la vue et la température. Occultant les bruits des enfants jouant dans une cabane dont la stabilité repose uniquement sur les notions d'équilibre de ceux qui l'ont construite, mon compagnon s'endort sur la roche pendant que je me laisse tenter par un moment de méditation au grand air. Maintenant que j'y repense, c'est très certainement cet instant de bien-être que nous étions venus chercher.

Le temps vient de repartir et nous quittons cet endroit charmant. Pour faire durer la balade, nous choisissons d'emprunter la route de la crête. Quel bon choix ! Nous atteignons un second belvédère nous offrant un nouveau point de vue, une nouvelle orientation sur le lac. Nous apprécions plus promptement les paysages jusqu'à ce que je remarque un nuage en forme de caniche en plein saut. J'ai toujours trouvé amusant de donner des formes aux nuages, me permettant de faire travailler l'imagination et laissant s'exprimer mon insouciance. Bref. Il faudrait une photo et quelques explications pour que ma moitié en saisisse les contours.

La descente est un peu plus raide par ici, mais bien moins que si nous étions repassés par le chemin par lequel nous étions montés. Nous croisons quelques jeunes trailers bien en forme, puis de nouveau des familles. Nous sentons que nous approchons de la fin de la balade lorsque nous arrivons proche du parking du golf.

Là, nous croisons une dame auprès d'un Yorkshire qui, apparemment, se trouve ici depuis près d'une heure et qui est resté seul. Sur son médaillon, il est écrit son matricule de S.P.A. ainsi que le numéro à joindre. Nous l'aidons à le lire, elle les appelle, mais le chien s'enfuit et, étant donné que nous sommes proches de la route, nous préférons tenter de l'appeler plutôt que de le poursuivre pour qu'il ne se fasse pas buter par une voiture. La dame a soudainement disparu et, le chien n'étant plus en vue, nous continuons notre chemin. En fait, nous le recroisons rapidement en train d'aboyer auprès d'un portail qu'il semble connaître. Peut-être s'était-il juste échappé en fin de compte.

Le sentier est désormais en bord de route et même l'alcôve romantique d'arbres ne suffit pas à nous faire oublier le bruit de la départementale. Nous sommes d'ailleurs étonnés de la reconnaître et d'être arrivés si haut sans nous en apercevoir. En levant les yeux, nous observons une nuée de parapentistes, profitant du paysage depuis le ciel. Vraiment, une nuée.

Il s'agira là de notre dernier émerveillement de la randonnée. Nous nous enfonçons ensuite dans le village composé de beaucoup de maisons d'hôtes et secondaires, imaginant quelle villa nous plairait si nous en avions les moyens, puis redescendons des pentes vertigineuses que nous dévalerons rapidement.

Enfin, nous longeons le lac une dernière fois avant de rentrer chez nous retrouver le vent froid annonçant l'arrivée proche de l'hiver. En nous reposant au belvédère et en choisissant les bons chemins, nous avons pu occuper tout notre après-midi, quel ravissement. Cette balade est à refaire, sans aucun doute.

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