Un répit

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Munich , 19 Juillet 1978, 7h20

La manche déchirée, le souffle court, Ella, tenant Grant par la main, se glissa dans cette simili-salle de spectacle désaffectée par une sortie de secours, à la paroi bien mal enclenchée, qu'elle claqua aussitôt qu'ils furent à l'intérieur. Il y avait un bon Dieu pour les fugitifs.

Que l'endroit fût sordide ne revêtait pas la moindre espèce d'importance, c'était une planche de salut, plutôt inespérée, car non seulement les croque-morts ne pouvaient pas accéder à cette cache, mais en plus, il était fort vraisemblable qu'ils n'eussent pas vu les fuyards y pénétrer.

Grant en profita pour reprendre la direction des opérations. Il enserra le bras gauche de sa compagne d'infortune.

— Qu'est-ce que vous faites ?

— Cette question ! Je reprends la conversation là où nous l'avons laissée.

— Vous trouvez vraiment que c'est le moment ?

— Pourquoi pas ? Admettons que je ne sois pas pressé, pas plus que vous, en tous cas. Ces braves gens ne semblent pas en vouloir exclusivement à ma petite personne. J'ai dans l'idée que s'ils vous prennent, vous passerez un sale quart d'heure.

— Vous me brisez le poignet !

— Vous ne croyez pas que vous me devez une explication ? poursuivit-il, impassible. Qui sont ces tueurs ? Que cherchent-ils ? Qui êtes-vous vraiment ? Pourquoi ma vie a-t-elle été bouleversée depuis le 17 Juillet ? Où sont mes proches ?

— Je ne peux pas répondre à ça ! Si je vous éclaire sur le fond de l'affaire, je suis brûlée. Déjà qu'il va être quasiment impossible de la mener à bien.

— Vraiment ? Alors, nous allons attendre tranquillement que vos amis nous débusquent.

— Vous ne ferez pas ça , vous n'êtes pas dingue ! Vous savez que s'ils vous trouvent, ils vous effaceront en premier.

— Je n'ai pas plus à perdre que vous, à ce moment-là.

Ella temporisa. Pas la peine de se débattre ni de l'invectiver. L'homme devait être à cran, quoique sa maîtrise nerveuse de plus en plus manifeste ne cessât de la surprendre.

— D'accord... Mais plus, tard, pas ici. Evacuons le péril immédiat dans un premier temps. Laissons s'écouler une heure pour égarer nos poursuivants, puis filons vers la bahnhof. Le plus tôt nous quitterons Munich, le mieux ce sera. D'autre part, pas question de nous séparer pour l'instant.

— J'abonde. Je vous suis... où que vous alliez. Je ne suis plus maître de mon destin depuis un peu trop longtemps. Etant donné que j'ai maintenant un point de repère, un point de repère si ... attractive, je ne le lâche pas.

— Si vous voulez ... Allons épier les environs depuis l'étage. Nous rejoindrons la gare dès que possible.

— Vous ne craignez pas qu'ils surveillent les départs vers la France ?

— C'est un risque à courir, et aussi une raison de ne pas traînailler.

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