Chapitre 20 - Le déménagement.

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 Et voilà, ma nouvelle vie commence ici. J’arpente mon nouvel appartement. Lucie a eu la gentillesse de m’aider à faire le ménage ce matin. J’ai attendu 2 heures, la livraison des nouveaux meubles et matelas pour les enfants. Chloé et Mattéo en ont profité pour visiter leur « nouvelle maison ». Je crois qu’ils étaient satisfaits. J’en ai profité pour amener un maximum de cartons. Demain Emmanuel et Paul m’aideront à transporter ce qui est resté chez Lucie, et à monter le mobilier. Je suis démotivé par tout ce qui me reste à faire pour rendre mon domicile potable… Mon téléphone sonne.

- Salut Frédéric, c’est Paul. Alors t’as réussi à mettre ta chaudière en route ?

- Salut Paul, oui pas de problème ! Tout fonctionne.

- Je t’appelle pour savoir si tu viens toujours ce soir à la maison ou si tu es trop crevé…

- Non, crois-moi j’attends ce diner avec impatience !

Paul ne répond pas. Je sens qu’il cherche ses mots.

- Très bien. Finit-il par dire.

- Alors à ce soir, Paul !

De nouveau, un silence gênant.

- Frédéric… Je ne sais pas trop comment te dire ça. Mais Marie… Je n’ai pas l’habitude de me mêler des affaires des autres, mais je crois que tu dois savoir que tu as beaucoup compté pour elle.

C’est délicat d’avoir ce type de conversation avec Paul. Je n’aime pas me confier en général. Mais lorsque je lui ai annoncé que Lucie aimait les femmes, il a eu un comportement exemplaire et ça m’a apporté la dose de réconfort nécessaire pour tenir.

- Paul, merci. Je crois que j’ai tout gâché avec elle. Maintenant qu’elle est avec ce Xavier, je vois mal une issue favorable…

- C’est récent avec Xavier. Honnêtement… Je ne sais pas s’ils sont bien « assortis » même si elle à l’air de s’en convaincre.

Il ne m’en dit pas plus et de mon côté, je ne lui demande rien. On se quitte sur un banal « A toute ». Mais je ressasse tout ça tout le reste de la journée. J’avoue, j’extrapole un peu en me disant que Marie va oublier son Xavier et qu’elle me tombera les bras dès qu’elle me verra. J’y crois. Ma nouvelle vie ne peut pas commencer sans elle.

Lorsque j’arrive chez Paul et Clotilde, Baptiste, Guillaume et Claire sont déjà là.

- Bonsoir tout le monde !

Baptiste a l’air surpris mais content de me voir.

- Tu n’es pas venu avec Alex ? Lui demandé-je.

- Non, il travaille ce soir, il va être encore plus triste de louper ce diner quand il sera que tu y étais !

Assez étrange comme réflexion, mais après tout je m’étais bien entendu avec lui lorsque je l’avais rencontré. Il m’avait paru très sympathique.

- Oh ! Mais tu t’es remis avec lui ? Lui demande Guillaume. J’en étais resté à votre rupture de cet été…

- Oui ça fait quelques semaines maintenant. Il m’a fallu du temps pour comprendre que j’étais le plus gros des imbéciles ! J’ai failli le perdre car il ne fonctionnait pas comme moi alors que c’est justement ça qui fait qu’il est parfait !

- Hum… Je ne te demanderais pas de détail car j’ai vraiment peur que tu le fasses sans retenue ! Plaisante Guillaume. En tout cas, ça me fait plaisir de te voir comme ça. C’est ta première histoire sérieuse depuis que je te connais !

- C’est beau de voir que tu t’es battu pour garder Alex. Dit Claire.

On se rend tous compte de la tension qu’il y a entre Guillaume et elle. Elle le regarde à peine et lui, il fait diversion en parlant de tout et de rien. Paul demande à Clotilde si elle a bien relancé Marie pour le diner, et elle lui répond par l’affirmative. Je vois une lueur dans les yeux de Baptiste lorsqu’il dit :

- Elle n’a pas oublié, ne t’en fais pas, elle m’en a parlé tout à l’heure avant de partir du boulot ! mais tu sais… Elle n’a pas pu profité de Xavier souvent cette semaine alors peut-être qu’ils se sont accordés un petite pause crapuleuse…

Clotilde rit mais moi je serre les dents. L’image qu’un autre homme touche Marie, me donne envie de meutre.

- Je te serre un peu de Volnay, Fred ? Me dit Baptiste.

Ma réaction a l’air de beaucoup l’amuser. Et il m’agace. Je me demande si j’ai bien fait de venir, finalement. Mais je n’ai pas le temps de douter longtemps, ça sonne à la porte et ça ne peut être qu’eux. Baptiste accourt leur ouvrir. Pendant ce temps je me retrouve seul avec Claire et Guillaume. Elle le regarde vraiment méchamment.

- Qui garde votre petite Sarah ? Leur demandé-je.

- Une nounou, c’est la fille de notre voisin. Me répond Guillaume sans faire plus d’effort que ça pour alimenter la conversation.

L’ambiance glaciale est vite réchauffée par l’arrivée des derniers invités. Et je vois d’abord ce Xavier. Ma crainte se confirme lorsque je m’aperçois qu’il a l’air … pas mal. Je ne suis pas doué pour juger le physique des hommes, mais je trouve qu’il a de bonnes proportions, il est souriant et présente bien. C’est le type qui était avec elle lorsque je l’ai vu au restaurant. Je ne m’attarde pas sur lui lorsque Marie rentre dans le salon, nos regards se croisent. Ses joues prennent instantanément une jolie couleur rose. Elle est là, parfaite, et je trouve ça presque irréel. Je vois sa chaire de poule sur ses avant-bras découverts, le corsage de sa robe qui devient un peu trop étroit, sa façon de se mordre discrètement la lèvre. C’est sans doute l’alcool, mais je trouve qu’il fait une chaleur intenable en comparaison avec le froid hivernal qu’il y a dehors. Il vient me saluer, mais ça n’a pas d’importance, je me présente. Je veux juste qu’il parte loin, et au plus vite. Ça tombe bien c’est ce qu’il fait. Il est peut-être réservé mais tant mieux. Elle est là devant moi, et me tend la main. Je comprend qu’elle veut mettre une distance entre nous, mais je crois qu’elle n’a pas encore compris que ce soir, je suis là pour elle, et que je ne baisserais pas les bras. Surtout pas maintenant. Je ne peux m’empêcher de la toucher, le plus innocemment possible. Ma main frôle sa hanche. C’est électrique. Je l’approche plus prêt pour l’embrasser. Et là je m’enivre. Je sens son corps contre le mien et tous les souvenirs de son goût, son odeur et sa douceur me reviennent. Je lui dépose un baiser sur chaque joue, je dois vraiment me contrôler pour ne pas aller trop loin et rester civilisé. Je me demande d’ailleurs si je serais capable de le rester jusqu’à la fin de cette soirée. Elle disparaît, j’ai du la mettre vraiment mal à l’aise. J’espère que c’est bon signe, mais je n’en suis pas certain. Je n’arrive pas à suivre tout ce qu’on me dit, je ne pense qu’à tout ce qui m’est interdit. Baptiste remplit mon verre sans que je m’en rende vraiment compte. Son absence me paraît une éternité et pendant ce temps je pense de toutes les façons dont je pourrais l’aimer. Je suis tendu, et je sens mon érection incontrôlable. Je me concentre pour ne rien laisser paraître. C’est compliqué, je ne pense qu’à elle, ça me dérange. Peut-elle m’avoir envoûté de la sorte ? Lorsqu’elle revient, enfin, c’en est trop. Je bande tellement que ça en devient douloureux. Je me repositionne pour trouver un minimum de confort mais elle le remarque. Ça la trouble tant qu’elle manque de se renverser le plateau sur elle. La mayonnaise lui gicle sur la robe. Immédiatement une image assez obscène me traverse l’esprit. Je me contrôle aussi bien que je peux. Mais jamais je n’aurais pensé être dans un état pareil. Ça me rappelle les années peu glorieuses de mon adolescence.

- Oh ! Je vais aller arranger ça. Dit Marie en se faufilant dans le couloir.

Sait-elle l’effet qu’elle a sur moi ? Comment ai-je pu tenir des années avec des rapports sexuels médiocres sans réellement m’en soucier et là ne pas tenir 1 heure sans que je songe sérieusement à sauter sur Marie.

- À quoi penses-tu ? Me demande Baptiste avec son air inquisiteur.

- À Marie.

Il ne devait pas s’attendre à ce que je lui réponde avec autant de franchise. Moi non plus. Il reste un moment silencieux et se tourne un peu plus vers moi, comme pour favoriser la confidence.

- Tu devrais peut-être lui dire… que tu penses à elle, non ?

- Oui.

- Et ?

- Rien.

- Tu n’es pas un grand bavard, dis-donc. Détends-toi… Si c’est parce qu’il y a Xavier, je te rassure toute de suite : c’est le mec le plus barbant que je connaisse. Elle va s'en rendre compte tôt ou tard.

- Non, ce n’est pas ça.

- Ah… Difficile de te tirer les vers du nez ! Ce n’est rien. Mais j’ai une vision plus terre à terre depuis que j’ai failli perdre Alex. Tu sais, il est particulièrement soumis. Et j’aime bien ça mais parfois c’était trop. Alors j’ai préféré le quitter. Il m’a manqué terriblement…

- Et ?

- Je veux dire que je savais au fond de moi que je faisais une connerie. Alors j’ai voulu voir comment je pourrais m’y prendre avec lui… J’ai testé plusieurs choses qui m’ont laissées perplexe… Je ne me sentais pas dans mon élément… Jusqu’à un soir. Je me suis retrouvé au milieu de gens qui ne m’intéressaient pas vraiment, et j’allais baisser les bras. Je me demandais ce que je foutais là. Et j’ai vu Alex devant moi. Et c’est là que j’ai compris…

- C’est bien.

- Ce que je veux te dire, c’est que parfois les choses paraissent insurmontables mais j’ai su en le voyant que nos divergences ne comptaient peu final, il fallait qu’on soit ensemble.

- Je suis sérieusement heureux pour toi. Lui répondé-je avec agacement.

- Ce que j’essaye de te dire, c’est que parfois faire des conneries, ça aide à ouvrir les yeux, bon sang !

Je vois bien qu’il veut de me faire passer un message, mais je ne vois pas où il veut en venir. Il est un peu farfelu de toute façon, je préfère ne pas m’attarder sur le sujet. Au moins cette étrange discussion avec lui m’a permis de me calmer, physiquement parlant. Je ne dirais pas qu’elle est au repos mais c’est supportable. Paul nous rejoint et se demande où est passée Marie. C’est vrai que maintenant ça fait un bout de temps qu’elle est partie. Xavier ne semble même pas se soucier de son absence, il discute avec Guillaume d’immobilier. Je décide d’aller voir ce qu’elle fait. Je me dirige dans le couloir et je vois, à travers la porte entrouverte d’une salle de bain, Clotilde et Marie. Sa robe est légèrement dégrafée et Clotilde la sèche avec un sèche cheveu. De là où je me situe, je vois parfaitement la courbe de son sein. Elle me remarque et m’envoie sur les roses. Je prétexte de chercher les toilettes. J’ai vraiment l’impression de passer pour un idiot.

Oui je suis totalement devenu bête quand Marie est là. Enfermé dans les toilettes étroites, je reprends mes esprits en me passant un peu d’eau sur le visage.

De retour au salon, Paul m’invite à passer à table à la salle à manger. Il a fait un plan de table et je me trouve assis à côté de Marie. Je le soupçonne de tous, gentiment, nous manipuler. Mais il ne laisse rien transparaitre. Il est même plutôt en retrait. Comme s’il évaluait la situation à chaque instant. C'est l'arbitre de la soirée. Mais je ne pense pas qu’il ait réalisé à quel point ma position est difficile. Elle est là tout près, et ça me rend dingue. Je perds le contrôle une seconde en arrivant plus à contenir mon besoin de la toucher. Je lui caresse la cuisse que je n’ai pu cesser d’observer depuis qu’elle nous a rejoint. Non, je ne suis pas une bête. Je me maitrise comme je peux. Je passe une partie du diner à discuter avec Guillaume et Baptiste.

- Oui c’est vrai qu’on tâtonne un peu en ce moment avec Marie, mais on a réussi à avoir plus de clients que prévu donc je suis confiant. Nous dit Baptiste.

- C’est certain que tout ne se fait pas en quelques mois, vous aurez une meilleure visibilité dans un an ! Lui dit Guillaume.

- Dis-moi, Guillaume, tu vas me dire que ça ne me regarde pas mais je t’ai trouvé étrange quand tu es passé nous voir la dernière fois… Demande Baptiste.

Guillaume semble gêné.

- Oui, je m’en suis rendu compte après coup… Ce n’est pas ce que j’ai voulu. Mais je venais de voir Lucas totalement déprimé par la disparition de son chat. Et il m’a raconté comment avec sa mère, ils ont arpenté la ville, tous les soirs. Ça m’a fait repenser à quel point Marie donne tout pour les autres… Et avec Claire c’est tendu. Alors voilà.

Son explication s’arrête là. Mais c’est surtout ce qu’il ne dit pas, qui est touchant.

- Non mais pas de souci Baptiste, rajoute-t-il, je ne sais pas trop ce qu’il m’a pris, c’était con de ma part…

Ils l’observent tous les deux. J’en fais de même. Elle a l’air totalement perdu dans ses pensées. C’est Claire qui l’a sort de ses rêveries.

- Faut que tu parles à ta femme Guillaume. Chuchote Baptiste.

Claire est toute rouge. Pour tout dire, ça ne m’étonne pas qu’elle craque maintenant, je sentais depuis le début de la soirée qu’elle était sur des charbons ardents. Je suis étonné de l’entendre dire que Guillaume l’a appelé « Marie » lors de leurs ébats. Il insiste sur le fait que ce n’est arrivé qu’une fois. Elle semble totalement décontenancée.

J’ai envie de la serrer dans la bras. Mais je ne peux pas, Xavier est là pour elle. Guillaume et Claire décident de rentrer chez eux pour régler leur problème. C’est plus calme maintenant qu’ils sont partis. Xavier a l’air de s’ennuyer ferme. Baptiste a raison à son sujet, il est très « conventionnel». Il n’est pas très démonstratif envers Marie. Lorsqu’il part sous prétexte qu'il a eu une rude journée, je respire enfin. Je sais que quoi qu’il arrive, je rentrerais avec elle. J’ai l’impression que la soirée a été longue et éprouvante pour tout le monde. Et tout ne se passe pas comme je me l'étais imaginé. Baptiste vient discrètement me voir pendant que je me retrouve seul au salon.

- Sacré soirée ! Me lance-t-il.

- Oui, effectivement.

- Je sais que t’es un ours bourru. Ce que je voulais de dire tout à l’heure est qu’il ne fait aucun doute, à la façon dont tu as de regarder Marie qu’elle ne te laisse pas indifférent. Donc voilà, fonce. Tu régleras tes problèmes de conscience après. C’est tout, je ne t’embête plus.

Il me sourit. Il a l’air tout embarrassé et c’est donc ça qui le tenait à cœur depuis le début. Je n’ose pas vraiment lui dire que je n’ai aucun problème de conscience vis à vis de Xavier. Il ne la mérite pas. C’est dans cet état d’esprit que nous rentrons tous les trois après avoir remercié nos hôtes. Marie marche vite, je n’ose pas parler de peur qu’elle s’énerve. Lorsque Baptiste nous quitte, elle accélère le pas et pourtant elle accepte que je la raccompagne. Il fait tellement froid ce soir que mes joues me brûlent. On marche vite, et au moment où elle s’engouffre dans son allée en me jetant un « au revoir » rapide, je peine à comprendre. Non, elle ne peut pas me laisser comme ça. J’essaye de la retenir en lui prenant le visage d’une main et je l’embrasse aussi profondément qu’elle me le permet. Sa réaction est violente. Je suis tellement surpris que je ne trouve pas mes mots. Elle crie fort, ça me déstabilise.

- J’ai des principes moi ! Dit elle.

Moi aussi j’en ai, elle n’est tellement pas faite pour être avec ce Xavier… J’essaye de lui dire. Mais elle ne m’en laisse pas le temps et disparaît dans l’obscurité de l’immeuble pour une histoire de chat. Je reste planté là, sidéré par ce qui vient de se passer. Je suis à côté de plaque car je n’avais pas imaginé un instant sa réaction. Je me trouve tellement con. J’ai du louper un truc. Je rentre dans mon nouvel appartement. Vide. Avec la sensation que je laisse quelque chose d’inachevé et je n’aime pas ça. Je file prendre une douche bouillante pour me réchauffer. Ça me délasse mais je ne peux pas dormir. Pas après ça ! Je me repasse le film de la soirée en boucle. Peut-être que Marie tient à Xavier beaucoup plus qu’elle ne laisse le paraître, que l’effet que je lui fais est le fruit de mon imagination, ou que je ne l’intéresse pas, que je lui fais perdre son temps et que je suis un gros trou du cul ! On ne m’avait pas traité de trou du cul depuis des années. Je souris. Même ses insultes sont rafraîchissantes. Je veux être le trou du cul de Marie. Je suis irrécupérable, tout me plait chez elle. Et puis il y a le truc qu’elle m’a dit sur une crise existentielle que je serais en train de faire qui me trotte dans la tête, et le fait que Baptiste me dise de foncer sans me soucier de mes problèmes de conscience… Serait-il possible que Clotilde, Paul ou Guillaume ne leur aient pas dit pour mon divorce ? Pourtant on en a parlé pendant la soirée mais je ne sais plus si elle était déjà arrivée. En fait non, je me souviens maintenant il n'y avait que Guillaume et Claire. C’est malin, maintenant c’est pire que tout. C’est le retour à la case départ, je suis de nouveau ce connard de mari infidèle. Allez un petit verre de whisky pour me faire oublier ma peine… Pas trop quand même, demain, c’est le grand déménagement et il faut que je sois en forme…

Emmanuel me rejoint en fin de matinée chez  Lucie, on commence à porter quelques meubles qu’on entrepose dans la camionnette que j’ai loué.

- Tu m’as l’air fatigué aujourd’hui Frédéric, tout va bien ?

- Hum oui… J’ai pas eu le temps de me raser ce matin, mon réveil n’a pas sonné et dans la précipitation j’ai même oublié mon porte-monnaie. Il a fallu que je fasse demi-tour au moment de payer la location du camion…

- Haha, va falloir que tu te fasses à ta nouvelle vie de célibataire.

Il est  vrai qu’elle a mal commencée alors que ça faisait tellement longtemps que je la souhaitais. Emmanuel me parle du mariage et me demande quand nous allons officiellement annoncer notre séparation à ses futurs beaux-parents. Je le fais marcher au début, en lui disant très sérieusement que nous comptions bien profiter de la réunion de famille pour en informer le plus grand nombre. Il m’a paru affolé jusqu’à ce qu’il comprenne ma plaisanterie. Non, nous avions décider avec Lucie d’attendre une semaine ou deux, au plus tard.

Paul vient prendre le relais d’Emmanuel dans l’après-midi. C’est très physique car il ne reste que des cartons et donc de nombreux aller-retours. Arrivés dans le nouvel appartement, on a un coup de chaud.

- Dis, pour le coup, t’as pas poussé ta chaudière trop à fond ? On étouffe chez toi !

Effectivement j’ai du faire une mauvaise manip. Je baisse le chauffage.Je me pose sur le canapé.

- C’est tard, tu sais, tu m’as beaucoup aidé, je ne t’en voudrais pas si tu dois rentrer !

- Non c’est bon Frédéric, j’ai tout mon temps. Il y a encore pas mal de boulot avant que tu sois confortablement installé. Quand je vois tout ce bazar, je me demande même comment t’as pu dormir normalement la nuit dernière !

- J’ai pas vraiment dormi tu sais…

- Je m’en doute à ta tête. Je suis désolé pour hier. Je pensais que la soirée serait disons… plus agréable.

- Tu veux une bière ?

Je vais nous en chercher et quand je reviens, je lui dit tout pour Marie. Je sais qu’il se doutait qu’il se passait quelque chose entre nous mais j'ai besoin de lui expliquer les détails. Comme pour me convaincre que je n'ai pas rêvé.

- Oui t’as raison, on ne lui a pas parlé de ton divorce. J’avoue que je ne lui ai rien dit car elle est souvent avec Xavier ces derniers temps. Clotilde ne sait rien de tout ça, je ne pense pas que Marie lui en ai parlé car elle pense que t’es marié… Mon vieux, reprend-t-il, tu en auras bavé cette année ! Mais rien n’est joué, je pense. T’as vu Xavier hier ! Il ne pensait qu’à partir dès qu’il y a eu des remous…

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