Chapitre 19 - Le tocard.

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 Baptiste ne supporte pas Xavier, je le vois bien à la façon qu’il a de lui parler. Pourquoi mon ami ne se contente pas d’être heureux pour moi ! Qu’est-ce qu’il peut être lourd et agaçant ! Une vraie tête à claques. Bon heureusement le déjeuner est bientôt fini, un serveur vient nous apporter le café. Xavier toujours aussi gentleman paye l’addition et la seule chose que trouve à dire Baptiste est :

- Non mais tu sais Xavier, je ne suis pas à la rue, j’aurais très bien pu vous inviter ! N’est-ce pas Marie ?

- Oui Batiste mais tais-toi et dis juste un merci ça ira, la prochaine fois c’est toi qui paiera ou moi d'ailleurs. Lui répondé-je en riant.

Cela fait sourire Xavier.

- Oh ce n’est rien ma Chérie. Je dois retourner au bureau j’ai une visite dans une demi-heure. On se retrouve ce soir de toute façon ! Travaillez bien. A toute à l’heure.

Il m’embrasse sur le front et part en direction du métro. Car oui, Xavier est un vrai écolo dans l’âme, il ne prendrait jamais la voiture pour un trajet en ville. Il a énormément de qualité et il est tellement aux petits soins avec moi ! Il a toutes les qualités pour que je tombe amoureuse.

- C’est bon Marie, arrête de sourire, il est loin maintenant !

- Pourquoi ne l’aimes-tu pas ? Ce n’est quand même pas compliqué d’être heureux pour moi non ? Moi je suis tellement ravie qu’avec Alex tout ce soit arrangé… T’es ingrat, c’est tout.

- Mais Xavier n’a rien à voir avec Alex ! Ecoute Marie, je veux juste t’ouvrir les yeux… Il n’y a pas plus ennuyant que ton mec ! Il est vraiment chiant. Et le fait que tu ne me donnes pas tous les détails de ta vie intime montre qu’il l’est également au pieu !

Je prend une grande inspiration, je bloque, et j’expire lentement. Un truc de relaxation que m’a appris Xavier pour gérer mon stress. Ça fonctionne plutôt bien.

- Bat, c’est peut-être parce que j’ai mûri que je ne te dis plus tout ce qui se passe dans ma vie.

- Non. C’est tout le contraire, tu as régressé. Tu te mets des œillères pour ne pas voir à quel point il est barbant et que malgré le confort qu’il t’apporte, il te rend terne…

- Ça c’est c’est un peu fort de café !

Il éclate de rire.

- Heureusement qu’il t’a laissé tes expressions ! C’est bon, t’as raison, ne t’énerve pas. Je t’ai dit ce que je pensais et je ne t’en parlerai plus. Je ne veux pas qu’on se fâche. Tu comptes trop pour moi !

- Oui, oublions cette histoire !

- Jusqu’à ce que tu réalises par toi-même que j’avais raison !

Je lui donne un sacré coup de coude. Qu’est-ce qu’il peut-être pénible parfois ! Il m’embrasse à son tour sur le front. On arrive au bureau en silence. On s’est vite habitué à notre nouvelle vie. C’est sympa de voir la lumière du jour lorsqu’on travaille ! Nous avons chacun un bureau dans une pièce séparée et d’habitude nous laissons toujours la porte ouverte pour pouvoir discuter. Mais cette après-midi, je ne veux pas entendre Baptiste. Je ne supporte pas qu’il juge aussi facilement ma relation avec Xavier. C’est vrai que ça a été long à se mettre en route, notre histoire. Xavier est de l’ancienne école, avec beaucoup de principe. Il a sagement attendu le 3ème rencard pour coucher avec moi. C’était touchant, car ce soir là, un peu certaine de me prendre encore un vent, je ne lui avais pas proposé de monter à la maison. Et il était resté planté devant moi, un peu penaud jusqu’à ce qu’il me demande enfin la permission de me raccompagner. J’avais tout de suite accepté. Peut-être trop rapidement, je dois dire que j’ai montré beaucoup d’enthousiasme d’ailleurs ! Je savais que ma relation avec Xavier pourrait être sérieuse car c’est quelqu’un de bien, mais j’étais également vraiment frustrée et j’ai, peut-être, oublié les convenances à ce moment là. Ce qui fait que Xavier n’était pas très détendu et j’ai du faire la première approche. Nous étions assis sur mon canapé et ma main se baladait sur sa cuisse. Voyant qu’il ne réagissait pas vraiment, je me mis à caresser son entrejambe. Satisfaite du gonflement que je sentais. J’entrepris alors de lui quitter son pantalon. Il se laissa faire. Il jouit discrètement et me prit par le bras pour qu’on aille dans ma chambre. Il m’a fait l’amour 2 fois cette nuit. Il a montré beaucoup de respect et a toujours était attentif à mon plaisir. C’était bien. Depuis on est tombé dans une certaine routine. Nos boulots très prenants, mes semaines avec Lucas font qu’on se voit essentiellement pour la pause déjeuner et 2, 3 soirs par semaines. Ça me convient parfaitement.

Blottie contre Xavier, je sonne. C’est Baptiste qui vient nous ouvrir.

- Et oui c’est moi ! Fais pas cette tête Marie. Me dit-il en souriant.

- Mais non nigaud, ça me fait plaisir de te revoir. Où sont Clotilde et Paul ?

- Ils arrivent ils sont en cuisine ! Dites, ça m’étonne de vous que vous soyez en retard !

- Ça nous a pris un peu plus de temps que prévu de déposer Lucas chez son ami… Dit Xavier.

En effet, j’avais totalement oublié de lui préparer son sac avec ses affaires pour dormir chez Anatole. Et j’ai eu un mal de chien à lui trouver un pyjama propre. J’avoue que j’ai perdu beaucoup de temps. Mais avec mon job, je suis parfois tellement crevée le soir que j'oublie parfois de faire des choses importantes. Xavier était très agacé, il n'aime vraiment pas être en retard.

- Ah mais ce n’est pas grave ! Dit Clotilde ravie de nous voir. Viens faire câlin ! Tu es toujours très élégant Xavier, sois le bienvenu chez nous.

Baptiste se rapproche de moi et murmure à mon oreille: "Oui Marie, et question mâle élégant, tu vas être servie". Je ne comprends pas où il veut en venir même si je trouve sa phrase très suspecte. Surtout que je vois dans l’expression de son visage et à son large sourire que son excitation est à son comble. Il y a de la malice. Tel un enfant qui n’en peut plus d’attendre Noël pour recevoir ses cadeaux. J'ai un mauvais pressentiment...

- Venez les amis, nous sommes un peu plus nombreux que prévu ! Paul a invité…

- Chut Clotilde… Laissons-leur la surprise ! Lui dit Baptiste.

Nous marchons le long du vestibule, et tous ces mystères m’ont donné une sérieuse boule au ventre. Je m’attends au pire… Je suis totalement crispée et je prends la main de Xavier pour me donner du courage car j’ai franchement envie de faire demi-tour et de rentrer chez moi !

Lorsque Baptiste entre dans le salon en criant un « tadaa » victorieux, mon cœur s’arrête. Il y a sur un fauteuil, Fred en costume. Je le trouve vraiment intimidant. Surtout qu’il me fixe comme si j’étais une bête de foire. Et puis Guillaume aussi et sa femme Claire. Chacun a l’opposé du canapé. Tous ont les yeux rivés sur nous.

- Et voilà. Dit Clotilde souriante. Je ne fais pas les présentations, hein ! On est entre nous.

Elle se dirige vers la table basse et ouvre la bouteille que nous lui avons apportée, sans même se rendre compte de l’état émotionnel dans lequel je suis plongée. Xavier a commencé à saluer Guillaume, qu’il a presque ignoré et Claire, très souriante. Je le suis, encore un peu hébétée. Lorsque nous arrivons au niveau de Fred, ce dernier se lève :

- Je n’ai pas le plaisir de te connaître. Dit-il à Xavier. Je suis Frédéric, un ami et mon fils est dans la classe de Lucas.

- Ravi, Xavier.

Xavier se dirige vers Clotilde pour l’aider à servir les verres. Il est vraiment prévenant, trop. Car il me laisse seule avec Fred et lorsque je tourne légèrement la tête pour chercher le soutien de Baptiste, je vois cet imbécile sautillé et tapoter des mains. Il est au bord de l’hystérie.

- Bonsoir Frédéric. Lui dis-je en tendant la main.

Il la prend délicatement et se penche vers moi pour m’embrasser sur les joues. Instantanément  son odeur m’envahit et la douceur de ses lèvres sur ma peau, me liquéfie. Ma culotte est de nouveau trempée. Pourquoi je n’arrive pas à me contrôler ? Et c’est résignée que je rejoins Xavier.

Il me sert un verre mais je ne le bois pas. J’ai besoin de garder mon esprit clair ce soir car déjà que je sens déjà que ma libido dérape, il ne faudrait pas que le reste en fasse autant. J’entends Fred dire que Lucie et ses enfants sont partis à la campagne, ça me donne la nausée de penser à Lucie. Puis je les laisse en pleine discussion météorologique sur le froid qui est soudainement tombé ces derniers jours, prétextant aller aider Paul en cuisine.

- Salut grand chef !

- Salut ma belle ! Toujours aussi rayonnante.

- Oulà, mais tu as préparé un festin ! Tu as besoin d’aide ?

- Non j’ai bientôt terminé. Je vais pouvoir profiter de vous maintenant. Tiens, peux-tu amener l’assiette de crudités ,s’il te plait ? J’arrive vite !

Zut ! Moi qui croyais qu’il pourrait me trouver une occupation pour m’éviter de retourner là-bas… Lorsque je reviens, je retrouve deux clans. Celui des femmes sur le canapé qui parlent des meilleures marques pour les vêtements d’enfants, et le clan des hommes. J’entends une bride de leur conversation. Baptiste semble leur parler d’Alex. Xavier, ne l’écoute pas vraiment, Guillaume à l’air plus attentif et Fred… me regarde. Voyant qu’il a toute mon attention, il se repositionne sur le fauteuil, et écarte légèrement les jambes. Mes yeux se dirigent automatiquement vers sa fermeture éclair… Oh ! J'ai comme l'impression qu'il bande. Je reste figée quelques secondes. J’ai un bref sursaut. Le plat me glisse des mains et atterri miraculeusement sans mal sur la table. Malheureusement, la mayonnaise qui se trouvait dans un bol m’a éclaboussée.

- Oh Chérie, que tu es maladroite. Me dit Xavier. Tu devrais faire attention.

- Marie, maladroite… C’est un doux euphémisme. Ricane Baptiste.

Au moins, maintenant, j’ai une bonne excuse pour rester enfermée dans la salle de bain. Après avoir savonné, frotté, brossé, et rincé le bustier de ma robe. J’ai réussi à faire partir les petites traces de gras. Mais la grosse tâche humide rend le tissu légèrement translucide. Et on peut voir une partie de mon sein. Je ventile donc le tissu.

- Marie, ouvre-moi ! Qu’est-ce que tu fiches ? T’en mets un temps.

J’ouvre à Clotilde qui rentre avec un verre dans chacune de ses mains.

- Tiens bois ! Tu rates toute la soirée là ! C’est pas grave, ça se voit à peine…

Je prends une gorgée de vin et je lui explique ma gène de sortir comme ça, lui montrant mon téton bien visible. Elle sort un sèche-cheveu d’un petit placard derrière elle, le branche et le met en route. J’aperçois Fred dans l’entrebâillement de la porte, il nous regarde. Mais qu’est-ce qu’il veut encore celui-là !

- Fred, on peut t’aider ? Lui demandé-je sèchement.

- Désolé… Clotilde, je cherchais les toilettes. Peux-tu me dire où ils se trouvent ?

- Biensûr ! C’est tout droit, au fond du couloir.

- Alors parfait. Dit-il.

- Ouais c’est ça. Bougonné-je.

Il n’a cessé de me dévisager depuis que je suis arrivée. Ça commence vraiment à me mettre en pétard. Je sais qu’il a fait exprès de mon montrer son érection et j’ai du mal à comprendre pourquoi mon corps réagit à toutes ses provocations. Cet homme est le mal incarné. Il est marié et ça ne l’empêche pas de m’allumer aux yeux de tous et de Xavier. C’est un bel enfoiré !

- Marie, si je peux me permettre, je t’ai trouvé un peu froide avec Frédéric…

- Peut-être. Je n’ai pas vraiment fais attention.

Ah ! Si je pouvais tout lui raconter. Mais Paul et elle sont trop proche de Fred et de sa femme, ça les mettrait dans une position intenable.

- Allez viens, on va passer à table.

Malgré tous mes efforts pour être le plus loin possible de Fred, je me retrouve assise entre Xavier et lui. C’est vraiment inconfortable comme position. Je remarque que Claire est agacée. Mais je ne comprends pas pourquoi. Peut-être que j’ai loupé quelque chose lorsque je suis allée me nettoyer. Paul nous met un peu de musique et nous sert du vin et Clotilde apporte le plat de l’entrée.

- Tes amis savent recevoir. Me dit Xavier.

Je n’ai pas franchement envie de parler mais je saute sur cette opportunité pour lui faire la conversion et ignorer par la même occasion mon autre voisin de table.

- Oui c’est exact ! Paul a une passion pour la cuisine et Clotilde est très mondaine.

Je pouffe de rire. Cette conversation n’a vraiment aucun intérêt ! Je demande alors comment s’est déroulé son rendez-vous de cette après-midi. Il me raconte la visite de plusieurs appartements pour un couple qui vient d’arriver en ville. Il m’explique que la jeune femme était très tatillonne et le mari pas très locace alors il n’était pas certain que les produits qu’il leur avait montré, leur avaient plu. J’essaye de le rassurer quand je sens la main de mon autre voisin effleurer ma cuisse. C’était subtil, mais la chaleur intense dans mon bas ventre démontre que moi, je ne sais définitivement pas faire preuve de subtilité. Je me retourne vers lui. Mais il est en train de parler avec Guillaume d’une future compétition de volley. Il ne me regarde même pas. Il n’a pas du le faire exprès ! Voilà que je deviens parano, ou plutôt nymphomane. Je m’enferme dans une bulle. Je fais semblant d’écouter mes amis. Je hoche même parfois la tête pour leur donner le change. Parfois, je regarde Paul, et je lui dis « C’est très bon, très réussi bravo ! » sans avoir conscience de ce qui se passe autour de moi. Je n’ai qu’une hâte, c’est de rentrer bien au chaud chez moi. Vivement que cette soirée se termine.

- Guillaume, tu vas arrêter de regarder Marie de cette façon tu embarrasses tout le monde… Lâche Claire.

Ah… On parle de moi. Je deviens rouge écarlate. Ai-je fait une gaffe sans m’en rendre compte ? Mais comme personne ne parle et que je déteste la sensation de vide, je me sens obligée de dire :

- Faut absolument que tu me donnes ta recette Paul, c’est divin !

Baptiste part dans un fou rire, et Xavier me tient le bras et s’approche de mon oreille pour me dire tout bas :

- Marie je ne crois pas que ce soit le moment approprié pour parler des talents culinaires de Paul !

- Baptiste arrête de rire ! Ce n’est pas drôle. Lance Guillaume comme piqué au vif.

- Mais si, mais si. C’est hilarant ! Dit cyniquement Claire.

- Claire, ce n’est ni le lieu, ni le moment de faire un esclandre ! Lui répond Guillaume en la fusillant du regard.

- Si justement ! Elle est là. C’est parfait pour mettre les choses à plat non ?

J’ai encore cette désagréable sensation qu’ils parlent de moi. Je soupire… Comme si ma vie n’était pas suffisamment compliquée…

- Marie, je suis désolé pour cette scène, Claire est jalouse et est persuadée que je suis toujours amoureux de toi !

- Quoi !

Tout le monde autour de la table est ahuri. Baptiste hausse les sourcils. Et je pense que ma mâchoire s’est décrochée de ma bouche.

- Oh non… C’est un malentendu Claire. Lui dit Clotilde avec douceur en lui posant la main sur l’épaule.

- Parce que tu penses que c’est un malentendu qu’il m’appelle Marie au moment de jouir…

- C’est arrivé qu’une fois !

-… qu’il l’invite chez ses parents à passer 15 jours en vacances alors qu’ils sont divorcés depuis des années et qu’il trouve tous les prétextes possibles pour aller la voir !

Elle est au bord des larmes. Je ne sais pas quoi dire pour la réconforter. J’ai tellement peur d’aggraver la situation en l’ouvrant que je préfère me taire. Elle se lève de table, prend un mouchoir de son sac et essuie ses larmes. Elle s’excuse auprès de nous pour « tout ça » et nous annonce qu’il vaut mieux pour tout le monde qu’elle rentre.

- Mais non Claire, reste. Tu n’as aucune raison de t’inquiéter à mon sujet. Nous avons réellement tourné la page avec Marie ! Lui dit Guillaume tout penaud.

- Alors dis-moi pourquoi j’ai l’impression que je ne lui arrivais jamais à la cheville…

Elle s’écroule dans ses bras. Je rêve, elle me prend pour une super woman ou quoi ? Mais n’importe quoi ! J’ai envie de lui crier aux oreilles que je rêve de me faire sauter par Fred, que je suis la pire des catins, alors que je ne suis même pas foutue d’intéresser suffisamment mon petit copain pour le faire cesser de bailler… Ma vie c'est du pipi de chat ! Je crois que c’est moi qui vais me mettre à pleurer maintenant.

- Oh ! Ma Clairounette. Tu sais que je n’aime que toi… Dit Guillaume en s’approchant d’elle. Je.. je viens de réaliser que j’ai mes tords, que j’ai eu un comportement ambigu… Je ne m’en étais pas rendu compte. Viens, nous allons rentrer ensemble et en parler calmement. Désolé les amis. Désolé Marie.

Lorsqu’ils partent, j’entends Baptiste soupirer de soulagement.

- C’est complètement dingue cette histoire !

- Oui carrément. Dit Clotilde. Allez, on ne va pas se laisser abattre, je vais chercher une autre bouteille.

Je débarrasse les couverts de l’entrée. Lorsque je reviens avec des assiettes propres. Fred a changé de place, il s’est décalé à côté de Baptiste pour combler le vide laissé par Guillaume. Je suis surprise de ressentir une légère déception. Bien évidemment, on parle de ce qui vient de se passer avec Claire et mon ex-mari. Xavier a l’air fatigué par tous ces événements, il n’est pas très bavard. Nous finissons le repas dans un calme relatif, avec du jazz en fond sonore. C’est assez plaisant. Au dessert, Baptiste fait une allusion à Marcel, feu mon vibromasseur. J’essaye de lui faire comprendre par télépathie, qu’il n’a pas intérêt à aller plus loin car je sens bien que Xavier n’est pas dans les meilleurs dispositions pour entendre certaine anecdote. Mais encouragé par Clotilde, puis Paul, il balance tout. Et raconte en détail sa cérémonie d’enterrement. Tout le monde en plaisante même Fred. Mais Xavier est tendu et m’annonce qu’il est vraiment crevé, qu’il va rentrer et qu’il m’appellera demain.

Je le comprends, le premier diner avec mes amis a été baroque. Je me suis planquée pendant toute une moitié de la soirée et j’ai été à côté de la plaque pendant pendant toute l’autre… Je m’approche de lui pour l’embrasser lorsqu’il part, mais il recule et me dit qu’il est réellement exténué. J’aide Paul et Clotilde à débarrasser la table. Baptiste vient me voir s’excusant de son comportement, il ne pensait pas que ça choquerait Xavier. Je le rassure en lui expliquant que ce n’est pas le cas, qu’il a juste eu une journée difficile. Nous disons au revoir à nos hôtes et nous rentrons, Fred, Baptiste et moi. Nous faisons un bout du chemin ensemble car nous n’habitons pas loin. Au moment où Baptiste nous quitte, Fred me dit :

- Je te raccompagne jusqu’à ton immeuble. Ce n’est pas prudent de rentrer seule à cette heure.

Baptiste me sourit mais je lui souhaite juste une bonne nuit et je reprends ma route. Fred me suit en silence. Depuis le départ de Claire et Guillaume, je le sens moins entreprenant, plus introverti. Je me suis sans doute fait des idées. On ne parle pas sur le trajet. Mais sa proximité a toujours un effet sur moi. Je fais en sorte de garder une distance respectable entre lui et moi. Et j’essaye de penser à autre chose, comme à Xavier par exemple.

- Merci Fred de m’avoir raccompagner. Au revoir.

J’ouvre la porte de l’immeuble.

- Marie, attends…

Je n’ai pas le temps de me retourner qu’il m’embrasse à pleine bouche. Je suis choquée et en colère car une partie de moi en veut encore plus, et l’autre se sent totalement insultée. Je le repousse violemment.

- Putain Fred ! Qu’est-ce qui te prend ? Tu crois que je suis à ta disposition, c’est ça ? Que tu peux m’embrasser comme si tu t’en foutais royalement que je sois avec quelqu’un d’autre !

- Non Marie…

- Moi j’ai des principes, pas comme toi et…

Je stoppe net, j’ai cru entendre des miaulements. J’attends quelques secondes pour en avoir la confirmation. Fred essaye de me dire quelque chose mais il comprend par mon geste de la main, que je souhaite le silence, quand soudain : « Miaaaaaou, Miaaaaaou… ». C’est Hercule ! J’en suis certaine. Comment est-ce possible qu’il soit revenu. Je décide de me débarrasser de Fred le plus rapidement possible, ce mec est nocif pour moi. Il me rend incontrôlable.

- Tu ferais mieux de rentrer chez toi, Fred. Tu agis vraiment comme un trou du cul et je ne suis pas du tout intéressée. À mes yeux t’es le parfait pauvre type en pleine crise existentielle et crois-moi j’ai eu mon lot de boulet ! J’ai mille choses plus importantes que de rester avec toi, tu me fais perdre mon temps. Alors ciao et bon vent ! Je dois chercher mon chat.

Sans même le regarder, je me précipite dans la cour de l’immeuble où je pense avoir entendu le chat. Hercule ! Il est là devant moi, assit comme s’il attendait que je vienne le chercher. L’émotion est à son comble, lorsque je le serre dans les bras et que je m’imagine la tête de Lucas lorsque je lui annoncerais la nouvelle. Je réalise également à quel point je me suis montrée horrible envers Fred. J’ai un gros pincement au cœur mais trop c’est trop.

Lorsque je reviens dans l’allée, et je suis soulagée de voir que Fred n’est plus là.

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