Chapitre 18 - La retraite spirituelle.

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 Je n’en reviens pas qu’elle nous ait traité de sales cons ! J'avoue que je ne m'attendais pas à ça. Je reste sans voix. J’entends Lucie raccompagner sa sœur à la porte. Ouf, elle a pu s’en débarrasser rapidement. Mattéo mange sa tartine en jouant à sa console. Il ne semble pas si perturbé que ça, lui. Mais à partir de quel moment tout est parti en vrille?

- Qu’est-ce qui a pris à Chloé ? Dit Lucie nous rejoingnant.

- Ils ont tout entendu…

Lucie s’assoit autour de la table. Elle ne me jette même pas un regard. Elle a l’air abattu. C’est vrai que la journée a été difficile. Je fais chauffer de l’eau pour nous préparer un bon thé. Et puis je ne vois pas quoi faire d’autre. C’est Mattéo qui brise le silence.

- Que va-t-il se passer maintenant papa? Maman ?

Je vais chercher Chloé dans sa chambre. J’ai un mal fou à la convaincre de nous rejoindre dans la cuisine pour qu’on ait une discussion. Elle a mis la radio à fond. Et je dois tambouriner à sa porte comme un malade pour qu’elle daigne m’ouvrir. Finalement, nous nous retrouvons tous autour de la table. Aux regards de Lucie, je comprends que je dois amorcer la discussion.

- Chloé, Mattéo, avec votre mère on va se séparer…

- Ça, ce n’est plus un scoop ! Coupe Chloé.

- Laisse-moi parler s’il te plait, c’est important.

Je lui lance un sourire. Je la comprends ma petite, elle doit être toute perdue.

- Tout d’abord, je tiens à vous expliquer pourquoi on ne vous en a pas parlé avant. Car je vois bien que vous vivez cela comme une trahison mais nous avons juste essayé de préserver la « famille ».

- Ouais… Dit Chloé.

Le « chut » que lui souffle sa mère semble la convaincre de me laisser continuer. Alors je leur explique que Bonne Maman est grièvement malade, qu’elle a une maladie cardiaque et que son cœur pourrait céder. Ils sont interloqués au début, ils s’inquiètent pour leur grand-mère. Et puis Lucie prend la suite de la conversation. Elle leur dit avec toute la douceur dont elle seule, sait faire preuve, que nous souhaitons nous séparer en douceur, attendre le mariage de Pascaline, pour ne pas faire trop d’émotion d’un coup à Bonne Maman. Elle leur explique également que Pascaline n’est pas au courant pour l’état de santé de sa mère de peur qu’elle revienne sur son union avec Emmanuel.

- C’est pour ça que nous voulions attendre le bon moment pour vous en parler…

- Tu parles ! Vous avez aucune confiance en nous ! Vous nous avez rien dit car vous aviez peur qu’on balance tout !

- Chloé… On ne voulait pas vous mettre dans une position délicate.

- Et puis, j’aimerais bien que vous nous disiez pourquoi vous vous séparez ? Parce qu’on est quand même UN PEU concerné, non ?

- Calme-toi Chloé s’il te plait !

Lucie me regarde, j’ai l’impression qu’elle m’interroge et qu’elle souhaiterait que je lui réponde par télépathie. Mais je me retrouve un peu bête, je ne sais pas trop quoi faire.

- Bon les enfants… Commença-t-elle. Vous avez raison, vous avez parfaitement le droit de connaître le pourquoi de notre séparation…

Je m’enfonce dans le dossier de ma chaise, et écoute Lucie. Elle leur dit tout. Sans rien cacher. Mattéo a décroché de sa console et a la bouche ouverte. Chloé ne dit plus rien mais me jette des regards furtifs. On s’assure qu’il n’y a aucun malentendu et qu’ils ont digéré le fait d’apprendre que leur mère aime les femmes. Je me dit qu’il leur faudra du temps. Mais que tout se passera bien. On leur fait un gros câlins avant qu’ils se couchent. Mattéo est particulièrement démonstratif ce soir avec chacun de nous deux. Chloé, elle, s’est enfermée dans une bulle. Elle semble plus introvertie que jamais. Et je ne sais pas vraiment ce qu’elle pense. Cette journée m’a épuisée. Nous allons à notre tour dans nos chambres et Lucie, au moment de fermer sa porte me demande :

- Tu penses que ça va aller ?

J’acquiesce. J’en suis convaincu. Il n’y a plus de mensonge maintenant. Les choses s’arrangeront même si ça prendra du temps.

Quelques jours ont passés. Pour le bien-être des enfants, nous avons décidé d’être totalement transparents. Nous nous sommes mis d'accord pour que je recherche un appartement dès aujourd'hui et j’envisage de déménager rapidement. la situation était trop confuse et il est important de la clarifier. On a convaincu les enfants de ne rien dire à Bonne Maman tant qu’elle ne serait pas dans de meilleures dispositions. Ils ont eu l’air de comprendre. Avec Lucie, nous avons pris un rdv chez nos avocats pour la semaine à venir. Et même si j’attendais depuis tellement longtemps que la situation s'éclaircisse, j’avoue que maintenant, je me sens un perdu. Je travaille beaucoup car notre carnet de commande est plein grâce à tous les efforts que nous avons fournis cet été. J’ai annoncé à Emmanuel que je souhaitais trouver un logement rapidement afin de ne pas plus perturber les enfants. S’il a été surpris, il n’a rien montré. Il m’a juste dit qu’il regarderait s’il connaissait dans son entourage quelqu’un qui loue un appartement qui pourrait me convenir. J’essaye de ne pas trop revenir sur ce sujet avec lui car je sens bien que les préparations de son mariage lui compliquent la vie. Je veux être là pour lui c’est important.

C’est totalement dépassé par les événements, la tête pleine de préoccupations, qu’un soir j’ai vu Lucie se joindre à moi au salon. Elle était blanche et livide.

- Frédéric, je viens d’avoir Père au téléphone. Mère est au plus mal…

Elle s’écroule en sanglots sur moi.

- Que lui arrive-t-elle ?

- Elle a fait un malaise, il m’a dit que c’est le cœur. Elle est de nouveau hospitalisée… Il a peur qu’elle ne survive pas jusqu’au mariage…

J’essaye de la consoler comme je peux. Mais je me montre maladroit car elle ne cesse de pleurer.

- Il m’a répété que l’important était d’être une famille soudée et unie face à l’adversité.

Le pauvre vieux… Je m’aperçois que j’éprouve une réelle compassion pour le bonhomme même s’il m’a toujours agacé. Il fait comme il peut avec ce qu’il peut. Un peu comme moi. Je suggère à Lucie d’annoncer à sa sœur l’état de santé plus que préoccupant de leur mère car maintenant ça ne changera rien de la laisser dans l’ignorance. On décide de les inviter à diner la semaine prochaine afin de pouvoir leur parler tranquillement et de s’assurer qu’ils ne mettrons leur projet de côté. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’Emmanuel m’évite au bureau. A chaque fois que je le croise son regard est fuyant et il trouve toujours une excuse pour partir. Je n’ai pas vraiment le temps d’approfondir mon raisonnement car je suis littéralement débordé en plus il y a ce fichu diner ce soir et je n’ai même pas vu la journée passée quand je reçois un appel de Lucie sur mon téléphone portable.

- Frédéric, tu dois rentrer le plus vite possible !

- Quoi encore ? Lui dis-je sur un ton beaucoup plus agressif que j’aurais voulu.

- C’est Chloé ! Elle est devenue folle ! Viens, c’est URGENT !

Il s’agit clairement d’une urgence familiale. J’arrive un quart d’heure après à la maison. Lucie est assise dans la cuisine avec un verre de champagne. Oula ! Lucie ne boit jamais d’alcool.

- Ah… Tu es là. C’est bien. Va la voir… Elle est dans sa chambre. Mais je te préviens, ce n’est pas joli, joli… Me dit-il sur un ton un peu guilleret.

Je me précipite vers sa chambre, m’attendant à un carnage. Je n’ai jamais été aussi anxieux. J’ouvre la porte qui n’est pour une fois pas verrouiller. Et là je trouve ma fille, la tête à moitié rasée et l’autre moitié avec des mèches roses. Il me faut un peu de temps pour réaliser qu’il s’agit bien de mon bébé. Mais comme elle se retourne et me sourit, j’éprouve un grand soulagement que ça ne soit pas plus grave !

- Je sais papa, j’aurais du vous demander la permission… Maman m’a déjà fait un sermon. Mais si je l’avais fait, vous auriez dit non, n’est-ce-pas ?

- Chloé ! Tu es punie jusqu’à ce que toutes tes boucles redeviennent blondes et longues ! Et crois-moi ça va être long.

Et je claque la porte.

- Lucie, tu as bu combien de verre ?

- Juste un.

Elle me regarde avec une moue comme si je la sermonnais.

- Tu l’as vu ?

- Oh oui, on ne peut pas la louper. Lui répondé-je en me servant aussi un verre.

- C’est certain.

On se retrouve tous les deux assis, les yeux dans le vague. Et lorsqu’ils se croisent, on part dans un fou rire incontrôlable.

- Lucie, tout fout le camp ! Lui dis-je entre deux rires.

- Haha, et j’ai l’intuition que ce n’est qu’un début !

Pascaline et Emmanuel arrivent dans une heure. J’en profite d’être rentré plus tôt pour aider Mattéo à faire ses devoirs pendant que sa mère nous finit de préparer le repas. L’ambiance est plutôt détendue. Je réalise que ça fait longtemps que je n’ai pas passé du temps seul avec mon fils et c’est vraiment agréable. Lucie sifflote et chantonne, ce qui est rarissime. L’effet du champagne sans doute.

Lorsque ça sonne à la porte, je vais voir Chloé et je lui demande d’aller ouvrir la porte. Que ça fait partit de sa punition. Elle ronchonne, se trouve prise d’une crise de timidité soudaine.

- Tu veux te faire remarquer, alors assume ! Lui dis-je sans la ménager.

L’effet voulu ne se fait pas attendre.

- NOM-DE-DIEU ! Chloé !

Pascaline est rouge, et elle nous dévisage chacun notre tour. Il ne fait aucun doute que son jugement à notre égard est très loin sa bienveillance habituelle. Puis elle regarde Emmanuel :

- Tu vois, je te l’avais bien dit ! Ils ont vraiment besoin de nous.

« Ah mais non, Pascaline, on s’en sort très bien » ai-je envi de lui répondre. Mais je ne perds pas un instant de l’esprit l’objet de ce diner. Ça va vraiment être difficile pour elle et il faut que je la mette dans les meilleures dispositions possibles. Une fois le choc passé, nous nous installons au salon. Mattéo apporte les assiettes d’amuse-bouches préparés avec amour par sa mère. Je surprend Lucie se servir une autre coupette de champagne. Il faut vraiment que je la surveille car elle ne supporte vraiment l’alcool. L’attitude d’Emmanuel me paraît tout aussi suspecte que dans la journée. Il n’a pas l’air à l’aise, semble même agité lorsque sa fiancée le regarde. Oui car j’ai bien remarqué qu’il se tramait quelque chose. Leur manège est visible, elle lui jette des regards très insistants comme si elle voulait qu’il nous annonce quelque chose. Mais j’ai beau me creuser la cervelle, je ne vois pas. Lucie ne semble pas s’en rendre compte. Elle parle du collège et du mariage. Je finis de mettre les verres sur la table et j’annonce que nous pouvons passer à table.

- C’est étrange de vous voir ainsi… On a l’impression que malgré ce que vous nous avez dit, vous êtes encore amoureux et que vous formez un beau couple ! Lance Pascaline.

- Chérie, c’est totalement déplacé ! Lui dit Emmanuel vraiment contrarié.

La soirée s’annonce longue me dis-je. On s’assoit dans un silence gêné. Lucie nous sert du vin, et en profite remplir son verre. Ses joues sont rouges. Et tout le monde semble mal à l'aise. Je cherche un sujet de conversation neutre pour calmer les esprits, mais ma belle-sœur me devance :

- Emmanuel, dis-leur !

- Non ma Chérie, je ne pense pas que ce soit une bonne idée… Sa voix s’étrangle.

- Bon dans ce cas, c’est moi qui le ferai !

Elle a l’air aussi déterminée qu’Emmanuel est déconfit.

- Lucie, Frédéric, vous savez que vous comptez énormément pour nous.

- Oh merci Pascaline ! Lui répond Lucie un peu éméchée.

- Voilà. Je ne crois pas une seule seconde à ce que vous nous avez dit. Vous êtes un couple parfait ! Ça se voit, ça crève les yeux !

Chloé se met à rire tellement fort qu’elle a réussi à attirer l’intention de tout le monde. Pour ma part, je suis totalement fasciné par le mouvement d’une de ses nouvelles mèches roses lorsqu’elle rit. C’est assez effroyable. Mais je comprends que la soirée va se compliquer et que je dois éviter de faire subir toutes ces tensions à mes enfants.

- Lucie, ça ne t’ennuie pas si finalement les enfants mangent à la cuisine. Demain ils ont école et ils pourront se coucher lus tôt.

- Oui bien sûr !

Lorsque je reviens à la table après avoir servi les enfants, je trouve Lucie en train de se servir un nouveau verre. Mais combien en a-t-elle bu en mon absence ? Je prends la bouteille et la pose à l’opposé de la table après lui avoir murmuré :

- Ça suffit pour ce soir le vin ! Je pense que tu en as déjà bien abusé.

Elle me réponds en hochant la tête telle une gamine jurant de ne plus recommencer.

- Ah te revoilà Frédéric. Je disais à Lucie pendant que tu t’occupais de tes enfants, comme quoi tu es un père très dévoué cela dit en passant, que je pense que vous pouvez surmonter vos difficultés conjugales ! Ça arrive à tout le monde, vous avez juste besoin d’aide. Et nous sommes là pour ça ! Dit-elle d’une façon très pompeuse.

Je regarde Emmanuel qui enfonce de plus en plus la tête dans les épaules. A un moment, il me fait penser à une tortue.

- C’est très gentil Pascaline. Mais…Dit Lucie qui semble avoir de plus en plus de difficultés à articuler.

- Ecoute, tu es ma petite sœur et je vois bien, ma pauvre, que tu n’es pas en état de gérer quoi que ce soit… Regarde Chloé !

- Chérie je pense qu’ils sont assez grands pour gérer leur problème, seuls.

-Non Emmanuel. Avoir besoin d’aide n’est pas une honte ! Chercher un appartement pour ton ami est tout sauf ce qu’il lui faut. Dit-elle tout en se levant. Alors voilà… Une semaine avant notre mariage, je vous propose de garder vos enfant quatre jours pendant que vous iriez à une retraite spirituelle au Foyer Charitable. Je me suis renseignée, c’est parfait pour vous. Il y a une retraite pour aider les couples en détresse. Car oui vous n’êtes pas les seuls ! Dieu peut vous aider !

Je m’étouffe avec ma feuille de salade. A-t-elle bien dit retraite spirituelle ? C’est complètement fou cette situation. Ils sont vraiment dingues dans cette famille. Lucie me sourit et a un hochement d’épaules, elle est totalement pompette.

- Non Pascaline, tu ne comprends pas que Lucie et moi avons des visions différentes de la vie, comment dire, des différents inconciliables…

- Mais tout peut s’arranger, il faut faire aussi des efforts, des concessions, mais lorsqu’on veut vraiment, on peut ! Lucie, n’aimerais-tu pas retrouver une vie normale ?

- J’adorerais… Commence à dire Lucie avant d’être de nouveau coupée par sa sœur.

- Oh non ! Surement pas. On ADORE que Dieu. Ne te l’a-t-on pas suffisamment répété depuis ta naissance ?

- … Brouter le minou de Madame Ripoli… Finit-elle par dire totalement ivre.

Je me prend la tête dans les mains. Pourquoi est-ce toujours difficile de dire la vérité aux gens. Je me frotte furtivement les yeux comme pour m’assurer que je ne rêve pas. Lucie contemple l’effet de son annonce sur nos invités. Sa sœur semble vouloir dire quelque chose mais Emmanuel, d’un geste de la main la retient. Je prend la parole pour abréger ce calvaire. Je leur explique que Lucie est lesbienne, depuis longtemps mais qu’elle n’a réalisé que depuis peu qu’elle ne pourrait plus faire semblant pour faire plaisir à son entourage. Je leur dis également que nous en avons informé nos enfants, et que nous subissons quelques turbulences mais que c’est que passager car nous ferons tout pour eux et que nous nous respectons énormément. Et puis, vu que Lucie n’est plus en état, je décide, de dire toute la vérité au sujet de la santé de Madeleine à Pascaline et de la raison pour laquelle nous avons garder le secret tant de temps. Elle s’effondre. Heureusement qu’Emmanuel est là pour la soutenir.

- Père ne voulait que je t’en parle, finit par dire Lucie. Il avait tellement peur que tu passes à côté de ton bonheur pour protéger notre mère.

- Oh, nous avons un père incroyable !

Elles se sont mises à pleurer l’une dans les bras de l’autre. Avec Emmanuel, nous avons débarrassé la table. Une fois seuls dans la cuisine, il m’a dit que je pourrais toujours compter sur lui et que j’aurais du lui dire que Lucie est lesbienne, il aurait empêché Pascaline de se donner en spectacle. Il s’excusait d’ailleurs de son comportement. J’ai bien vu que lui aussi était à bout avec toute cette histoire et son mariage imminent. La soirée se finit plutôt bien, si on compare avec le début. Ils ne partirent pas trop tard. Pascaline ne pu se retenir de nous demander s’il était possible que nous fassions encore semblant un peu plus longtemps car maintenant qu’elle connaissait la maladie de Madeleine, elle était persuadée, à son tour, qu’elle ne survivrait pas à l’annonce de notre divorce. On lui a promis, qu’on l’annoncerait de la façon la plus délicate possible mais qu’on ne pouvait plus attendre pour le bien être de nos enfants car on ne pouvait leur imposer cette confusion plus longtemps.

J’ai visité un appartement qui me convient. Je déménage en fin de semaine. Je suis content de retrouver Chloé de nouveau blonde. Bon certes elle a les cheveux plus courts mais je trouve que le coiffeur a fait un travail exceptionnel. Lucie est ravie pour l’appartement. Elle semble aller bien mieux maintenant. Elle m’a aidé à faire les cartons le w-end dernier. Lorsque je pars au volley, je les laisse tous les trois devant un film. Lucie a accepté qu’ils dinent au salon. Certes elle n’a pu s’empêcher de mettre un grand plateau pour les plats, des sets de table, des dessous de verres et une poubelle de table, mais c’est un grand pas !

La séance de sport a été intense. Depuis que Guillaume jouent avec nous, le jeu est devenu plus musclé. Je ne l’avais jamais imaginé auparavant aussi volontaire. Un peu comme s’il avait besoin de se dépenser pour oublier quelque chose. Je soupçonne que ça ne va pas très fort avec Claire d’ailleurs. Comme d’habitude, nous allons prendre un verre après la douche.

- Au fait j’ai récupéré les clefs de mon nouvel appart. Emmanuel viendra aussi m’aider à déménager.

- Ah très bien. Dit Paul.

- Tu déménages ? Demanda Guillaume.

- Oui, on divorce avec Lucie…

- Oh mon pauvre… Tu sais je suis passé par là, et je me demande si je ne vais de nouveau y passer… Enfin, c’est juste un mauvais moment après ça ira mieux…

- Et bien les gars, vous me semblez bien mal en point ce soir ! Ça vous dit de vous joindre à nous pour un diner à la maison pour vous changer les esprits demain soir ? Marie, Xavier et Baptiste seront là.

- Qui est-ce ce Xavier ? Demandé-je.

- C’est l’homme parfait de Marie… Me répond Guillaume, légèrement blasé.

J’ai pensé à Marie quelques fois ces dernières semaines, mais comme j’ai été tellement occupé, elle ne m’a pas obsédé comme avant. Et j’avoue que maintenant qu’ils m’annoncent qu’elle est en couple avec un homme qu’elle semble apprécier, j’ai un énorme pincement au cœur et une boule au ventre. Cela me rend triste et il ne fait aucun doute que Paul se rend compte de la situation au regard plein de compassion qu’il me lance. Il me donne l'impression d'être un chiot blessé...

- Xavier et Marie sortent ensemble depuis trois mois environ. Et effectivement, je pense que ça pourrait marcher entre eux si...

- C’est donc sérieux entre eux ? Lui demandé-je sans pouvoir me retenir.

- Ça en prend le chemin en tout cas, me répond Guillaume. J’ai parfois l’impression que le bonheur de Marie, me montre à quel point je suis un incapable…

- Moi aussi. Dis-je simplement.

- Bon alors vous venez ? Guillaume vient avec Claire, je suis sûr que ça vous fera du bien. Et Frédéric, tu n’as rien à perdre ! Et ça te changera les idées avant le déménagement de samedi.

Il me fait un clin d’œil qui passe totalement inaperçu pour Guillaume. Ce dernier est plongé dans ses pensées.

- Oui j’en parle à Claire et je trouve une nounou pour Sarah. Je te confirme ça tout à l’heure en rentrant !

- C’est aussi ok pour moi, Lucie et les enfants partent chez mes futurs ex beaux-parents, je suis plutôt disponible en ce moment.

Paul a raison, je n’ai rien à perdre et je veux la revoir.

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