Chapitre 16 - La traversée du désert.

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 Arrivé tard le soir chez moi je vais directement me coucher. Demain je dois me lever tôt et la dernière fois que j’ai voulu me détendre en prenant un verre de whisky, j’ai descendu la bouteille en entier et j’ai broyé du noir pendant des jours. Je rejoins Emmanuel dans la salle de réunion. Il y a notre directeur de production, Monsieur Lazard, et son assistant, le jeune Olivier. Maryse nous apporte une carafe d’eau ainsi que du café. La matinée sera longue. Emmanuel nous fait un bilan de l’ensemble des commandes à honorer ces quinze prochains jours et de celles du mois de septembre. Je parle des objectifs du dernier trimestre, Monsieur Lazard nous fait un point des commandes fournisseurs et nous essayons d’anticiper le moindre problème d’approvisionnement et nous parlons aussi de la gestion de stock. La situation est critique. La société se redresse doucement grâce au nouveau marché allemand mais nous n’avons pas les moyens d’embaucher du personnel supplémentaire sans pendre des risques inconsidérés. Alors nous imposons à toute l’équipe une surcharge de travail. Mais tout le monde semble comprendre les enjeux et personne ne met de la mauvaise volonté. Chacun connaît sa tâche et on s’y atèle rigoureusement. Mon bureau, est une pièce modestement décorée avec une table et de nombreux placards remplis de dossier. Une vitre le sépare de celui d’Emmanuel. Lorsqu’il vient me dire qu’il part déjeuner et me demande si je veux l’accompagner, je lui réponds que je prendrais un sandwich plus tard car je n’ai pas vraiment faim. Je suis trop occupé dans mon travail pour faire une réelle pause. Je passe plusieurs coups de téléphone à notre scierie polonaise pour m’assurer qu’ils ont reçu tout le bois que nous avons commandé pour la fabrication des établis. Effectivement nous ne fabriquons pas tout ici, dans notre usine. Ça nous permet de limiter les coûts sur certains produits, notamment ceux en bois. Nous convenons d’un rendez-vous avec le directeur polonais la semaine prochaine, ici. Nous devons réceptionner de nouvelles machines de filetage et nous devons former nos équipes sur ce nouvel équipement. Il s’appelle Józef  et j’apprécie beaucoup sa manière de penser. C’est un vrai bosseur, jamais à se plaindre. Je prends des nouvelles des enfants. Tout à l’air de bien se passer. Chloé me demande si elle peut faire du scooter avec Thom, le fils d’un des voisins de mes beaux-parents. Je réponds qu’il est hors de question : un, qu’elle fasse du scooter, deux, qu’elle traine avec ce gars qui doit bien avoir trois ans de plus qu’elle ! Je m’assure auprès de Lucie que le message est bien passé. Il me semble que c’est le cas. Puis je me remets au travail jusqu’à épuisement. Lorsque je rentre c’est uniquement pour dormir et lorsque je me lève, je pars courir à la fraiche, une douche et au boulot ! Ce rythme me convient très bien, j’ai l’impression que les choses avancent vite et bien. Il y a une sorte d’émulsion au bureau, tout le monde semble avoir pris un rythme de croisière assez soutenu. Nous mangeons tous un sandwich dans l’atelier. L’ambiance est très conviviale voire familiale. Nous ferons bientôt partis de la même famille avec Emmanuel, peut-être pas pour longtemps j’espère. Il en rentre et moi, j’aimerais bien en sortir ! Tout le monde connaît maintenant les moindres détails des préparatifs des fiançailles d’Emmanuel et Pascaline, il faut dire qu’il est très bavard à ce sujet, et tous se réjouissent. C’est donc dans la bonne humeur que nous recevons nos nouvelles machines. Elles sont venus par convois exceptionnels, ils ont du fermer la circulation dans la rue toute la matinée, le temps de les décharger. Je suis ému tout comme Emmanuel. Nous avons investi beaucoup d’argent dans ces machines pour rester compétitif. C’est une sorte d’aboutissement. Les techniciens passent les 2 jours suivants à les mettre en place et faire tous les réglages nécessaires. Nous avons même du trouver un maçon à la dernière minute, afin de reconstruire un mur qu’ils ont du abattre pour manœuvrer les engins. Mais au final, tout est en place. Je suis allé à l’aéroport chercher Józef et 2 membres de son équipe, les 2 jours de formation peuvent commencer. Le soir, Emmanuel et moi décidons d’emmener Józef au restaurant, on a besoin de décompresser un peu. On se rapproche de notre objectif et nous avons bien bossé. On en a choisi un à côté de l’hôtel où dorment les polonais pour que ce soit plus simple.

On s’installe tranquillement sur la banquette du bistrot et Emmanuel nous parle de l’emménagement prévu la prochaine. De l’euphorie des enfants, de Pascaline et nous apprend que le mariage aura lieu au mois d’octobre. Józef se réjouit d’apprendre la nouvelle et commande une bouteille de vodka pour fêter l’heureuse nouvelle. Je trinque avec eux par politesse, mais ce soir je suis bien décidé à rester sobre. Il nous reste encore tellement de travail que je ne sais pas si on pourra y arriver et honorer nos commandes dans les temps. Même si ça en prend le bon chemin, je reste vigilant. On nous sert nos plats, et lorsque le serveur nous apporte une petite panière de pain, mon regard est attiré par « elle ». Marie vient d’arriver avec un autre homme. Un autre homme que je ne connais pas. Je comprends assez vite qu’il s’agit d’un rendez-vous amoureux. Il la dévore des yeux et elle lui répond avec de grands sourires. La dame de l’accueil les place à une table au centre de la salle. Je ne sais pas pourquoi le destin s’acharne à organiser toutes ses rencontres fortuites entre nous. Une histoire de karma sans doute, j’ai du être affreux dans une vie antérieure. Mais finalement je me dis que c’est plus probable qu’on se rencontre souvent car on traine toujours dans le même quartier.  Elle ne m’a pas vu, c’est mieux comme ça. Je ne souhaite pas qu’elle me remarque. Je m’enfonce un peu plus dans la banquette à l’endroit où la lumière est plus faible. Je fais semblant d’écouter la conversation entre Józef et Emmanuel car je suis capable de me concentrer uniquement sur Marie. Je scrute ses moindres réactions et celles de son ami, mais ce dernier est de dos, donc cela est difficile pour moi. Elle est belle, elle doit revenir de vacances car elle est bronzée et ce hâle sur sa peau la rend encore plus appétissante. J’essaye de deviner ce qu’ils se disent pour qu’elle se mette à rire. J’aurais aimé que ce soit moi qui la fasse rire. Lorsqu’une de ses mèches tombent sur son visage, je me surprends presque à me lever pour la lui remettre à sa place.

- Tu n’es très bavard ce soir Frédéric !

- Quoi ? Ah oui, la fatigue sans doute… Dis-je totalement distrait.

 - Mais ce n’est pas la femme qui était à la kermesse de l’école ? Me demande Emmanuel comme s’il avait suivi mon regard.

Il la montre du doigt comme un enfant de 5 ans pourrait le faire, il a du un peu trop boire, et je réalise trop tard que cela va attirer l’attention de Marie. Lorsqu’elle nous remarque, elle nous salue discrètement de la tête et continue sa discussion avec cet inconnu. Je serre les dents. Je suis jaloux, c’est un comble. Je m’enfonce de nouveau dans la banquette.

- Oui c’est Marie, l’ex de Guillaume.

- Très jolie. Dit Józef en se retournant.

- Très…

- Allez encore une autre tournée pour chasser votre air morose !

Lorsque je vais en Pologne, j’ai l’impression que personne ne boit de l’eau. Józef m’avait invité chez lui à diner avec sa femme et ses enfants. C’était une des premières fois que je le rencontrais et j’avais bien compris que ce diner avait pour objectif de sceller notre collaboration. J’avais accepté alors, tous les verres de vodka qu’il me proposait, je pensais qu’il me testait et que surtout il l’aurait très mal pris que je ne boive pas autant que lui. J’avais finis la soirée dans un état déplorable, et des vagues souvenirs que j’en garde et moi étendu dans la neige sinon pour le reste c’est le trou noir. Józef ne devait pas être très loin de mon état car le lendemain nous avions tous les deux une mine effroyable. Pendant qu’il remplit mon verre, je regarde Marie, encore. Elle ne semble pas perturbé par ma présence. Elle a l’air de passer un moment agréable avec ce type. J’ai un pincement au cœur. J’ai l’impression d’avoir laissé passer un train. Je n’allais pas lui demander d’attendre que je sois capable de gérer ma vie, si ça ce trouve je n’y arriverait jamais. Mais je me promets qu'un jour, j'arriverai à lui faire oublier ce fameux « gros connard » que j’ai été. La vue du « dos » son copain me devient insupportable. Je veux partir. Mais les discussions vont bon train entre Emmanuel et Józef. Et je ne voudrais pas paraître impoli.

- Je vais rentrer les amis, demain s’annonce chargé, C’est la dernière ligne droite et si je reste, je sais que Józef va me saouler ! Dis-je en riant.

- Oh que oui, Frédéric si tu restes c’est ce que je ferais car t’aurais bien besoin de te détendre ! Allez tu as raison, il se fait tard et nous devons être frais aux premières heures sinon le chef va sortir son fouet !

Ils se moquent de moi et je demande l’addition que je règle rapidement. Au moment de sortir du restaurant, j’hésite à aller la saluer mais à quoi bon… Elle est en pleine discussion et en galante compagnie, je dois me ressaisir ! Je m’éclipse alors discrètement. La semaine suit sont cours. Józef et ses gars sont bien rentrés. Avec Emmanuel nous prévoyons une nouvelle réunion à Munich le mois prochain et je lui dis qu’en raison de l’approche de la date de son mariage avec Pascaline, j’irais.

- Tu sais, ça va être un « petit mariage », je ne vais pas avoir grand chose à faire ! Je peux très bien y aller pour que tu profites aussi un peu de ta famille…

- Petit… petit avec Charles et Madeleine, je crois que tu ne réalises pas ! Me moqué-je. Ils doivent être dans tous leurs états et j'imagine que ça ressemblera plus au mariage de Lady Di avec Charles qu'une simple réception intime.

Emmanuel se pince les lèvres, comme s’il voulait me dire quelque chose mais on dirait qu'il ne sait pas trop comment s'y prendre. Il reste planté là debout, devant mon bureau. Comme je sens, que ce qu’il veut me dire sera déplaisant, je fais comme si de rien n’était et me plonge dans les registres de mon ordinateur.

- Je me demandais si tout se passait bien avec Lucie ?

Je prends une grande respiration. Se pourrait-il qu’il se soit rendu compte de quelque chose ? En même temps, s’il pose cette question c’est que la réponse est évidente. Je mets trop de temps à lui répondre car il rajoute :

- Frédéric, tu peux me parler tu sais ?

- Oui je sais mais tout va bien ! Je ne comprends pas ta question c’est tout !

C’est tellement insupportable de mentir, je me sens mal.

- Alors tant mieux, c’est que Charles nous a un peu inquiété à votre sujet et que je voulais m’assurer que vous alliez bien…

- Que vous a-t-il dit pour que vous soyez inquiets ? Dis-je, stupéfié.

- Oh, tu sais il s’inquiète de tout…

- Oui ça je sais et je crois qu’il a transmis ça à Lucie !

- … Et à Pascaline, sourit-il. Non, il pense juste que tu travailles trop, et que tu es trop absent. Il s’inquiète pour Lucie de devoir gérer les enfants et la maison toute seule… Il a peur qu’elle te quitte un jour pour cela. Je sais, c’est absurde !

- Totalement ! Je viens de passer une semaine chez eux avec les enfants et j’ai hâte d’être samedi lorsqu’ils rentreront ! Dis-je en me levant.

- Oui je sais, tu n’as pas à te justifier. Il te trouve distant avec sa fille. Même si, la dernière fois, vous nous avez prouvé votre ardeur. Dit-il me lançant un clin d’œil !

C’est le pompon ! J’étouffe totalement, j’ai même du mal à respirer tellement que je suis en colère. Pas contre lui, sûrement pas, il n’y est pour rien mais contre moi. Je suis colère contre moi de laisser cette situation se dégrader à ce point ! Je m’enfonce dans mon siège, abasourdi par ma lâcheté. Emmanuel s’assoit de nouveau également. Il attend que je lui parle.

- Emmanuel, je dois te dire que tout ça c’est du cinéma, du pipeau…

- Quoi donc ? Je ne comprends pas.

- Lorsque vous nous avez entendu nous « envoyer en l’air », c’était Lucie qui faisait semblant de gémir pour rassurer tout le monde sur notre couple… Je ne la touchais même pas… Dis-je, dépité.

- Mais pourquoi ? Crie-t-il tellement fort qu’il est lui-même surpris. Ce n’est tellement pas le genre de ta femme ! Vous n’avez pas besoin de faire des trucs pareils pour prouver à qui que ce soit que vous êtes un couple unis !

Je cogite vite mais mal et je pense à son mariage… Décidément j’ai le don pour tout foutre en l’air !

- Il est vrai qu’on rencontre quelques difficultés dans notre couple en ce moment… Mais je t’assure que je cherche une solution !

- C’est très courant au bout de temps d’années de mariage de passer par la traversée du désert ! Je ne pensais pas que c’était si grave Frédéric… Je vais à Munich et reste avec ta famille, ça vous fera à tous, le plus grand bien… Je t’assure que Pascaline comprendra mon absence !

Aïe, il va en parler à Pascaline…

- Ne va pas l’inquiéter avec ça… On n’en parlait pas, justement, pour ne pas gâcher la fête…

- Frédéric. Me dit-il si solennellement que je retiens un rire. Nous sommes une famille maintenant, nous devons traverser les épreuves ensemble !

Ok ! Ma belle famille est timbrée ! Et même si je trouve la réaction d’Emmanuel un peu démesurée et pompeuse, elle me touche. Je préfère abréger cette conversation rapidement avant que les conséquences ne soient irrémédiables. Emmanuel sort enfin de mon bureau, l’air satisfait. Je me dis que c’est une bonne chose, maintenant qu’ils pensent que notre couple va mal, ils seront beaucoup moins surpris lorsque nous leur annoncerons notre rupture… Lorsque je l’annonce à Lucie tout fraichement arrivée de chez ses parents, elle vire au vert !

- Quoi ! Mais tu n’as pas fais ça, Frédéric !

- Si, je lui ai dit que ça se passait mal entre nous. Ce qui nous offre une belle opportunité de leur annoncer notre séparation en douceur… après leur mariage.

- Seigneur Jésus, Marie, Joseph…

Et voilà, elle est de nouveau à deux doigts de disjoncter ! Lorsque l’interphone sonne, je ne sais pas si je peux l’abandonner à elle-même. La situation est critique. Chloé est en train d’ouvrir la porte d’entrée quand je vois la tête de Pascaline passer rapidement dans l’embrasure.

- Re bonjour ma puce ! Vous avez fait bon voyage ? Lui demande-t-elle avec empressement.

- Oui Tante Pascaline, on a oublié quelque chose ?

- Non je passe juste voir tes parents…

Lorsqu’elle me voit elle ne finit pas sa phrase. Et moi tout penaud, je me demande bien comment je vais gérer les deux sœurs réunies.

- AH ! Frédéric, ça tombe bien que tu sois là ! Je voulais te parler. Lucie est-elle ici ?

- Bonjour Pascaline. Lui dis-je pour calmer son ardeur.

- Désolée, Frédéric, je te présente mes excuses mais Emmanuel vient de me parler et je suis toute chamboulée… Bonjour…

Je ne veux pas la laisser continuer à parler devant les enfants.

- Chloé va défaire ta valise s’il te plaît.

Je regarde Pascaline avec insistance pendant que ma fille part en direction de sa chambre en ronchonnant.

- Suis-moi, Lucie est au salon.

- Pascaline ! Dit Lucie le visage totalement décomposé assise sur un fauteuil.

- Emmanuel m’a tout dit ! Mais pourquoi, Diable, tu ne m’en as pas parlé ?

- Parlé de quoi ?

- Ne fais pas ça Lucie, je te préviens je sais tout !

Il faut dire que je n’ai pas eu beaucoup de temps pour dire à Lucie ce que j’avais exactement dit à Emmanuel et je comprends qu’elle soit troublée au plus haut point. Puis le visage de Pascaline se radoucit.

- Tu sais, tu n’as pas à avoir honte… Lui dit-elle en prenant sa main.

Je sens que ça va se gâter si je n’interviens pas rapidement. Lucie devient blanche comme un linge.

- Pascaline, comme je l’ai dit à Emmanuel, nous traversons une période difficile, nous n’en avons pas honte, beaucoup de couple passe par là !

- Mais laisse-la s’exprimer, tu l’étouffes à tout décider à sa place !

Je ne l’ai pas vu venir celle-là. Voilà qu’elle va me reprocher de brimer ma « femme » !

- Je… Je… Oui, on est séparé mais on ne voulait vous l’annoncer qu’après votre mariage… Dit-elle en sanglotant.

Pascaline et moi restons interdits quelques instants.

- Vous êtes séparés ? Dit Pascaline totalement incrédule.

Je préfère me mettre en retrait et laisser Lucie s’expliquer. Car finalement je crois qu’elle se débrouille très bien si on met de côté tous ses signes de croix et ses yeux rouges, boursoufflés.

- Tu ne le savais pas ?

- Non, Emmanuel m’a dit que vous étiez en crise mais pas que vous étiez séparés !

- C’est mieux que tu le saches, dit-elle en me regardant. On voulait « officialiser » notre divorce après le mariage.

- Non mais pourquoi ? Vous vous aimez, non ? Vous êtes certains de ce que vous faites ? Je crois que vous avez besoin de vous retrouver seuls, tous les deux sans les enfants pour faire le point ! Je peux vous les prendre le week-end prochain pour que vous partiez en amoureux quelque part, loin du tumulte de la ville, de la pression du bureau…

Décidément c’est un vrai moulin à paroles, c’est donc génétique… Lorsqu’elles sont anxieuses, il faut que les sœurs déversent un flot maximum de mots en moins de temps possible ! C’est fou.

- Pascaline, nous nous aimons plus, dit-elle désespérée mais de plus en plus déterminée…

- Mais non, bien sûr que non !

- Si Pascaline, c’est le cas. On se respecte beaucoup et je dois dire que j’admire Frédéric pour l’homme qu’il est, mais on ne s’aime plus. On est séparé depuis des mois maintenant et on cohabite pour les enfants… Si on ne vous a rien dit avant, c’est pour que votre mariage se passe au mieux car une fois qu’on l’aura annoncé, nous craignons qu’il y ait un drame avec Père ou… Mère.

Je me retourne car un bruit m’interpelle, et j’aperçois Mattéo et Chloé dans le reflet de la porte vitrée du séjour ! Ils ont tout entendu.

- Je comprends, dit Pascaline qui semble enfin mesurer l’ampleur de la situation.

Je les laisse seules à leur discussion et fais signe à Lucie que je vais voir mes enfants. Je les retrouve cachés dans le hall. Je leur dis de venir s’installer à la cuisine et que leur mère nous rejoindra dès que Tante Pascaline sera partie. En attendant, je leur prépare des tartines de confiture, je n’ai rien trouvé de mieux et je ne sais pas par quoi commencer.

- On a tout entendu papa, dit Mattéo.

- C’est quoi l’embrouille ? Dit sèchement Chloé.

- Ma puce… On souhaitait vous l’annoncer autrement, mais maman et moi, nous nous séparons.

- Ouais, ça j’avais compris ! Vous nous prenez vraiment pour des crétins ! Me répond-elle.

- Non pas du tout !

- Alors, pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pourquoi nous laisser croire qu’on était une famille parfaite ?

- Quoi qu’il arrive on restera une famille Chloé !

- Tu crois qu’on n’avait pas vu qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond entre vous ! T’as changé de chambre et vous nous avez rien dit ! Vous êtes des lâches ! Vous ne pensez pas à nous… Vous… Vous êtes des sales cons égoïstes !

Elle court s’enfermer dans sa chambre en claquant la porte. Je me retrouve seul avec Mattéo qui me serre dans ses bras.

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