Chapitre 13 - La démission.

16 minutes de lecture

 Aujourd’hui, la chaleur est vraiment suffocante. Rien y fait, même pas une douche pour me rafraichir. Je me sens moite et collante. J’ai juste pu enfiler une culotte ce matin car à la vue d’un débardeur, je transpirais par anticipation. Tous les volets sont fermés pour chasser les rayons du soleil, ça crée une ambiance étrange dans l’appart. Je suis plutôt pudique généralement, mais comme je suis seule… Ah si ! Il y a ce vieil inquisiteur d’Hercule, mais lui aussi crève de chaud avec sa grosse fourrure et il se planque dans les coins les plus frais de l’appartement. Les rares fois où je le croise, généralement lorsqu’il décide d’aller manger ses croquettes, je lui vaporise de l’eau. Même s’il ne montre aucune expression qui pourrait se rapprocher à de la reconnaissance, je sais que ça lui fait du bien, je le sens. C’est l’instinct maternel même pour le chat. Ça fait une semaine que mon fils est parti et je suis en manque. C’est l’été le plus chaud depuis 20 ans. Cela fait la Une de tous les médias. Je me sens bonne à rien. Alors je ne fais rien. J’attends, assise devant l’ordinateur. Je repense à la session Skype avec Lucas. J’ai adoré le voir me raconter ses vacances, j’ai surtout aimé lorsqu’il m’a dit au revoir et qu’il a rajouté : Maman, je t’aime. Clotilde et Paul sont venus hier avec les petites. C’était sympa, mais il faisait tellement chaud qu’on a fait les larves sur le canapé. Clotilde me racontait leur séjour en Bretagne entre deux gémissements, pendant que Paul installait l’application sur mon ordinateur. Les filles, quant à elles, toujours aussi sages, s’occupaient à jouer dans la chambre de Lucas. Je leur ai installé le ventilateur en me disant que ça serait plus tenable pour elles, mais elles n’avaient pas l’air autant de souffrir que nous. J’ai parlé de notre projet de monter notre propre cabinet comptable avec Bat à mes amis. Ils ont été enthousiastes et m’ont donné pleins de conseils. Ils m’ont semblé aussi motivé que nous. On a parlé de certains détails et je leur ai dit que le plus tôt était le mieux ! Ils ne sont pas partis tard, à la tombé de la nuit pour ne pas à être confronté à la chaleur du soleil... En journée, les rues se transforment en fournaise. J’ai passé la nuit allongée dans la baignoire avec un fond d’eau froide jusqu’à ce que ma fripitude me gêne tant, que je décide d’en sortir pour aller dans mon lit…  Bref je manque vraiment de sommeil et dans une heure je dois être au boulot. Je n’ai même plus envie de boire du café pour dire à quel point la situation est critique. Je ne sais pas quoi faire. J’ai le temps avant de m’habiller, car j’aimerais reprendre une douche à la dernière minute pour mettre toutes les chances de mon côté pour affronter le métro sereinement. Lorsque ça sonne à la porte, je sors de ma torpeur. Et les seins à l’air, je vais ouvrir la porte. Oubliant totalement mon indécence tellement que je suis à côté de la plaque.

- Bonjour ma petite Marie ! Me dit Odile.

Odile est ma voisine du 4ème étage. C’est une de ces vieilles petites dames toujours très avenante qui adore Lucas et son chat.

- Bonjour Odile, vous allez bien ?

- Très bien ma petite, tenez j’ai trouvé ça devant la porte. Me dit elle en me donnant une boîte entourée d’un ruban.

- Heu… Merci…

Je remarque enfin que j’ai les nichons à l’air. Après quelques secondes de gêne, je me plaque contre la porte ouverte histoire de cacher ma poitrine et cela me donne une posture plutôt étrange mais Odile ne semble pas s’en rendre compte. Ou plutôt elle a la politesse de ne pas le faire remarquer.

- Ce paquet était déjà là quand je suis arrivée.

- Ah d’accord merci de m'avoir prévenu, je n'attends pourtant aucun colis...

- Je venais vous voir pour Hercule, j’allais justement faire quelques courses avant qu’il ne fasse trop chaud et je me demandais s’il aimait les pâtés aux poissons ou si je reste sur ceux au bœuf ou au poulet ?

- Odile c’est très gentil, mais je vous apporterais la nourriture pour Hercule pour la semaine prochaine !

- Mais ça me fait plaisir. Il est tellement gentil ce chat…

- Mouais…

- Et puis je voulais prendre des bonbons pour Lucas. Vous lui donnerez lorsque vous le rejoindrez.

- C’est vraiment trop Odile, mille mercis. Hercule mange de tout, vous le connaissez bien maintenant, il se régale quoi qu’il arrive !

- Oui c’est vrai mais je voulais être sûre. Il est bien brave ce petit.

Elle me sidère lorsqu’elle parle d’Hercule, on dirait qu’elle le prend pour un être vivant ou plutôt un dieu vivant ! Je ne comprends vraiment pas pourquoi il semble toujours aussi contrarié lorsqu’il revient de chez elle. Nous discutons encore un peu et lorsque nous nous quittons, j’avais oublié le petit paquet suspendu à mon index. Je ferme la porte d’entrée et je m’y décolle en y laissant une trace humide, un peu comme un vieux scotch qu’on enlève et qui laisse de la colle. Je vais à la cuisine chercher un couteau pour couper le ruban. Je vois qu’il y a un papier plié glissé sous le nœud. Je le prends et je lis ce qui est écrit.

«  J’ai été un parfait idiot. Désolé. Fred »

Oh… OH ! Je ne m’y attendais vraiment pas. Ça y est, je me remets à cogiter, trop vite, trop brouillon. Je me demande s’il est désolé pour avoir baiser ma poitrine, de l’avoir sucer, de l’avoir si tendrement mal traitée, d’avoir eu un doigté tellement expert alors qu’il est marié… D’avoir un sexe si… énorme. Zut, j’ai vraiment trop chaud ! Mon corps réagit à chacune de mes pensées. Un verre d’eau, il me faut un verre d’eau ! En apaisant ma soif soudaine, je me demande s’il est désolé plutôt d’être un connard. Je me rends compte que ça revient au même. En même temps, on ne pouvait pas continuer de se croiser comme si de rien n’était. On ne peut pas changer ce qui s’est passé, alors tentons d’être adulte et tournons la page ? C’est bien ça le message subliminal, non ? Ou peut-être est-il désolé pour moi, peut-être a-t-il remarqué lorsqu’on s’est vu au centre commercial, que j’étais devenue une véritable loque, et qu’il se sent responsable ! Houlala, faut que j’arrête de penser. J’ouvre la boîte et découvre deux petites tartelettes superposées. L’une au citron et l’autre à la framboise. Ok, mes synapses neuronales viennent de grillées ! C’était en quelque sorte…  Inespéré ! Je mange les tartelettes une par une, alors que je n’avais pas réellement faim. Je suis bien incapable de raisonner et de comprendre ce qui se passe. Lorsque je vois l’heure sur l’horloge de la cuisine, je m’aperçois que je vais être à la bourre si je ne m’active pas. La douche ne m’aide pas à me remettre les idées en place. Je suis vraiment en retard, je reçois un texto de Baptiste qui se demande où je suis. Je lui réponds que j’arrive dans 5 minutes. Je fonce dans ma chambre et trouve les vêtements propres que j’ai pliés hier sur la chaise. Je prends ce qui vient en premier et je ne réalise pas tout de suite que je porte mon short et mon tee-shirt Bob Marley. Je ressemble à rien. Je m’en fous. En partant, impossible de trouver mes tennis alors je mets mes tongs verte fluo à paillettes. Et je cours, comme jamais, jusqu’à la station de métro. C’est Baptiste qui me stoppe dans ma course en m’attrapant le bras. Je ne l’avais pas vu. Il me regarde avec des yeux tous ronds. Je suis essoufflée et gluante.

- Mais quelle élégance… Mais regarde à quoi tu ressembles ? Dit-il en riant. Là tu bats tous les records, il manque peut-être les lunettes de soleil… Faut que je fasse une photo pour Clotilde.

Il commence à sortir son téléphone de sa poche, quand je lui réponds subitement :

- Ta gueule Baptiste !

Je crois que je suis aussi surprise que lui par ma hargne. Il me regarde un instant l’air interrogateur mais je ne veux pas m’étendre alors on se dirige vers la rame en silence. Pendant le trajet, je réalise à quel point j’ai été odieuse avec lui. Je m’en veux. Il regarde à travers la vitre du wagon. J’ai vraiment honte de moi.

- J’ai vraiment été nulle, Baptiste, pourras-tu m’excuser ?

Il se retourne et me regarde avec une telle gentillesse que ça me fait presque mal et pose sa main sur mon épaule.

- Mais bien sûr Poulette ! C’est moi j’avais pas compris ton humeur… Heu… Tu me racontes ?

- Pas maintenant, mon humeur… Mais ce soir, ça te dit de venir boire un verre avec Alex à la maison ?

- Oui pas de souci.

On arrive au bureau sans s’être dit quoi que ce soit d’autre. Lorsque je pénètre dans le hall, Bernadette et Charlotte me dévisagent et inspectent ma tenue dans les moindres détails. Tout ça sans répondre à notre bonjour, évidemment. Elles ne répondent jamais de toute façon, mais je tiens à rester polie, coûte que coûte. Ça me prouve que je ne suis pas comme elles. Baptiste me tient la main et la serre un peu plus, comme s’il avait senti à quel point je suis tendue.

- Vous vous êtes déjà cru en vacances Marie ! Dois-je vous rappeler qu’il vous reste encore 4 jours avant que vous puissiez partir en congé. Et je vous prierais à l’avenir de venir travailler dans une tenue DÉCENTE !

- Oui « Chacha ». Dis-je en regardant cette petite merdeuse et sa mère. Mais contrairement à vous, on n’a pas la clim dans nos bureaux, il fait plus de 40°C alors estimez-vous heureuses, espèce d’adjudants-chefs de mes deux si j’en branle une aujourd’hui…

Et je pars m’installer à mon poste de travail suivie par Baptiste. Il me lance quelques regards furtifs mais ne dit rien. Les connasses non plus, je ne crois pas qu’elles aient vraiment compris avec leur QI d’huîtres. De toutes façons je ne peux pas les voir de mon bureau, et c’est mieux comme ça. Je rumine, j’ai l’impression que le monde entier est mon ennemi. Et puis c’est vrai que ma tenue est ridicule, et alors ? Même mon ordinateur me cherche. Il met une plombe à démarrer. Il est en surchauffe lui aussi. J’essaye de prendre mon mal en patience et je sors mon dossier. Je commence à lister toutes les factures du client pour gagner du temps quand mes yeux s’arrêtent sur une des franges de mon tee-shirt. Ils se brouillent, je ne contrôle plus rien. Je revois Fred devant le magasin de jeu vidéo et je suis submergée par l’émotion. Je sens Baptiste contre moi qui me dit que tout va bien se passer.

- C’est quoi ce bazar Madame Plessis ?

La voix forte de mon patron me fait sursauter. Je le vois, devant moi, avec derrière lui sa femme et sa fille, trop contentes de pouvoir voir le spectacle. Je ne sais pas quoi lui répondre.

- C’est bien ce que Bernadette m’a dit : vous êtes en pleine crise d’hystérie. Hurle-t-il. Qu’est-ce qui se passe ? Vous avez vos règles c’est ça ? Il fait trop chaud pour votre pauvre petite tête ? C’est le problème avec les femmes, vous êtes toutes des geignardes !

Bernadette et Charlotte lui lancent un regard désapprobateur mais il les chasse d’un geste de la main et elles retournent fissa à l’accueil.

- Vous avez perdu votre langue ? Vous ne répondez pas ?

- Viens Marie, nous allons rentrer. Me dit Baptiste.

- Oui. Lui dis-je.

C’est le seul mot qui est arrivé à sortir de mes lèvres. Monsieur Trique est perplexe.

- Mais avant, donnez-nous 2 minutes que j’imprime nos lettres de démission et que nous les signions. Et ne comptez pas sur nous pour faire notre préavis.

Baptiste a prononcé sa dernière phrase de façon très menaçante et pleine de sous-entendus. Le boss se décompose en quelques secondes. Il ne pensait sans doute pas que ça irait aussi loin. Mais devant la détermination de Baptiste, il n’osa rien rajouter d’autre que :

- Vous le regretterez mais cela ne me concerne plus à présent. Posez vos lettres sur le bureau de Bernadette.

Et il sortit de l’« open space » en hurlant à sa femme que tout ça était à cause d’elle, et il s’enferma dans la fraîcheur de son bureau sans doute pour finir sa partie de mini golf de table. C’était son sport favori. Baptiste me traine chez un glacier, non loin du boulot. Il fait frais, je me sens mieux et un peu ridicule pour tout ce qui s’est passé depuis ce matin. Il m’assied sur une chaise comme si j’étais une enfant. Et reviens quelques minutes plus tard avec 2 cornets de crème glacée vanille et noix de pécan.

- Bon maintenant, on a plus le choix! On va créer notre propre société ! Dit-il avec un grand sourire mais je voyais qu'il essayait surtout de me divertir. Il va falloir mettre les bouchées doubles pour que tout soit prêt pour la rentrée ! Ça va être génial tu vas voir.

- Merci Bat… Pour tout.

Je lui raconte alors l’histoire du mot de Fred et des tartelettes, qui m’ont chamboulé plus qu’ils n’auraient du. Je lui parle aussi l’épisode du centre commercial. Il est tout ouïe, et finit par me convaincre que c'est une bonne chose et que je vais enfin pouvoir clôturer ce chapitre. Il fait tout pour m'occuper, je le sens bien. Il veut m'empêcher de me morfondre. Nous passons le reste de la journée à prendre des rendez-vous pour visiter des locaux, pour inscrire notre société à la chambre de commerce, pour écrire une ébauche de nos statuts pour la boîte, l’inscription à l’ordre et surtout, car c’est le nerf de la guerre le démarchage de client. Je me suis totalement ragaillardie. La semaine va être bien chargée. Nous rentrons chez moi et à ma grande surprise Alex nous rejoint avec un bloc clim. Il semblerait que Baptiste et lui, aient comploté sans que je m’en rende compte.

- Oh c’est vraiment gentil Alex, mais je te dois combien ?

- Tu me dois rien du tout Marie. Je l’ai récupéré chez un ami qui est absent tout le mois d’août !

Les garçons l’installent dans le salon pendant que je prépare un plateau repas. On passe une soirée tranquille à bosser, Alex est d’un grand secours pour tout ce qui est présentation de nos documents. Il nous prépare même une brochure. Il a beaucoup de talent. Au bout de quelques heures de labeur intensif, Baptiste revient avec une bouteille de champagne fraiche ! Je n’avais même pas vu qu’ils en avaient mis une dans le freezer.

- Petits cachotiers !

- Il faut bien qu’on fête notre démission !

Je reçois alors un texto :

« Bjr, je suis Régis, un copain de Baptiste, je souhaiterais t’inviter au resto demain soir. Ça te dit ? Biz »

- Baptiste ? Tu n’aurais pas oublié de me dire un truc par hasard ? Lui dis-je en lui tendant mon portable.

Il se marre et montre mon téléphone à Alex.

- Désolée Marie, j’ai totalement oublié de te prévenir ! Faut dire que depuis ce matin tu ne m’en as pas laissé l’occasion !

- Ne me dis pas que c’est encore un rencard « kikoo LOL »… C’est qui ce type ? Et puis d’où il m’invite pour le lendemain ?

- Non je ne le juge pas mal tout de suite. C’est juste que je lui ai dit qu’on partait tous les deux en vacances et que donc tu ne serais disponible que demain…

- Régis est sympa. Je l’ai croisé 2, 3 fois. C’est le voisin de Baptiste. Dit Alex.

- Alex oublie de te dire qu’il est plutôt beau gosse.

Je n’aime pas ce sms. Mon côté vieux jeu sans doute, je déteste les abréviations comme « bjr » et les trucs comme « biz »…

- Ecoute, tu devrais accepter. Au pire tu m’envoies un message s’il ne te plaît vraiment pas pour que tu puisses partir en prétextant une urgence ! Ne refuse pas comme ça, juste sur une mauvaise impression tu pourrais passer à côté d’un mec bien !

- Je te fais tant pitié que ça !

- Mais non ! Mais je crois juste qu’à ton âge…

- Heu, dit Alex en lui coupant la parole. Baptiste tu t’enfonces ! Je crois que ce qu’il veut te dire Marie, c’est qu’il est difficile de trouver chaussure à son pied dans ce monde de brute …

- Je veux peut-être marcher pieds nus ! C’est vrai quoi, je ne cherche pas forcément l’amour ! Je m’en tape, j’ai passé l’âge de croire au conte de fée… Maintenant je suis plus terre à terre !

- On a compris, petite cochonne ! Raison de plus pour accepter ce rencard !

Au bout d’une discussion interminable, je ne me laisse pas convaincre. Le passé m’a toujours prouvé qu’il ne fallait jamais accepter un « rendez-vous » organisé par Baptiste. C’est le pire marieur de la planète. Je fais mine d’accepter et envoie un texto à Régis.

« Kikoo, okay pour demain soir, lol ! Marie »

Baptiste me prend le téléphone des mains et lit mon message. Alex rit.

- Tu viens de saboter ton rencard ! Tu l’as fait exprès… T’es pas drôle, maintenant il va te prendre pour une gogole !

J’éclate de rire. Je me souviens trop des plans foireux qu’il m’a fait vivre.

- Tu te souviens, il y a un an, le gars, je ne sais plus son nom… Je crois que c’était Maxime, tu sais celui qui m’a demandé de lui toucher la bite au cinéma alors que c’était notre premier rendez-vous et qu’on se connaissait que depuis un quart d’heure…

- Mouais, je ne pouvais pas savoir que c'était un affolé de l'asticot !

- Pourtant, tu m’avais dit bien le connaître mais en fin de compte tu m’as avoué que c’était le frère d’un de tes copains et que tu ne l’avais vu qu’une fois ! Tu files mon numéro de portable à tous les mecs en rut !

- Bon… C’est vrai que j’ai un peu merdé cette fois-ci.

- Et celui qui faisait de l’aérophagie… Et celui qui m’a laissé payer l’addition après m’avoir parlé pendant 2 heures de son ex, pour partir en me disant que de toute façon je ne lui arrivais pas à la cheville…

- Je comprends mieux tes réticences maintenant. Dit Alex la larme à l’œil.

«  C’est parfait ! Rendez-vous à 20h00 place de l’Hôtel de Ville, tu me reconnaitras à mon vélo rouge ! Bonne soirée. Régis »

Je suis coincée maintenant. Je me suis avoir comme une débutante ! Ne jamais répondre lorsqu’on n’est pas intéressée… J’ai vraiment encore tout à apprendre… Je lui réponds donc que je serais là sous le regard satisfait de Baptiste. Le lendemain, je n’ai pas fait d’effort vestimentaire pour mon rencard. J’avoue que je me suis laissée tenter à un peu de maquillage et j’ai simplement brossé mes cheveux en couette. A l’heure du dit rendez-vous, je vois tout de suite Régis car il a effectivement un vélo rouge. Il est brun, et souriant. Le bon point, c’est qu’il est ponctuel et qu’il a l’air intelligent mais j’attends de voir la suite avant de me réjouir.

- Bonsoir, Régis je suppose ?

- Bonsoir Jolie Marie. Me répond-il en souriant.

C’est un flatteur, mais pour l’instant ça passe bien. Il est plutôt beau et semble avoir de la conversation. Bref il est très loin du kikoo lol que j’imaginais. Nous allons à la terrasse d’un resto branchouille, la musique est forte mais l’ambiance est sympa. Nous parlons de tout et de rien. Il me lance de nombreux sourires pleins de sous-entendus mais reste correct. Le feeling passe bien entre nous. Nous rions et le temps passe vite. Au moment de quitter le restaurant, il me propose un dernier verre chez lui. C’est un grand classique sans équivoque. Et je ne mets pas longtemps à accepter. Dans l’euphorie du moment je me dis que Baptiste avait raison et que ce rencard me fait du bien ! Je sais aussi que si on couche le premier soir ensemble ça ne sera pas une relation sérieuse mais honnêtement je n’ai jamais envisagé ça avec Régis. Il a beau être sympa ce n’est pas franchement mon type. Arrivée chez lui, je me sens mal à l’aise d’un coup. C’est le bordel ! Il y a des fringues de partout, de la vaisselle sale sur tous les meubles et ça sent franchement le renfermé ! J’ai subitement la sensation de me retrouver dans un studio d’étudiant… au ski. L’odeur est similaire à celle de la raclette et des pieds, ce qui est très représentatif du ski à mes yeux. J’essaye de ne rien laisser paraître et surtout de trouver une issue de secours, rapidement. Baptiste habite au même étage. Je cherche une excuse « bidon » mais qui ne paraisse pas trop « bidon » assise sur l’accoudoir de son canapé car il n’y a pas franchement d’autres assises accessibles. Régis est parti nous chercher des verres d’eau. Lorsque je l’entends revenir, je panique un peu car je sèche totalement… Je n’ai aucune idée de la façon de fuir sans paraître malpolie. Régis m’apparaît alors dans l’embrasure de la porte du salon, totalement nu. A poil quoi ! Je suis franchement surprise. Ok, je savais à quoi m’attendre en venant ici, mais là ça va trop vite. Et puis comme il me sourit avec malice l’air sûr de lui, j’en profite un peu pour détailler son anatomie ce qui n’est pas pour lui déplaire ! Il est large d’épaule mais ce n’est pas ce que je remarque tout de suite. Il a un sexe, comment dire… tout petit ! Non mais c’est quoi ce zizi ? Cette vision me renvoie automatiquement à celle de l’incommensurable phallus de Fred ! Et nerveusement je me mets rire. Bien sûr, je ne me rends pas tout de suite compte à quel point je suis blessante envers Régis car je ris surtout de moi et de la situation plutôt que du petit bouchon de mon partenaire qui a cessé d’être potentiel dès le moment où je suis rentrée chez lui ! Je le vois partir et comprends ma bêtise. Je le rejoins dans sa chambre où il enfile un caleçon. Il y a des montagnes de vêtements et des piles de déchets un peu partout. C'est vraiment difficile pour moi de rester là mais je m’excuse du malentendu. Je lui raconte brièvement que je me moquais de moi et non de lui. On discute un peu et je lui fais comprendre le plus simplement possible que ce soir, il n’y aura pas de partie de jambes en l’air. L’odeur devenant à la limite du supportable, je décide de ne pas m’attarder et tant pis si je passe pour une allumeuse. Je passe voir Baptiste et je lui raconte le fiasco histoire de le faire culpabiliser avant de rentrer tranquillement chez moi. Il rit et jure de me foutre la paix dorénavant !

Annotations

Vous aimez lire Julie Roussel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0