Chapitre 9 - La kermesse.

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 Baptiste, mon sauveur ! Je respire enfin. Ça fait bien une heure que j’ai compris que j’étais perdue ! Je me sens nulle, j’ai chaud et je suis à deux doigts de craquer. Il arrive vraiment à point ! Je lâche le crayon que j’ai dans la main, soulagée. Je me retourne et je vois Alex, le regard rempli de bienveillance. Il est vraiment adorable ce garçon.

- Marie, ne t’inquiète pas, je suis plutôt doué en maquillage… Me dit-il hésitant de peur de me vexer.

- T’es doué, Alex, tout court et c’est tout ! Lui coupe la parole Baptiste, amusé.

- Vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous serai reconnaissante jusqu’à la fin de mes jours !! Vous êtes de vrais amis ! Je vous serais éternellement redevable.

- T’as pas l’impression d’en faire trop là ? Allez pousse ton petit cul, Alex va te remplacer et je vais gérer la marmaille et Paul et Clotilde gèrent le SAV. Il me montre du doigt le groupe de mères autour de mon amie et me fait un clin d’œil. Regarde la tête de ce gosse, rajoute-il en pointant le visage du garçon que j’étais en train de maquiller, on dirait qu’il s’est vomi dessus… Enfin Marie ! Tu aurais pu faire un effort !

Le petit qui ne m’avait pas l’air mécontent de mon travail jusqu’à présent, nous regarde l’air désemparé aux bords des larmes.

- Tu t’appelles comment ? Lui demande Alex.

- Anatole, Monsieur.

- Tu voulais quel maquillage ?

- Je veux être un pirate, Monsieur !

- Alors tu seras le plus effrayant des pirates ! Ça te va ? T’en fais pas je vais arranger tout ça.

Ah, j’avais sans doute mal compris. C’est vrai que ce n’est pas très ressemblant. Mais bon les gars prennent les choses en main alors pourquoi s’en faire ! Et Anatole se marre maintenant, et n’arrête pas de dire « vomi » et « beurk » à ces copains qui se sont agglutinés autour pour apprécier le spectacle, ce qui me rassure et qu’ils lâchent des « trop cool », « ça déchire »… Bon je vais pouvoir retrouver Lucas qui doit être avec son père et prendre une bonne bière bien méritée. Il fait tellement chaud ! A moins qu’il n’y ait pas d’alcool dans ce genre de réception… Ils n’auraient pas osé nous faire ça quand même ! À nous, parents modèles qui nous sacrifions pour nos enfants ! Je n’ai pas le temps de m’indigner davantage sur les conditions précaires dans lesquelles nous sommes reçus dans cette école que je croise le regard de Fred. Il est planté à quelques mètres et me regarde intensément. Je sens une chaleur envahir tout mon corps instantanément. Bizarrement, j’ai même des frissons ! Son  bermuda et sa chemise à manches courtes bleue ciel légèrement entrouverte, me permettent de deviner son corps. Sa peau est mate et il est vraiment musclé. Qu’il est beau ! Il respire lentement mais profondément et je reconnais tout de suite cet état. Je suis sa proie et cette fois je suis certaine de ne pas me faire un film. Il transpire la testostérone, il me désire et mon dieu moi aussi, je le veux ! La température a augmenté encore de quelques degrés et je ne pense pas que ce soit la canicule la seule responsable ! Je suis dans une bulle, on sait tous les deux ce qui se passe et personne ne semble le remarquer. J’ai l’impression d’être en apesanteur. Lorsque j’aperçois non loin de lui Clotilde et sa femme Lucie en pleine conversation avec d’autres parents, je prends enfin conscience qu’il faut que je me reprenne Je ne vais vraiment pas bien ! Il faut croire que mon célibat me tape vraiment sur le système, mais Fred m’attire comme un aimant. Encore une fois, il faut que je me barre et vite avant que la situation dérape et ne tourne en eau de boudin ! Je fais demi-tour et décide d’aller me réfugier dans l’école, j’en profiterais pour me passer de l’eau bien froide sur le visage histoire de retrouver mes esprits !

- Hé mais où tu pars comme ça ? Me lance Baptiste qui me sort de ma torpeur.

- Heu… Je vais chercher d’autres chaises dans le réfectoire, il en manque…

- Je ne te savais pas aussi impliquée dans l’organisation de la kermesse ! Attends deux secondes, je viens t’aider à les porter.

- Non. Ça ne sera pas la peine. Je vais l’aider, tu es assez occupé Baptiste. Dit fermement une voix rauque.

Je me retourne. Et même si j’ai deviné que c’était lui, le fait de voir Fred tout prêt, mais vraiment tout prêt de moi, me plonge en transe. Il pose une main au bas de mon dos, et avec un certain empressement me dirige vers la porte de l’école sans même se soucier d’Alex ou de Baptiste.

- Viens.

C’est le seul mot qu’il prononce. Et c’est un ordre. Mais la féministe que je croyais être ne s’offusque pas, je me suis transformée en parfaite petite soumise façon « oh oui ! Fouette-moi ! ». Dès qu’on arrive dans le hall de l’école, il me prend par la main. Il me la serre fermement ce qui me montre sa détermination et m’emmène au premier étage. Je comprends à cet instant que je n’ai plus la volonté de lui résister. Je ne l’ai peut-être jamais eu. On monte les marches de l’escalier à une vitesse incroyable. Dans le couloir, il ouvre la première porte. Elle donne sur un débarras plongé dans une semi obscurité à cause des longs rideaux fermés. Il y a un stock de chaises, de tables et de cartons remplis de livres un peu partout. Je rentre, le temps que mes yeux s’habituent à ce changement de luminosité, Fred me prend par la taille et me soulève comme si j’étais une plume pour me faire asseoir sur le plateau d’un bureau. On se regarde fiévreusement. Il pose tout d’abord, délicatement ses lèvres sur les miennes comme s’il n’osait pas, qu’il était timide. Mais j’ouvre la bouche et passe ma langue dans la sienne. Il m’embrasse avec fougue, posant une main sur ma joue. Cela fait tellement longtemps que je n’avais pas roulé une pelle, que je redécouvre les sensations. C’est incroyablement bon, je salive, je suis vraiment excitée et je le prends par la taille pour le rapprocher de moi, en écartant les jambes pour qu’il vienne au plus près.

- Doucement ma belle. Murmure-t-il.

Je sens son souffle dans mon cou qui se transforme en chaleur qui irradie ma poitrine. Il baisse doucement les bretelles de ma robe et les laisse tomber. Il embrasse maintenant mes épaules et avec ses mains, il dégage mes seins gonflés de désir de mon vêtement. Mais quelle bonne idée ai-je eu de ne pas porter de soutif sous ma robe ! Fred me masse les seins, et avec une douceur infinie se met à lécher mon téton durci. Il le mordille par moment. Je suis proche de l’extase. Je ressens des palpitations au niveau de mon entrejambe. Toute son attention est portée sur l’autre sein maintenant. Je gémis. Avec sa main de libre, il me touche le genou, me fait de douces caresses avant de remonter lentement ma robe au niveau de ma taille. Sa main s’approche de ma culotte, il la frôle dans un premier temps, puis avec son pouce, il fait des formes circulaires au dessus de mon clitoris. Le frottement avec le tissu de mon sous-vêtement accentue mon plaisir. J’halète, je sers mes doigts autour de ses bras et de sa nuque. Il continue à me lécher le sein avec plus d’ardeur cette fois. Et soudain il me regarde, enivré tout comme moi, et augmente la vitesse de ses caresses, je sens l’insoutenable délivrance s’approcher. Je pousse un cri qui me surprend et m’abandonne dans les confins de l’orgasme. Mon corps se tend, et mon sexe est pris de convulsions, j’ai une bouffée de chaleur impressionnante et puis je me relâche et laisse tomber ma tête sur son torse. Il me caresse les cheveux tout en leur donnant quelques baisers. J’attends de retrouver une respiration plus calme. Je n’en reviens pas vraiment de la vitesse à laquelle il m’a fait jouir, d’habitude ça prend plus de temps et parfois ça n’arrive jamais. Cet homme est un dieu ! Je lui souris béatement et dans un regain de vitalité, je descends de la table. Je passe mes mains sur sa taille et les déplace sur son fessier. Mon dieu que ses fesses sont fermes ! Je les presse plusieurs fois avant de commencer à déboutonner la ceinture de son bermuda.

-Oh… Marie… Dit-il quand à travers son boxer, mes doigts s’aventurent à découvrir son sexe.

Je prends ses testicules que je fais rouler délicatement dans ma main et je m’accroupis. Je suis à genou devant lui et j’ai clairement envie de sentir sa queue dans ma bouche. Je salive autant que je mouille. Je baisse son slip et je découvre son « énooooorrrrmmmme » phallus en érection ! Oh, je ne m’y attendais pas ! Je suis impressionnée et il me faut un petit temps pour réaliser à quel point sa taille est PHÉNOMÉNALE !

Il a du sentir une sorte de réticence chez moi et cherche à me mettre debout en me soulevant par le bras. Mais je lui résiste et je pose ma main sur la sienne pour lui signifier que je compte bien rester à genou et finir ce que j’ai commencé. Je le caresse doucement, sa peau est chaude et extrêmement douce à ce niveau, je commence à faire des allers-retours avec ma main légèrement serrée, elle glisse parfaitement et la friction que je sens m’excite vraiment beaucoup. J’embrasse son prépuce, et lèche son extrémité, puis son contour. Je prends mon temps, je sens Fred qui commence à se relâcher, c’est divin. Enfin, je le prends dans la bouche, et je cale le mouvement de cette dernière sur le rythme de celui de ma main. J’essaye de ne pas être trop rapide et l’enfonce jusqu’à la glotte, et doucement, comme au ralenti, je me dégage. Puis j’accélère le mouvement crescendo, jusqu’à être à une vitesse soutenue. Fred me tient par les cheveux, il grogne. Et j’adore ça ! De la main inoccupée, je lui caresse la fesse et accompagne son bassin à la cadence de ma fellation.

- Attention ma belle, ça vient… Dit-il dans un souffle.

C'est incompréhensible je n’ai pas envie de me retirer, je veux recevoir sa semence dans la bouche. Je suis comme envoutée. Alors je continue. Je sens qu’il résiste, je décide alors de resserrer délicatement les lèvres et quelques secondes après il pousse un grognement profond et je sens son sexe dans ma bouche prit de spasme et enfin la tiédeur de son sperme dans ma gorge. C’est totalement obscène et je me surprends à apprécier chaque instant de sa jouissance. J’attends qu’il se calme, et je lape consciencieusement son prépuce ultra-sensible. Et je me retire. Je me relève un peu engourdie en regardant le sol, je me sens honteuse de ce qu’il vient de se passer, et j’ai peur d’avoir choqué Fred. Depuis le début, même s’il a été autoritaire, il s’est toujours montré très respectueux envers moi. Peut-être me prend-il maintenant pour une grosse dévergondée ! Je suis gênée. Il me tient le menton et redresse ma tête de façon à ce qu’il puisse croiser mon regard.

- Marie… c’était fabuleux.

Je vois à son expression qu’il est sincère, je n’ai plus aucun doute. Nous nous embrassons, et il me serre tout contre lui. Je sens son sexe qui est toujours en érection contre le bas de mon ventre. Je le veux maintenant et tout de suite en moi. C’est devenu un besoin presque vital. Et comme s’il avait lu dans mes pensées, il m’ordonne :

- Accroche-toi à mon cou !

C’est ce que je m’apprête à faire quand soudain, j’entends du bruit qui provient du grand escalier principal. J’avais oublié totalement où nous étions durant notre séance de câlins. Et maintenant que je ne souffre plus d’amnésie, je panique et « un peu » serait un doux euphémisme... J’enfile le haut de ma robe et tente de dresser mes cheveux indomptables pour paraître présentable. Fred remet son boxer et son bermuda sans précipitation, c’est incroyable comme cet homme est calme malgré ce qu’il vient de se passer. Il appuie sur l’interrupteur de la pièce qui s’illumine aussitôt et me murmure un peu provocateur :

- Ça fera moins suspect !

Pourtant ça ne me rassure pas du tout, je dois être rouge tomate et n’importe qui, qui me croise avec un peu de jugeote, peut se douter de ce que je viens de faire. Allez, il faut que je relativise et que j’arrête ma paranoïa ! Fred s’approche de moi et m’embrasse dans le cou, son regard me fait fondre, ça y est je suis devenue complètement gaga. Puis il prend une chaise sous chaque bras et sort du débarras, je l’entends parler à quelqu’un. Mais mon esprit est encore trop embrouillé pour comprendre quoi que ce soit de la discussion. J’entends une voix de femme, il lui répond et semble partir. J’en profite pour essayer de retrouver mon sang froid. Seule ma petite culotte trempée me donne la confirmation que ce qu’il vient de se passer est bel est bien réel. Je vais pour sortir de la pièce quand je croise Lucie qui ramène les chaises de son mari, toujours aussi souriante et aimable.

- Ah ! Marie ! Tu vas bien ? T’as l’air de souffrir de la canicule, tu devrais boire un grand verre d’eau ! Je viens de dire à Frédéric qu’on n’a pas besoin de chaises supplémentaires, les gens commencent à partir… Mais c’est très gentil à toi d’y avoir penser…

Plus elle est gentille et agréable et plus je me sens mal. « Je viens de sucer son mari » ne cesse de me répéter une petite voix intérieure et parfois elle rajoute « et tu as même avalé ! ». Oh ! Je crois que je me dégoute…

- Et puis ça tombe bien que je te trouve enfin, je voulais te rassurer, les parents n’étaient pas vraiment fâchés du maquillage que tu as fait à leurs enfants. C’est juste qu’avec cette chaleur, certains esprits se sont échauffés mais tout est rentré dans l’ordre… Tu n’as pas à te cacher ! Et puis certains enfants t’ont même réclamé auprès d’Alexandre ! Finit-elle par me dire.

Ouais, j’imagine qu’ils voulaient le maquillage « je viens de me prendre une grosse cuite » d’Anatole… Bon sang, Lucie est la mère la plus respectée de l’école, elle fait beaucoup pour les enfants, elle prend du temps pour ça et moi, je brise sa vie en 5 minutes !

- Marie, je t’assure, tu m’as l’air vraiment mal en point, reste ici, je vais t’apporter de l’eau.

- Heu… Non c’est bon Lucie, c’est très gentil mais je vais rentrer cette journée m’a épuisée. Merci pour tout ! Bonne fin de journée.

- Ah d’accord… Alors à très bientôt Marie.

Je dévale les escaliers, abattue et sors de cette école de malheur ! Dans la cour, il y a effectivement moins de monde, ce n’est plus la cohue. Je me demande combien de temps sommes-nous restés là-haut avec Fred. Je regarde ma montre, on s’est quand même absenté environ trois quarts d’heure !

- Ah mais te voilà enfin copine !

C’est Clotilde qui vient à ma rencontre.

- Je t’ai cherché de partout ! Mais où étais-tu passé ?

Je meurs d’envie de tout lui dire, lui avouer comment j’ai merdé lamentablement sur toute la ligne mais je me retiens en voyant Fred rire avec Paul et Guillaume. J’oublie toujours qu’ils se connaissent bien tous les trois. Clotilde ne pourra pas garder ce secret pour elle, elle se confiera obligatoirement à Paul, et ça j’en ai vraiment pas envie ! Et puis, d’où Fred rigole ! Ce n’est pas vraiment le moment après ce qui vient de se passer. Il vient de faire cocu sa femme, et semble en avoir rien à faire si ça se trouve ce n’est pas la première fois... Tout d’un coup je suis en colère contre lui ! On dirait que toute cette histoire le met de bonne humeur ! En fait je me suis trompée depuis le début, ce mec est le pire des salauds !

- Marie ? Ça va ? S’inquiète Clotilde.

- Oui tout va bien, un coup de chaud c’est tout. Je pense que je ne vais tarder à rentrer pour me reposer. Je t’appelle demain matin.

- Oui ok pas de problème, passe une bonne soirée copine !

Elle me fait le plus tendre des câlins. Je l’adore vraiment ! Puis je pars en direction de Fred, Paul et Guillaume. J’ai une petite hésitation au début, un reste de gêne sans doute, mais qui s’efface dès que je vois Fred me sourire. Mais quel toupet celui-là, aucune pudeur vis-à-vis de sa femme !

- Je vais rentrer. Guillaume as-tu vu Lucas pour que je lui dise au revoir ?

J’évite coûte que coûte de croiser le regard de Fred.

- Oui vas voir Baptiste et Alex, je l’ai vu avec eux il y a 5 minutes !

- Merci ! Alors bonne soirée, à bientôt !

J’expédie mes adieux, j’ai tellement hâte de partir de ce fourbi !

- Hé ! Marie ! Dit Fred me voyant partir avec précipitation.

Paul et Guillaume regardent la scène, intrigués.

- Oui Fred qu’y a-t-il ? Lui dis-je franchement agacée.

Je suis peut-être allée trop loin mais je ne comprends pas comment j’ai pu autant me tromper à son sujet.

- As-tu pu voir avec Lucie pour que Lucas passe quelques jours avec Mattéo pendant les grandes vacances ?

Sa question n’est qu’un prétexte pour me retenir. Et je vois bien, quand fait, il s’interroge sur les raisons de mon changement de comportement. Ça radoucit mon humeur même si je trouve que, le fait de retrouver Fred riant et sifflotant après qu’il m’ait donné un orgasme ravageur et que je lui ai une pipe dont il se souviendra jusqu’à la fin de ses jours alors que juste après, il m’ait laissé seule avec sa femme plus que parfaite, tout à fait déprimant. En fait je ne suis pas en colère contre lui mais contre moi ! Il fait ce qu’il veut, il n’a rien à me promettre, mais moi, je dois assumer ce que je viens de faire et je sens que ça va être compliqué… J’essaye de me montrer plus sympa et je dis :

- Non, excuse-moi je n’ai pas eu le temps d’en parler avec TA femme. Guillaume ? Peux-tu organiser cela s’il te plait ? Bon je vous laisse, je suis épuisée…

Malheureusement, je ne me suis pas bien contrôlée. J’ai fais la grosse lourde ! Pourquoi ai-je accentué le mot « ta » ? C’est un reproche à peine voilé. Maintenant, il va croire que je suis jalouse, c’est malin ! Heureusement Paul et Guillaume ne relèvent même pas ce qui n’est pas le cas de Fred.

- D’accord Marie, je te tiens au courant. Bonne soirée ! Me dit gentiment Guillaume.

- Oui, bonne soirée Marie. Insiste Fred.

Je pars sans me retourner, je n’ai pas envie de rester là une minute de plus. La proximité de Fred devient difficile, pour plusieurs raisons, et je ne cesse de me répéter que ce n’est pas lui le fautif mais bien moi. Et je me sens encore à fleur de peau, toutes les sensations que Fred m’a fait ressentir se dissipent lentement mais mon corps me les rappelle dès que je le vois.

J’arrive près du stand de maquillage. Lucas est en pleine discussion avec Alex et Mattéo sur un jeu vidéo. Mais je me sens un peu largué, car les jeux vidéo, ce n’est pas mon truc. Je n’ai jamais compris l’intérêt de jouer au foot virtuellement !  

- Lucas je vais rentrer mon chaton. Tu as passé une bonne après-midi ?

- Oh oui maman, c’était super ! Tiens regarde tous les cartes Pokémon que j’ai échangé !

Ah… Je dois rajouter que je ne comprends pas non plus l’intérêt de ces cartes… Je me sens subitement bien vieille, surtout quand je m’aperçois qu’Alex est vraiment calé dans ce domaine. J’essaye de m’intéresser à ce qu’ils disent, mais je pense à Fred puis à Lucie… Je suis totalement dans mes pensées lorsque Baptiste me prend par le bras et nous amène à l’écart des garçons.

- Marie, dis-moi tout. Je vois bien que tu n’es pas dans ton assiette… Tu ne ris pas, tu ne souris pas, tu ne parles pas…

- T’as raison Baptiste, je ne me sens pas bien. Je pense que j’aurais du me couvrir la tête lorsque j’étais au stand, j’ai du prendre une insolation…

- Oui peut-être que c’est ça, ou peut-être pas… Tu sais, j’ai vu que Fred te dévorait des yeux et que ça m’avait l’air d’être plutôt réciproque… Et puis vous êtes partis un sacré moment tout à l’heure…

- Heu attends Baptiste, là ce n’est pas le moment d’en parler ! Je vais rentrer chez moi, je suis vraiment fatiguée…

- Alex bosse ce soir, ça te dit que je vienne avec des sushis ? On ouvrira une bonne bouteille et on regardera un film catastrophe comme tu les aimes !

J’avais prévu de rester seule mais il est tellement mignon à se préoccuper de moi comme une mère juive ! Ça me changera les idées. Alors j’accepte. Je te dis au revoir à Alex et Lucas, et je rentre. Que c’est bon de se retrouver son chez soi ! Après un bain d’une éternité, je sors toute fripée, enroulée dans une grande serviette. J’ai eu tout le temps de réfléchir à ce qui s’est passé. Et j’ai fini par me convaincre que les américains ont raison ! Sucer (ou dans ce cas, se faire sucer), n’est pas tromper ! Ah, ça m’a rappelé des discussions que j’avais à ce sujet avec Clotilde lorsque nous étions ados. En fait nous nous sommes laissés aller avec Fred, mais rien de méchant, juste des petits jeux sans conséquence. J’en suis maintenant convaincu et c’est ce que je m’apprête à dire à Baptiste. J’enfile un short et un débardeur, il fait trop chaud pour être couverte davantage. Baptiste sonne à la porte au moment où je sors une bouteille vin. C’est amusant à chaque fois que je suis sur le point d’ouvrir une bouteille, il se pointe. Comme s’il avait un radar intégré !

- Et voilà les sushis ! J’ai pris des aussi des yakitoris de saumon, je sais que tu en raffoles !

- Super ! Viens on va s’installer au salon ! J’ai trouvé une perle à regarder ce soir, ça s’appelle Sharknado… C’est un film catastrophe sur des ouragans qui envoient des requins un peu partout sur la terre ! C’est fou qu’il y ait un mec qui a pu penser à ce scénario !

- Ahah, c’est promet d’être drôle ! Dit-il en me servant un verre.

On s’installe tranquillement autours de la table basse. Hercule, le chat le plus paresseux de l’univers, reste impassible sur le canapé, levant néanmoins la tête pour s’assurer qu’on ne va pas le déranger pendant son sport préféré : la glandouille !

- Ça se passe plutôt bien avec Alex, n’est-ce pas ?

- Oh que oui ! Mais parfois il est franchement bizarre, tout à l’heure, à l’école, je l’ai complimenté sur un maquillage qu’il avait fait à une gosse et devant tout le monde il m’a répondu : « Tu m’inspires, t’es mon maître. » !

- Ah oui, c’est un peu chelou quand même…

- M’fin bref, tu aurais pu voir ça de tes propres yeux si tu ne t’étais pas absentée une éternité avec le magnifique monsieur muscle ! Je suis presque jaloux…

- Non mais pour Alex, donne-toi un peu de temps, c’est sans doute sa façon de te montrer qu’il tient beaucoup à toi…

- Ouais t’as peut-être raison mais je trouve ça agaçant ! Et ne change pas de sujet, petite cochonne !

Je le regarde avec des yeux de chien battu. Je ne sais pas trop comment lui dire sans me replonger dans un insupportable état de culpabilité.

- Ne me dis pas que tu as glissé accidentellement sur sa bite ! C’est impossible d’être maladroite à ce point.

Il me fait sourire et se sent très fier de sa boutade. Je lui raconte tout, comment je me suis sentie totalement attirée par Fred, la façon irrationnelle dont j’ai cédé à mes pulsions en faisant taire mes principes, comment je me suis sentie au bord du gouffre lorsque j’ai croisé Lucie…

- Attends, tu veux dire qu’il a un sexe d’éléphant ? Rit-il comme s’il avait retenu que cette partie de mon récit.

- Ce n’est pas important, il est parfait, c’est tout…

- Arrêtes de culpabiliser comme une bigote ! T’as trompé personne toi ! C’était que du cul, ça ne compte pas ! C’est lui le salaud de l’histoire et encore… Laisse-le se débrouiller avec ses propres états d’âmes, ça ne te concerne pas !

- Je connais Lucie, c’est la mère du meilleur copain de Lucas ! Je vais encore être amené à la croiser, elle est tellement gentille… Je suis un monstre !

- Lucie  est « dévouée » certes, mais il n’irait pas voir ailleurs si tout se passait bien entre eux. Allez, ne pense plus à ça. Garde juste le meilleur de cette histoire et tourne la page. Ce n’est pas la fin du monde quand même ! Bon il n’a pas eu le temps de te sauter, je dois reconnaître que c’est frustrant, mais je vais m’occuper de ton cas !

- Oh ! Fais-je faussement outrée.

Je le charrie car j’ai bien compris ce qu’il a voulu me dire mais je ne suis pas enthousiaste à l’idée qu’il me prépare des rancards avec ses connaissances hétéros !

- Pas moi directement, Marie. Il me lance un clin d’œil. Mais je vais te trouver un mec bien ! Promis !

- T’es trop charitable…

Je déteste faire pitié.

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