Chapitre 12 - Le déclic.

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Mon séjour à Munich était vraiment tendu. J’étais vraiment anxieux de faire ma présentation, en plus j’ai eu besoin de l’aide d’un traducteur car même si j’ai quelques bases en allemand, il me fallait être certain de tout comprendre et surtout de me faire comprendre par les clients potentiels. Emmanuel fût soulagé lorsqu’à mon retour je lui ai annoncé que le président de la chaine de franchise de magasin de bricolage avait apprécié, et qu’il avait, dans un premier temps, passé une commande test sur nos produits phares afin de voir la réaction de ses clients. Tout ceci me semblait prometteur. Mais il ne fallait pas relâcher la pression car l’objectif est qu’il devienne un client régulier, afin de permettre d’assurer la pérennité de notre entreprise. Mais dans l’ensemble j’étais plutôt satisfait ! A mon retour je retrouvais l’appartement vide, Lucie et les enfants étaient encore chez mes beaux-parents et ne rentreraient qu’en milieu de semaine. J’aurais pu les rejoindre si j’avais voulu, mais mes séjours là-bas me semblait de plus en plus cauchemardesques ! Lucie pétait littéralement un plomb et ma présence n’aurait qu’envenimé les choses… Je l’appelle pour savoir comment se passe le séjour.

- Tout va bien ! Les enfants s’amusent beaucoup. Nous sommes allés au cirque hier, mais pour tout te dire j’ai trouvé ça très décevant ! Ils sont vraiment pressés de te voir !

Moi aussi, j’avais hâte de les voir. Et pour une fois que je pouvais être au calme et respirer un peu, je décidais de leur faire une surprise. Je n’avais pas eu le temps à Munich de faire les emplettes pour leur dégoter un souvenir alors je décidais d’aller leur acheter deux ou trois babioles pour leur faire plaisir. Je ne le faisais pas souvent car je ne voulais surtout qu’ils deviennent des enfants pourris et gâtés mais ces derniers mois, j’ai du me concentrer sur mon travail et ils ont souffert de mon absence. C’est une façon pour moi de me faire pardonner. C’est toujours très compliqué de me repérer dans ce centre commercial, tout semble identique, quelque soit le niveau ! Je demande à une des rares personnes que je croise où se trouve la Fnac, elle m’indique le chemin en me montrant du doigt la direction. Mais lorsque je regarde où aller, je reconnais Lucas et Marie marchant tranquillement devant les boutiques. Ça y est, j’ai de nouveau un pincement au cœur. Je continue de les fixer discrètement. Ils ne peuvent pas me voir car ils sont trop occupés à discuter. Lucas tire sur le bras de sa mère pour lui montrer quelque chose dans une des vitrines. Elle porte un short en jean et un haut étrange, si elle n’avait pas ce charme naturel on pourrait croire qu’elle sort tout droit d’une série pour adolescent des années 90… Elle est vraiment gracieuse. Je me rappelle sa poitrine que j’aimerais dévorer, la moiteur de son entrejambe, sa bouche… Tout me revient comme si cela ne faisait que quelques heures que nous nous étions quittés. Puis je me dis qu’il faut que je cesse de l’espionner comme ça, sinon je vais me transformer en gros vicieux dégueulasse ! Je m’approche d’eux lentement. Lucas se retourne et me salue avec un grand sourire. J’aime bien ce gamin, toujours de bonne humeur et prêt à faire les 400 coups avec Mattéo. Je me rapproche encore un peu de Marie. Elle ne semble pas avoir entendu son fils. Je découvre rapidement que je me trompe, elle me regarde indirectement à travers la vitre du magasin. Je suis subjugué par sa respiration, par sa nuque, par ses bras, ses mains. Lorsqu’elle se retourne je ne peux m’empêcher de repenser à ce que nous avons fait et à la façon dont j’aimerais continuer à lui faire… Mais il y a Lucas, je dois me contrôler. Je trouve amusant qu’elle m’appelle par mon nom de famille même si je sais qu’elle fait ça parce qu’elle est contrariée et je ne comprend pas trop pourquoi. A un moment je vois dans ses yeux qu’elle repense à la même chose que moi, j’essaye de faire une allusion. Mais il faut croire que j’ai fais preuve d’une certaine lourdeur car elle me semble devenu furax et me demande des nouvelles de Lucie. Et là, c’est le déclic ! Comment ai-je pu être aussi idiot ! Mais voilà pourquoi depuis que je l’ai quitté dans la petite salle de l’école, elle est distante avec moi. C’est parce que je suis marié ! Ma stupidité pourrait être comique si je ne m’en voulais pas à ce point. J’ai tellement intégré le fait que ma femme n’est plus ma femme mais la mère de mes enfants que j’en ai oublié que cela pouvait être d’une quelconque importance pour Marie. Evidement, elle me croit marié ! Mais elle se trompe, même si techniquement c’est  moi qui me trompe à cet instant précis. Pendant une seconde, j’imagine de tout lui révéler, puis j’ai un sursaut de bon sens. Ce qui est rare, ces derniers temps pour tout ce qui concerne ma vie privée... Marie est la plus belle femme que je connaisse. C’est quelqu’un de bien et elle ne mérite pas que je l’embarque dans mes problèmes. Il faut que je règle d’abord la situation épineuse dans laquelle je me trouve. Je regarde Lucas, et son minois me confirme que je dois vraiment laisser tomber mon envie d’aller plus loin avec sa mère. Pour l’instant, du moins. Tant pis si je passe pour un homme que je ne supporte pas d’être, tant pis si elle garde en elle l’image la plus déplorable de moi. En même temps, je suis marié et infidèle, non ? Je m’en vais et je me sens vraiment abattu. Ma vie retrouvera-t-elle un sens, ou continuerais-je à la voir défiler sans pouvoir contrôler quoi que ce soit ? J’achète un dvd pour les enfants, et un jeu de société pour changer. J’espère pouvoir passer un peu de temps avec eux comme ça. Il ne me reste plus qu’eux, et je ne veux pas tout perdre.

            Lorsque Lucie rentre avec les enfants quelques jours plus tard, elle trouve tout le bazar que j’ai laissé trainer dans l’appartement. Je n’ai même pas débarrassé ma vaisselle sale, mes fringues, un peu partout et j’ai laissé des verres au salon avec les bouteilles de whisky quasiment toutes vides dans l’état dans lequel je me suis endormi, vautré sur le fauteuil ou le canapé. Les 3 jours qui viennent de s’écouler m’ont paru une éternité. Je suis au bout du rouleau. Lorsque j’entends mes enfants, je me dirige difficilement vers eux. J’ai encore la gueule de bois. Ils me serrent dans leurs bras et me racontent tous les potins « Chloé a fait ci, Sophie a fait ça… ». Ma tête va exploser, je vais prendre un médicament. Je croise Lucie qui rumine de son côté :

- Frédéric ! Mon dieu ! Tu ressembles à l’homme des cavernes ! Tu empestes. Va au moins prendre une douche et te raser…

J’acquiesce et me prépare à reprendre forme humaine. Ce n’est pas bon pour moi de rester seul, je réfléchis trop. Alors la seule solution a été de boire, pour cesser de penser à Lucie, sa mère et Marie. Ça a plutôt bien fonctionné.

- Ah ! Mais tu es tout beau papa comme ça. Dit Chloé en me croisant dans le couloir quelques minutes après.

- Merci, ma puce. Maintenant que la nuit est tombée, il fait un peu moins chaud. Je vais aller courir, tu veux venir avec moi ?

- Non, je vais me coucher tôt ce soir. Demain matin j’ai prévu d’aller au centre équestre ! Ça va être trop cool, tu te rends compte ! C’est Sophie qui a eu l’idée !

- Oh mais je ne savais pas que tu t’intéressais à l’équitation.

- Maintenant oui !

Chloé avait le goût de l’aventure, c’est sur. Et une certaine curiosité. Environ tout les mois ou les deux mois, elle voulait commencer une activité mais malheureusement elle se lassait vite, trop vite. Ce qui fait que je ne plaçais pas beaucoup d’espoir quand à sa détermination à pratiquer l’équitation, même si sa cousine prenait des cours avec elle. Ces dernières années, elle avait voulu prendre des leçons de piano, de basse et même de saxophone pour faire comme son amie Elise, puis s’était tentée au sport avec le patinage, le basket et pour finir la danse rythmique… La seule chose qu’elle avait persisté à faire était le roller, car nous faisions de grande balade tous les trois avec Mattéo ! Mais je ne désespérais qu’elle trouve enfin sa passion. Il faudrait être patient, voilà tout.

Le lendemain, je vais boire un coup avec Paul. Durant les vacances d’été, on ne va plus au volley et entre les semaines de vacances des uns et des autres, il est très difficile de se voir.

- Alors comment se sont passées tes vacances en Bretagne ?

- Très bien, les filles ont profité de l’océan tous les jours et pendant des heures. Je suis devenu expert en château de sable ! Je suis même allé pêcher… Mais je n’ai rien ramené ! Faut pas trop m’en demander quand même ! Et toi ?

- Ah tu sais j’ai beaucoup bossé, j’étais à Munich en début de semaine et là je me prends quelques jours tranquilles pour profiter des enfants !

- Ah, ça va te faire du bien. Tu m’as l’air fatigué !

Je regarde Paul, et je soupire. Il comprend qu’il y a un truc qui ne va pas. Mais délicat comme toujours, il se retient de me poser des questions. J’apprécie vraiment sa personnalité. Et puis merde ! C’est LE gars en qui je peux avoir totalement confiance, et il faut que je parle à quelqu’un sinon je sens que je vais faire n’importe quoi !

- Tu sais Paul, il y a eu pas mal de changement dans ma vie ces derniers temps…

Je ne sais pas trop par où commencer. Mais il m’encourage :

- Dis-moi tout Frédéric, je vois bien que ça ne va pas.

- C’est Lucie, on s’est séparé…

- Ah bon ! Dit-il l’air surpris, il ne s’y attendait visiblement pas, ce qui ne m’étonne pas.

- En fait c’est plus compliqué que ça… Avec Lucie, notre vie intime s’est toujours rapprochée du néant…

- Ahaha ! Mais c’est très commun !

- Non, ce n’est pas commun… Il y a six mois environ, elle m’a annoncé qu’elle aimait les femmes…

- Oh !

Il fait une pause, et semble encaisser le choc et répète un « Oh ! ».

- Lucie, lesbienne ? Ta femme bien sur tout rapport, toujours tirée à quatre épingles, croyante et pratiquante ! Ta femme ! Wahou… Ben mon vieux…

- Oui.

Il reprend ses esprits, et redevient totalement sérieux.

- Mais lorsque je vous ai vu à l’école, vous m’avez paru « normaux », bon je sais ce n’est pas le bon terme, mais je veux dire qu’on ne pouvait s’imaginer que vous n’étiez plus ensemble !

S’il savait ce qui s’était vraiment passé ce jour-là. La façon où sans complexe j’ai amené Marie au bout de l’extase, ou j’ai encore une fois trompé ma femme.

- Il n’y a plus rien de « normal » entre nous. On a rien officialisé, même les enfants ne le savent pas. Lucie n’assume pas vraiment, elle m’a avoué que ça fait longtemps qu’elle essayait de trouver le courage de me le dire… Au début j’ai été totalement retourné ! Mais avec le temps, j’ai compris que ça expliquait beaucoup de chose, et que le « problème » ne venait pas de moi… Quelque part ça m’a redonné confiance.

- Comment a-t-elle fait pour te cacher ça depuis si longtemps ?

- La pression familiale, son éducation et puis il faut dire que je m’étais mis de sacrées œillères ! Mais la mère de Lucie a une grave maladie cardiaque, et la nouvelle de notre divorce lui serait fatale, et je ne te parle pas de l’aveu de la raison de notre séparation ! Je crois que ça serait l’hécatombe dans ma belle famille ultra conservatrice ! En plus la sœur de Lucie, tu sais Pascaline que tu as rencontré à l’école sort désormais avec mon associé… Donc on reste très discret… Mais je me sens coincé, et ma priorité est mes enfants. Voilà pourquoi je ne suis pas dans mon assiette.

- Je comprends.

On discute encore un peu de la situation. Paul est d’un grand réconfort. Je lui raconte les propos homophobes que mon beau-père tient depuis que je le connais. Il hallucine totalement sur leur vision antédiluvienne de la vie. Je me sens libéré d’un poids maintenant que je lui ai dit, et je sais qu’il n’en parlera à personne. Au fur et à mesure que le temps passe, le ton devient plus léger. Je le soupçonne d’orienter la conversation pour me faire rire. Il me raconte toutes les anecdotes de ses vacances. Je ne l’ai jamais vu aussi bavard !

- Puis Clotilde, elle en avait sa claque de la Bretagne. Elle ne tient pas en place ! Elle avait trop hâte de retrouver sa « Marie » ! Elles sont vraiment inséparables ces deux-là !

Petit pincement au cœur. Je ne veux rien lui dire pour Marie. C’est mieux comme ça.

- Merci pour cette soirée Paul, ça m’a vraiment fait du bien ! Je suis un peu fatigué, je vais rentrer.

Je me sens de nouveau morose, et ça doit se voir car Paul me dit :

- Ne t’inquiète pas, tous tes problèmes vont se résoudre sans même que tu t’y attendes ! La semaine prochaine je travaille, puis je pars dans le sud la semaine suivante, mais dès que je reviens on remet ça !

            Ça sonne à la porte. Je me dirige pour l’ouvrir, mais Mattéo me passe devant, en me bousculant au passage. Ah ! Ça doit être ses amis, j’avais totalement oublié qu’ils venaient dormir à la maison ce soir. Quand j’arrive au niveau du hall, je reconnais la voix de Guillaume. Je suis soulagé que ce ne soit pas Marie. Mais le contraire m’aurait étonné, après ce qui s’est passé, elle doit me prendre pour l’homme le plus lâche de la terre. Et oui ! Rien que ça…

- Salut Guillaume ! Oh mais t’es venu avec la petite Sarah !

- Bonjour Fred ! Oui pour tout te dire je n’ai pas vraiment eu le choix ! Claire bosse encore ce matin…

Lucas embrasse rapidement son père et sa petite sœur et court avec Mattéo en direction de sa chambre.

- Mais tu adores ça, jouer au papa poule ! Le taquiné-je.

Il se passe une main dans les cheveux, et pousse un profond soupir.

- Oui, j’aime bien mais je sens que je sature un peu de l’être H24…

- Les vacances te feront du bien !

- J’ai hâte en effet ! Tiens voilà le sac de couchage de Lucas, et je lui ai fait un sac à dos où il y a tout pour sa toilette, attention brossage de dent obligatoire le soir et le matin, une tenue pour demain, vérifie qu’il change bien de caleçon, des fois il oublie…

- Oh mais décompresse, tout se passera bien et n’oublie pas qu’ici Lucie veille au grain ! Elle peut se montrer tyrannique sur les questions d’hygiène !

- Ah t’as vraiment de la chance d’avoir une femme qui fait l’intendance !

Je me dis surtout que c’est lui qui a eu de la chance de rencontrer Marie, et que c’est surtout un nigaud de l’avoir laisser partir. Sarah qui commence à bien se faire comprendre lui réclame d’aller au « manèche ». Et ils partent tranquillement.

- Frédéric, je viens d’avoir Père au téléphone. Il me demandait si tu serais là avec nous lorsque nous retournerons chez eux au mois d’août ?

- Non. Lui dis-je simplement.

Hors de question que je subisse encore ce calvaire.

- Tu sais Fred, je comprends que tu m’en veuilles pour ce qui s’est passé et j’ai été très maladroite mais je ne savais plus quoi faire…

- Justement, ça pourrait se reproduire de nouveau. Tu ne peux pas vivre dans le mensonge continuellement.

- Je te promets que je ne te mettrais plus mal à l’aise. J’ai vraiment été sotte. Mais viens quand même, fais-le pour les enfants…

Lucie, lorsqu’elle est stressée, devenait un vrai moulin à paroles. Et vraisemblablement, elle l’est de nouveau. Rien ne peut l’arrêter même pas moi. Il faut qu’elle parle comme pour se soulager ! Donc elle décide de me détailler le déroulement des 2 prochains jours en évitant de me faire une remarque sur l’état dans lequel elle m’a trouvé en rentrant de chez ses parents, ni de celui de l’appartement. Je pense que ça l’a contrarié mais qu’elle a compris que la situation devenait vraiment difficile pour moi et qu’il faut qu’elle lâche du leste. Chacune de ses phrases est coupée d’interjections de « ahlala »,  « oh», ou ce qui me fait rire au plus au point d’habitude, d’expressions comme « Dieu tout puissant ! » ou encore « Sainte Marie ». Mais aujourd’hui, je n’ai pas envie de rire. Elle me fatigue, tout simplement. Et je me sens usé. Son comportement est totalement irrationnel ! Heureusement ça sonne de nouveau à la porte. C’est Anatole et sa mère. Lucie qui est toujours en plein délire verbal, se défoule sur la pauvre dame en lui racontant tout et surtout n’importe quoi. Elle lui tient la jambe un bon quart d’heure avant que la victime s’empresse fuir sous prétexte d’une casserole laissée sur le feu ! Cette excuse mérite bien d’être placée dans le top 3 de celle que j’ai entendu jusqu’à présent. Les garçons sont en train de jouer calmement avec leurs cartes, j’entends des rires. Après le déjeuner je les amène au terrain de basket. Je compte bien les épuiser un peu. Lucie se met aux fourneaux et de bonnes odeurs s’échappent de la cuisine. Lorsque Lucie signifie aux enfants que le déjeuner est prêt, les garçons arrivent en déboulant du couloir. Lucas glisse et tombe devant la table de la cuisine.

- Ça va Lucas ? Tu ne t’es pas fait mal ?

Il se relève et passe la main dans sa tignasse brune.

- Oh, ne vous inquiétez pas Madame Bonneton. Je tombe souvent… J’ai l’habitude ! Papa dit que c’est dans mes gènes, que j’ai hérité ça de ma mère !

Effectivement, il est indéniable que Marie et lui ont ça en commun. Je me rends compte qu’elle m’a envoûté ce jour-là, celui où dans la boulangerie elle est tombée sans perdre une once de grâce. Je suis un idiot. Je me le répète en regardant Lucas, souriant comme à son habitude, s’installer à la table pour le déjeuner. Je n’aurais jamais du entreprendre quoi que ce soit avec elle tant que je n’avais pas mis de l’ordre dans mon merdier. Je dois la dégouter maintenant… J’ai perdu l’appétit. Je prétexte que je dois passer au bureau avant d’amener les enfants au basket.

- Mais où étais-tu passé? Me demande Lucie lorsque je rentre.

- J’ai mis un peu de temps, désolé Lucie, mais j’ai reçu un coup de fil pour le boulot, ce qui m’a retardé.

- Un samedi ?

- Oui. Voilà des viennoiseries pour le petit déjeuner des enfants.

Je reste vague car je n’aime pas mentir mais elle n’a pas à savoir tous les détails de ma vie.

- C’est très gentil d’y avoir pensé, ils vont être ravis. Tu sais, je crois qu’il fait vraiment trop chaud pour faire du sport. Les enfants sont épuisés et ils regardent la télé…

- Oui tu as raison, ça serait un coup à prendre une insolation.

Le téléphone sonne. Je décroche.

- Allô ?

- Bonjour Frédéric, c’est Charles… Je vous appelle pour vous annoncer un terrible nouvelle… Dit-il, la voie nouée.

En une seconde je m’imagine le pire. Lucie s’approche de moi comme si elle avait compris qu’il se passait un truc de pas normal. Elle me chuchote à l’oreille :

- Que se passe-t-il Frédéric ?

Je mets le haut-parleur.

- Dites-nous Charles ce qu’il se passe, Lucie est à côté de moi…

- C’est Marguerite, elle a été hospitalisée d’urgence, elle a eu un malaise, je suis très inquiet sur son état de santé…

Après une longue discussion avec Charles, je rassure Lucie aussi bien que je peux mais elle est paniquée.

- Ecoute Lucie va rejoindre ton père au plus vite, préviens ta sœur, elle doit savoir et moi je gère les enfants et on te rejoint dès que possible.

- C’est moi la responsable de tout ça…

- Ne dit pas de bêtise, enfin !

- Si, j’en suis certaine ! J’ai appelé tout à l’heure pour prévenir que nous arrivions avec les enfants mais que tu avais trop de travail et qu’il serait possible que tu ne sois pas là !

- Là, je ne vois vraiment pas le problème !

- Mais si ! Père avait l’air contrarié et j’imagine qu’il a du l’annoncer à Mère et qu’elle s’est inquiétée…

- C’est bon, tu vas arrêter de dire des conneries maintenant. Je ne vois pas pourquoi le fait que je ne vienne pas l’aurait bouleversée. Tu te fais des films…

- Frédéric, ne le prends pas comme ça. Ce n’est pas un reproche que je te fais car après la dernière scène que je t’ai faite je ne peux que te comprendre. Mais ils sont tellement « famille » !

Ça me dépasse vraiment cette façon de penser. Je lâche prise.

- Pars et je te rejoins au plus vite avec les enfants.

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