Chapitre 15 - L'enterrement.

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 Ça klaxonne en bas de mon immeuble, je cours au balcon de ma cuisine et je reconnais tout de suite la voiture de Baptiste. C’est une vieille Hélène couleur crème, qu’il bichonne comme si c’était son bébé. Il ne la sort quasiment jamais, la plus part du temps elle reste au garage. Je trouve que cette voiture va parfaitement à son style ! C’est une prolongation de lui même, élégante, un tantinet désuète et peu commune. Je vois qu’il a collé sur le coffre arrière l’autocollant que je lui avais offert montrant le christ avec la mention « Jesus is my airbag » ! Il a sans doute fait ça à contre cœur, juste pour me faire plaisir. En même temps, on ne prend jamais de risque en montant avec lui car il conduit comme une grand-mère. Même sur l’autoroute, les poids lourds nous doublent.  Je me précipite sur ma valise qui pèse une tonne, et ferme l’appart’, et dévale les escaliers. Ça y est je suis en vacances et j’ai tellement hâte de partir dans le Sud. J’adore la maison des parents de Guillaume, on y va chaque été depuis que nous avons vingt ans. Elle est très simple, il y a 2 chambres officielles et deux grandes pièces sous les toits qu’ils ont transformées en dortoir. Et surtout elle est au bord de la mer !!! C’est génial, j’ai toujours l’impression de partir en colonie de vacances. En plus je vais retrouver Lucas, et ça va réellement me faire du bien car il m’a vraiment manqué.

Lorsque j’arrive dans la rue, Baptiste m’attend adossé à sa voiture. Il met mon bagage dans le coffre.

- Yahou !!! Ce sont les vacances ! Lui dis-je surexcitée.

- Calme tes ardeurs, la killeuse de rencard, c’est bon, on n’a plus 15 ans !

Bon, ok, il n’est pas d’humeur. Ça va être sympa les cinq heures de route s’il continue à faire la tronche… Je rentre à l’arrière, j’embrasse Alex, tout sourire comme d’habitude. Il est mignon celui-là. Baptiste augmente légèrement le volume de la radio. Alex le regarde exaspéré. Il démarre, et je comprends que l’heure n’est pas à la franche rigolade. Comme je ne supporte le conflit, j’essaye de détendre l’ambiance en parlant du local que nous avons visité hier et qui est très prometteur.

- Ah oui le fameux Xavier Perrin…Il te dévorait des yeux. Je te signale qu’il t’a donné en plus son portable perso… Moi il m’a totalement ignoré… Mais bon, j’ai l’habitude ! Ce local me plait beaucoup, mais attendons quelques jours pour prendre notre décision, il ne faut rien précipiter. Dit Baptiste.

Alex ignore totalement sa dernière remarque. Ça devient franchement lourd. Chacun vaque à ses préoccupations en silence pendant deux heures environ, jusqu’à ce qu’on s’arrête à une station d’essence. J’accours aux toilettes, je n’avais pas voulu embêter Baptiste avec mon envie quasi intenable de faire pipi de peur de passer pour une sale gosse. Lorsque je sors des toilettes, qui soit dit en passant, étaient d’une hygiène plus que douteuse, je vois Alex à une table boire un café.

- Ça va Alex ? C’est tendu entre toi et Bat ?

- Oui, j’ai même hésité à venir aves vous. Je crois que ça aurait arrangé Baptiste.

- T’as bien fait de venir, vous êtes sous pression en ce moment, mais tu vas voir, le sable, la mer et le soleil vont tout arranger !

- Je ne sais pas… Il veut que je sois quelqu’un d’autre et quand je fais ce qu’il me demande, ça ne lui va pas… Je tiens énormément à lui et je voudrais tellement le combler mais je crois que je ne suis pas la bonne personne.

- Oulala ! Si j’ai bien compris vous venez de vous disputer alors attends un peu avant d’avoir une vision objective de la situation !

On rejoint Baptiste qui nous attend dans la voiture. Alex lui fait un bisou dans le cou. Ils ont l’air de se détendre. Lorsqu’on arrive, ça sent bon le midi, et je suis ravie de retrouver le chant des cigales et de me dégourdir les jambes. Lucas se jette dans mes bras. Il est déjà tout bronzé, qu’il est beau mon fils ! La petite Sarah le suit de près. On rejoint Guillaume :

- Hé salut Guillaume ! Tu vas bien ?

- Salut les garçons, salut Marie ! Paul et Clotilde sont déjà arrivés. On a préparé l’apéro pour vous faire finir plus vite et ça semble avoir bien fonctionné !

Nous retrouvons le reste de la troupe sur la terrasse de la maison dans de grandes discussions. Clotilde nous fait de gros câlins comme nous les aimons, les enfants sont tous en maillots et nous réclame d’aller à la mer alors que nous ne sommes là que depuis quelques minutes et que personne n’a déjeuné. Je m’aperçois que Claire n’est pas là et lorsque j’en fais la réflexion à Guillaume, ce dernier me semble irrité au plus au point contre elle. De ce que j’ai compris, elle a eu une charge de travail inattendue et nous rejoindra demain ou après demain.

La semaine se déroule comme je l’avais imaginé : bain de soleil, glandouille, et glandouille ! Je remarque néanmoins quelques tensions qui persistent entre Baptiste et Alex. Ce dernier, il faut l’avouer, n’en fout pas deux pour aider lorsque Baptiste est présent. Alors que, quand il n’est pas là, il s’active à débarrasser, faire la vaisselle, il raconte même des histoires aux enfants ! Baptiste semble exaspéré par Alex, et il l’appelle même « le fainéant ». Le troisième jour, avant de passer à table pour le diner, Guillaume nous annonce que finalement Claire ne pourra pas venir car elle a vraiment trop de boulot. Pourtant il n’a pas l’air aussi contrarié que l’autre fois. Je le trouve bien zen cet an-ci. Il est tout à fait charmant mais il l’a toujours été en même temps !  

Nous dinons tard ce soir car les enfants ont mis une éternité à bien vouloir se coucher. Lucas fait le chef dans le dortoir et prend son statut d’ainé au sérieux. Un peu trop. Les filles l’appellent « mon capitaine ». Mais ils dorment enfin !

- Je vais aller chercher la glace ! Qui veut quoi ? Demande Clotilde.

- Laisse Clotilde, Alex peut le faire. Dit Baptiste en fustigeant son compagnon du regard.

Bon ça recommence. Ils ne vont pas quand même gâcher notre séjour en se tirant les pattes.

- Pas de problème Baptiste, si c’est un ordre…

- Non, c’en n’est pas un !

- Dans ce cas, je laisse Clotilde y aller.

- Pfff, vous êtes lourds les gars. J’y vais et je choisis les parfums pour tout le monde puisque c’est ça.

- Je t’accompagne Marie. Me dit Clotilde.

En allant à la cuisine, Clotilde me fait part de ses inquiétudes concernant Baptiste et Alex. Et ça me fait de la peine de lui avouer que moi aussi, j’en ai. Alors nous décidons pour détendre un peu l’atmosphère, d’en plus des glaces, d’apporter l’eau de vie du père de Guillaume. Elle est tellement forte, que les premières gorgées me font systématiquement pleurer. Lorsque nous revenons à table, Alex est déjà monté se coucher, et Baptiste fait comme si de rien était. Je sers un petit verre à chacun de nous.

- Avec Baptiste, nous avons visité un super local ! Je pense que nous allons le prendre. En plus le loyer est vraiment honnête !

- C’est une très bonne nouvelle. Dit Paul. Il se situe où ?

- Au début de la rue Garibaldi ! A deux pas de la maison !

- Mais ce qu’oublie de vous dire Marie, c’est que l’agent immobilier était canon ! Il lui a même filé son numéro de portable ! Rajoute Baptiste.

- Ah ben, si tu nous dis pas tout. Dit Clotilde.

On entend les pleurs de Sarah et Guillaume se précipite la retrouver. Nous nous retrouvons tous les quatre et Clotilde nous remet une tournée.

- Bon alors Marie, Tu vas faire quoi ? Tu vas le rappeler ? Me dit-elle.

- Non mais il exagère toujours Baptiste, en plus ce nigaud a promis de ne plus s’immiscer dans ma vie sentimentale ! Et puis c’était uniquement professionnel lorsqu’il m’a donné son téléphone ! Mais je vais le rappeler pour lui dire qu’on prend le local, qu’en penses-tu Baptiste ?

- Oui, je le trouve très bien. Tu l’appelleras demain et t’en profiteras pour lui dire à quel point t’es chaude et que t’as besoin d’un homme !

Il rit de toutes ses dents ! Même si c’est à mes dépends, j’aime bien le voir retrouver sa bonne humeur.

- C’est vrai qu’il est pas mal… Dis-je.

- Ah ! Tu vois ! Rajoute mon amie.

En même temps, Xavier, oui car c’est comme ça qu’il s’appelle, avait l’air tout à fait normal, propre (oui c’est important !) et gentil. Alors pourquoi pas, au point où j’en suis et avec toutes les casseroles qui me suivent je n’ai rien à perdre !

- Je suis certain qu’il arrivera à te faire oublier Big Dick ! Dit mon idiot de voisin de table.

Je fusille Baptiste du regard. Il pose sa main sur la bouche quand il comprend enfin qu’il a fait une bourde. Il est hors de question que je parle de ce sui s’est passé avec Fred à Clotilde et Paul, ils le connaissent bien. Je crois même que c’est un très bon ami de Paul maintenant. Mais je vois au regard pétillant de Clotilde que les propos de Baptiste ne sont pas tombés dans l’oreille d’une sourde et qu’elle ne compte pas lâcher le morceau…

- Non mais c’est quoi cette histoire ? C’est qui, qui a une grosse queue ?

- Clotilde ! Lance Paul quelque peu gêné par les mots crus de sa femme, même s’il a l’habitude.

- Ne t’emballe pas copine. Il s’agit juste d’un mec que j’ai rencontré brièvement et si je ne t’en ai pas parlé c’est qu’il ne s’est rien passé de très important. C’était une erreur, c’est fini.

Tout en lui répondant ça, je me replonge dans le souvenir de Fred. C’est fini, oui, mais en fait ça n’a jamais commencé… Je commence à avoir le bourdon. Guillaume revient au moment où Clotilde me dit, pleine de compassion :

- Ne fais pas cette tête Marie, c’est un con ce gars, si ça n’a pas marché, c’est sans doute de sa faute !

- Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit Guillaume, mais je suis tout à fait d’accord avec toi ma chère !

Clotilde lui sourit et elle se place derrière ma chaise pour me serrer dans ses bras. Je rougis un peu et je regarde autours de moi, mes amis pour m’assurer qu’ils n’ont pas vu mon état de vulnérabilité pendant ces quelques secondes lorsque je me rends compte que Paul me scrute l’air songeur. Lorsqu’il voit que je l’ai surpris, il a un léger sursaut et me lance un grand sourire. C’est bon d’avoir des amis sur lesquels on peut compter !

On sort un jeu de carte et nous faisons des parties tout en discutant de notre projet, de la mode et d’autres futilités indispensables lors de ce genre de soirée. Quand Guillaume annonce qu’il va se coucher car demain Sarah le réveillera tôt, Paul suit le mouvement également. Il avait l’air fatigué ce soir, il n’a pas beaucoup parlé. Je l’ai surpris plusieurs fois plongé dans ses pensées.

On se retrouve tous les trois avec Clotilde et Baptiste à ranger la table. On décide de prendre un dernier bain avant de dormir, que ce sera une bonne solution pour décuver plus rapidement ! On va mettre nos maillots et Clotilde revient pour me demander :

- Marie, tu n’as pas un élastique pour que j’attaque mes cheveux ? Je ne pourrais pas me sécher les cheveux avec tout ce petit monde qui dort, et s’ils sont mouillés, demain matin je vais ressembler à un mouton.

- Si, va voir dans ma trousse de toilette dans la salle de bain du bas, il doit y en avoir un ou deux.

Clotilde disparaît dans la maison pendant ce temps nous nous prélassons dans la piscine.

- Tu penses que ça va s’arranger avec Alex ?

- J’ai compris ce qu’il voulait, il veut que je lui donne un ordre, c’est pour ça qu’il ne fout plus rien et qu’il laisse tout en bordel ! Mais je ne céderais pas…

- Il faut pourtant bien que vous trouviez un compromis…

Lorsque Clotilde revient, elle affiche un grand sourire qui lui monte jusqu’aux oreilles ! Elle s’approche du bord de la piscine et dévoile ce qu’elle cache dans son dos. Surprise ! C’est Marcel…

- Non mais Marie, il faut absolument te trouver un autre vibro ou un mec, je ne sais pas, mais ce truc… Franchement en plus c’est un vieux modèle ! On dirait qu’il est à l’agonie…

- Ne parle pas comme ça de Marcel !!! J’avais oublié que je l’avais rangé dans ma trousse de toilette. Initialement je l’avais pas mis là pour m’en servir ! Je voulais juste le cacher pour éviter que Lucas ne retombe dessus. La dernière fois avait été très embarrassante pour moi…

Baptiste et Clotilde partent dans un fou rire et je les rejoins rapidement quand mon amie rajoute que pour mon anniversaire elle m’achètera un « rabbit » car il est bien plus stimulant que Marcel qu’on pourrait comparer au phallus d’un vieux papy. Au lieu de décuver, car c’était quand même notre plan initial, on se ressert de nouveau un verre. Et je leur avoue mon estime pour Marcel après toutes ses années de bons et loyaux services.

- Faut que tu tournes la page «Marcel », poulette…

- Non mais ça fait une éternité que je ne m’en suis pas servi, vous voyez même de ça, j’en ai plus le goût ! Dis-je avec des yeux de cocker.

- Bichette ! On va t’aider ...

Je les vois comploter deux minutes tous les deux lorsqu’ils reviennent vers moi pour m’annoncer que nous allons enterrer Marcel ! Clotilde me somme d’enfiler une tenue décente pour l’enterrement de mon ami. Je trouve ma robe de plage que je considère être parfaite pour l’occasion. Baptiste a trouvé une des pelles que les enfants utilisent pour jouer dans le sable et s’emploie à faire un trou dans le jardin. Au fond de moi, je sais qu’ils ont raison, faut que je laisse partir Marcel. Avoir un tel attachement affectif pour son vibromasseur n’est pas vraiment censé. Mais ça me fait un petit pincement au cœur de devoir lui faire des adieux définitifs.

Baptiste sort son téléphone et met la Marche funèbre de Frédéric Chopin. Clotilde porte Marcel étendu sur un coussin fait avec des feuilles de sopalin jusque dans la fosse (ou le petit trou mais ça fait moins solennel !).

- Tu veux dire un mot ?

- Non ! Le ridicule ne tue pas mais quand même…

L’émotion est à son comble lorsque je le recouvre de terre. Je dépose sur sa tombe une fleur de laurier rose piquée dans le jardin. Clotilde et Baptiste font de même.

- Tu te sens mieux maintenant ?

- Oui, il me semble. Il ne marchait même plus de toute façon… Oh ! Au fait quelqu’un a pensé à enlever les piles ? Car sinon on va polluer le jardin des parents de Guillaume pour un bon siècle au moins !!

Evidement, personne n’y avait pensé. Il a donc fallu le déterrer, lui enlever les piles et l’enterrer de nouveau, cette fois sans cérémonie. Ce qui nous a fait beaucoup rire.

- Allez on va se coucher, dit Baptiste. Demain on appelle THE agent immobilier qui t’a fait du gringue et s’il n’en ressort rien de sérieux au moins ça te distraira et t’oublieras...

Comme je vois où il veut en venir, je fais semblant de toussoter et je lui donne un léger coup de coude.

- …Marcel ! Dit-il très fier de son rattrapage.

Nous rentrons dans la maison et au moment de nous quitter, Clotilde me demande :

- Dis-moi Marie, ce gars, tu sais celui dont tu ne m’as pas parlé… Ça t’a fait mal que ce n’ait pas marché entre vous ? C’est ça ? Je te trouve parfois un peu triste et ça ne te ressemble pas…

- Oh Clotilde… Cette histoire ne pouvait pas fonctionner quoi qu’il arrive, et elle n’a d’ailleurs pas vraiment commencée. Ne t’inquiète pas.

Je lui souris et lui souhaite une bonne nuit, quoi que nous sachions, d’ores et déjà, qu’elle sera trop courte. Le lendemain j’appelle Xavier :

- Allo ? Oui bonjour monsieur Perrin, c’est madame Plessis…

- Oh bonjour ! Ravi de vous avoir au téléphone, mais appelez-moi Xavier !

Il est heureux que nous prenions le local car il pense vraiment qu’il était fait pour nous. Nous décidons d’un rendez-vous la semaine prochaine pour signer le bail et me propose, si je suis d’accord, de m’inviter le soir suivant à diner au restaurant pour fêter cela. Bien évidemment, j’accepte, et cela m’étonne mais je ressens un certain bienêtre à être courtisée de la sorte. Xavier m’a l’air très galant. Je verrais bien à mon retour, pour l’instant je profite encore un peu de mes vacances au soleil et de mon Lucas. Baptiste n’est pas très démonstratif lorsque je lui dis que ça y est, le local est à nous. Je comprends une fois de plus qu’il s’est disputé avec Alex. Ça devient vraiment gonflant leur histoire. En plus je vois bien qu’ils tiennent l’un à l’autre ! Je demande à Alex s’il est d’accord pour venir faire quelques courses avec moi au marché. Il accepte tout de suite. En chemin, j’essaye de lancer la discussion :

- Dis-moi Alex, tu crois que vous allez trouver un consensus avec Baptiste car vous n’allez pas tenir longtemps à vous faire la tête comme ça…

- Je sais… Je crois qu’on est dans une impasse. Je l’aime vraiment pour ce qu’il est, ses défauts et aussi ses nombreuses qualités… Mais lui, il ne m’aime pas comme je suis, il voudrait me changer. Ça ne marchera pas.

- Je pensais pourtant que vous aviez eu une discussion au sujet de votre « désaccord » et que vous aviez trouvé un point d’entente.

- C’est un peu de ma faute. Au début je pensais que parce que je l’aime, je pourrais changer. Tu sais je suis soumis…

- Oh ! euh…

- Ce que je veux dire c’est que je suis soumis dans tous les contextes, pas uniquement sexuellement…

- Ah… Ben une bonne fessée de temps en temps… Dis-je en essayant de paraître totalement à l’aise mais il me coupe la parole. Je sens qu’il a vraiment besoin de parler.

 - Il faut qu’on me domine, c’est un besoin, pas qu’on soit sadique avec moi. Je me sens en sécurité que lorsqu’on me dit quoi faire et comment le faire et j’éprouve un grand plaisir à satisfaire les attentes et les demandes même si parfois elles semblent ridicules. Je suis comme ça, je n’y peux rien… Au début je pensais que d’accepter ce que Baptiste voulait, c’est à dire ne plus être moi-même, était, d’une certaine façon me soumettre. Quelque part je devais m’y retrouver… Mais ça ne fonctionne plus… Marie je suis désespéré.

- Si je te demande de porter les sacs de courses, ça te ferait plaisir ? Lui demandé-je pleine d’espoir.

- Haha, mais bien sûr Marie, pas de souci ! C’est même un honneur.

On continue notre discussion en faisant les emplettes. Je suis bien désemparée, je vois à quel point il est mal, mais je ne sais pas comment l’aider alors je lui raconte notre fin de soirée. En rentrant, il rit aux éclats. Ce qui a du énerver Baptiste qui arrive vers nous comme une furie.

- Alors, je vois qu’on s’amuse bien quand je ne suis pas là !

- Bon je vais vous laisser… Leur dis-je en espérant filer en douce.

- Non c’est bon Marie, tu peux rester, c’est moi qui pars ! Lance Alex.

- Oui tu as raison, c’est sans doute mieux ainsi. Lui répond Baptiste.

On finit le séjour en demi-teinte. Alex est rentré en train. Baptiste a boudé 2 jours dans sa chambre sans presque jamais en sortir puis a enfin pointé le bout de son nez. Paul, toujours très fin et diplomate, m’a demandé s’il peut m’aider à rafraichir le local car il aura un peu de temps la semaine prochaine et qu’il craint que si Baptiste ne soit pas en état de le faire et qu’il me laisse seule, mes talents artistiques en peinture ne fassent fuir les clients potentiels. Je l’ai trouvé aussi très attentif à mes réponses lorsque Guillaume a posé quelques questions sur Xavier. Il doit s’inquiéter pour moi. Je pense que je ne me suis pas rendu compte dans quel état je devais être pour qu’ils soient tous aux petits soins comme ça avec moi. Guillaume lui, me complimente sur tout, mes tenues, les plats que je prépare … C’est un peu étrange, je reste sur mes gardes car j’ai surpris une certaine expression dans son regard qui était un mélange de tendresse, et d'une autre chose que je ne sais pas trop analyser. Mais peut-être que je me trompe. Ou sinon c’est le contexte, chaque année on se retrouve ici avec Lucas, comme si la famille était de nouveau réunie, sauf que d’habitude Claire est là. Et son absence a peut-être comme conséquence de rendre Guillaume un peu nostalgique. Pourtant nous n’avons rien à regretter. Lorsqu’on s’est séparé, c’était pour des bonnes raisons. On était plus attirés l’un par l’autre, on a juste réalisé qu’on était de très bons amis. Lui aussi, n’a pas l’air dans son assiette de toute façon. C’est une sorte d’épidémie. On est tous des brêles affectives, des handicapés des relations adultes, responsables et sérieuses !

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