Chapitre 12

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Une atmosphère d'obscurité et de douleur. Un cri en écho, interminable et glaçant. Une froide brûlure dans l'air, comme s'il était saturé de cendres organiques. Le crissement macabre des lourdes chaînes tandis que la plateforme descendait toujours, sans trêve, vers des profondeurs toujours plus insondables. C'était comme se laisser glisser dans les entrailles d'un monstre, tout enthousiasme ou curiosité était balayé par un sentiment oppressant d'insécurité. L'orque tira sa longue langue de sa gueule, la passa entre ses deux défenses, et goûta une goutte de sueur qui perlait sur son visage crasseux. Le goût délicatement salé le fit grimacer légèrement.
- "Êtes vous indisposé Humgratz ?"
Le warzukani était visiblement apparu derrière lui, comme si l'obscurité l'avait elle même sécrété. Sa peau noire comme de l'encre se confondait avec la pénombre, seuls brillaient ses yeux rouge sang ainsi qu'un pendentif qu'il avait au cou duquel pendait une sorte de rubis dont la teinte virait à l'orangé. Le guerrier orque dût se retenir de lui coller son poing dans la figure, c'eût été un réflexe naturel pourtant.
- "Je suis simplement agacé par la lenteur de cet acss… cet osc… asci…
- Ascenseur." corrigea le warzukani avec un sourire conciliant.
- Je le savais !" fit l'orque avec virulence. "A-t-on idée d'utiliser un truc qui a ascension dans le nom pour descendre aussi bas. Et pourquoi, par toutes les couilles de Komgatz, avez-vous besoin d'être aussi loin sous terre, aussi loin du ciel où réside Warzukan ?
- Vous comprendrez vite, Humgratz. C'est nécessaire pour accomplir nos rites. Nous n'en dépendons pas moins entièrement de Warzukan, et c'est uniquement par ses pouvoirs et sa volonté que nous pouvons accomplir les prodiges dont le seigneur Komgatz Hurlepoing a besoin."
Humgratz renifla bruyamment. Tout ces simagrées le mettaient mal à l'aise. Les warzukanis ne pouvaient-ils pas simplement vénérer Warzukan en tuant et en immolant ses ennemis sans réfléchir ? sans avoir besoin d'expliquer constamment ce qu'ils font et qu'ils le font pour Warzukan ?
Les hurlements se faisaient toujours plus insistants. Les premiers que l'on entendait, les plus forts et les plus graves, devaient provenir à n'en pas douter de créatures colossales. Plus ils descendaient, plus les cris faibles devenaient perceptibles. C'était un chœur bruyant et chaotique, des milliers de voix qui hurlaient toutes de la même douleur indicible.
La plateforme s'immobilisa avec un tremblement bruyant. Sans même attendre que le clapet d'ouverture soit entièrement rabaissé, l'elfe noir s'était élancé vers les tunnels d'un pas souple, les mains derrière le dos.
L'orque et les deux guerriers qui l'escortaient emboitèrent le pas au warzukani. Il n'y avait ici presque aucun éclairage, pourtant la roche elle-même semblait émettre un faible éclat rougeâtre qui était suffisant aux yeux des orques pour leur faire apparaître une partie du moins des tunnels. Les hurlements en écho rebondissaient sur des parois de roche noire taillées sauvagement, leur texture rappelant celle de la chair. Les warzukanis se guidaient dans cette semi pénombre avec une aisance presque agaçante. Les orques, eux, suivaient du regard les cheveux blancs lunaires de leur guide. Humgratz, qui aimait montrer son statut, rattrapa l'elfe noir et marcha à sa gauche. Son mufle s'agitait constamment, perturbé par les odeurs sinistres de ce souterrain. On sentait de la sueur froide et du sang séché. Deux choses qu'un warzuka préférait chaudes. Mais aussi l'odeur caractéristique de cuir tanné, et une foule d'autres que Humgratz sentait pour la première fois de sa vie.
Leur guide n'était pas silencieux. Il ne cessait de déblatérer des âneries pour justifier ce qu'ils faisaient ici.
"Certes la création telle qu'elle a été faite par Warzukan est parfaite puisqu'elle répond à sa volonté sur la constitution du monde. Mais si nous remodelons son œuvre, c'est justement pour accomplir Sa volonté qu'il nous dicte directement. Warzukan nous a choisis pour être ses artisans, ses serviteurs créateurs. Il nous insuffle l'inspiration, puis nous manipulons, expérimentons, modifions la chair pour lui donner des formes nouvelles plus satisfaisantes encore pour notre dieu et plus mortelles encore que celles d'origine. C'est un travail long et harassant, mais la création de nouvelles espèces pour nourrir la diversité de la guerre fait partie des vœux de Warzukan, et c'est notre devoir en tant que ses fidèles serviteurs d'accomplir sa volonté.
- Pour sûr, ouais. Mais j'attends encore de voir." bougonna Humgratz.
- "Patience, Humgratz, patience."
Des boyaux se croisaient en tous sens, et par endroits une vaste crevasse se dégageait pour former une gargantuesque grotte où tous les murs étaient rouges feu. Les orques eux même eurent un frisson en entr'apercevant les ombres qui se projetaient sur ces parois surréelles. L'elfe noir, lui, ne cilla pas. Voyant que les warzukas s'étaient arrêtés, il se retourna avec un sourire doux et d'un geste amical de la main les invita à s'approcher.
Humgratz, qui ne connaissait pas la peur, défia sa répugnance et s'avança jusqu'au rebord avant la crevasse qui faisait une tâche rouge dans la noirceur du tunnel. La grotte était nettement plus haute et son sol plus bas que le tunnel d'où il venait. Dans le rougeoyant éclat couraient en tous sens des silhouettes estropiées et carbonisées qui s'agitaient et beuglaient de désespoir. Il y avait là un chaos de gnolls écorchés, d'orques aux membres amputés, et d'humains aux os tordus. Certains agitaient des bras qui n'étaient pas à eux, trop nombreux, cousus ou soudés avec une technique subtile mais un soin grossier. Des brûlures marquaient chaque cicatrice, chaque visage, chaque parcelle de peau qui ondulait sous une croûte noircie et calcinée. Tout cela beuglait, de rage comme de douleur, et Humgratz vit même pour la première fois de sa vie des orques pleurer et supplier. Un warzuka vint courir sous le surplomb où se tenaient les visiteurs, agitant quatre bras dont la couleurs trahissait qu'ils n'étaient pas ceux d'un orque, sa gueule édentée s'ouvrant pour crier un râle ininterrompu et inintelligible, dévoilant ses gencives nues noircies par les flammes, ses dents lui ayant été arrachées.
- "Rassurez-vous." fit l'elfe noir d'un ton flegmatique. "Tous les warzukas utilisés sont volontaires. Enfin l'étaient. Ils ont en toute connaissance de cause fait don de leurs êtres pour que nous puissions exercer notre art, et leur offrir ainsi des attributs guerriers nouveaux à même d'en faire des machines de destructions rendant hommage à Warzukan lui même.
- Je suppose que le premier truc que vous faites c'est leur couper la langue pour qu'ils ne puissent pas dire qu'ils changent d'avis." rétorqua Humgratz d'un ton cynique.
- "En effet, vous avez vu juste. Nous leur arrachons aussi les dents et les ongles afin d'empêcher qu'ils ne s'ouvrent les veines. Naturellement nous les remplaçons par divers composants une fois la métamorphose terminée." il fit un geste vague de la main, comme si ce qu'il montrait était de peu d'importance mais l'amusait, tout au plus. "Ce que vous voyez là n'est que la première étape. La préparation du matériau de base. Il nous faut procéder à de nombreux préparatifs avant de pouvoir modifier la substance d'êtres vivants, et seuls les plus robustes survivent. Ici nous faisons un peu de ménage. Les faibles meurent et les autres sont… préparés psychologiquement pour l'étape suivante."
Humgratz grimaçait. Cela lui aurait presque donné envie de gerber.
- "C'est vachement moche quand même."
L'elfe noir lâcha un "ha" cynique, pouvant aussi bien vouloir dire qu'il s'en excusait que signifier que ce qui suivrait était bien pire encore.
Les warzukanis s'affairaient autour de la fosse infernale, distribuant au moyen de longues perches d'énormes blocs de viande sur lesquels leurs sujets d'expérience se jetaient avec avidité. Humgratz détourna les yeux avec dégoût tandis que le guide les menait vers un autre tunnel, sautillant presque d'excitation à l'idée de montrer les dernières créations du moment.
L'orque remarquait que tous les warzukanis ici portaient le même pendentif avec un fragment grossier de cette pierre rougeâtre, semblable à celle qui constituait les murs de la fosse à abominations. Son esprit ne chercha pas à comprendre, il s'étonna simplement en songeant que jamais il n'avait remarqué ce genre de collier sur un warzukani de la surface. Il fallait dire qu'ici, ils étaient dans le repère des architectes de la chair, une cabale d'elfes noirs dont les coutumes étaient, parait-il, capables de répugner même les autres warzukanis.
Une étrange mélopée vint s'ajouter aux gémissements monstrueux des bêtes mutantes tandis que les grognements sourds de choses trop massives pour être appréhendées continuaient de se faire entendre depuis l'endroit vers lequel ils se dirigeaient. Au fur et à mesure qu'ils approchaient, s'enfonçant toujours plus dans une pénombre glauque jusqu'à ce que même les yeux de prédateurs des orques ne leur soient plus d'aucune utilité, l'excitation du guide allait croissante tandis qu'on distinguait de plus en plus clairement un chant, comme une prière.
Ils parvinrent devant une grande porte dont les reflets métalliques transperçaient l'obscurité.
- "Nous voici aux portes de la forge du vivant !" s'exclama le warzukani avec entrain. "Préparez vous à poser les yeux sur les plus grandes merveilles qui soient. Il ne fait aucun doute que Komgatz Hurlepoing sera émerveillé lorsque vous lui conterez avec combien de zèle et de ferveur nous fabriquons des armes vivantes pour l'accomplissement de la guerre au nom de Warzukan."
Il prit une grande inspiration, et poussa la porte qui pivota lentement sur ses battants, ouvrant enfin la fabrique.
Une lumière ardente éblouit les yeux des orques, car tout l'intérieur de ces lieux était saturé de cette roche luisante et rougeâtre, et des braseros enflammés dardaient leurs rayons en chaque coin et recoin. Des flammèches dansaient en tout sens, alors que des warzukanis en robe baladaient des braseros en chantant des louanges à Warzukan. On entendait vibrer le métal de la forge et mugir, avec beaucoup plus de contrôle que ceux qu'ils avaient déjà entendus, des monstres qu'on devinait titanesques.
Passée la surprise, Humgratz observa plus attentivement l'endroit. Comme il se l'était imaginé, les warzukanis grouillaient, tous revêtus d'uniformes avec des tabliers noirs et pour certains des masques en métal qui semblaient faits pour protéger le visage d'on ne savait trop quoi. Des tunnel et des parapets se distinguaient dans toutes les directions, des échafaudages menant à chaque trou béant d'où s'échappaient des colonnes de fumée aux couleurs de mauvais augure. Des elfes noirs marchaient côte à côte en discutant comme des étudiants excités par tout ce qu'ils faisaient. Aucun ne sembla prêter attention au groupe d'orques qui venait de pénétrer dans la forge du vivant.
- "Cette pierre que vous voyez est un divin don de Warzukan pour nous permettre de nous acquitter de notre tâche." expliquait le guide tandis qu'ils entraient tous dans cet espace suffocant de lumière et de chaleur brûlante. Humgratz eut même l'impression que son cuir allait griller comme la viande à la broche.
- "C'est de là que ça vient qu'il fasse chaud comme ça alors qu'on est sous terre ?" demanda-t-il.
- "Tout à fait. Cette pierre, nous l'appelons Immolite. Elle abonde en ces lieux, et heureusement car elle est à la base de toutes nos œuvre. On la surnomme parfois «feu solide». En plus d'émettre naturellement sa propre chaleur brûlante, l'Immolite est un lien direct avec le seul vrai dieu de ce monde. Ceux qui étudient l'Immolite finissent par entendre sa voix, directement. C'est pourquoi certains lui vouent des prières. Le premier architecte du vivant a été mené sur cette voie par les ordres qu'il entendait émaner de la pierre rouge. C'est un véritable don de Warzukan. C'est indéniable."
Humgratz avait beau ne pas se vanter de son intelligence, il ne pouvait s'empêcher de raisonner en se disant que si c'était aussi indéniable que le guide le prétendait, il n'aurait nul besoin d'insister autant là dessus.
- "Et… en quoi ça vous permet de modifier les gens au juste ?
- C'est que cette matière peut fusionner avec la chair de toutes les créatures de Warzukan. Elle est de même essence que le vivant, et en l'utilisant astucieusement, l'Immolite peur servir à souder les chairs de n'importe quel être vivant à n'importe quel autre. Le reste est une question de maîtrise du métabolisme et de la psyché du sujet. Car il est aussi question de la flamme intérieure, de l'âme. Pour obtenir les meilleurs résultats sur le remodelage du corps, il faut que l'esprit soit tout autant malléable, ce qui nécessite de briser mentalement les sujets. Nous y parvenons par de nombreuses pratiques de tortures très intenses, la section torture se trouvant de ce côté-là."
Ce faisant il désigna un tunnel devant lequel ils passaient. Les deux guerriers de Humgratz déglutirent, mais le chef orque ne broncha pas.
- "Au fil de millénaires de pratiques et d'expérimentations, tout est devenu possible du moment que l'esprit du sujet est convenablement brisé par la torture. Warzukan a conçu l'âme et le corps dans un même feu, et l'on ne peut en modifier l'un si l'autre ne suit pas, vous comprenez ?
- Non, et je m'en fiche. Je suis là pour voir ce que ça donne comme résultat, pas savoir comment ça marche.
- Oh oh, mais vous ne serez pas déçu. Les implantations de nouveaux membres ne sont plus, de nos jours, qu'une banalité. Nous avons également les moyens de modifier forme et corpulence, presque à volonté. Cela nécessite souvent des compromis, des implants dans le squelette et des tentatives multiples car beaucoup d'individus meurent écrasés par leur poids, ou alors une partie croît plus vite que les autres et vire à la tumeur. L'avantage est qu'on peut recycler la viande des morts pour nourrir les suivants. C'est toujours un travail assidu et difficile avant d'obtenir la bonne taille et la bonne corpulence, et il nous faut ensuite tester les choses en les faisant se battre en arène pour observer les possibles défauts à corriger…"
Alors que le guide parlait, ils continuaient à marcher et Humgratz l'écoutait sans rien comprendre ni chercher à comprendre. Il se mît à rêver d'une viande de sanglier qui grossirait à vue d'œil pendant qu'on la mange alors que les paroles du warzukani excité pénétraient son esprit béotien.
Ils passèrent sous un échafaudage duquel deux warzukanis guettaient avec avidité les orques, ce que ces derniers n'apprécièrent pas vraiment. Ils entrèrent ensuite dans un tunnel où se croisaient d'autres architectes de la chair, masqués de fer et portant tous des outils en forme de longue tige pourvue d'une large pince à l'extrémité, sans doute pour manipuler des sujets à distance. Humgratz fut abasourdi devant la longueur absurde de certaines de ces perches. Si quatre ou cinq mètres était encore une longueur qui lui évoquait les lances des humains, lorsqu'ils virent passer deux elfes noirs tenant une perche longue de douze bons mètres, l'orque écarquilla les yeux. Il se demanda un instant si leur longueur absurde était en rapport avec la taille des bestioles dont ils s'occupaient, ou plutôt à la dangerosité de celles-ci, car s'il fallait être à douze mètres au moins pour interagir…
Cependant, le guide n'avait pas réellement cessé de parler, et il chercha à attirer l'attention du chef orque sur une autre récente découverte des siens.
- "La dernière grande trouvaille de la forge du vivant est celle que tous recherchaient avec impatience depuis des milliers d'années. Pourvoir nos créations d'armes en Immolite pure. Nous avons longtemps cru que c'était peine perdue, le matériau étant trop mortel pour son utilisateur. Mais finalement la méthode s'est perfectionnée, et nous avons découvert que selon la façon dont on la taillait, l'Immolite n'a pas les mêmes propriétés. De plus, il s'est avéré qu'une bonne part du problème venait visiblement de ce que nos méthodes de tortures n'étaient pas encore suffisantes. Nous avons réglé ce problème, et désormais…" son sourire ingénu laissa place à un rire terrifiant, même pour des orques. "Nos créations sont plus terribles et dévastatrices que jamais elles n'ont été ! Oui ! À n'en pas douter le seigneur Komgatz sera éberlué car désormais, une seule arme sortie de nos forges vaut toute une armée !"
Dans son sourire l'on voyait briller ses dents blanches et pointues autant que ses yeux en rubis. C'était un spectacle effrayant, mais pas autant que ce qui les attendait ensuite.
Ils débouchèrent devant une nouvelle crevasse d'où émergeaient des grognements qui semblaient étrangement familiers à l'oreille de Humgratz. C'étaient des grognements de warzukas, mais d'une voix plus forte et plus grave. Trop forte. Trop grave. Une voix aussi puissante ne provenait d'aucune des créatures que Warzukan avait cru bon de placer sur son monde.
- "Voici l'une de nos plus fiables création. Amélioration des thralls d'antan, trop peu fébriles, voici les féroces et destructeurs thralls d'Immolite !"
Dans la crevasse, où la présence d'Immolite devenait aveuglante, deux dantesques créatures s'affrontaient du regard. Leurs corps massifs et ventrus avaient presque une morphologie de pachydermes, mais leurs épaules et leur torse étaient constellés d'éclats de pierre rouge transperçant leur cuir verdâtre. Leurs défenses grossières et immenses étaient en acier forgé et jaillissaient de gueules difformes dont les dents étaient des pierres pointues fichées dans les creux de leurs gencives. Mais surtout, ce qui rendait ces deux warzukas géants dont la taille devait avoisiner les cinq mètres de haut si particuliers, c'était la façon dont leurs avant-bras voyaient leur peau et leur chair sauvagement amputée et presque liquéfiée comme des sortes de croûtes scabreuses pour mieux entourer d'énormes blocs de cristal rouge. Ceux-ci étaient taillés en prismes dont le diamètre avoisinait l'épaisseur des bras des créatures, mais la longueur devait bien être de trois mètres avec à leur bout une pointe grossière. Il en émanait une brûlante rage qui enflammait l'air autour des thralls tandis qu'ils se hurlaient dessus l'un l'autre.
- "Vous pouvez les voir comme des sortes de warzukas en permanence exaltés grâce a la présence du divin Warzukan à leurs côtés." fit le guide. "Sous la forme d'Immolite bien sûr. Nous aimons tout particulièrement travailler avec des warzukas car leurs capacités de régénérations offrent bien plus de possibilités.
- C'est la plus grosse bestiole que vous avez ?
- Ça ? C'est une des plus minuscules." l'elfe noir ricana en pensant à quelque chose. "Il faut absolument que je vous montre notre dernier chef-d'œuvre."
Pendant ce temps, les deux thralls se chargeaient l'un l'autre avec la férocité de sangliers enragés. Dans un tourbillon de brûlures et de sueur, leurs deux corps estropiés se heurtèrent avec un son mat. Ils luttèrent à coup d'épaules, puis l'un d'entre eux se recula pour frapper avec son appendice en Immolite. Toute la zone touchée par le cristal chez son adversaire brûla comme sous l'effet d'un métal à blanc, noircissant le cuir épais en une fraction de seconde en même temps que la victime hurlait sa douleur. Le deuxième toutefois se ressaisit rapidement et leva en l'air des deux bras pour frapper l'autre sur la tête, ce qui sonna un instant la grosse bête qui avec un rugissement finit par se jeter sur son ennemi pour le mordre férocement de sa mâchoire garnie de crocs en pierre qui arracha des lambeaux de chair avec un déchirement sourd. Les deux Thralls d'Immolite se débattirent l'un contre l'autre jusqu'à ce que celui qui s'était fait mordre éloigne son adversaire d'une ruade avant de lui planter de toutes ses forces son appendice d'Immolite dans le torse. Le cristal rougeâtre s'avéra bien plus solide que le corps du colosse qui se retrouva empalé. Ébahi par la douleur, il passa ses derniers instants à hurler tandis qu'un feu incandescent lui rongeait la chair en jetant des étincelles surnaturelles. Le sang et les fluides vitaux s'évaporèrent avec de grands volutes de fumée, et la créature s'effondra en arrière tandis que le vainqueur se jetait aussitôt sur sa carcasse pour la dévorer.
- "Ça a l'air solide votre Immo-truc." siffla Humgratz qui avait gardé un œil sur le combat alors qu'ils s'éloignaient. Le guide eut un rire jovial.
- "Vous vous en doutez bien. Avec ça, ils n'ont aucun problème pour écraser n'importe quelle armure que les humains puissent créer. Même leurs meilleures cuirasses ne valent rien face à la sacro-sainte puissance de l'Immolite. Et c'est précisément la raison pour laquelle nous avons eu l'idée de la créature la plus colossale que l'on ait jamais conçue, ici dans la forge du vivant..
- C't-à dire ?" Demanda Humgratz, assez méfiant, alors que le guide ouvrait une porte.
- "Le bélier vivant !" s'écria celui-ci, au comble de l'exaltation jaculatoire. "Pas n'importe quel bélier. Entièrement de chair et d'Immolite, indestructible, capable de se régénérer en temps réel comme un warzukas et chacun de ses coups est une éruption de flammes dévastatrices. Avec lui, aucune porte, que dis-je, aucune muraille ne pourra vous résister. C'est bien simple, il est une armée de siège à lui seul. Plus de cinquante mètres de long pour dix de large et vingt de haut, il est assez grand pour placer des soldats sur son dos. Il est extrêmement dangereux toutefois, car le moindre de ses mouvements peut provoquer une catastrophe."
Humgratz eut un frisson. C'était étrange, pourtant il ne faisait pas froid. Ils arrivèrent dans une grotte titanesque, et devant eux, entouré de centaines de warzukanis en train de l'astiquer et d'entretenir les lourdes chaînes qui maintenaient son immense corps immobile, ils le virent.
Un orque vomit, l'autre se cacha les yeux. Cependant, Humgratz lui, fixait sur la chose un regard ahuri.
- "Foutre de chiasse de couille ! Alors ça… ça… c'est tellement… Bwah ! J'aimerais pas avoir ça sous le nez en prenant mon petit déj quand même."

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