Chapitre 18

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La crise est passée. Juste après mes mots, Liam a laissé s’envoler ses maux, ses doutes et ses craintes. Il s’est laissé aller à une confiance. Et je lui en suis reconnaissante.

Ce matin, mon réveil sonne et c’est sans difficulté que je me sors de dessous la couette. Je vais à mon portant, où est déjà attachée ma tenue du jour : un jean bleu foncé un peu destroy et un tee-shirt ample. Puis je quitte la maison, après avoir embrassé ma mère et mon beau-père qui sont de passage, pour prendre mon bus.

Ce matin, je commence un peu plus tard, mon professeur d’algèbre étant absent. Je flâne sur un banc du patio avec Liam, sa tête sur mes genoux. Je passe mes doigts dans ses cheveux en bataille alors qu’il me raconte avec énergie la dernière soirée, à laquelle je ne suis pas allée.

Mais je ne l’écoute plus. Je n’arrive plus à faire attention ni à analyser les mots qu’il prononce. Au loin, j’aperçois le garçon que j’ai croisé la semaine dernière. Le même qui m’a replongé dans mon passé. Celui qui ressemble en tout point à Ethan. Il a la même démarche, la même assurance et le même charisme. Peu importe qui nous sommes, nous nous retournons sur lui quand on le croise. C’est automatique. Il est au loin et il me sourit. Il m’a vu et m’offre un sourire timide, comme intimidé par son propre geste. J’essaie d’y répondre. Mais c’est Liam qui me ramène à la réalité. Il m’étreint. Fort. Il saisit mon visage entre ses deux grandes mains réconfortantes, et vient plaquer délicatement ses lèvres contre les miennes. Je mets un temps avant de comprendre que c’est lui, avant de lui rendre son baiser. Je mets un temps parce que je sens que ce n’est pas Ethan. Et ça m’effraie. Tout était plus simple avec Ethan. Mais il n’est plus là, et Liam l’est. Liam est présent et Liam m’aime sans conteste. Pourtant, je ne peux m’empêcher de me rappeler que ces deux histoires se ressemblent, l’une comme l’autre a débuter avec un jeu. Seulement, dans un cas, je le savais, dans l’autre, je l’ai appris des années plus tard.

  • Qu’est-ce qu’il se passe Emma ? Pourquoi tu pleures ? me questionne Liam.
  • Pour rien. Ça va.
  • T’es sûre ? T’es toute pâle.
  • Ça va je te dis, Liam. Arrête de t’inquiéter comme ça.
  • Bah oui je m’inquiète, on dirait que t’as vu un fantôme.

Tu ne fais pas si bien dire... Je ne sais pas si je deviens folle ou si c’est une pure coïncidence, mais ce qui est sûr, c’est que cette situation m’angoisse, je ne veux définitivement pas retourner dans le passé, je ne veux pas souffrir à nouveau comme quand je tombais sur des photos de mon amour perdu. Je ne veux plus avoir les larmes qui me montent quand j’emprunte la route pour sortir de la ville. Je veux de nouveaux moments avec Liam, qui, jamais, n’effacerons ceux que j’ai eu avec Ethan, mais qui au moins sauront compenser cette perte.

À la pause de midi, Maya me prend à part et me fait une remarque, qui me prouve que je ne suis pas devenue folle. Elle m’apprend que, plusieurs fois, elle avait croisé un garçon qui ressemblait trait pour trait à celui que j’ai, fût un temps, tant aimé. Je ne réponds pas, et cette absence de réponse déclenche en elle une vague de culpabilité qui se mêle à de l’inquiétude et cette vague vient alors s’abattre sur moi. Sur mon cœur souffrant. Je ne suis pas folle. C’était bien son portait. Il n’était pas le fruit de mon imagination. Je n’ai pas rêvé ses sourires, je n’ai pas rêvé ses regards. Tout était bien réel. Et, à cet instant, je n’arrive pas à l’accepter. Alors, sans un mot, sans un coup d’œil, je me lève et pars, d’abord lentement, ne sachant pas comment apprécier les distances aveuglée par les larmes, puis je m’enfuis, sans savoir où aller.

Je passe une première porte menant à l’intérieur du bâtiment, puis, alors que j’arrive à hauteur de la sortie du lycée, une main m’attrape le bras, me forçant à lui faire face.

•••

Mercredi 27 Mars.

Cela fait plusieurs jours qu’Ethan n’est pas venu en cours. Il ne répond presque pas à mes messages. Il devait me rejoindre pour aller à la cascade. Mais à la place, j’ai reçu un appel. Quand j’ai décroché, j’ai entendu des sanglots au bout du fil. Et, avant que je ne puisse dire un mot, la personne au bout du fil a raccroché. Je ne saurais même pas dire si c’était un homme ou une femme. Mais cette personne souffrait beaucoup, je pouvais l’entendre. Un message s’en est suivi.

De :Ethan

Bonjour Emma. C’est le père d’Ethan. J’aurais préféré t’annoncer cela de vive voix, mais je n’en ai pas la force. Ethan est parti.

Le message avait été si violent, je m’étais effondrée au sol. Je ne réalisais pas et j’ai relu le message plusieurs fois pour être bien sûre de comprendre. Il m’avait abandonné, sans un mot de plus ni au revoir. Je n’avais pas pensé à la mort. Je pensais qu’il n’avait pas eu la force de me quitter et avait fui. Mais ce n’était pas le cas.

Je l’ai su le lendemain matin. Le journal avait été déposé devant chaque maison. Cette semaine, mon beau-père était à la maison et il m’avait étreint quand je m’étais levé. Je n’avais pas compris et l’avais repoussé. Ma mère m’avait expliqué qu’ils avaient lu l’article sur l’accident et la photo sur le côté. Je ne comprenais rien à ce qu’ils me disaient. C’est quand ils m’ont tendu le journal que j’ai compris. Des larmes ont perlé aux coins de mes yeux et j’ai senti mon cœur s’envoler en même temps que mon âme sœur s’envolait aux cieux.

Quand je suis retournée au lycée une semaine après son enterrement, les têtes se retournaient sur moi, cette fille qui avait toujours fait attention à son apparence. Ce jour-là, je revenais alors que je n’étais ni maquillé ni coiffée convenablement. Certains n’étaient surpris que par ce changement brutal d’apparence, mais pour la plupart, mon retour était prématuré. Ils attendaient que je pète un câble avec impatience, selon leurs mots. Alors toutes les fois où j’étais tentée de laisser ma colère diluée par la tristesse m’envahir, je me suis canalisée. Ils n’auront jamais raison.

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