Chapitre I - PROLOGUE

3 minutes de lecture

  Les lumières de sécurité éclairaient d'une lueur blafarde les coursives aux murs couverts de sang et d'entrailles. Dans les zones où la luminosité disparaissait en raison d'équipements défectueux, les corps déchiquetés des scientifiques, et de ceux qui étaient censés les protéger, étaient partiellement dissimulés dans les ombres et s'accumulaient en masses difformes.

  Trois silhouettes couraient à en perdre haleine. Leurs respirations saccadées déchiraient leurs poumons meurtris, et la sueur coulait dans leurs bouches en flots acides qui manquaient de les étouffer.

- Continuez à courir ! Ne vous arrêtez pas ! cria celle qui était le plus en arrière.

  L’affichage tactique de sa visière clignotait frénétiquement des alertes de proximité. Quelque chose se rapprochait rapidement du groupe. Partout le carnage. Les visages déformés sur les corps tordus de ceux qui possédaient encore une tête semblaient hurler une horreur indicible.

  Des cris inhumains surgissaient des ombres écarlates crées par les luminaires éclaboussés de sang. Ils s'incarnaient directement dans les dépouilles, poussant le trio dans une fuite effrénée.

  Ce n’était pas ces cris que le groupe avait entendus en premier, mais ceux de leur camarade déchiqueté plus tôt.

  Ils n’avaient rien vu venir.

  S'ils survivaient, ces hurlements resteraient à jamais liés dans leur esprit à ces lieux de terreur… s'ils survivaient.

  Au détour d'un nouveau couloir écarlate l'homme de tête marqua un temps d'arrêt avant d'interpeller les autres d'une voix altérée par l'effort.

- Par ici ! Suivez-moi, droit devant ! La zone de stockage est là.

  Au bout du couloir une porte blindée massive obturait le passage. Sur le chambranle l'inscription « Zone de Stockage N°3 » indiquait sans équivoque son usage et sa localisation. Le trio accéléra sa course pour atteindre ce qu’il devait considérer comme un refuge. Pourtant, comme les cris redoublaient soudainement d'intensité, la silhouette au centre se retourna brusquement en stoppant sa course.

  La jeune femme réalisa en un instant que c'était une erreur, mais elle ne put résister à la pulsion qui lui demandait de regarder en arrière. Elle avait besoin de voir à nouveau cette vision d'horreur pour en prendre pleinement conscience et pour se confronter à une réalité qui dépassait son entendement.

   La dernière du trio la dépassa en manquant de la percuter, mais elle resta pourtant figée dans sa stupeur devant le spectacle indicible qu'elle regardait les yeux exorbités. La coursive était devenue une monstruosité grouillante. Le couloir semblait animé d'une vie propre, gigantesque intestin secoué de spasmes. Des murs au plafond des vagues d'ondulations se formaient au son de cliquetis assourdissants à déchirer les tympans. L'affichage tactique en était complètement saturé.

  Pourtant, au milieu de ce chaos elle ne pouvait détacher son regard d'une silhouette indistincte. Floue. Comme une image sur laquelle on aurait zoomé de manière excessive afin de distinguer un détail en arrière plan

  Les vagues étaient maintenant presque sur elle. Elle ne bougeait toujours pas, comme si le temps avait suspendu sa course et l'avait englué dans sa toile.

- Kat ! Bouge !

  Le cri se fraya un chemin jusqu'à sa conscience et la tira soudain de sa stupeur. Des décharges d'énergie jaillirent autour d'elle, la forçant à se plaquer contre la paroi, frappant de plein fouet les vagues qui semblaient prêtent à l'engloutir. Les explosions concentrées ajoutaient des nuances orangées à la rougeur du couloir.

  L’homme de tête avait ouvert le feu sur la masse grouillante en protégeant sa camarade revenue sur ses pas pour la chercher. Elle attrapa Kat par le bras en la tirant violemment vers la porte maintenant ouverte.

  Dans un dernier sursaut, les deux jeunes femmes rejoignirent leur équipier à l'intérieur. Il tira la porte derrière elles qui se verrouilla dans un puissant claquement métallique.

  L'extérieur hurlait de plus belle dans un cri déchirant. Quoique ce fût, ce qui se trouvait dehors cherchait à entrer dans la zone de stockage n°3 afin d'assouvir sa soif de sang.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Maharbal ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0