Chapitre 9 : Celle qui part en week-end

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Les jours s'écoulent tranquillement. Avec mes trois jours d'arrêt et le week-end, je reviens fraiche et dispose au collège. Mon retour se passe bien, même si, du coup, tout le monde est déjà au courant de ma grossesse sans que je fasse de véritable annonce. Marie a eu le temps de digérer la nouvelle. Je vois bien qu'elle jette parfois des regards envieux vers le repli de mon ventre qui donne l'illusion que j'ai abusé de kebab. Mais elle arrive à m'en parler et s'inquiète pour moi. Je ne pourrai jamais comprendre à quel point ça doit être difficile pour elle. Je secoue la tête pour remettre de l'ordre dans mes pensées. On ne m'avait pas prévenu que les hormones ça rendait stupide... J'oublie tout et je m'éparpille.

Je suis face à ma valise que je remplis depuis plus d'une heure. Maillot de bain ! J'ai oublié. On va faire trempette pendant deux jours et j'oublie l'essentiel. Un sourire se dessine sur mes lèvres à l'idée de me glisser dans l'eau chaude du jacuzzi. J'ai hâte. J'en ai besoin. On en a toutes besoin d'ailleurs. Surtout Caro... Elle vient avec Gustave finalement. Elle n'a pas réussi à préparer assez de réserves de lait pour que son mari le garde. Et Matt n'a pas dû insister beaucoup. Parfois, je me demande si c'est pas plus simple de vouloir faire un bébé toute seule, vu que, de toute façon, les femmes semblent assumer la majorité de la charge mentale dans les familles.

***

De la véranda, Laura crie :

— J'allume le jacuzzi, vous prenez le vin ?

En rigolant, Cathy prépare un plateau avec une bouteille de vin et un cocktail sans alcool pour Caro et moi. Emmitouflées dans des peignoirs, on rejoint Laura qui trempe le pied.

— C'est divin, venez !

Quand nous sommes installées dans l'eau à 37°, Caro parvient à nous rejoindre, elle installe Gustave qui s'est endormi en tétant dans un couffin à côté de nous. Quand elle s'immerge, j'ai l'impression que son visage se déplisse. Elle sourit.

— Ça fait du bien, hein ?

— Tellement, me répond-elle.

— On va te pouponner, explique Cathy rayonnante. Enfin, vous pouponner. Avec Laura, on va gérer les repas ! Et vous allez pouvoir dormir. Et si tu peux tirer ton lait Caro, je m'occuperai de donner un biberon pendant que tu dors cette nuit.

Notre amie aux traits fatigués ouvre la bouche de surprise.

— Tu ferais ça ?

Cathy hoche la tête.

— Puisque je te propose.

— C'est vraiment gentil...

La voix de Caro tremble tellement elle est émue. Ses yeux noisette brillent de larmes contenues. Je ne peux m'empêcher de l'enlacer. Son chagrin est contagieux.

Dans mon dos, je sens Laura et Cathy qui nous rejoignent.

— Ah non, on est pas venues pour pleurer, hein ? s'exclame Laura. Tu veux pas boire un petit verre de vin Caro ? Tu peux pas du tout ?

Caro se mordille la lèvre.

— Je ne préfère pas.

— Bon maintenant qu'on a abordé les sujets fâcheux, passons à quelque chose de plus drôle. Athéna, t'as eu des nouvelles de ton super gynéco ? s'esclaffe Laura.

Nous pouffons toutes de rire.

Quand elles sont calmées, j'explique :

— Il m'a écrit dans la semaine.

— Il t'a écrit ? s'étonne Caro.

— Pff, il est amoureux de son vagin, commente Laura.

Je crois qu'elle a un peu abusé du vin.

— Il m'a demandé si c'était parce que j'étais enceinte que j'avais refusé de le voir.

— Oh le pauvre mec malheureux qui cherche à rassurer son ego ! Y a forcément une raison pour qu'une fille ne veuille pas me revoir. T'as qu'à lui dire qu'il a une petite bite...

Laura rigole toute seule. Cathy lui donne un coup de coude.

— T'as pas fini ? C'est mignon. Il a peut-être eu un coup de foudre pour Athéna et maintenant il voudrait retenter sa chance. Même si elle est enceinte.

— Ou il kiffe coucher avec des femmes enceintes. Après tout, il est gynéco. Il a sûrement des goûts étranges, propose Caro.

Super ! Je me sens vachement mieux après toutes leurs idées. je grimace.

— J'ai pas répondu... Je sais pas si je veux. Et puis, je ne sais pas quoi dire.

— Bah la vérité, s'étonne Cathy avec des étoiles dans les yeux. Tu l'aurais revu si t'étais pas enceinte ?

J'acquiesce.

— Oh c'est trop chou, minaude-t-elle. On dirait une comédie romantique ! En plus, le destin vous a réunis !

— Sauf qu'on n'est pas dans un des romans que tu dévores, rappelle Caro Je crois quand même que tu devrais vérifier que c'est pas un fétichiste.

— Eh comment elle ferait ça ? Salut Gabriel, je veux bien qu'on se revoit. Mais d'abord je veux connaitre tes fantasmes ? Ou salut, pourquoi t'as choisi de faire gynéco ? Un truc avec les chattes mal en point ?

— Berk ! nous écrions-nous Cathy, Caro et moi.

Laura sourit jusqu'aux oreilles.

— Je pense que la vérité, y a que ça de bien. Si ça se trouve, il veut juste rassurer son ego, et dans ce cas il sera content. Ou alors, tu lui as tapé dans l’œil... reprend Caro.

— Mmmh, je vais voir...

Mais Gabriel obsède le fond de mes pensées tout le reste de la soirée. C'est vrai qu'il avait l'air très gentil. C'est tellement rare qu'un type rencontré dans un bar te propose de se revoir. Et à l’hôpital, il a été si professionnel sans s'offusquer. Juste ces quelques phrases à la fin.

Avant de me coucher, ce soir-là j'hésite puis je réponds enfin à son message.

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