La proposition

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Sur le chemin du retour, Louis marche sans en avoir conscience. Il est ailleurs, les récents évènements remettent en question tous ses projets. Sa discussion avec Mademoiselle de Montaigu tourne en boucle dans sa tête.

A la ferme, les parents ne sont pas au courant de sa démarche, il est préférable de ne rien leur dévoiler. Il sera seul à attendre un signe de la jeune fille.

Les jours suivants, tout semble normal en apparence, mais les enfants sont trop sages, le père trop renfermé et la mère parle sans arrêt de choses et d’autres, des nouvelles des voisins, des papotages, pour donner l’apparence que la vie est restée la même. Un étranger ne s’apercevrait de rien, pour les amis de la famille, l’atmosphère leur parait pesante et ils n’osent plus tellement venir prendre un café ou un apéritif. La ferme s’isole, un peu.

Louis devient un acharné du travail, son jardin est négligé, il consacre son temps libre à aider Henri dans sa convalescence et le plus clair de ses soirées avec ses deux vieux amis.

Un matin, un jeune garçon lui apporte une missive. Elle est signée par Annabelle, qui lui donne rendez-vous le lendemain, dans sa propriété, son père étant absent pendant plusieurs jours.

Louis n’y croyait plus vraiment, il est surpris et impatient.

La rencontre a lieu dans le petit salon de Mademoiselle de Montaigu. Elle est toujours aussi jolie et ses yeux pétillent de malice. Mais quand elle parle, ses propos sont clairs et réfléchis.

« Voici ma proposition dit-elle

J’ai décidé de retourner vivre avec ma mère dans notre propriété de Nice. La raison est très personnelle et je ne vous embêterai pas avec ça.

Nous avons là-bas un parc immense et j’aimerais que vous veniez travailler pour nous ».

Louis attend la suite, il est inquiet car le problème surgit en lui comme un boomerang, laisser ses parents dans la situation actuelle, est impossible.

« Je sais ce que vous pensez, continue-t-elle, mais j’ai la solution. Je vais vous donner la somme que vos parents doivent à mon père, afin d’éviter que la famille se retrouve sans toit. Votre salaire vous permettra au début, de me rembourser, car vous serez logé et nourri.

Je sais que vous êtes passionné de botanique, je vous ai quand même surpris à la bibliothèque, dit-elle avec un sourire ironique. Ce que j’attends de vous, une fois que vous aurez appris auprès de nos jardiniers, qui sont très expérimentés, c’est que vous réalisiez un projet pour ce parc. Je vous en expliquerai les grandes lignes, en temps voulu, et si bien sûr, votre travail nous satisfait.

Le visage de Louis prend une expression incrédule. Il n’est pas certain d’avoir bien entendu, une telle proposition est tellement inattendue que ses yeux s’écarquillent. Annabelle rit. Elle est spontanée, complètement différente des gens de son rang.

Il bredouille des sons incompréhensibles et se ressaisissant il dit:

« Je ne sais pas comment vous remercier, c'est évident que j’accepte, je vous promets d’être à la hauteur de vos espérances. C’est une chance inespérée pour moi.

- Ne me remerciez pas, c’est la moindre des choses que je puisse faire pour essayer de réparer les actions de mon père dans la région. C’était la seule raison pour laquelle, je vivais avec lui, c’est aussi la raison de mon départ. Je ne peux plus assumer toute seule cette culpabilité.

- Je suis désolé. Je ne pensais pas et je m’en excuse que vous étiez malheureuse de cette situation. J’aimerais prendre votre relais, plus tard, afin que nos paysans puissent enfin relever la tête et sortir de cette emprise. J’en fais le serment. Je pars avec vous pour un avenir meilleur, mais je ne veux pas laisser derrière mois, une telle misère.

- Vous êtes bien décidé, mais sachez qu’il faudra beaucoup de courage et d’abnégation pour y arriver, car une fois que mon père ne sera plus de ce monde, d’autres se chargeront de prendre sa place.

- J’en suis convaincu, mais au moins, j’essaierai.

- Pour l’instant, il est plus important que vous sauviez vos parents, il ne vous reste que quelques heures avant que ses sbires viennent les déloger. Prenez l’argent. Surtout ne rien dire à mon père, c’est ma condition. Il serait furieux.

- C’est entendu, je file leur annoncer la bonne nouvelle et me préparer pour le départ. Quand partons-nous ?

- Dans une semaine, jour pour jour, à 5 heures du matin, je ne veux pas que mon père nous voit partir. Nous passerons vous prendre à la ferme. Vous avez le temps de prendre vos dispositions.

- Je serai prêt »

Louis prend congé en se courbant en une petite révérence et part en courant sur le chemin menant à la ferme.

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