Les uns sur les autres

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Chez moi, les grains de sable se répandent allégrement. Ils créent du mouvement entre l’extérieur et l’intérieur, pas comme mon voisin du dessus qui tourne en rond entre ses quatre murs. Des murs, un sol et un plafond qui ont visiblement été bâclés lors de leur construction. L’architecte se rend-il compte de la caisse de résonnance qu’il a édifiée ? C’est à se demander si je vis chez moi ou chez l’autre. Il parait qu’il est sicilien. Je confirme. Je suis à deux doigts de devenir bilingue en italien. Je ne le vois pas souvent, mais par contre je l’entends, le bougre. Son seul hobby est de tousser, je crois. Avant de le rencontrer pour la première fois, j’imaginais sa tête être une horloge coucou, complètement déréglée – le genre d’horloge démodée qui donne la mauvaise heure et surtout quand on ne la veut pas l’entendre – trônant sur une large gorge remplie de glaires pour déboucher sur un corps très raide se terminant par de petits pieds en forme de rondins.

Je n’avais pas hâte de le croiser. Je dus m’y résoudre lorsque je constatai une fuite d’eau provenant de là-haut. J’allais rencontrer l’amabilité personnifiée, à peu de chose près. Me voilà qui appuie sur sa sonnette : pas de réponse. Dame Nature m’a doté de perspicacité et je la remercie. Je sais qu’il est chez lui, car c’est un peu comme s’il était chez moi donc je sonne à nouveau : pas de réponse. Monsieur ferait la sieste ? C’est probable. En attendant, j’ai de l’eau qui ruisselle sur mon mur donc, peu m’importe. Je sonne encore : pas de réponse. Quand on est déterminé, peu importe l’obstacle. Je sonne pour la quatrième fois. J’entends des pas approcher. Je tente le tout pour le tout et je l’informe que c’est la voisine du dessous. Une porte s’entrouvre, à peine, juste pour que je découvre son faciès loin de mon imaginaire débridé. Monsieur a les cheveux ébouriffés et probablement le dentier en train de se la couler douce dans un bain. Tant pis pour lui. Je saisis ce bref instant pour l’informer de la déconvenue. Je le dérange et il n’en a visiblement rien à battre de ce que je dis. « Une fuite chez moi ! Allons bon, c’est n’importe quoi ! Pas de ça chez moi ! » Il me prend pour une demeurée. La suite prouvera le contraire et grâce à un expert mandaté par mon assurance, il aura son bec cloué. Le raccord du tube d’installation de sa nouvelle machine à laver fuyait.

Vivre dans une cage en papier crépon est assurément de toute beauté.

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