XLVIII.

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Puis les hommes de Roche, les Tournepierre aujourd’hui presque éteints, naquirent de ses mains dans les montagnes altières. Patients, lents de mouvement mais à la longue vie, ils se donnèrent pour tâche de guider les prochains enfants de Mécanâme.

(Le Livre des Mères)


L’impact de gouttes tombant sur son visage réveillèrent Gudrun. Lentement, elle prit conscience de la fraîcheur de l’air, des exhalaisons vertes de la végétation mouillée, du mouvement de balancier qui la berçait, du bruit des roues de son chariot et de pieds s’arrachant à la succion de la boue sur le chemin. Après une profonde inspiration, elle ouvrit les yeux sur le ciel gris.

Cela faisait bien dix jours que la tribu du Guérisseur avait quitté Husgard. Quand elle repensait aux circonstances qui avaient amené ce départ, elle sentait son estomac se nouer…

*

La jeune femme gravement blessée venait tout juste d’être étendue dans le tipi de Guérison. Malgré sa faiblesse extrême, il lui arrivait de reprendre conscience. Des éclats de voix montant crescendo l’avaient fait émerger de sa torpeur teintée de rouge et de douleur.

— Alors, tu fais passer quelques lâches effarouchés avant une amitié de longue date ?

Eir aurait pu trancher dans la pierre avec sa voix.

— Bien que cela me brise le cœur, amie, je suis avant tout au service de mon peuple. Je dois le protéger, quoi qu’il m’en coûte. Même si cela m’oblige à te faire partir pour éviter d’attirer les Rougeâmes ici.

La douceur perceptoble dans la voix de Solveig avait choqué Gudrun. Quelle discordance entre ce ton raisonnable et l’implacabilité de ses propos !

— Tu as donc peur, toi aussi ?

— Comprends-moi, Eir : les Cage d’Os n’auront protégé ni le clan de cette enfant, ni le tien . Pire, elles se sont brisées. Les seuls capables de nous protéger de ces créatures ne resteront pas éternellement avec nous : les Mécanoïdes sont repartis ce matin. Certes, ils nous ont laissé quelques armes à feu, de celles qu’ils appellent pistolet à silex. Mais las ! nous n’en avons point suffisamment pour équiper tous nos guerriers et ils ne savent pas encore bien les utiliser. Quant aux Pierrefendre, nos amis des glaciers s’en iront dans quelques jours, une semaine au plus, je le crains.

— C’est bien ce que je dis : tu as peur. Lâche !

— Amie…

— Non. Ne m’appelle plus ainsi. Nous partirons au plus vite. Mais sache, reine de glace, que si ce voyage coûte la vie à mon Adoptée, nous serons ennemies.

Délire, souffrance ou réalité ? Gudrun avait alors sentit l’atmosphère se refroidir.tandis qu’elle sombrait de nouveau dans le néant.

*

— Vous êtes réveillée, Adoptée de la Mère de Vie ? Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Les questions avaient résonné dans son esprit tandis qu’un bruissement rythmé émanait de sa droite. La jeune fille se redressa sur un coude en grimaçant et se tourna vers le Sylvâme aux allures de chêne-pilier qui marchait à côté du chariot en la couvant du regard.

— Bonjour, Derwen. J’ai mal partout, mais je respire mieux, merci.

Il lui sourit, faisant se craqueler l’écorce rugueuse de sa peau épaisse autour de sa bouche.

— La Sève de la Sylva fait donc effet. Nous sommes contents.

— Suffit, Derwen. Laisse Gudrun se reposer.

Eir venait d’approcher à son tour. Comme les autres Deux-Âmes, elle montait un hestr offert par la Dame de Husgard avant leur départ. Ces créatures dociles à la robe luisante d’un blanc bleuté, massives mais gracieuses, ne faisaient qu’un avec leur maître. On disait d’elles qu’elles choisissaient leur partenaire. Gudrun ignorait si c’était vrai ou non, étant sans connaissance au moment du départ, mais elle n’avait jamais entendu ses compagnons de voyage parler à leur monture, qu’ils chevauchaient à cru. Les hestir semblaient deviner et prévenir les intentions de leurs cavaliers.

Les hreindýri qui tiraient son chariot étaient un peu différents : plus gris que blancs, plus trapus, ils arboraient des bois étincelants et leur poils, plus épais, plus laineux, leur permettait d’affronter les climats les plus rudes : ils servaient régulièrement aux échanges commerciaux entre les hommes du Nord et les Pierrefendre.

La voix d’Eir ramena la blessée au moment présent.

— Par le Guérisseur, voilà que la pluie s’intensifie ! Je n’ai jamais vécu de printemps aussi maussade. Tiens, Gudrun. Couvre-toi !

Et elle lui lança une épaisse cape de laine de saodhr. Encore un présent de Solveig aux Deux-Âmes. Reconnaissante, Gudrun l’enfila avec précaution et rabattit la capuche sur son visage avant de s’étendre, à bout de souffle et les membre douloureux. Eir lui lança un regard compatissant.

— Nous nous arrêterons bientôt pour le repas.

— Et nous devrions arriver chez nous d’ici deux ou trois jours, bruissa Derwen en complément.

Gudrun hocha de la tête et grimaça, la nuque raide. Elle aurait voulu leur répondre, mais c’était impossible en l’état.

— Tant mieux, grommela la Grande Mère. Ce voyage n’en finit pas. Hmpf. Mais je suppose que je devrais vous en être reconnaissante, à vous et à la Sylve. Au moins, vous n’avaez pas peur des Rougeâmes qui suivent Gudrun, vous.

— Trom a confiance, donc nous avons confiance.

— Et il a raison. Je suis certaine que ces horreurs ne nous attaqueront plus, car l’Âme qui les attirait n’est plus avec nous depuis qu’un certain Rouage de la Surface est parti avec.

Gudrun frémit et serra les paupières. Kalax. Son évocation suffisait à lui donner la nausée. Même si la véritable âme-forte de Gudrun avait enfin pu occuper sa place légitime, la jeune fille sentait un vide en elle depuis qu’on lui avait arraché la Déchue. Pire encore, la glace se saisissait d’elle chaque fois qu’elle repensait aux deux trous sans fond qui avaient remplacé les flammes oculaires de sa nouvelle victime.

Ainsi, c’était à cause de la Déchue que les Cages d’Os n’avaient pas fonctionné, lors du massacre des siens ? Non, c’était à cause d’elle, Gudrun, et d’elle seule. Elle n’avait pas su demeurer sereine pendant l’Investiture. l’Âme Noire y avait vu une faille. C’était forcément cela.

Une vague suffocante submergea la poitrine de Gudrun. Elle se noyait. Soudain, une petite lumière se mit à briller en elle, une fragile source de chaleur. Elle érigea une digue entre elle et la culpabilité. Elle s’empara d’elle et l’enveloppa, protectrice. La jeune fille se détendit peu à peu et sombra de nouveau dans le sommeil.

Il lui semblait n’avoir dormi que quelques secondes quand un cri l’arracha au néant réparateur.

— On nous attaque !

L’objectif de la Mère Noire : détruire le cœur de Mécanâme pour se venger de ceux qui l’ont bannie alors qu’elle avait tenu les monstres en respect.

Inquiétude : les foreurs et mineurs envoyés dans le secteur où s’est perdu Raxoir ne donnent plus de nouvelles.

Gudrun doit guérir et apprendre à fermer son esprit. EN parallèle, lezs 2 âmes sont obligés de partir de Husgard mais les Sylvâmes acceptent de les accueillir e leurs forêts. La délégation Sylvâme part donc avec les Deux-âmes. Se propsent d’aider Gudrun a devenir+forte pdt qu’un petit groupe de Chasseurs partent sur la piste de Kalax.

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