10 - Piratage

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Langkah
Vaisseau-Capsule 1
Brigade des Indivis
bureau du commandant

Le commandant Paul Carter-Yoko se frotte les yeux. Il étouffe un bâillement et déploie ses jambes pour se redresser. Il s’est assoupi sur le canapé calé au fond de son bureau. Paul regarde la montre à son poignet et secoue la tête : douze minutes, il n’en demandait pas tant. Ce n’est pas avec ça qu'il se sentira reposé ; mais il a l'esprit moins embrumé. Paul se lève, réajuste le col de sa combinaison en tirant dessus avec le doigt et s’approche de la baie vitrée.

Bien que la caserne n’occupe qu’un étage inférieur du Vaisseau-Capsule, il n’est pas trop mal loti en tant que commandant de la brigade des indivis. Il peut observer toute la cour d’entrainement ainsi que les ateliers de l’armée qui recouvrent une bonne partie à l’ouest de la tour. Les premiers baraquements des soldats surplombent quant à eux la ville en contre bas, comme des rochers sombres au sommet d’une falaise. Leurs premiers voisins sont finalement assez éloignés, il n’a pas de vis-à-vis et il lui arrive parfois de contempler le désert de sel lorsque les vents sont favorables.

Paul se retourne et ramasse sur son bureau trois cubes noirs parcourus de veines dorées trahissant la présence de connecteurs. Les petits objets de la taille d’un morceau de sucre pèsent dans sa paume. Paul joue distraitement avec les COBES, puis les empile sur le coin de la table. Ils contiennent toutes les informations recueillies sur les derniers évènements, Paul s’est assuré que nul autre espace de stockage ne sauvegarde les données de l’affaire, pas même les serveurs sécurisés de l’amirauté. Il n’a plus confiance en rien de ce côté.

Des coups rapprochés résonnent à la porte. Paul autorise l’ouverture du battant d’un geste et invite Karim à entrer. L’homme a l’air abattu, les traits tirés et mangés par une barbe naissante. Il se tient debout dans le chambranle, les mains dans le dos.

— Vous êtes en retard, grogne-t-il en guise d’accueil pour le cybernéticien. Je vous attendais il y a plus d’une heure.

— Excusez-moi, Monsieur, soupire Karim en fermant la porte derrière lui. Vous m’avez demandé de vous transmettre mon rapport en main propre, sans les enregistrer sur la sphère. C’est forcément plus long que d’habitude.

— Cela ne justifie pas de prendre autant de temps pour faire cette analyse, je vois les ateliers de ma fenêtre, ils ne sont pas si loin.

— C’est que j’ai dû me rendre physiquement sur la chaîne de production 58, gémit Karim. Il n’y avait pas d’autres solutions pour éviter des transferts réseau. Je fais ça tout seul en plus… Vous ne voulez vraiment pas mettre d’autres personnes dans la confidence ?

— Non, pas pour l’instant, réplique Paul en coupant d’un geste vif les plaintes de son subordonné. Pas tant que notre adversaire reste inconnu. Cela dit, quels sont vos résultats ? Avez-vous acquis la certitude du détournement de nos ateliers ?

— Oui, acquiesce le cybernéticien en se tordant les mains. Naomi avait raison. J’ai épluché tous les inventaires et trié toutes les erreurs. Les logs ont été maquillés, et bien maquillés… j’ai dû demander de l’aide à quelques opérateurs, car il y avait trop de bizarreries et de modifications... Ne vous inquiétez pas, explique-t-il en voyant Paul Carter-Yoko froncer les sourcils, je n’ai pas donné l’objectif de nos recherches, j’ai prétexté un audit de la production... Bref, le truc est complètement hallucinant, c’est comme si toute la caserne B avait fonctionné sans aucun contrôle les deux dernières années !

Paul hoche la tête. C’est justement ce qu’il craint, que tous leurs outils de gestion soient hors de contrôle, piloté de l’extérieur par un organisme malveillant capable de se rendre invisible. Malveillant et puissant, car il n’explique toujours pas comment ses transmissions tactiques ont été falsifiées lors de l’attaque sur la clinique génomique. L’analyse rétrospective de l’assaut est limpide : les enregistrements extraits des exosquelettes de la deuxième brigade n’ont rien à voir avec ceux du glisseur blindé depuis lequel il a donné ses ordres. D’un côté, les soldats ont reçu un code de neutralisation complet du théâtre des opérations, de l’autre, est conservé celui d’abandonner toute action. Cela n’a aucun sens. Pour les informaticiens de l’amirauté, c’est incompréhensible, voire impossible. Vingt-huit heures plus tard, ils n’ont toujours pas compris comment la communication avait été falsifiée en direct avec l'empreinte cognitive de Carter-Yuko, ce qui veut dire que leur adversaire est bien plus malin et autrement plus doué qu’eux. Pas de quoi être rassuré ; en bon petit soldat paranoïaque, Paul a décidé de déconnecter toutes les informations confidentielles de son enquête des infrastructures de l’armée. Si quelqu’un les convoite, il devra venir les chercher physiquement.

— Vos conclusions ? ordonne Paul en évacuant ses pensées noires.

— J’ai la certitude que vingt-trois exosquelettes non référencés sont sortis des ateliers. Le vrai problème, c’est que nous avons perdu toute trace de ces machines.

— À part les deux au sous-sol, résume Paul en se remémorant les explications de Naomi de Furio.

— À part les deux au sous-sol, répète Karim en hochant la tête. Il y en a vingt-et-un dans la nature.

Paul fait le tour de son bureau et s’y assoit. Il ramasse la pile de COBES sur le côté et les renverse dans un renfoncement de la table. Le contour du méplat s’illumine doucement tandis que des fenêtres holographiques se déploient au-dessus du meuble. Paul fait signe à Karim de s’approcher, le cybernéticien sélectionne l’historique des espaces de stockage et consolide ses informations issues de ses recherches dans l’interface.

— Sauf votre respect, vous être trop précautionneux, soupire le scientifique en finalisant son rapport.

— C’est que vous ne connaissez pas tout, grogne Paul en s’assurant que les COBES stockent correctement les entrées.

Le commandant ramasse les cubes de données ce qui a pour effet d’effacer immédiatement la projection holographique, puis les glisse dans la pochette avant de sa veste.

— Merci. Je vais bientôt effectuer mon rapport à l’amiral, la conférence débute d’un moment à l’autre.

Paul termine à peine sa phrase que la petite poupée gigogne au milieu de la table basse qui jouxte son bureau émet un son cristallin tout en se tournant face aux deux hommes. Les couleurs de l’objet se ravivent, ses joues rosissent et les yeux clos qui semblaient peints sur la sculpture en bois s’ouvrent. Le visage stylisé de l’automate s’allume d’un sourire :

— Commandant, annonce l’avatar de l’IA d’une voix caverneuse, l’Amiral Carter-Yoko vous demande. La connexion s’établira dans dix secondes.

— Il est en avance, grogne Paul en acceptant la communication.

— Voulez-vous que je quitte la pièce ? suggère Karim.

— Non, soupire le commandant. Vous faites partie de l’équipe restreinte que j’ai formée, restez s’il vous plaît, vous aurez les instructions de première main.

Karim acquiesce et referme rapidement les derniers boutons de sa blouse dont il époussette les épaulettes. Tandis que Paul se cale droit dans le fauteuil de son bureau, un tourbillon holographique remplit le volume de la salle au-dessus de la poupée gigogne. Les particules en suspension s’entremêlent et tissent des rubans lumineux, puis dans un flash, le buste démesuré d’un homme sans âge se dessine dans l’espace. Aussi loin que remonte la mémoire de Paul, l’amiral Henry Carter-Yoko a toujours présenté ce visage sec, taillé au couteau et pratiquement dépourvu de rides. En fait, cela fait plus de deux siècles Équivalent-Terre que son profil effilé et ses fossettes pointues dominent Langkah. C’est le gouffre temporel qui les sépare de sa prise de pouvoir et l’instauration de la Nouvelle Donne, c’est-à-dire une éternité pour la majorité des colons.

Aujourd’hui vêtu d’un strict costume blanc au col rouge, l’amiral hors d’âge reste impassible. Il se tient assis dans un siège de velours noir, ce qui permet à Paul de reconnaître sans peine le petit salon obscur occupant le dernier étage du Vaisseau-Capsule et faisant office de salle de crise.

— Mon oncle, déclare Paul en s’éclaircissant la gorge. Je suis ravi de vous voir.

— Le plaisir sera partagé, Paul, si ton enquête avance, répond l’amiral d’une voix sourde.

— Elle avance, assure le commandant. Nous recoupons les informations. Monsieur Vert-Otok ici présent revient tout juste des ateliers cybernétiques avec des résultats concrets, explique-t-il en désignant Karim de la main. Notre experte IA, madame de Furio est encore sur le terrain, à la recherche de données de première importance.

L’amiral Henry Carter-Yoko affiche un air impénétrable. Il jette un œil distrait en direction de Karim qui rentre le menton en signe de respect, puis son hologramme se penche en avant. Son front énorme, légèrement irisé, domine le bureau du commandant et remplit l’espace.

— Dans ce cas, qu’attends-tu pour m’envoyer ces premières données ?

— C’est que... soupire Paul en touchant instinctivement la poche de sa veste. Je n’ai plus confiance dans nos transmissions, nous ne savons toujours pas comment le canal tactique de la deuxième brigade a été détourné. Tant que les équipes télécom n’auront pas trouvé la faille, il n’est pas prudent de transmettre des informations confidentielles de cette manière. D’ailleurs, il en est de même pour cette communication holographique. Si vous souhaitez que je vous entretienne des avancées de l’enquête, je préfère venir vous en parler directement… Je veux dire, physiquement.

— Ainsi, Calix n’avait pas tort. Tu mets vraiment en doute les compétences de nos ingénieurs ? s’étonne l’amiral en fronçant les sourcils.

— Non, mais... écoutez, mon oncle, supplie Paul. Je peux me rendre en salle de crise rapidement. En partant maintenant, je serai là en moins de vingt minutes, je vous partagerai ces données et nos conclusions de vive voix.

L’amiral s’adosse lentement contre le dossier de son fauteuil. Il décroise les doigts et pose les mains sur le bureau.

— Paul, je t’apprécie, tu le sais ? demande l’amiral d’une voix calme. J’aime ton côté… téméraire. Mais ce que tu me dis ne te ressemble pas.

Le commandant hoche la tête, la mâchoire crispée et le souffle court.

— Je t’apprécie. Cependant, ce n’est pas le cas de tous mes commissaires, ajoute Henry Carter-Yoko. Le fiasco de la clinique génomique te colle à la peau. Que tu fasses partie de la Famille les bride un peu, pour l’instant… Mais les plus entreprenants d’entre eux n’hésiteront pas longtemps avant de demander ta tête. Calix, notre ministre chargée de la pacification n’attend que ça. Le poste de commandant des brigades est prestigieux et personne n’apprécie que tu doutes des compétences de nos hommes, tout le monde prend ça pour un nouveau caprice de ta part.

— Faites-moi confiance sur ce point ! supplie Paul.

— Ce n’est pas la question, assène durement l’amiral Carter-Yoko. Monsieur Vert-Otok ! rajoute-t-il en se tournant vers le cybernéticien.

Karim sursaute à son nom et esquisse un salut muet.

— Vérifiez la qualité du signal de cette transmission directe, et dites à mon neveu ce qu’il en est.

Karim se précipite sur la poupée gigogne pour mettre en marche le pupitre de contrôle. L’image holographique perd légèrement en netteté, tandis qu’une série de paramètres s’affiche sur le bureau de Paul.

— Communication chiffrée de bout en bout, certificats valides, égrène Karim. Cryptosystème quantique activé : Jao-deFeo v5.9, clés par isogénie de courbes supersingulières.

— Ce qui veut dire ? Demande Henry Carter-Yoko sans détacher les yeux de son neveu.

— Que la communication est sûre, réputée infalsifiable, Amiral, affirme Karim en se raclant la gorge.

— Oui, et à un niveau bien supérieur aux transmissions tactiques utilisées par les brigades, assure Henry d’une voix suave. Paul, tu vas donc me dire maintenant ce qu’il en est et me transmettre immédiatement via ce canal les informations brutes que vous avez collectées.

Paul soupire et se passe la main sur la nuque. Il dégrafe la poche de sa veste, saisit les trois cubes noirs et les fait rouler sur le bureau comme des dés.

— Tout d’abord, annonce-t-il en acceptant le transfert de données, je vous recommande vivement de faire très attention aux personnes à qui vous communiquez ces informations ; redoublez de vigilance dans tous vos déplacements. Nous avons acquis la conviction que notre adversaire a planifié depuis au moins deux ans ces attaques sur nos infrastructures. Pendant ce laps de temps, il a réussi à se constituer une petite armée de vingt-trois exosquelettes de combat, pilotés par des IA évoluées. Nous en avons neutralisé deux pendant l’assaut de la clinique, nous ignorons où se cachent les autres, ils peuvent être n’importe où.

— Ce n’est pas une bonne nouvelle, murmure l’amiral. Au moins, nous savons à quoi nous en tenir désormais. Ma garde a été renforcée hier, nous allons aussi multiplier les contrôles des points névralgiques de la colonie.

— C’est plus sage, effectivement.

— Ton équipe a-t-elle identifié les revendications de cet... ennemi ? reprends Henry Carter-Yoko en reniflant.

— Pas vraiment, soupire Paul. Nous connaissons la cible de l’attaque, elle concerne l’incubateur C de l’hôpital génomique. Ils étaient en train de réveiller l’enveloppe d’une certaine Olivia de Jailly, qui n’a pas été repérée pour l’instant. La famille de Jailly a été interrogée, elle semble au-dessus de tout soupçon. Cette enveloppe est une piste sérieuse, nous devons donc la retrouver... Le problème, c’est que si le motif de l’attentat n’est pas clair, il est en revanche probable que des membres réguliers de la clinique sont impliqués.

— Vous avez identifié ces traîtres ? demande l’amiral en faisant mine de parcourir les données sur son terminal.

— Pas encore, explique Paul. Nous avons identifié tous les corps retrouvés sur les lieux de l’attaque, ainsi que le personnel récupéré sain et sauf. Ce dernier a subi un interrogatoire poussé : il n’y a rien de ce côté. Dans le même temps, nous avons dressé la liste des individus qui auraient dû se trouver à la clinique. Devinez : les deux ne concordent pas, il y a des trous. Peut-être que l’on découvrira de nouveaux cadavres sous les décombres, on ne sait jamais... Mais s’il existe des traîtres ayant fait disparaitre l’enveloppe de madame de Jailly, il s’agit vraisemblablement de personnes manquantes dans nos registres. Elles sont au nombre de douze, Naomi de Furio interroge leurs familles en ce moment, vous trouverez la liste exhaustive dans les données... Pour information, ces données ont été cataloguées manuellement, les seuls exemplaires qui existent sont stockés sur ces cubes, je suis d’ailleurs le seul à avoir connaissance du delta exact entre ces deux listes.

— Personne d’autre n’est au courant ?

— Non, pas même l’assaillant, explique le commandant. Les caméras et les capteurs de sécurité ont été piratés trois heures avant l’assaut, ce qui fait que personne ne peut connaitre avec exactitude les ressortissants de la colonie présents dans la clinique génomique, pas même les auteurs de cet acte malveillant. Il s’agit donc d’information strictement confidentielle, il faut éviter que l’ennemi tombe dessus, sinon il pourrait comprendre que nous sommes sur le point d’identifier ses complices.

— Bien, répond l’amiral satisfait, tu vois Paul, ce n’était pas si difficile de me mettre au courant.

Le transfert de données se termine et Henry Carter-Yoko affiche un air apaisé.

— Paul, tu as fait du bon travail, tu as gagné quelques jours de sursis, ajoute-t-il en souriant de toutes ses dents. Mais la tâche n’est pas achevée et tu as du pain sur la planche. Je te conseille de retrouver rapidement cette enveloppe vide et de le faire… avant moi.

Puis l’hologramme s’estompe en disparaissant dans un brouillard scintillant.

— Vous vous en êtes bien sorti, commandant, murmure Karim tandis que la lumière du bureau regagne en intensité.

— Merci, Karim, dit Paul en jouant distraitement avec les trois COBES. J’espère que Furio reviendra avec de bonnes nouvelles, elle doit interroger les proches des personnes manquantes de notre liste.

La poupée gigogne clignote à nouveau et s’agite.

— Monsieur, communication entrante de l’amiral Carter-Yoko, activation dans dix secondes.

Paul lève les yeux au ciel. Encore ? Qu’est-ce que le vieux attend de lui ? Il se redresse, agacé, repousse le fauteuil sous son bureau et attrape sa cape pour faire mine de sortir de la pièce.

— Bonjour, Paul. Quel accueil, déjà sur le départ ? gronde la voix de son oncle pendant que l’hologramme se déploie à nouveau au-dessus de la table basse.

Henry Carter-Yoko a revêtu une veste grise sur son uniforme et semble avoir quitté la salle de crise pour ses appartements personnels.

— Mon oncle, soupire Paul, nous avons du pain sur la planche, vous-même l’avez dit.

— Et bien, cela attendra, réplique le vieil homme sur un ton cinglant. N’oublie pas que tu me dois un rapport de ton enquête, je commence à perdre patience, les membres du gouvernement sont sur les nerfs, j’ai besoin de réponses.

— Que voulez-vous savoir de plus que ce que je viens tout juste de vous donner ? Cela ne vous suffit pas ? s’étonne Paul en ouvrant les bras.

— Mais de quoi parles-tu ? Tu t’es engagé hier à me fournir des avancées concrètes ce jour, j’attends donc des nouvelles ! Ne me déçois pas une nouvelle fois si tu comptes sauver ta position !

Le visage de l’amiral s’empourpre. Paul déglutit et se tourne vers Karim devenu livide. Le scientifique panique et se précipite sur le pupitre de contrôle de la transmission : tout est en ordre, la communication chiffrée est en place, les certificats sont valides et le système demeure infalsifiable. Le commandant s’accroche sur les bords de son bureau, les mains moites.

— Mon oncle, bégaie Paul, nous venons de terminer notre conférence à l’instant, je vous ai envoyé toutes les données de l’affaire en cours ainsi que nos conclusions intermédiaires.

— Arrête tes bêtises, crache l’amiral hors de lui, je n’ai rien reçu. Je sors tout juste d’une réunion de crise et autant que je sache, tu n’en faisais pas partie ! Pour qui me prends-tu ?

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