9 - La bordure

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Langkah - Zone Bordure
Quartier du Fer-Blanc

Naomi renifle en regardant à travers la vitre blindée du glisseur, dégoutée par la suie grasse qui encrasse la rue. D’habitude, elle évite la bordure autant que possible ; cette zone lui fait horreur, elle est laide, repoussante de chiures, la saleté s’y accumule et imprègne les trottoirs tandis que les nuages de sel usent inlassablement les façades décrépites. Sur la périphérie de la colonie, ces arrondissements ne sont pourtant pas bien différents des quartiers centraux qui rayonnent autour des vaisseaux-capsules ; ils sont construits sur un schéma identique : des artères larges, des bâtiments cubiques et trapus, parfaitement conçus selon les plans des premiers colons. Il est cependant clair qu’ils ne sont pas entretenus de la même manière, la bordure a été abandonnée à son sort depuis des dizaines d’années. Les robots de maintenance ne semblent plus connaitre le chemin du coin. Pire, ses ruelles sont aujourd’hui aux mains des petits trafiquants et des organisations à problèmes comme le Triumvi.

Naomi pose le front sur la vitre, dépitée de devoir traverser toute la colonie pour se perdre ici. Tant qu’elle ne croise pas trop de junkies aux yeux bousillés par le krys, ça ira… Aux dernières nouvelles de la sphère, la drogue de synthèse fait toujours des ravages dans le secteur, malgré les multiples tentatives du gouvernement pour éradiquer sa fabrication. Naomi est convaincue que l’on n’y arrivera jamais : le krys est connu depuis des siècles, pratiquement depuis la découverte du gula — le minerai dont il est un dérivé chimique —, c’est-à-dire bien avant l’arrivée des colons sur Langkah. Et tant que la substance mordorée fera tourner l’économie de la planète, à la fois comme énergie principale, carburant et comme monnaie d’échange, la poudre cristalline n’est pas prête de disparaitre. Pourtant, il parait que le stupéfiant est resté confidentiel pendant les premières années de la colonie, du fait de la rareté du gula. Ce n’est pas étonnant : comme l’amirauté avait l’exclusivité de la gestion du minerai, la drogue de synthèse ne pouvait circuler que dans les cercles huppés des Intra-M, les seuls capables de se brûler les neurones en consacrant en une seule prise le salaire journalier d’un technicien. Mais les choses ont changé quand l’Éléphant — l’énorme réserve de gula qui dormait à quelques encablures de la ville — fut découvert. La valeur du minerai s’est effondrée rapidement. Dans un premier temps, cette abondance de ressource a favorisé la colonie dans son ensemble et rehaussé d’une manière importante le niveau de vie des colons en faisant apparaitre une classe bourgeoise, mais elle a aussi facilité le raffinage des cristaux. En l’espace de quelques années, le krys s’est répandu comme une trainée de poudre, littéralement, car le procédé de fabrication ne demande aucune expertise particulière lorsque le gula est disponible. Les syndicats peu recommandables qui grenouillaient dans les bas-fonds de la ville ont tout de suite flairé le filon, et il n’a fallu que quelques années pour que la dope se transforme en véritable problème de santé publique.

À ce qu’il parait, un krysté trouve aujourd'hui sa dose quotidienne pour le prix d’un cube de protéines. Les premiers jours, la drogue efface la fatigue de ses adeptes, elle les rend euphoriques et leur procure un sentiment d’extrême lucidité. Une bouffée de toute puissance en somme, la combinaison rêvée pour des travailleurs sous pression devenus capables de bosser au-delà du raisonnable. Ils en avaient bien besoin, à l’époque, quand la soudaine abondance de gula fit connaitre à la colonie un essor sans précédent des systèmes automatisés, facilitant le déploiement d’IA et de robots aux quatre coins de la ville. Mais les machines spécialisées n’ont jamais déchargé les humains des tâches pénibles. Par un concours de circonstances malsain, la multiplication des automates n’a qu’accentué la contrainte sur la catégorie pauvre et défavorisée de la population extra-M. Le krys fut la solution facile pour un nombre incalculable d’ouvriers peu qualifiés qui devaient se coltiner des corvées toujours plus difficiles et ingrates pour rester dans le coup.

Mais la dépendance est presque instantanée et la descente, une chute en enfer. Les malheureux qui y goutent basculent vite dans une spirale infernale, à la recherche de la moindre dose à se pulvériser sous les paupières. À terme, ce machin leur crame les neurones, la toxine leur bousille le palpitant et sans sevrage draconien, ils finissent émaciés, fantomatiques, avec de vrais soucis de coordination et d’attention. Ça, c’est quand leur cœur ne lâchent pas brusquement. Si pour se refaire une santé, les Intra-M krystés accèdent facilement aux hôpitaux génomiques, les Extra ont rarement cette chance. Ils disparaissent de la circulation, leur carcasse efflanquée devenant incapable de les soutenir très longtemps. Ces damnés échouent en cliques misérables et amorphes, dans les quartiers sinistres de la ville, vivant de quelques rapines opportunistes pour quelques miettes de krys.

Le quartier du Fer-Blanc dans lequel s’est introduit le glisseur en est le parfait exemple. Il n’est pas le seul dans ce cas, pratiquement toute la bordure est le théâtre de cette misère. D’une certaine manière, le district n’est pas le pire d’entre eux ; on est loin du coupe-gorge dépeint par les flux continus des news à sensation. Un certain nombre d’Extra-M bien sous tous rapports vivent même tranquillement entre les murs délabrés de cette rue. Mais le coin est classé « inconvenant » selon les statuts des capsules, le Triumvi y possède plusieurs bouges clandestins et éphémères où se croisent des synthétiques experts en divertissement personnel, des consommateurs de toxines récréatives ainsi que des troqueurs d’objets trouvés. Il n’est pas rare de rencontrer quelques Intras à la recherche d’un dépaysement à moindres frais ou des patrouilles de brigades à la peine. La police y était traditionnellement tolérée, du moins, tant que le gouvernement conservait sa politique du laisser-faire avec la Bordure, n’essayant de contrôler les dégâts des trafics qu’à la marge. Mais les choses ont changé lorsque la nouvelle ministre Calix a pris ses fonctions : les clients sont pourchassés et les bars sont fermés manu militari, asséchant de fait les ressources du Triumvi. Les syndicats ne sont pas forcément belliqueux, mais près de leurs sous ; ils apprécient peu les bombements de torses des brigadiers dans leurs rues. Depuis quelque temps, les affrontements deviennent la règle ; ils sont parfois violents, les assauts sanglants, et il ne se passe pas une semaine sans qu’un défilé d’ambulances ne fasse la une des chaînes d’information continues.

Le glisseur blindé prend à gauche, puis à droite. Il contourne les éboulis d’un mur plastiqué — les stigmates d’un accrochage récent entre bandes rivales, à moins que ce soit une échauffourée avec la brigade des indivis — et s’insère finalement sur une artère large du quartier du Fer-Blanc. « Vous êtes arrivées à destination », murmure l’IA du véhicule d’une voix caverneuse. Noami regarde une nouvelle fois par la vitre et hésite : des badauds se retournent sur le glisseur blindé de l’amirauté.

— Madame, vous ne risquez rien, le secteur a été nettoyé hier. Mais je peux vous accompagner si vous le souhaitez, gronde le soldat en exosquelette assis à ses côtés.

— Je n’y tiens pas particulièrement, grimace la jeune femme. On dirait que vous partez à l’assaut, je ne veux pas attirer l’attention… En tout cas, pas plus que ça, complète-t-elle.

Le militaire acquiesce de son casque et déclenche la sécurité du véhicule en repoussant la porte. Naomi prend une grande inspiration, penche la tête et pose une botte sur le trottoir poussiéreux.

Le soleil est éblouissant, la scientifique ne peut s’empêcher de mettre sa main en visière. Un groupe de passant ralentit le pas de l’autre côté de rue et quelques visages apparaissent derrière les reflets des fenêtres. Le bâtiment qui lui fait face est grisâtre, mangé par la rouille, avec un court porche de béton qui protège difficilement l’entrée des bourrasques de sels. Un type krysté jusqu’au fond des yeux est avachi contre la façade, il lève à peine son regard bruni par la poudre en direction de la nouvelle venue. Noami soulève son intercom et lit une nouvelle fois les détails qui s’y affichent : elle se trouve au bon endroit, c’est là que créchait Benedict Orca-Nino, un des purgeurs de la clinique. Un apprenti purgeur, pour être exact, un brin plus jeune qu’elle. Le pauvre homme, il devait passer son accréditation hier, apparemment dans la cellule d’injection qui fut le théâtre de l’attaque terroriste. Ils n’ont pas encore retrouvé son corps, mais ce n’est qu’une question de temps avant que les robots ne le découvre sous les décombres de la chambre d’incubation. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais comme il faisait partie de l’équipe de résurrection ciblée, Carter-Yoko l’a mis sur la liste des cibles potentielles : elle doit interroger son entourage proche. « C’est n’importe quoi » se dit Naomi et secouant la tête, les chances que ce mec soit lié à cette attaque sont carrément nulles. Et puis, même si leur enquête doit rester secrète, il aurait pu mandater quelqu’un d’autre : la bordure, ce n’est pas son truc. Elle regarde autour d’elle une nouvelle fois, évite de croiser les yeux des autochtones, puis plonge son regard dans la pénombre du hall d’entrée. Les gens ont l’air… anxieux et agressifs. Elle croit entendre un des locaux la maudire dans son dos, visiblement ils n’apprécient pas sa venue. Elle n’aime pas cet endroit, elle angoisse. Ça pue, l’ambiance est glauque. Naomi penche la tête dans l’ouverture de la portière :

— Finalement, j’accepte que vous m’accompagniez, dit-elle à destination de l’exosquelette blanc.

— Comme vous le désirez, gronde le militaire en dépliant son armure.

— Mais vous restez dans la cage d’escalier, invisible, je ne veux pas que la famille d’Orca-Nino prenne peur en vous voyant.

— À vos ordres, Madame. Ne vous inquiétez pas, en cas de danger j’interviendrai plus vite que vous ne le pensez.

Le soldat recouvert d’écailles de céramique sort du glisseur blindé comme un monstre de sa cage. Son apparition à l’effet escompté et jette un froid sur toute l’avenue. En un clin d’œil, la rue se vide ; seul le junkie reste impassible contre son mur, incapable de voir clair au travers des vapeurs de krys. Naomi, rassurée, tourne les talons et entre rapidement dans le hall de l’immeuble. « Finissons-en », se dit-elle pour se rasséréner. Plus vite elle aura interrogé les proches de ce pauvre purgeur, plus vite elle retournera dans sa capsule.

***

— Daphné ? s’étrangle Carine, interloquée devant le soudain aplomb de l’enveloppe.

— Oui, je m’appelle Daphné. Si j’ai bien compris, vous, c’est Carine, et votre ami qui m’a conduite ici, Benedict. Enchantée.

— Daphné comment ? déglutit le jeune homme.

— Daphné… C’est tout ce dont je me souviens. Je n’ai pas… Désolé, les mots me reviennent petit à petit.

L’enveloppe vide esquisse des gestes du menton, comme si elle cherchait à moduler le son sortant de ses lèvres, puis elle poursuit, son débit de parole de plus en plus fluide et rapide :

— Je n’ai pas… l’impression d’avoir plus de souvenirs… enkystés. Je suis en revanche proprement… initialisée et les… amorces sont implantées ; les fonctions… instinctives semblent opérationnelles. Tout est flou avant mon reveil, mais pour l’instant, tout va bien.

Benedict et Carine dévisagent le pantin vautré dans le sofa miteux. Elle assure un sourire presque symétrique, sensiblement trop tiré pour être parfaitement convaincant.

— Désolée, reprend Daphné devant la mine circonspecte de son auditoire. Ce n’est pas très clair, même pour moi, mais ce sont les seuls mots qui me viennent à l’esprit. Il faut simplement me laisser le temps de m’approprier cette… extension et de permettre à mon… empreinte de s’y ajuster.

— On s’est vraiment foiré, gémit Benedict en se prenant la tête entre les mains après le discours décousu de Daphné.

— Non, déclare l’enveloppe en se redressant d’un coup. C’est confus pour moi aussi, je ne suis pas certaine de tout comprendre… Même si les mots me viennent comme ça, je pense que ma réinjection s’est plutôt bien passée. Je dois pouvoir faire plus, je n’arrive pas encore à… synchroniser tous mes mouvements, mais ça va de mieux en mieux. Dans quelques heures je pourrai… me mettre debout… Je crois.

— J’ai vraiment, mais vraiment foiré, répète Benedict, devenu blême. J’aurais dû la laisser là bas… Tu t’en rends compte, Carine, ajoute-t-il en se tournant vers son amie abasourdie. J’ai gardé une enveloppe vide en vie, plus d’une journée… Putain, j’ai vraiment fait n’importe quoi.

— Pas du tout, réagit vivement le corps animé. J’ai simplement du mal à m’habituer à… tout ça, explique-t-elle en baissant la tête de manière brusque. La coordination, c’est compliqué, il me faut encore plusieurs heures. Vu le temps qu’il m’a fallu pour réussir à articuler, c’est pas pour tout de suite…

— Je ne comprends plus rien, croasse Carine en faisant deux pas en arrière. Et là, ça devient carrément flippant. Qu’est-ce qu’elle raconte ?

— N’importe quoi, murmure Benedict en s’écartant de Daphné avec un certain dégout. J’ai même pas besoin de faire un test VK2 pour la qualifier de ratée, la dissonance cognitive est évidente ! C’est clair, cette enveloppe débloque complètement. Mon problème, ajoute-t-il en bégayant, c’est que sortir une enveloppe vide d’un incubateur est un crime, je vais finir en tôle quand tout cela sera découvert...

— Je ne suis pas une enveloppe vide ! s’exclame Daphné, en réagissant vivement à l’attitude du purgeur.

Benedict sursaute et lève les yeux au ciel de dépit. L’enveloppe se tait en affichant un air renfrogné maladroit. Carine s’assoit calmement sur le fauteuil en face du jeune homme qui ouvre les mains en secouant la tête.

— Qu’est ce que tu vas faire ? demande Carine au bout de quelques secondes, brisant le silence tombé sur l’appartement.

Benedict jette un œil sur Daphné, qui le dévisage d’une mine courroucée. L’enveloppe se tient toujours de travers sur le sofa, les lèvres pincées et le regard accusateur.

— Je n’en sais rien, annonce-t-il en claquant la langue. Je ne peux pas revenir à la clinique, pas dans ces conditions. Et surtout, pas tant que quelqu’un m’aura expliqué le comportement de la police militaire, je risque ma peau !

— On ne peut pas la garder ici, déclare Carine d’un ton ferme. C’est trop dangereux. Si ce que tu m’as dit sur la brigade est vrai, imagine qu’elle rapplique dans le quartier. Pardon, mais je ne veux pas être mêlée à ça.

— Et tu as une autre solution ? s’exclame Benedict en croisant les bras.

— C’est à moi que tu poses la question ? s’offusque Carine en s’étranglant. T’as pas honte ? Tu aurais dû y réfléchir avant de la ramener chez nous. Je n’ai pas demandé à faire partie de ton délire ! On s’en débarrasse comment, maintenant, de ce truc ?

Benedict soupire et se lève en tremblant. Il traverse la salle pour rejoindre la kitchenette automatisée fixée au mur opposé et se sert un verre d’eau au robinet. Il boit lentement pour se calmer, se verse une nouvelle rasade, puis se retourne pour observer son salon. La scène est pathétique : une enveloppe vide survoltée, à moitié nue et couverte de crasse se vautre dans le canapé défraichi. De l’autre côté de la table basse, sa colocataire semble à deux doigts de lui sauter à la gorge, avec une seule envie, la faire passer sous un pilon de l’usine recyclage. Benedict la connait, elle en est capable. Il a l’impression d’être dans une impasse. Il a vu les militaires abattre les civils à la clinique, du moins il pourrait le jurer. Si l’amirauté veut effacer toutes traces de cette attaque, elle arrivera bien jusqu’ici à un moment ou un autre. Benedict panique à l’idée de se retrouver entre les feux croisés de l’armée devenue folle et d’un groupe terroriste inconnu. Qu’est ce qu’ils cherchaient, ces monstres en armure ? Collectionner les ennuis, il préfère éviter. Benedict a toujours essayé de se tenir à l’écart des affaires qui sentent mauvais. Là, ça pue l’embrouille, ça suinte le complot, un machin bien trop gros pour lui. Pourquoi attaquer l’incubateur d’une banale Intra-M ?

— Peut-être que ça n’ira pas plus loin, déclare-t-il, peu convaincu lui-même. Je peux toujours trouver une excuse pour dire que je ne me suis pas rendu à l’hôpital génomique…

— Penses-tu ! explose Carine. Avec toutes les caméras de sécu qui t’ont chopé là-bas, t’auras du mal à imaginer un bobard crédible. Et puis, avec ce machin dans le salon, tu te fourres le doigt dans l'oeil ! ajoute-t-elle en pointant Daphné du doigt. D’ailleurs, peut-être que les attaquants de la clinique cherchaient la personne que tu devais réinjecter ? Tu y as pensé ? Ils n’ont pas attaqué cet incubateur pour rien quand même !

— Je n’ai jamais vu ces exosquelettes, coupe Daphné. En encore une fois, je ne suis pas un machin ni une enveloppe vide. Je suis bien consciente.

— Je m’en fiche, gronde Carine. Et si c’est le cas, on a deux problèmes sur les bras.

À ces mots, le carillon de l’appartement sonne, suivi de la voix ronflante de l’IA domestique :

— Excusez-moi. Benedict, Madame Naomi de Furio demande à rencontrer un membre de votre famille.

— Qui est-ce ? s’inquiète le purgeur. Je ne connais personne de ce nom.

Le mur au-dessus du sofa s’illumine et le flux vidéo direct du palier s’y affiche. Une jeune femme apparait à l’écran, à l’allure inhabituelle et au style complètement incongru dans la bordure : ses cheveux blond presque crayeux tombent librement sur une cape et une tenue à la mode Intra-M — combinaison blanche et veste pourpre. Cette Naomi jure franchement avec l’environnement défraichi et poussiéreux du hall d’entrée. Elle n’est visiblement pas à l’aise, les mains crispées le long de son pantalon et donne le sentiment d’une personne qui ne sait décidement pas ce qu’elle fait ici.

— Une experte en IA, domiciliée sur la capsule numéro un, c’est ce que son identifiant me livre comme information, ajoute le majordome invisible.

La projection se concentre sur le visage soucieux de la jeune femme.

— Qu’est-ce qu’une Intra-M vient faire jusqu’ici ? s’étonne le purgeur.

— Demande-toi plutôt ce qu’elle te veut, à toi… souligne Carine en haussant les épaules. T’as eu à faire avec des IA récemment ?

— Je n’en sais rien, moi ! réagit vivement Benedict. Elle est seule ? ajoute-t-il à l’intention de l’IA de l’appartement.

— Oui, répond la voix virile. De plus, mes capteurs ne détectent aucune arme. Selon les critères de sécurité basique, elle n’en présente aucun danger, elle n’est venue qu’avec son module intercom.

— Bon, soupire le jeune homme, je vais lui proposer de repasser plus tard, on a plus urgent à traiter pour l’instant.

Et sans plus de réflexion, il ordonne à l’IA de lui passer la commande vidéo, sans apercevoir Carine essayer de l’en empêcher. Son amie secoue la tête en pestant tandis que la communication s’établit.

— Bonjour, qu’est ce que je peux faire pour vous ? demande Benedict d’une voix qu’il espère la plus agréable possible en esquissant un signe d’apaisement à l’attention de sa colocataire.

Naomi sursaute et dévisage l’écran qui affiche le visage de Benedict, bouche bée. Elle se reprend, bredouille des salutations, baisse les yeux pour regarder son module réseau, puis relève la tête face à la caméra, visiblement surprise de l’apparition de son interlocuteur.

— Monsieur Benedict Orca-Nino ? C’est bien vous ? dit-elle, étonnée. Quelle surprise ! Je vous croyais disparu dans l’attaque de la clinique génomique !

La remarque de la jeune femme a l’effet d’une bombe sur Benedict qui coupe instantanément la communication. Il se tourne Carine, complètement paniqué.

— Comment elle sait pour l’hôpital ? gémit-il. Elle vient pas pour ça quand même ?

— Toi, t’as encore merdé, rumine Carine en sifflant entre ses dents.

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