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- Il y avait de la glace partout, tout était blanc et au milieu une grande tâche noir. Elle était floue parce qu'il y avait du brouillard. On s’aperçoit alors que ce sont des pingouins. Non attendez, des manchots elle disait la voix. Je les voyais blotti les uns contre les autres alors qu'un blizzard leur passait dessus. Je pouvais sentir leur courage Docteur. Je pouvais les voir braver le froid glacial ensemble et j'ai ressenti de la pitié je crois. J'ai admiré leur force et j'ai voulu les aider et je pense que… Je ne sais pas trop ce que je pense mais j'ai ressenti quelque chose pour ces manchots.

- Et si vous en voyez un devant vous, que feriez-vous ?

Guillaume réfléchit, il tenta d'imager sa réponse.

- Je repenserais à quel point il peut être brave. Je pense que je le caresserais. J'aimerais en adopter un.

- Vous savez qu'un manchot est un animal particulier. Loin d'un chat ou d'un chien. Demanda le docteurs. On ne peut pas en avoir un chez sois.

- Ça a le goût de quoi un manchot ?

Le docteur évita la question. Il savait comment gérer son patient. Guillaume était gentil, un peu timide mais assez ouvert d'esprit curieusement. Il allait entrer dans sa neuvième année de traitement et fut loin néanmoins d'être prêt à la vie civile.

- Qu'avez vous apporté avec vous ? Demanda le docteur voyant une pile de feuilles au pied de sa chaise.

Guillaume se saisie d'elles de ses doigts déformés et cicatrisés.

- Ce sont des manchots.

- Ils sont très bien dessinés dites moi. Lui fit-il remarquer après les avoir tenu en main.

- Ce n'est pas moi qui les ai dessiné.

Il le savait, Guillaume ne pouvait pas faire des dessins si précis avec ses doigts.

- J'ai demandé à Garry et quelques autres de me les faire. Ajouta t-il.

- Pourquoi ça ?

- Pour vous les montrer.

Le docteur était ravi que les dessins ne furent pas engloutis sans pour autant être dupe.

- Guillaume, je vois bien ce vous essayer de faire. Vous devez arrêter de vous créer des tentations pareilles, cela ne vous aidera pas. Dit-il en voyant la mine habituelle de Guillaume réapparaître, un air éternellement triste. Oui, vous pouvez être fort, mais il faut l'être naturelement. Ceci étant, je suis satisfait de voir comment vous appréciez les manchots. Ajouta t-il pendant que Guillaume effleurait des doigts un des quelques dessins qu'il avait gardé.

Le docteur voulu à terme l'emmener dans un zoo, Guillaume n'était pas loin d'être prêt pour ce genre de sortie thérapeutique. Il regagna la salle commune pour retrouver les siens. Le docteur regagna quand à lui son bureau où une pile de dossiers l'attendait pour être traitée. Il devait revoir certains contrôles qualité des services de réadaptation. L'établissement était assez conventionnel, et restait dans la moyenne nationale au niveau du degrés des troubles étudiés. Cependant, bien que petit par la taille, il accueillait un grand nombre de personnes lourdement atteintes dans son aile spécialisée qui était l'une des plus moderne du pays malgré son ancienneté. Cette parti du bâtiment était à l'écart, cachée dans la vallée et offrant une vue magnifique sur les Alpes.

Le docteur, devait ensuite conjuguer avec des visites et faire un compte rendu avec les proches de patients du jour. Il s'accordait pour répis, quelques pauses café où il resta officieusement informé auprès des surveillants et infirmiers des situations quotidiennes. Il avait toujours le sourire et prenait son métier très à cœur. Même s'il n'était pas le seul docteur compétent, il se devait d'être rigoureux car beaucoup de monde dépendait de ses compétences. Il refusa d'être directeur, ou même son adjoint de peur de ne pas assez consacrer de temps à ses patients. Son travail relèverait d'un deuxième adjoint. Tout le monde l’appréciait pour son implication.

En fin de journée, il fut l'un des derniers à quitter l'hôpital pour retrouver sa famille, c'est à dire sa femme et ses chiens. Il eu quelques nouvelles de sa fille partie vivre en Suisse. Il a deux autres enfants, installés dans le Sud de la France et avec qui il restait en bons termes. Il passa une soirée banale devant le coucher du soleil au delà des collines pour recommencer le lendemain.

Il marchait tout en lisant un dossier dans les couloirs de l'asile se rendant à l'administration. Regardant à peine devant lui tant il restait concentré sur ses dossiers, il ne remarquait pas les personnes qu'il croisait, se contentant de bonjours formels pour leur rendre leur salut. Une silhouette furtive comme tant d'autre passa sans même lui dire un mot. Il ne s'en étonna pas mais fut pris d'une sensation étrange qui l'obligea à se retourner à son passage l'instant d'après. La silhouette avait pris sur la droite et disparue. Le docteur voulu la suivre car il ne l'avait pas reconnu. Il la revit au loin décontractée dans sa marche et encore en train de disparaître au détour d'un couloir. Il continua alors de la suivre sans pour autant avoir une grande conviction. À force de marcher d'un pas hésitant, il finit par la perdre et se résout à se diriger au hasard de ce que son instinct lui dictait. Il perçut une étrange sensation en passant devant une porte, le même genre de sensation qu'il eut en la croisant pour la première fois. Il réfléchit un long moment et se décida à ouvrir fermement cette porte. Il découvrit une jeune femme postée derrière son bureau qui le regardait fixement avec défiance.

- Je suis la nouvelle secrétaire administrative. Je prend mes fonctions aujourd'hui. Fini t-elle par dire sans détour.

Il fut surprit et regagnat rapidement ses esprit.

- Mais... je ne suis pas au courant ? Qui vous a engagé ?

- Je viens compléter l'équipe des secrétaires. C'est vrais que l'hôpital dispose d'un budget assez serré mais je suis débutante alors ça leur permet de me payer moins chère et moi d'avoir un emploi. Tout le monde s'y retrouve.

- Mais enfin, qu'est ce que cela signifie ? Je fais parti de l'équipe de recrutement et nous n'avons jamais envisagé la création d'un autre poste.

La jeune femme, d’abord d'allure désintéressée se mit à le dévisager différemment. L'homme continuait de manifester son incompréhension.

- Qui vous a intégré à cet hôpital ? Ce n'est pas normal de découvrir des gens comme ça. C'est une zone sensible ici. Et protégée.

- C'est pour cela que l'on m'a donné toutes les accréditations possibles pour prendre mon poste. Cela vient du directeur en personne.

- Écoutez, je suis désolé mais je ne comprend pas ce qu'il se passe. Je vais aller voir le directeur. Nous n'avons pas besoin d'une autre secrétaire. Protesta t-il. Vous remplacez quelqu'un ? Ajouta t-il.

- Excusez-moi Monsieur, mais qui êtes vous ? Vous ne vous êtes pas présenté.

- Je suis le Docteur Eliott Jeunet, deuxième adjoint de cet établissement. Vous comprendrez que cela me mette assez mal à l'aise de découvrir une nouvelle personne ainsi. Cet endroit est particulièrement à risque.

La jeune femme se tût. Elle regardait le docteur comme si elle tentait de déchiffrer des hiéroglyphes sur son front. Celui-ci s'apprêtait à quitter la pièce lorsqu'une autre jeune femme discrètement apparue se posta devant l'entrée. Celui-ci s'agaça de plus en plus sans pour autant parvenir à s'irriter.

- Mais… qu'est ce qui se passe ici. Qui vous êtes vous ? Demanda t-il à la nouvelle venue qui ne répondit pas.

- Docteur Jeunet. Fit la femme assise. Je pense que vous devriez vous asseoir.

Il croisa le regard intimidant de la jeune femme derrière lui qui ne lui permit pas de faire autrement que d'obéir. Il comprit qu'elles étaient bien étrangères au lieu.

- Mais qui êtes vous bon sang ? Et je ne veux pas m’asseoir ! Dit-il en se relevant aussitôt.

- Je m'appelle Lola. Vous ne savez pas qui je suis ? Tenta t-elle posément.

- Je commence à en avoir marre de votre jeux mesdemoiselles, je vais appeler la sécurité maintenant !

Le docteur s'agita et voulu contourner la jeune femme qui le laissa finalement sortir de la pièce. L'homme parti, les deux femmes discutèrent de l'incompréhension qu'elles ont elles aussi subit.

- Il se prend pour quelqu'un d'autre.

- Tout le monde le prend aussi pour ce quelqu'un d'autre.

Elle firent cette amère constatation dans le calme, sans s'emporter. Quelques instants plus tard, le docteur revint escorté de quatre agents de sécurité ainsi que d'une autre personne en costume. Les filles restèrent ensemble derrière le bureau qui fit office de protection. Lola tenta de contrôler leurs esprits pour les apaiser et ainsi rendre tout le monde statique pour isoler le docteur.

- Je n'arrive à rien. Ils sont verrouillés. Dit-elle inquiète et mesurée. À présent, elles étaient moins confiantes car désarmées. Teagan sorti alors son pistolet pour équilibrer les forces et le pointa vers les hommes pour les tenir à distance.

- Lola tu fous quoi ? Demanda Teagan fébrile.

- Il les protège de toute intrusion.

- Y'a des chances pour qu'il se souvienne de toi ?

- Il se souvient de ce que peut se souvenir le Docteur Jeunet. Mais s'il m'a suivit, c'est qu'il doit me connaître. Se demanda t-elle faussement sereine.

Les deux femmes discutèrent comme ci personne n'était avec eux, consciente pourtant de la tension qui avait envahi les lieux et qui commençait à les paniquer dans le calme. Dans le camp adverse, on était aussi armé. Les agents avaient des tasers, cela ne pouvait pas rivaliser avec une arme mortelle, mais cela leur permirent de rester confiant. Ils les eurent également pointé, sur les deux jeunes femmes. On voulu apaiser la situation et tenter une médiation. Elles s'arrêtèrent de se parler et se focalisèrent sur les agents de sécurité. La police était en chemin et on voulut qu'elles se rendent. Teagan, ignora royalement les avertissement et se mit à avancer d'un pas décidé vers les hommes qui reculèrent jusque dans le couloir. Lola resta derrière elle, la suivant comme son ombre. Elle jouait autant que possible de pression avec son seul atout. Les uns marchèrent à reculons, les autres en avançant, tous bras tendus. Les deux intruses ne parlementèrent pas et se contentèrent d'avancer avec aplomb. Les agents savaient très bien que l'on se dirigeait vers la sorti et ils firent en sorte que le chemin soit libre d’accès. Ils leur fallait déplacer le problème mais aussi le retarder à tant pour la police à l'extérieur. Les femmes n'eurent pas besoin de parler, tout allait dans leur sens.

Elle respirèrent l'air frais des montagnes une fois dehors dans la cours d'entrée. Les agents restèrent en retrait, à l’abri alors que d'autres personnes virent entourer les deux femmes à distance. Au loin, des gendarmes en voitures apparurent. Le poste, en effet, était proche de l'hôpital, il se devait de l'être. Lola les vit descendre arme à la main également. Il crièrent « jetez votre arme ». Teagan n'avait plus personne en ligne de mire à présent, elle se tourna vers Lola pour échanger un regard, celle-ci lui fit un signe d'acquiescement. Lentement et distinctement, elle posa son pistolet à terre. Elles s'allongèrent et se firent menotter. La situation sous contrôle, on les conduisit séparément en voitures. Pendant qu'elles étaient seules, sous surveillance, les gendarmes prirent connaissance des faits. Ils entendirent les différents témoins, rédigèrent des procès verbaux à la vas-vite et tentèrent de rendre officiel leur intervention. Après avoir bouclé leur enquête dans la hâte, ils quittèrent enfin les lieux. Les voitures s'éloignèrent de l'hôpital sous les yeux du personnel aguerri. Sur le chemin, le groupe de voitures s'arrêta sur le bas côté. Les gendarmes descendirent du véhicule pour faire sortir leurs deux prisonnières. Après des regards échangés, ils les libérèrent de leurs chaînes. Lola pris possession du dossier d'enquête et regagna avec Teagan leur voiture qu'un officier venait d'escorter.

Elles prirent la route sans pour autant s'éloigner, il fallait revoir ses plans.

- Comment ça c'est fait qu'on ai pu entrer aussi facilement ?! Tu as pu manipuler tout le monde sauf les mecs de la sécurité. Rageat Teagan en conduisant.

- Je n'en sais rien. Je ne sais pas ce qu'il fout.

- Je vais buter ce con ! S'énerva Teagan.

Elle ne purent parler plus tant elles étaient déconcertées.

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