Chapitre 3 : Ascension (2/7)

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« La prochaine fois que tu veux tenter quelque chose, sois sûr de réussir abruti, l’injuria-t-il.

‑ Oui, désolé. J’y penserai à deux fois. Et maintenant, que fait-on ? demanda-t-il le plus calmement qui soit.

‑ C’est maintenant que tu réfléchis !? Je devrais couper cette corde, au moins je préserverais ma vie ! répondit-il haineusement.

‑ Non ! Ne fais pas ça ! Tu le regretterais, paniqua-t-il en s’agitant.

‑ Arrête de bouger où je vais lâcher imbécile ! finit-il en serrant les dents »

 Kheryan regarda tout autour de lui. Ils ne pouvaient pas sortir par là où ils étaient tombés. Il n’avait pas la force suffisante pour cette tâche. Le sol lui paraissait bien trop loin pour pouvoir lâcher. Quant à la paroi, mis à part l’horizontalité du plafond, il ne les voyait pas. Et vu le poids que représenter Ulryk, il ne pourrait pas descendre par ici non plus. La seule solution qui se présentait donc à lui pour préserver sa vie, c’était bel et bien de couper la corde et de remonter seul. Mais il n’était pas comme ça. Il n’était pas comme Ulryk. Il ne laisserait pas ses amis mourir. En bas, le sang devait commencer à lui monter à la tête. Il devait trouver une solution au plus vite. Ce dernier releva la tête et reçut une goutte chaude sur la joue. Il l’essuya et en reçut une autre. Elles venaient de son ami. Il regarda sa main et remarqua que le liquide était bordeaux dû à la faible luminosité qu’offrait la cavité.

« Kheryan ? Ta blessure c’est rouverte, pas vrai ? demanda-t-il nonchalamment.

‑ Non, répondit-il sèchement.

‑ Tu t’es blessé lors de la chute alors ? continua-t-il sur le même ton.

‑ Tu vas la fermer ! J’essaie de me concentrer pour nous sortir de là !

‑ Coupe la corde. Je ne peux pas le faire, mes flèches et mon épée sont tombés lors de ma chute.

‑ Jamais de la vie ! Moi je ne t’abandonnerai pas ! cracha-t-il.

‑ Enfin ça sort ! Aller coupe cette corde ! Venge-toi pour ce que je t’ai fait ! Je sais que t’en meurs d’envie ! cracha-t-il. De toute façon il y a de l’eau en bas, ce n’est pas comme ça que tu me tueras Kheryan ! reprit-il ironiquement après un court silence. En tout cas, pas avant d’avoir retrouvé Lewlyn.

‑ Tu ne comprends vraiment rien ! Tâche au moins de ne pas entrer tête la première dans l’eau, finit-il. »

 Il posa ces pieds sur le peu de paroi que la crevasse lui offrait afin d’assurer sa position. Il lâcha précautionneusement sa main droite et prit une flèche de son carquois, attaché à sa taille. Il coupa la corde, tremblant. N’ayant plus à porter le poids de son ami, il put resserrer sa prise sur son épée et chercher une solution pour descendre. Malgré l’assurance qu’il montrait quelques instants plus tôt, Ulryk hurlait de peur. Un bruit d’éclaboussure retentit, prouvant qu’il y avait bien de l’eau en dessous. Une fois que celle-ci retomba, un silence pesant prit sa place. Kheryan appela son compagnon mais seul son écho lui répondit. Il jura et retira son sac à dos. Il le lança le plus loin possible devant lui, espérant qu’il tombe sur la roche. Un léger bruit le rassura lorsque celui-ci tomba sur le sol. Ces bras commençaient à se tétaniser sous l’effort et sa blessure lui tiraillait le ventre. Il inspecta son équipement et savait qu’il devait faire un choix. Soit il lâchait en abandonnant son épée soit il perdait ces flèches dans la chute. Son choix fut rapide, il retira difficilement son arme de la roche en s’aidant de ces pieds. Une fois réussit, il tomba à pic. Durant sa chute, il leva la tête et regarda la crevasse qui s’éloignait. Il remarqua que le blizzard s’était calmé et qu’il pouvait voir la petite Lune. Elle se reflétait légèrement sur la surface de l’eau en contre-bas, comme pour le guider. L’étendue n’était pas si grande et il avait l’impression qu’il se dirigeait tout droit sur la berge. Lorsqu’il avait retiré son épée, il avait dû dévier sa trajectoire. Il ne sait pas s’il réussit à la corriger mais il remercia les cieux d’être arrivé en un morceau. Sa chute était si rapide qu’il avait atteint le fond. Il s’en servit de tremplin pour remonter plus rapidement à la surface. Avec le peu de clarté qu’il avait, il chercha son ami. Ce furent ces bulles d’air qui lui indiquèrent où il avait atterrit. Seulement, son sac le lestant, il devait couler à pic. Kheryan nagea dans sa direction, prit une grande bouffée d’air et plongea afin de le sauver. La pression de l’eau s’exerçait de plus en plus sur lui. La pluie, la neige et sa fonte tombant depuis des milliers d’années, elles avaient créées cette cuve. Malheureusement, son ami était tombé dans la partie la plus profonde. Il ne le voyait ou ne le touchait toujours pas. Il commençait à ne plus avoir d’air. Il voulut remonter mais sa main effleura quelque chose. Au vu de la sensation, ce n’était pas le fond du lac. Ce ne pouvait être que son ami. Il l’empoigna et commença sa remontée. Ces poumons le brulaient et il avait l’impression de faire du sur place. Il n’en voyait pas le bout. Sa vue commençait à se brouiller et il suffoqua. Il recracha tout l’air qu’il lui restait et il se laissa entrainer par le poids de son ami. Il pensa à Lewlyn, à sa mère et à toutes les personnes de son village qui avaient été enlevées. Il ne pouvait pas mourir là. Il ne pouvait pas les abandonner. Il puisa dans les dernières forces qui lui restaient et se remit à nager. Ironiquement, il ne lui restait que très peu de mètres pour qu’il puisse respirer de nouveau. Une fois son but atteint, il prit une grande bouffée d’air en sortant la tête de l’eau de son compagnon. Il remarqua aussitôt le manque de réaction de sa part. Il regarda le plafond pour profiter des derniers rayons de la petite Lune et s’orienta de manière à rejoindre la berge où se trouvait son sac. Il nagea difficilement vers la rive en tenant Ulryk à la surface. Lorsqu’il eut pied, il le traina et le jeta sur la berge. Il sortit à son tour de l’eau et reprit son souffle en s’approchant de lui tout en remettant son épée au fourreau. Il lui retira son sac, l’allongea sur le dos et posa sa tête sur son torse. Son cœur ne battait presque plus. Il sortit une potion de sa sacoche et le força à boire. Il reposa sa tête sur son torse et attendit. À peine deux minutes plus tard, Ulryk était revenu à lui et vomissait toute l’eau qu’il avait ingurgitée. Rassuré, Kheryan s’assit et se calma en reprenant son souffle.

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