Chapitre 3 : Ascension (1/7)

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« C’est presque trop facile. C’est comme s’ils voulaient qu’on les retrouve, déclara Ulryk. »

 En effet, en temps normal la forêt était assez dense. Or, avec le passage des chariots, un chemin assez large avait été créé. Les deux amis pouvaient aisément passés l’un à côté de l’autre. De ce fait, ils étaient vite arrivés au pied de La Grande Chaîne de Montagne sans encombre. Il était midi et Kheryan décida de faire une pause déjeuner avant de commencer l’ascension. Ulryk protesta, répétant qu’ils n’avaient pas le temps de s’arrêter, ayant déjà trois jours de retard sur le groupe. Son compagnon ne releva pas, l’estomac de son ami répondant à sa place. Gêné, il lui prit un morceau de pain et mangea dans son coin.

« On n’a même pas encore commencé à grimper qu’on a déjà les pieds dans la neige. Ce n’est pas normal, constata Ulryk.

‑ La neige est poudreuse. Il y a sûrement eu une avalanche, ce qui explique le bruit sourd que l’on a entendu le lendemain de l’attaque du village. On devra faire beaucoup plus attention qu’à l’accoutumé. Ce milieu est un vrai danger en temps normal, mais là ce sera pire. Ce sera rempli de piège, répondit laconiquement son ami. »

 Le visage d’Ulryk s’attrista. Malgré ce que son frère lui avait dit, il se doutait que son ami lui en voulait. Il voulait s’excuser mais il ne trouvait pas les mots et avait peur du rejet de son compagnon de route. Kheryan rangea ses affaires et se prépara à repartir. Il chercha dans les alentours un bâton assez grand, sous le regard incrédule d’Ulryk. Dès qu’il eut trouvé ce qu’il cherchait, ils se remirent en route. Avec son outil de fortune, l’adolescent prit la tête et sécurisa leur itinéraire en vérifiant qu’il n’y avait pas de crevasse ou autre de caché sous cet épais manteau de neige. À chaque fois que son bâton s’enfonçait un peu trop, il changeait de route, ce qui avait le don d’énerver son ami. Même si le trajet était plus sûr, il en était d’autant plus long. Si bien qu’en une après-midi, ils avaient parcouru à peine neuf kilomètres. La nuit tombait et avec elle le blizzard se leva. Ils n’y voyaient plus rien. Ils s’étaient attachés l’un à l’autre avec une corde afin de ne pas se perdre de vue. Kheryan s’était arrêté et tirait sur celle-ci afin de ramener son ami près de lui.

« Il faut qu’on s’arrête Ulryk ! On ne voit plus où on met les pieds ! l’interpella-t-il en élevant légèrement la voix pour se faire entendre tout en évitant une nouvelle avalanche.

‑ Il faut continuer ! Il faut retrouver Lewlyn ! Eux aussi doivent être ralentis par ce blizzard ! Il faut en profiter pour essayer de les rattraper ! répondit-il rageusement en passant devant lui.

‑ Tu veux mourir avant de la revoir !? C’est ça !? demanda-t-il après lui avoir sauté dessus pour lui mettre un coup de poing dans la figure. »

 Sous le coup de la surprise, Ulryk s’écroula de tout son long dans la poudreuse. Il voulut se relever pour contre-attaquer mais la neige sur laquelle il se trouvait, craqua sous son poids. Il regarda son ami, livide. Kheryan redressa la tête et le vit s’engouffrer dans la neige. Ulryk cria le nom de son ami en tendant ses bras, espérant que celui-ci le rattrape. En réponse, ce dernier lui tourna le dos. Il ne bougeait pas. Il le laissait tomber. Il le laissait mourir. Il chuta ce qui lui sembla être une éternité jusqu’à ce qu’il s’arrête violemment, suspendu la tête en bas. Il regarda sous lui et aperçut le sol à quelques mètres de là. Il se rappela qu’il était attaché à son ami par une corde lorsque celle-ci lui lacéra la taille. Il commença à s’agiter et il descendit brutalement de quelques mètres. Il releva la tête et ne voyant pas Kheryan, il l’appela. Seul son écho dans la cavité lui répondit. Il se sentit descendre légèrement et il regarda le trou par lequel il était tombé. Il aperçut rapidement la tête de son ami.

« Ça va Ulryk !? Rien de cassé !? lui demanda-t-il.

‑ Oui. Enfin, je crois, répondit-il peu rassuré.

‑ Tu aperçois le sol ou pas ?

‑ Oui, mais il doit bien y avoir cinquante à cent mètres en dessous. Impossible de descendre par là.

‑ Dans ce cas, il faudrait que tu remontes grâce à la corde. Tu t’en sens capable ?

‑ Je ne sais pas, avec ce froid, mes mains sont complètement gelées. Après je peux toujours tenter, finit-il simplement. »

 Il n’attendit pas la réponse de son ami et se mit en mouvement. Il se redressa et empoigna la corde. Il commença alors à grimper avec uniquement la force de ces bras. Lorsque ces pieds furent assez près de celle-ci, il monta à l’aide de ces mains et de ces jambes. Il lui fallut quelques minutes pour monter les cinq mètres représentant le lien de sa vie. Le voyant arrivé, Kheryan avait tendu son bras afin de l’aider à remonter. Ulryk voulut le saisir mais il glissa. À bout de force, il finit par tout lâcher. Il voulut la ratrapper avec ces deux mains mais elles furent brûlées à sang. Il la relâcha aussitôt et retomba, tête la première. En tombant, il avait entraîné son ami dans sa chute. Celui-ci avait instinctivement sortit son épée et avait réussi à miraculeusement la planter dans une fissure du bord de la crevasse. À présent, seules son épée et la force de ces bras les retenaient.

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