Chapitre 2 : Fuite (4/4)

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 Elle rêva, ou plutôt elle se souvint. Elle se rappela son enlèvement et Ulryk. Le visage de celui-ci se mit sur celui de Kheryan. Il en était de même pour tous ces autres souvenirs. Elle se demandait tellement où il se trouvait lorsqu’elle avait été emmené que son coup sur la tête l’avait rendu omniprésent.

 Alors qu’elle avait que sept ans, Lewlyn était partie cueillir des fleurs pour sa mère. Elle était tellement occupée par sa tâche qu’elle c’était perdue dans les bois. Elle continua de marcher afin d’essayer de retrouver son chemin. Au bout de quelques minutes, elle s’était assise et pleurer. Elle entendit des branches craquées et elle eut peur. Elle connaissait les histoires que l’on racontait sur ces bois. Des loups y habitaient.

  • Ouh ! La pleurnicheuse ! cria une voix enfantine.
  • Ha ha, elle s’est fait dessus, se moqua une autre voix.
  • Bouh ! La pisseuse ! se moqua un autre.

 Plusieurs enfants lui lancèrent des brindilles et des petits cailloux. Honteuse et gênée, elle partit en courant, les larmes aux yeux. Elle courra toujours devant elle, sans se retourner, jusqu’à ce qu’elle arrive dans une petite clairière et trébuche. Les gamins sortirent du bois et se moquèrent ouvertement d’elle. Elle resta là, allongée, son visage face au sol et elle continuait de pleurer. Elle entendit des bruits de pas rapide venant de devant elle. Elle leva la tête et remarqua qu’un garçon, qui devait avoir son âge, courrait dans sa direction tandis qu’un second tentait vainement de le convaincre de revenir. Elle remarqua que les railleries c’étaient tus, laissant place au doute et à la peur. Les filles s’étaient enfuies dans les bois tandis que les garçons campaient sur leur position, attendant le jeune qui se précipitait sur eux. Après tout, ils avaient l’avantage du nombre se dirent-ils. Pris par son élan, le jeune garçon percuta violemment le premier venu. Sonné, celui-ci resta au sol. Ils continuèrent de se battre ainsi jusqu’à ce que le groupe s’avouât vaincu et parte dans la forêt. Entre-temps, le deuxième garçon s’était approché de Lewlyn et l’avait aidé à se relever.

  • Je pense que tu me connais ? commença-t-il en prenant sa pose la plus fière.
  • Je suis le fils cadet de notre chef. Je m’appelle Ulryk ! s’énerva-t-il face à sa bêtise.
  • Désolée, je ne savais pas…, sanglota-t-elle.

 Le deuxième garçon les avait rejoint et lui caressait la tête afin de la réconforter.

  • Fais pas attention à lui, ce n’est qu’un imbécile, rigola-t-il. Moi, c’est Kheryan.
  • Ose répéter ce que tu as dit !
  • Quoi ? T’es sourd en plus ? J’ai dit que t’étais un imbécile, répéta-t-il d’un ton moqueur.

Les deux garçons se chamaillèrent, ce qui calma Lewlyn qui se mit à rigoler avec les garçons.

  • Enfin tu arrêtes de pleurer, s’exclama Ulryk. Tu peux peut-être nous dire comment tu t’appelles maintenant.
  • Mon prénom c’est Lewlyn, sourit-elle.

 Face à son sourire, les deux garçons arrêtèrent de se battre et la contemplèrent, bouche bée. Ils se regardèrent et ils surent que la même chose venait de leur arriver. Les jours qui passèrent, Lewlyn les avait passés à jouer avec Ulryk.

***

  • Il faudra que je pense à remercier Ulryk pour toutes les fois où il m’a aidé, murmura-t-elle en se réveillant et en se frottant l’endroit où sa tête avait percuté la pierre.

 Elle se releva difficilement, son corps lui faisant mal un peu partout. Cette partie de la grotte était toujours plongée dans le noir et elle décida donc de continuer son chemin prudemment ce coup-ci. Elle sentit un léger courant d’air sur son visage et prit la direction de celui-ci. Au bout du tunnel, elle finit par trouver une sortie. Seulement, le monticule rocheux sur lequel elle se trouvait était en surplomb de celle-ci. La cascade qui obstruait la sortie avait créé un petit lac en contrebas. Elle jaugea la hauteur qui la séparait de la surface de l’eau pour pouvoir sauter, mais elle abandonna son idée ne sachant pas la profondeur du lac. De plus, ces yeux s’étant habitués à l’environnement, elle avait remarqué des meldavens dormant paisiblement sur les rives. C’était une race d’ours particulièrement féroce qui évoluait sur tous les types de terrains, de jour comme de nuit. Les hommes avaient appris à les craindre et à les connaître. Enfin, surtout leurs habitudes de chasse. De ce fait, ils avaient ainsi remarqué qu’ils vivaient dans des grottes et que la couleur de leur pelage indiqué le milieu dans lequel ils vivaient. Les bruns vivaient dans les forêts, les gris dans les montagnes et les noirs, les plus dangereux, vivaient la nuit. Elle constata que ceux-ci appartenaient à la dernière catégorie. Elle les observa tous et remarqua que l’un d’eux la fixer intensément de ses yeux rouges vifs. À cette distance, elle se dit qu’elle ne pouvait être vue, que c’était impossible. Le meldaven lui confirma en détournant la tête d’elle, désintéressé. Ce qui l’intrigua, c’était la direction dans laquelle il regardait. Il fixait le fond de la grotte comme s’il attendait quelqu’un ou quelque chose. Il se leva et quelqu’un s’approcha. Instinctivement, Lewlyn se cacha derrière un rocher.

  • C’est pas possible… Il va se faire tuer s’il vient ici, se dit-elle.
  • Pas la peine de te cacher, nous savons que tu es là, entendit-elle dans sa tête.
  • Qui êtes-vous ? demanda-t-elle en regardant autours d’elle.
  • Vous êtes si simple d’esprit, vous les humains, s’indigna-t-il. Quoi qu’il en soit, tu ne sortiras jamais d’ici. Du moins pas vivante. Nous y veillerons tous. Sois en sûre, finit-il.

 Prise de panique, elle partit en courant dans le tunnel qu’elle venait de quitter. Elle continua sans se retourner, prenant un couloir sur la droite ou la gauche sans réfléchir. C’était comme si elle connaissait le chemin vers la sortie. Ce qui se révéla exact puisque quelques minutes plus tard, elle était sortie et se trouvait à présent dans une petite forêt. Il faisait encore jour. Vu l’inclinaison du Soleil, elle se dit qu’elle devait être en début d’après-midi. Au loin, elle entendit un léger bruit d’un village en pleine activité. Elle puisa dans ces dernières forces et se dirigea dans sa direction. Elle trouva vite un village et elle se laissa tomber à genoux, à bout de force. Une jeune fille de son âge s’approcha rapidement d’elle pour l’aider.

  • On m'a prévenu de ton arrivée. Ça va ? demanda-t-elle.
  • Où suis-je ?
  • Tu es dans le village de Clair-de-Lune, répondit-elle.
  • Clair-de-Lune ? répéta-t-elle faiblement.
  • Oui. Tu comprendras ce soir d’où vient son nom.

 La jeune fille l’aida à se relever et elles se dirigèrent vers une maison afin de soigner Lewlyn.

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