33/ Préparation

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 Carseb lève les yeux vers l’imposante tour qui se dresse devant lui, dans la nuit. Elle le surplombe d’une vingtaine de mètres de haut. Massive et imposante, il faudrait une quarantaines d'Hommes de bonne taille se tenant par la main pour en faire le tour Elle est au centre d’une très grande clairière, dans une forêt touffue. Il y’a deux bonnes centaines de mètres entre la tour est l’orée de la forêt, estime le demi-elfe. C’est largement suffisant pour se battre au pieds de la tour. Le désert, a dit Thanis, n’est pas loin. C’est l’endroit idéal pour mener bataille. Ils seront en hauteur pour les archers, en terrain dégagé et praticable, pour les hommes à pied. Reste à espérer que le mage ne se soit pas trompé et qu’aucun démon de feu ne pénètrera dans la forêt. Ce pourrait être catastrophique.

 La Guilde ne tarde pas à investir les lieux. Entrer dans la tour n’est pas difficile, toutes les portes en bois étant rongées par les termites. Vahya, à la tête des druides, entre dans l’édifice, pour déloger les éventuelles bêtes sauvages qui y auraient élu domicile. Rien de tout cela, seulement quelques mulots et lapins détalent. Fitz, Carseb, Thanis et certains membres de La Guilde entrent et établissent un quartier général, sur une vieille table branlante mais encore debout. Vahya est là, représentant les druides. Roland aussi est présent, en tant que fantassin, il épaulera Fitz pendant la bataille. Roplarm, un mage nain, parle pour les mages élémentaires. Roplarm a intégré La Guilde il y a quelques semaines seulement. C’est un nain qui a embrassé l'art des arcanes et plus précisément l’école d’invocation. C’est atypique, les nains ayant rarement des aptitudes magiques. Néanmoins, il excelle dans son domaine, Thanis le reconnait, Roplarm est bien plus qualifié que lui dans cette école de magie.

 A eux six, ils vont organiser le combat.

 " Bien, commence Fitz. Il faut que nous réfléchissions vite à comment nous allons défendre ce bastion.

 - Nous devons faire très vite alors...l’aube n’est pas loin, dans la matinée nos ennemis devraient sortir du désert, relève Thanis soucieux. D’ailleurs, je pense que par sécurité, quelques-uns d’entre nous devrait se rendre à l’orée du désert...voir dans le désert.

 Le silence se fait autour de la table. L’incompréhension se lit sur tous les visages, sauf le mage qui s’explique.

 - Pour mettre toutes nos chances de notre côté, nous devons attirer les démons. Comme je l’ai expliqué, ils sont attirés par la vie. Malheureusement, il y’a nombre de villages en bordure du désert. Nous avons créé une forte concentration de vie en nous rassemblant ici, nous devons briller comme un phare dans la nuit, pour eux…Mais peut-être que ce n'est pas suffisant. En envoyant des éclaireurs dans le désert, nous sommes sûr d'attirer toutes leurs forces ici.

 - D’accord, approuve Carseb. C’est une bonne idée, cela ne sert à rien de nous préparer ici, si nos ennemis ne viennent pas…

 - Oui, dit Vahya. Peut-être pouvons-nous envoyer des animaux. Je n’aime pas trop les exploiter, mais ils réussiront à s’enfuir. Est-ce que les démons seront attirés par des bêtes vivantes ? demande-t-elle en se tournant vers Thanis.

 - Oui pour sûr, mais les loups, par exemple, n’émettent qu’une très faible aura. Les forces du chaos sont attirés par les êtres vertueux et justes. Si notre amie Vrael était là, je me serais tourné vers elle, mais en l’occurrence…

Il regarde Fitz

 - Si nous voulons que le plan fonctionne, tu dois y aller. Tu as certainement la plus forte aura.

Le prêtre reste silencieux.

 - Je comprends, finit-il par lâcher. J’irai dans le désert, attirer nos ennemis.

 - Prends de quoi couvrir ta peau, ou en moins de trois heures tu seras cuit par le soleil d’Horarem, intervient Carseb.

 - Ne joue pas les héros, continue Thanis. Avance-toi d’une dizaine de lieux maximum dans le désert. Ils n’auront aucun mal à te détecter, et tu n’auras plus qu’à nous rejoindre en vitesse. Si tu pars avant le lever du jour, tu atteindras l’orée du désert à l’aube. Marche tout droit, sans perdre de vue d’où tu viens, jusqu’à ce que le soleil soit au zénith, maximum. Revient ensuite, ce sera suffisant. Bien sûr, si tu vois au loin des éclaireurs, fais vite demi-tour, le reste de leurs troupes suivra. Ne progresse pas plus en avant après le zénith même si tu ne vois aucun signe de vie. Tu signerais ton arrêt de mort.

 - Je t’accompagne, dit Carseb. Je pourrai t’aider à ne pas te perdre et à avancer plus rapidement. Je connais le désert, mon expérience sera utile.

 - Et les archers ? demande Fitz. Ils ont aussi besoin de toi.

 - Ils sont prêts. Je vais leur dire quoi faire et où se placer, mais ils sauront. Nous nous entrainons depuis des semaines, il ne leur manque qu’un chef militaire et je n’ai aucune expérience dans ce domaine. Toi beaucoup plus. Avec moi, tu augmentes tes chances de sortir vivant du désert, tu pourras donc conseiller nos archers sur la marche à suivre. Mort tu ne sers à rien. Je me serais bien proposé pour aller seul dans Horarem, mais est ce que mon aura est aussi vertueuse que la tienne ? demande-t-il en souriant. J’en doute.

 - J’en doute aussi, approuve Thanis. Fitz, tu dois y aller.

 - En plus, ajoute Carseb, nous pourrons mettre en œuvre l’idée que j’ai en tête…

 - Et quelle est-elle, cette fameuse idée ? demande Thanis en levant un sourcil.

 Le demi-elfe paraît hésiter à annoncer son plan devant tout le monde. Au bout de quelques secondes, il se décide :

 - Le vers pourpre. La même espèce que les Dovas ont chassé hier. Horarem est truffé de galeries creusées par ces créatures gigantesques. Avec un peu de chance, nous pourrons trouver où se cache l’un d’entre eux et le déloger des sables du désert. Si nous y parvenons, il pourrait faire un carnage dans les rangs ennemis. Un vers pourpre est très difficile à tuer. Alors si en plus il surgit par surprise…

 - Ça pourrait marcher, dit Vahya. Bien qu’utiliser les bêtes m’ennuie, je mettrai ma morale de côté jusqu’à la fin des combats. Nous ne pouvons pas nous permettre d’écarter de potentiels "alliés". Par contre, comment comptes-tu attirer le vers pourpre ? Il se nourrit de la chaleur des profondeurs des sables et ne remonte pour ainsi dire jamais.

 - Jamais, sauf pour respirer, environ une fois par semaine, expose le voleur. Il ne reste pas plus de quelques minutes à la surface, nous ne tomberons jamais sur un vers dans cet état. De plus, il préfère fuir dans cette situation, car il est vulnérable, tant qu’il remplit ses poumons…

 - Mais il laisse derrière lui un tunnel praticable, complète Vahya. Ça pourrait fonctionner, mais tu comptes vraiment t’enfoncer dans l’antre du vers pourpre ? A l’air libre, ta seule chance de survie est la fuite. Dans ses galeries, tu ne peux pas fuir. C’est du suicide. Comment vas-tu faire ?

 - Vous avez dit que le vers se nourrit de chaleur, dis le prêtre…

 - En effet, continu Carseb. L’appâter avec une charogne ne sers à rien, il la boudera. Par contre, il défendra farouchement son territoire. Ses écailles sensitives perçoivent les vibrations, de chacun des tunnels qu’il a creusé, même les plus infimes.

 - Il vous faudra donc un animal vivant...conclut Vahya. Je n’aime pas ça, mais j’ai dit que je mettrai ma morale de côté. Sachez que cela me répugne, mais je peux vous procurer un lapin qui attirera le vers pour nous. Par contre, il vous faudra courir vite. Une fois sa proie repérée, le vers va fondre sur elle en quelques minutes. Si par malchance il est proche de vous, même courir vite ne vous sauvera pas. Il vous poursuivra et vous tuera.

 - Nous verrons bien, coupe Carseb d’un ton tranchant. Ce plan est bancal, j’en suis bien conscient, mais avons-nous le choix ?

 Sans attendre de réponse, il poursuit.

 - Si, et je dis bien si, nous trouvons l’antre d’un vers, ce serait trop bête de passer à côté sans tenter d’en tirer avantage. Le temps qu’il peut nous faire gagner en semant le chaos dans les rangs ennemis est non négligeable. Fitz, assez discuté, l’aube n’est plus qu’à une heure, mettons-nous en route. Nous vous laissons les commandes ici. Je vais parler aux archers et nous y allons.

 - Très bien, acquiesce Fitz. Il se tourne vers Thanis et ses deux acolytes. Je suis d’accord avec Carseb, avons-nous le choix ? Le vers pourra nous éviter des morts inutiles en retardant l’arrivé de l’armée démoniaque.

 - Je vais capturer un lapin pour vous, dit Vahya en emboitant le pas du prêtre qui se dirige vers la sortie. Thanis, je n’en ai pas pour longtemps, je reviens.

 - D’accord, répond le magicien. Nous t’attendons pour mettre en place les défenses.

 Arrivé au dehors, Fitz se rend devant les partisans de La Guilde, au grand complet qui attendent devant la tour. La plupart sont là. Il partage la foule en trois groupes distincts.

 Les archers, se réunissent autour de Carseb. Ils sont une quarantaine. Tous portent en bandoulière un arc et un carquois. Les plus chétifs ont été équipés d’arbalètes à répétition. Cette arme permet de tirer des carreaux, plus meurtrier qu’une flèche et avec une meilleure précision, mais elle nécessite un long temps de chargement, ce qui ralentis la cadence de tir. L’avantage majeur est que l’on ne se fatigue pas en maniant cette arme. Certains soldats de La Guilde sont des forgerons, ce qui leur a permis de s’équiper rapidement. Mais les arbalètes à répétitions sont couteuses et longue à fabriquer. L’arc reste donc l’arme principale dans le groupe que mènera Carseb.

 De son avis, l’arc est bien meilleur. Mais c’est un jugement tout à fait personnel. Carseb donne ses directives et annonce qu’il reviendra peu avant la bataille. Il conseille aux archers de s’installer dans les étages les plus bas de la tour. Il nomme son représentant, un très jeune homme d’une quinzaine d’années, plein de ressources, qu’il a pris en sympathie dernièrement. Il saura diriger le groupe au mieux.

 Les Hommes d’armes se réunissent autour de Fitz. Contrairement aux groupes d’archers, où les armes sont globalement les mêmes, ici on peut voir toutes sortes d’équipements. Au niveau de l’armure, déjà, c’est très éclectique. Certains sont en armures lourdes, équipé d’un heaume et d’un bouclier. Les plus légèrement habillé, sont vêtus d’une simple côte de maille et de pièces de cuir. Certains sont armés, à l’instar de Vrael de grandes épées batârdes. D’autres sont équipés de hache, hachettes et boucliers. D’autres encore sont armés d’immense armes à deux mains, des espadons, des lances ou des marteaux de guerre. Fitz remarque une faux dans l’attroupement.

Comment peut-on correctement se battre avec un outil de fermier... pense-t-il exaspérer.

 Il n’a pas le temps de rééquiper l’homme à la faux, il donne ses directives, comme Carseb, et nomme Roland comme son représentant. Fitz s’adresse ensuite au groupe entier qu’il embrasse des bras. Il explique qu’ils doivent s’absenter jusqu’à demain, mais que Thanis, membre du conseil, reste superviser les opérations ici, épaulés par Roland, Vahya et Roplarm.

 Fitz s’efface ensuite rapidement pour rejoindre les autres. La druide a dompté un lapin et l’a confié à Carseb, qui le charge dans une besace.

 - Allons-y !

 Ils se mettent en route et atteignent rapidement le désert. Alors que les premiers rayons du soleil pointent, les deux amis pénètrent dans l’étendue de sable, guidé par Carseb.

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