LA SVASTIKA QUI TOURNE DANS LE FOND DE VOTRE PRESSE-AGRUME N'A JAMAIS EXISTÉ N'EXISTE PAS ET N'EXISTERA JAMAIS

15 minutes de lecture

Un nouveau conte; ça se passe en région parisienne, plus précisément au Nord, au centre, et au Sud; dans les années 85, au siècle dernier, évidemment. Ce n'est donc pas vraiment une histoire ni une fable mais une histoire de la réalité, un vrai conte pour enfants.

21h : Je descends dans la rue en bas de chez moi. Je viens d'avoir 29 ans et j'ai acheté un lecteur de CD portable, çà vient de sortir, du super matos comparé aux mini K7 qui ont régné dans la rue et sur la route pendant toutes les années 70; d'ailleurs je n'ai pas eu de mini K7 et je n'avais plus aucune musique à écouter depuis des années car après avoir été rincé et essoré, j'étais en train de sécher. Mais la çà y est, je me rattrapais enfin, aux plafonds et à fond. Avec et sans pinceaux. C'est l'été, il fait doux, le soleil se couche sur l'Ile Saint Denis près de la Seine. J'écoute les Clash et je commence à sautiller dans la rue avec les oreillettes dans les oreilles. Soudain, face à moi un connard que je connais bien, on s'est déjà insulté quand on regardait la télé ensemble à une dizaine en fumant des joints. Je l'ai traité de raciste et il a voulu me casser la gueule. Et ses potes l'en ont empêché en lui faisant remarquer qu'effectivement... Oui, ses potes, quand il commençait à faire l'éloge du borgne, ils se foutaient de sa gueule et bien sûr çà le mettait en rogne. Là on est seuls, lui à une cinquantaine de mètres, moi environ autant, ce qui nous met ainsi sur un certain pied d'égalité, finalement.. Mais non, justement, moi je saute sur mes pieds, et l'idée de lui renvoyer sa connerie à la gueule sursaute en moi au rythme des Clash et de toute l'énergie de la terre en macadam qui me porte, me supporte et m'emporte par sa porte; qui rebondit jusque dans mes bras et dessinent dans l'air le signe de la croix gammée, la marque de fabrique de ce connard. Il me regarde incrédule ne comprenant pas la pantomime que moi, guignole, je dédicace au polichinelle d'en face; alors je recommence, j'insiste, j’arrête pas .. Ah, enfin il pige ! Je vois ses yeux s'ouvrir tout grand, sa bouche se déformer et il se rue sur moi.

Quand j'ai vu le mec foncer sur moi, j'ai vite compris que çà aller mal se passer et j'ai couru dans le sens opposé au type, vers Saint Denis. En passant le pont j'ai vu en me retournant qu'il y avait maintenant plusieurs personnes qui me couraient après et qui visiblement me rattrapaient.

Juste après le pont il y a un grand Hôtel de rapport qui fait l'angle entre les quais de Seine et le pont de Saint Denis. Le bâtiment, qui fait en partie face à la Seine, est imposant avec plus de 6 étages et 2 tours au toit conique façon château fort encadrant la façade. Il était alors complètement occupé, à 200%, par des blacks, les rebeus étant proprios, ou à minima loueurs des locaux, comme de tout l'immobilier du coin, frappé d'alignement depuis des années, et qui a finalement aujourd'hui entièrement disparu, à part ce grand Hôtel sans doute à cause de ses prétentions d'allures, ses velléités châtelaines. Comme l'interphone n'avait pas encore été inventé dans le quartier je me précipitais par la porte principale dans l’Hôtel et montait dans le noir les 2 premiers étages.

Je m’arrêtais, reprenant mon souffle, plié en deux, écoutant dans l'obscurité, tout au fond d'un couloir borgne, la seule issue donnant sur l'escalier. Assez rapidement j'entendis mes poursuivants crier "où kill hait ce fils de pute" et monter bruyamment les étages. Au même moment, la lumière de la minuterie s'alluma au plafond. Je me dis que là, vraiment, il allait falloir agir, mais comme je n'avais pas d'arme, la situation était un peu compliquée. Faute de mieux, en dernier ressort, je décidais de prendre le seul truc que j'avais sous la main, mes clefs, que j'armais en une sorte de coup de poing américain.

Le mec passa en trombe sur le palier en jetant un regard dans mon couloir, puis une seconde après, m'ayant vu, fit marche arrière et fonça sur moi. L'attendant de pied ferme je m’apprêtais à lui crever un œil et lui percer le haut du crane avec mes clefs. Quand le contact fut , je décochais mon coup et quel coup ! Le trousseau de clefs ripa dans ma main et glissa sur son visage sans lui faire une véritable balafre dont il aurait pu au moins se rappeler avec émotion sur ses vieux jours en contant ses exploits passés à ses petits enfants sur ses genoux. Mais non, effet inverse, action et rétroaction, la tentative décupla encore sa fureur et comme il faisait le double de mon gabarit, au premier coup qu'il me porta, je me retrouvais par terre. Victorieux en un instant il commença à me ruer de coups de pieds les cotes et la tête en gueulant. Le minuteur arriva à son terme et la lumière s'éteignit. Quant à moi, j'adoptais naturellement la position fœtale et la mentalité qui va avec.

Mais les blacks de l’Hôtel ils sont pas morts comme tous les connards de blancs des ghettos pavillonnaires du coin. Quand ils ont entendu gueuler dans leur cage d'escalier, eh bien ils sont sortis voir de quoi il retournait. Normal, non ? Une grosse mama s'interposa avec mon agresseur, qui n'avait pas plus de 18 ans. Et un mec m'aida à me relever. Le couloir était noir de monde, à part moi bien sûr et mon agresseur rebeu. Très rapidement, moins d'1 minute après l'arrêt du combat, 1 minute et 20s après son début, les flics étaient là ! Incroyable !! Quand ils arrivèrent dans le couloir j'étais au fond et mon rebeu à son entrée, près de l'escalier. Je vis les flics (oui, là faut arrêter de déconner, si il y avait des policiers çà se saurait) parler avec lui qui leur montrait le lecteur de CD qu'il m'avait finalement piquer dans l’échauffourée. Le mec parlait à voix basse, me jetant fréquemment des regards de coté, par en dessous. Les condés (oui, là faut arrêter de déconner, si il y avait des flics çà se saurait) vinrent ensuite à moi et je vis que le rebeu n'était plus là. Les cognes ( oui, là faut arrêter de déconner, si il y avait des condés çà se saurait) me demandèrent mes papiers et pourquoi j'avais agressé le gentil petit garçon Nord Africain.

En couchant les mots sur l'écran, plus de 30 ans après, les faits ne me semblent pas aussi ahurissants : Rué de coups, plusieurs cotes fêlées, mon agresseur en pleine forme et envolé avec la bénédiction de la maréchaussée avec mon Walkman, c'était moi l'agresseur ! Hum... Je lui avais quand même dessiné des croix gammées dans le vide avec mes mains... Au final, l'agresseur, celui qui a commencé, c'est bien moi !

Mais revenons à l'action : "Vos papiers !" "Mais, monsieur l'agent, j'étais sorti sautiller dans la rue avec mon Walkman, j'habite à 2 pas d'ici, je les ai pas mes papiers, on peut aller les chercher si vous voulez.." "Allez suivez-nous, on va aller s'expliquer tout çà au poste..". Je proteste, mais à quoi bon, on est déjà en route.

Donc les keuffs, (oui, là faut arrêter de déconner, si il y avait des cognes çà se saurait), m'emmènent au poste de Saint Denis, le commissariat principal qui est assez proche, je dirais à 400 mètres de l’Hôtel, 500 de chez moi. Et là, rebelote, on s'en serait douté : "Vos papiers ?", "Je les ai pas, monsieur le commissaire, je suis sorti dehors, etc..". Après réflexion entre eux, la seule intelligence dont ils disposent, soi-disant, le porte parole m'annonce qu'ils vont me laisser sortir pour aller chercher mes papiers et que je dois revenir leur présenter aussitôt.

22h : Je sors du commissariat, la sentinelle, dans le coin, il y avait toujours plusieurs sentinelles devant le commissariat, me regarde à peine. Putain, déjà 10h et faut que je retourne à l'Ile Saint Denis chercher mes fafs, et revienne ici les présenter. Je suis pas sorti et demain le taffe. Merde ! Je file au plus près et au plus vite dans les rue noires de Saint Denis en direction du pont de Saint Denis que je dois obligatoirement prendre pour me rendre à mon domicile. Je n'ai pas fait plus 200 mètres que la camionnette au gyrophare arrive sur moi plein phares et me bloque le passage. "Mais qu'est-ce qui se passe ..?" "Allez, hop, au poste !"

22h15 : Retour au commissariat de Saint Denis. Ce coup là ils me mettent dans la cage à poule direct. Aucun contact avec personne. Je me tais et j'attends la suite. Je suis assis en tailleur sur le sol en béton.

23h30 : Un schmitt (oui, là faut arrêter de déconner, si il y avait des keuffs çà se saurait) ouvre la porte. Deux autres l'escortent, il sont donc trois. Ils me prennent par les 2 bras, m'emmènent dehors et me font monter à l'arrière de la camionnette. 2 schmitts à l'avant, 2 schmitts à l'arrière, et moi au milieu, menotté. On roule. Au bout de 5 minutes sur l'A1 vers porte de la Chapelle, dans le tunnel sous la Plaine Saint Denis, un des 2 cons me dit en rigolant, "toi, tu va bien finir la nuit chez les fous". Et l'autre se marre du coup. Et ceux de d'vant par la même occas.

On sort de l'A1 porte de la Chapelle et on traverse tout Paris intra muros en grillant tous les feux rouges, gyrophare et sirène. Pas de doute, je suis un dangereux criminel, puisque je ne suis pas une vedette. On s’arrête vers minuit dans la cour de l’hôpital Saint Anne dans le 14ème. Un des flics marmonne 2, 3 phrases à l'intention de l'interne de service en blouse blanche : "Comportement suspect .. oui oui, vraiment suspect, pas bavard .. pas normal ..suspect, .. tout à fait suspect ,.. regardez ce que vous pouvez faire...nous on peut pu". En 2 minutes tout est bâclé, bâché, la camionnette s'en va et l'interne me demande de l'accompagner.

0h30 : Le toubib en blouse blanche qui m'a pris en charge à la camionnette ferme la porte de ma cellule. Nous sommes 2 dans la pièce. L'autre type est dans un coin et par moments il grommèle des propos menaçants en montant le ton de plus en plus fort mais ce faisant, toujours face au mur. Il y a un éclairage tamisé au plafond, une veilleuse, mais pas d'interrupteur. La porte n'a pas de poignée de ce coté mais elle a un grand carreau carré blindé faisant office de judas dans les 2 sens. Sinon, pas de fenêtre, aucun meuble à l’exception de 2 matelas monoplace en mousse à même le sol. Je fais le point : Rien de cassé malgré le passage à tabac, le type à l'autre bout de la pièce à l'air assez chtarbé pour ne pas constituer une réelle menace et l'HP, je connais, j'y ai déjà fait 2 séjours, 1 de 4 mois et un de 1 mois. Le plus dur ce n'est pas d'y entrer mais bien d'en sortir. De toutes façons, pour l'instant, il n'y a rien à faire, sinon me reposer. Et puis, il y a quand même une bonne chose dans tout çà : Demain je n'irai pas bosser ! Assez rapidement, fatigué, déroutiné, confiant, je m'endors.

5h : "Enculéééés, salooops, pouriiiis, ordures ! AAAhhhh !!! Aaaaaahhh ! AAAAAAAh!!! " Et BOUM BANG BOUM dans une porte dans le couloir; debout ! tout le monde ! Qu'est-ce ki s'passe ? Je me lève et regarde par le carreau de la porte dans le couloir qui fait bien 4 mètres de large. En face, à travers le carreau d'une porte identique à la mienne, je distingue une ombre.. oui, un visage : Une chevelure toute ronde et hirsute, et le visage grimaçant et ridé d'une très vieille femme qui hurle et tape dans la porte à coup de pieds et de poings. Nos'rgards se croisent une fraction de secondes et j'ai l'impression d'y voir une joie et une malice infinies. Mais j'la connais la meuf ..?! C'est NIKITA !!! La vraie, pas celle de Besson qui finit callgirl ou agent secret, genre on sait plus, non, la vraie, celle du monde réel qu'on jette au fond d'une cellule capitonnée après qu'elle ait descendu sous dropou un fuck (oui, là faut arrêter de déconner, si il y avait des schmitts çà se saurait). 3 infirmiers arrivent en blouse blanche, le vacarme redouble, ils tournent le verrou et entrent; le vacarme s’éteint. Ils ressortent. Je me tourne doucement vers l'autre type qui est dans la chambre : Il s'est réveillé et a commencé à grommeler et pester comme la veille, toujours en montant le ton. Bon, rien de nouveau à l'Ouest. Je me rallonge un peu en réfléchissant à mon sort et en projetant la suite des évènements; combien de temps cette fois ? Un mois ? Un an ? Une semaine ? Et mon boulot ? et mes parents ? Mon appart, même pas fermé à clefs je crois ... Hum ..

7h30 : Bruit de verrou, la porte s'ouvre, une infirmière sexy, toutes les infirmières sont sexy de ce coté de la porte, nous demande à tour de rôle ce que nous voulons pour le petit déj. Moi je prendrai bien un café. Ainsi on ne sort pas de la cellule... Bon...

8h : Café, tartines beurrées. L'infirmière se ravise envers moi : "Vous avez diné hier ?" "Ben non.." "Ah ben y nous reste des restes, du poisson je crois, vous en voulez ?" "Ben oui, avec plaisir..". Elle demande également à l'autre type qui a donc du aussi être raflé dans la nuit, mais il grogne que "non" en y ajoutant des propos complètement incompréhensibles, toujours en montant le ton. Réglé comme du papier à musique, bon d'office pour la camisole chimique, neuroleptiques et anxiolytiques. Sans oublier les médocs expérimentaux des laboratoires à tester.

9h : Le diner arrive, poisson cuit à l'eau, ferme, super bon avec un peu de riz. C'est au moins du colin. Je déguste ! Moi qui ne mange que des pâtes entre 2 kros depuis des mois. J'ai bien un doute de médicaments dans la bouffe, mais à quoi bon, j'ai faim, on verra bien. De toutes façons, s'ils veulent me camisoler, qu'y puis-je ?

10h : Un docteur entre; ce doit être l'heure du début des visites. Me demande de le suivre. Je sors enfin de cette piaule. Je demande si je peux aller pisser. Il me dit d'attendre, il appelle un infirmier qui m'accompagne. Je suis vraiment un fou dangereux criminel, mais je n'ai plus de menottes. Le docteur m’attend à la sortie des chiottes, en fait dans le même couloir donnant sur les chambres. Tout l'étage est conjugué sur cet unique couloir. Tout le long, dans le clair obscur des veilleuses au plafond, les portes blindées des chambres, et à une extrémité la lumière, où il s'élargit en une vaste pièce entourées de baies vitrées. Il y a ici principalement des paillasses de labos, on se croirait dans la salle des TP de chimie du Lycée. Il y a aussi une pièce attenante avec le bureau du toubib. Il fait un pas dans sa direction, puis, se retournant soudainement, me demande : "Alors qu'est-ce qui c'est passé hier soir ?" (çà c'est pour le psychotique : Est-ce que j'ai encore un lien avec la réalité) "Bah, vous savez docteur, les policiers y s'énervent pour rien avec tout leur travail. Honnêtement, je sais pas." "Comment çà va avec vos parents ?" (çà c'est pour le névrotique : Est-ce que j'ai de mauvais rapports avec la réalité) "Ça va, ça va, je les vois un week-end de temps en temps, ils sont à Eaubonne et moi à l'Ile Saint Denis" "Vous avez déjà été hospitalisé en psychiatrie ?" (çà c'est pour la faisabilité; je mens effrontément, mais comment peut-il vérifier) "Non" "Vous travaillez ?" (çà c'est pour le fric : Est-ce que je vais être un poids la société ou pas) "Oui, d'ailleurs je devrais y être.." "Bon, alors allez-y" J'éclate de rire dans ma tête : Ils vont me la refaire à l'envers comme au commissariat de Saint Denis, les toubibs ? J'éclate de rire pour de vrai : "Euh, monsieur le toubib, et je sors par où ? Par la cheminée ?" (à part, pour moi "...comme à Auschwitz ?") "Ah oui, c'est vrai .." Il va vers une autre porte blindée que je croyais être celle d'une cellule, met une clef qu'il sort de sa poche dans la serrure et tourne la clef. "Vous allez prendre l’ascenseur." C'est vraiment fort Knox ici. Qui aurait pu imaginer une telle valeur de fou ? L’ascenseur arrive, il m'ouvre la porte en réfléchissant et me demande toujours soudainement : "Vous avez un titre de transport ou de l'argent ?" "Ben non .." "Tenez !" Il sort son portefeuille et me donne un ticket de métro. Je rentre dans l’ascenseur. Il me dit d'appuyer sur l'unique bouton et me dit au revoir. Quels blagueurs ces psychiatres ! Ça y est, je suis dehors dans la rue, en T-Shirt sous le bleu du ciel, dans l'air frais et clair d'un matin d'été à Paris, libre !

10h15 : Métro glacière. Je saute par dessus le portillon : On peut toujours avoir besoin d'un ticket de métro non usagé en cas d'urgence.

11h : Après le RER D et 1 station SNCF j'arrive à mon domicile Ile Saint Denis. Allez hop, au boulot; vieux motard que jamais. Mais d'abord, le lecteur de CD portable, on va pas en rester là. Je file à la FNAC Chatelet : 1 station SNCF jusqu'à gare du Nord et 1 station RER B.

12h : Je repars vers mon domicile avec le lecteur CD dans la ceinture et les Who's dans la tête. 'tain, faut qu'jme dépêche, là !

12h30 : Bon, tant pis, je prends la 4L, plus le temps d'aller jusqu'à Bagneux en RER B plus tout le trajet à pinces après. Je fonce !

13h30 : Je passe à travers champs (le terrain de football à coté de la taule) et j'arrive rue des Mathurins, là où je bosse, Thomson-CSF, maintenant Thalès. Badge pour rentrer dans la zone CD (Confidentiel Défense), j'alerte un collègue : "Le chef m'a demandé ?" "Non il est à Satory avec les généraux.." Ouf, tout va bien.

17h : Mon chef, Monsieur Denis, ex-enfant de troupe, colonel à la retraite à 40 ans, chef de service dans le département études projet système, DEPS, rentre de Satory et me demande pourquoi j'étais pas là ce matin à 8 heures et demi. Hum ? Pourquoi ? "Je vais vous faire un rapport, chef !" "D'accord, mais pas plus d'une page alors, et pas de copie !" Ce que je fis. Ceci n'est donc pas une copie.

Epilogue : Je lui remis le lendemain le rapport, identique à la chronologie qui précède, mais en plus court. Il ne m'en reparla jamais, sauf m'avoir affirmé une heure après qu'il l'avait bien lu, en me regardant d'un drôle d'air. Un air que j'ai interprété comme :"C'est vrai tous ces mensonges ? T'es un homme ?" Le mec qui m'avait chourave le walkman a essayé de me le revendre, moitié prix, il semblerait qu'il ne marchait plus très bien. Évidemment je l'ai envoyé chier. La poule est tombée quelques années plus tard, en 1988, presque tout le commissariat si j'ai bien compris; en premier chef, proxénétisme, puis racket et recel et enfin trafic. Ma femme, plusieurs docteurs du travail, ont essayé de me faire re-interner : Sans succès. Et pour être tout à fait honnête, il s'en est fallu de peu qu'à un moment donné la situation ne se retourne au point que ce soit eux qui ont failli être internés... On ne plaisante pas avec le corps psychiatrique mais on se marre bien quand même, quand un éclair de conscience, celle-là même que tout le monde croyait et voulait disparue, annihilée, hachée menue, évaporée, morte en un mot, la réponse avant la question, ce qui n'a aucun sens et ce qui pourtant résout tout, s'illumine et s'élève hors de la brume des médocs des psychiatres, des labos, des multinationales pharmaceutiques; jusqu'au soleil et la lune et par delà les étoiles !! Un autre conte !

En guise de conclusion, cet épisode que je vous ai raconté de mémoire constitue mon dernier séjour à l'HP. Il peut comporter certaines inexactitudes mais la trame et le détail des faits mentionnés sont exacts et il n'y a aucune invention délibérée de ma part.

                  Serment scellé.

Colleaufond :

Retour au chapitre un, "OD", précisément à cette ligne où je déclare que le produit pharmaceutique dont se sert Zette pour couper l’héroïne se dénomme "manicol". Recoupant l'information avec une recherche Google du terme, le premier lien est une page du Figaro : https://sante.lefigaro.fr/medicaments/3064667-manicol-5g-sachet-20. On y apprend, non sans pour ma part une seconde surprise, que le manicol, laxatif osmotique, "a été autorisé sur le marché entre le 18/11/1997 et le 04/06/2008", démontrant du même coup que mes déclarations du chapitre un sont fausses : Si le médicament a été mis sur le marché en 1997, comment Zette pouvait-elle l'utiliser en 1985 comme je le fais observer dans "OD" ? Un Vidal 1985 résout la question car le produit y est mentionné : "Le manicol a été mis sur le marché en 1964, il coutait 13,50F en 1985 et était remboursé à 40% par la SS". J'ai envoyé une demande de ""modération"" au Figaro concernant ces faits effectivement inexacts et certainement infatués. Attendant sans vraiment rien attendre.

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