Douce transformation printanière

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C’était la fin du printemps, il était déjà grand temps pour les fées des forêts de préparer l’été, de veiller à ce que chacun puisse avoir ce qu’il lui sera nécessaire pour la nouvelle saison. Chaque changement de saison était un moment clé dans cet univers empli d’être vivants. La tâche qui devenait de plus en plus ardue était d’éviter la destruction de leur demeure, les incendies et actes de malveillances des trolls venus de la civilisation étaient quasi quotidiens, sans parler des conséquences sur les eaux ou la fertilité des sols. Beaucoup des protégés de Marguerite avaient perdus leur habitat ces derniers mois. Elle passait une partie de ses journées à soigner poissons et faons sans trouver la solution pour éviter le pire, car elle sentait que le pire n’était pas encore arrivé mais s’approchait… Bien que son absence d’ailes était une véritable souffrance au plus profond de son être, elle avait su apprivoiser son état et s’adapter, mais voir ce dont elle était responsable se dégrader réveillait en elle une amertume qu’en tant que fée elle ne devait pas avoir.

Marguerite vit la fin de journée arriver avec une impatience qui ne lui ressemblait pas. Elle avait accompli bien plus que d’ordinaire et ne pensait plus qu’à retrouver son arbre, espérant ne pas y être seule.

S’approchant doucement, elle ne vit personne. La déception pouvait se lire sur son petit visage de fée. Mais alors qu’elle s’avançait un peu plus, elle découvrit, disposées sur la mousse, des marguerites fraichement cueillies. Comment avait-il pu deviner ?

Elle en saisit une dans ses mains et la contempla comme si c’était le plus beau des trésors. Jamais une simple marguerite ne lui avait semblée aussi belle. Un bonsoir, doux comme du velours, la fit sortir de ses songes. Devant elle, se tenait le lutin. Il était là. De nouveau pétrifiée, elle ne savait pas comment commencer cette conversation sans rompre le charme de l’instant. Un furtif bonsoir, rien d’autre ne put sortir de sa petite bouche restée béante. Elle avait pourtant mille et une questions à lui poser, mille et une histoires à raconter, mille et un rêves à partager. Mais aucun son ne pouvait sortir pour retranscrire ses pensées. Ses yeux étaient, une nouvelle fois, prisonniers des pétillants yeux de lutin.

- Comment allez-vous ? demande –t-il simplement

Marguerite aimait par-dessus tout le son de cette voix qui faisait vibrer en elle des sensations dont elle ne soupçonnait même pas l’existence.

- Bien. Merci. Et vous ?

Elle se sentait tellement bien lorsqu’il était près d’elle que cette question lui semblait sans objet.

Elle ne savait pas comment poursuivre plus avant la conversation, son esprit était complément embrumé. Il la regardait avec une telle profondeur qu'elle aurait aimé plonger dans ses yeux. Il passa son doigt sur son visage si fin et l'invita à s'assoir entre les marguerites. Sans qu'elle pose une seule question et comme pour se justifier, il lui expliqua sa présence dans cette forêt. Présence surprenante pour un lutin des bois.

Il retraça alors son parcours, les dragons à dompter et les licornes charmeuses, les montagnes à gravir et les rivières à traverser. Marguerite se laissait prendre par ces récits tellement plus pittoresques que sa vie de fée des forêts. Elle avait bien une histoire ou deux à partager mais elle était comme envoûtée par la voix si chaude et apaisante de ce lutin. Quelques fois elle aurait aimé lui poser une question mais elle n'osait pas interrompre le charme de ses mots. Ce lutin avait été prince dans ses bois avant d'être chassé de son royaume par des trolls venus des terres sombres de la Civilisation. Il semblait maintenant avoir choisi la mousse de son arbre pour nouveau territoire, à moins que ce ne soit que transitoire avant de poursuivre son voyage. Elle envisageait déjà un demain … cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Pourtant il n'y avait rien, absolument rien que des marguerites éphémères et des sourires béats. Elle devait prendre son temps, retrouver la prudence dont elle était experte. Tout en visualisant les aventures de son compagnon elle s'endormie paisiblement sa main dans la sienne.

A l'aube, un faon grignotait les marguerites en guise de petit déjeuner, ne prêtant aucune attention aux deux êtres allongés au milieu. Il était souvent dangereux pour les fées de dormir à même le sol, leur petite taille les rendait vulnérable. Pourtant Marguerite se reposait là depuis maintenant quelques semaines sans crainte. Elle ne pensait plus au monde qui l'entourait, la réalité lui avait comme échappé durant toutes ces nuits où elle avait attendu son lutin. Mais ce matin sentant le faon lécher sa peau la réalité la rattrapa brusquement. Elle se leva et s'évapora en un instant. La confusion régnait à nouveau dans son esprit comme à chaque rencontre. Elle le connaissait à peine mais pourtant la sensation d’un lien, comme invisible, revenait faire vibrer son cœur à chaque fois qu’elle pensait à lui.

Comment cela était-il possible ? Pourquoi avait-elle ce besoin inexplicable de le revoir chaque jour, chaque nuit ? Elle avait conscience que si des sentiments naissaient, amour ou même amitié, un choix s’imposerait. Elle devait éviter cela, se préserver, garder ses distances. Sa vie lui convenait, les jours passaient sans heurt, son petit monde de fée était parfaitement adapté. Il lui ressemblait, l’entourait et la protégeait. C’était certain, sa place était dans celui-ci, le doute n’avait pas lieu d’être. Pourtant, il y avait cette absence d’ailes, elle savait qu’un jour, pas si lointain, elle finirait par s’éteindre définitivement si elle ne les retrouvait pas. Elle avait tant cherché, tant prié son amie la Lune et tant pleuré dans la nuit silencieuse que l’espoir semblait s’être échappé, jusqu’à cette improbable rencontre qui fit naitre dans le cœur de Marguerite quelques bourgeons d’espoir. Le soir venu, elle décida de rejoindre son amie, elle avait besoin de ressentir la force de cet astre. Elle monta sur la dernière branche de son arbre et admira la splendeur de la Lune. La nuit était noire, seul ce croissant servait de repère aux étoiles. Cela lui fit ressentir une solitude immense mais indispensable à son besoin de recueillement. Marguerite contempla avec admiration l’éternité des étoiles et l’infinie beauté des plus filantes d’entre elles. Si elle avait pu elle les aurait rejointes, pour effleurer un peu de leur éclat du bout des ailes. Les yeux fermés, elle pouvait encore percevoir la lumière dégagée par la voie lactée toute entière et se laisser envahir par sa puissance. Mais lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux, la tristesse balaya tout sur son passage, ses pensées devinrent une fois de plus confuses. Ses émotions se transformèrent en tourbillons, son cœur s’emballa. Elle se laissa tomber de son arbre avec la légèreté d’une fée et la lourdeur du tourment. Une fois de plus la mousse bienveillante du lutin la recueillit. Marguerite, la petite fée, resta inerte durant 3 nuits et 2 jours. Sa respiration était lente, sa peau translucide et ses lèvres froides. Le lutin veillait sur elle à chaque instant, l’observant dormir, lui caressant délicatement une mèche de cheveux déplacé par le vent, lui glissant une goutte d’eau sur les lèvres, la couvrant de feuilles… Posant ainsi son regard sur cette fée, il avait le sentiment d’en devenir responsable au-delà de l’inconscience de Marguerite.

Durant ce temps d’inconscience, la petite fée retrouva son âme sœur partie trop vite et emportant avec elle l’avenir d’une belle rencontre. Une amitié faite de bienveillance mutuelle et de partage d’idéaux que Marguerite avait conscience ne pouvoir retrouver chez aucune autre fée des forêts. Elle s’appelait Stella, elle venait d’ailleurs, à la fois majestueuse et respectueuse, elle donnait l’envie d’être aimé. Elle avait connu les terres sombres de la civilisation, emprisonnée par les trolls puis libérée grâce à l’attention d’un troll amoureux. Marguerite se replonge avec nostalgie dans leur échange nocturne, leur envie de changer le monde de la forêt, leurs idées pour améliorer le quotidien, … Elle avait enfoui ses souvenirs au plus profond d’elle-même, ne ressentant ainsi plus qu’un faible frémissement, oubliant le bonheur de partager au-delà de l’inexorable destin. Pourtant les terres sombres ont rattrapées Stella, elle s’était éteinte avec toujours dans les yeux l’envie de donner et de laisser une place pour chacun. Avec Stella, elle n’avait pas peur, elle n’était jamais seule dans les méandres de ses pensées. Elles se portaient mutuellement, l’une étant l’égale de l’autre, admiration réciproque, soutien permanent. L’une sans l’autre n’avait pas de sens, le lien qui les unissait était pour toujours irremplaçable. Une telle rencontre ne pouvait être vécue deux fois dans une vie de fées, elle en était persuadée. Malgré l’impuissance face à la situation, malgré le manque quotidien Marguerite avait appris à vivre sans elle. Chaque jour enfouir la tristesse et avancer comme elles l’auraient fait ensemble.

Lorsque Marguerite ouvrit enfin les yeux, leurs regards flous restèrent comment accrochés pour l’éternité. Sans permission le lutin déposa un baiser sur son front s’immisçant par ce geste un peu plus dans son âme. A peine éveillée, elle sentie son cœur palpiter de plaisir, ses mains se posèrent sur le visage de son protecteur et ils se sourirent comme deux enfants heureux de se retrouver pour vivre de nouvelles aventures. Son mur s’effondrait un peu plus à chaque seconde passée près de lui, elle pouvait le sentir au plus profond d’elle-même. Elle devrait prendre du temps pour réfléchir aux conséquences de ce qui était en train de se passer mais elle ne pouvait pas le faire maintenant, trop d’émotions se mélangeaient en elle, personne ne lui avait jamais appris à gérer ce type de situation. Veiller au bon déroulement de la saison des amours, rassurer un chevreuil en détresse était son rôle, s’occuper des hiboux en mal de silence ne lui faisait pas peur, même les loups insomniaque ne l’effrayaient pas, mais là c’était l’inconnu qui s’offrait à elle. Aurait-elle la capacité, la compétence pour apprivoiser un être d’apparence si différent d’elle ?

Il avait conté son parcours valeureux jusqu’ici, mais elle ne connaissait ni ses intentions, ni ses pensées, ni même son nom. Elle devait prendre le temps de le connaître avant de laisser ses émotions l’envahir et de se confronter à un choix qu’elle n’était pas prête à faire à l’heure actuelle.

Pour apprendre à connaître quelqu’un il faut commencer par connaître son nom. Marguerite aimait se blottir près de lui, l’écouter mais elle devait aussi oser lui poser des questions.

C’est ainsi qu’elle découvrit son nom, Elros, qui signifiait, écume d’étoile… Et si le ciel tant admiré, tant désiré lui donnait une lueur d’espoir avec cette rencontre. Signe du destin ou hasard de la vie, cette rencontre était en train de changer cette petite fée.

Un soir de pleine Lune, elle sentit ses lèvres se poser sur les siennes. Ce fut comme si elles s’étaient attendues toutes leurs vies, comme si elles étaient faites les unes pour les autres. Elle le regardait dans les yeux, espérant ainsi pénétrer au plus profond de son être et découvrir qui il était réellement…

Jour après jour elle sentait l’envie d’être un peu plus avec lui, l’envie de le sentir toujours plus proche. Ses mains couraient avec délicatesse sur le corps de Marguerite, redessinant chaque courbe, découvrant soir après nuit chaque recoin de son intimité. Ses caresses semblaient vouloir prolonger le temps qu’ils passaient ensemble…, pour l’éternité. Ils n’avaient pas encore fait l’amour, ils ne savaient pas comment faire, ils voulaient prendre le temps de se découvrir un peu plus, le temps d’être prêt pour autre chose, le temps pour construire cette relation qui se dessinait.

Durant l’été Marguerite consacrait toutes ses soirées et ses nuits à Elros, échangeant baisers et confidences, se découvrant autant qu’elle découvrait un lutin ; ce lutin qui la fascinait par ce qu’il pouvait bouleverser en elle. Le lien encore invisible il y a quelques Lunes auparavant commençait à devenir palpable.

Les journées de Marguerite étaient toujours rythmées par sa mission auprès de la forêt Elle sentait un décalage de plus en plus important entre elle et les siens. Malgré ses tentatives pour accrocher un regard, échanger une confiance ou même oublier ses aventures nocturnes, elle devenait une autre dans l’indifférence de tout son entourage féérique. La saison estivale était une période propice à la rêverie pour le monde de la forêt : à l’ombre des arbres, les animaux s’adonnaient à la détente et à l’amusement. Personne ne pouvait se douter de ce qui pouvait se passer au plus profond d’une petite fée à la fois perdue et heureuse dans la chaleur de l’été.

La chaleur était bien là, dans le cœur et le corps de Marguerite comme pour l’ensemble de la forêt. La sécheresse, toujours plus importante, année après année, faisait souffrir chaque plante, chaque arbre. Alors si la rêverie des uns et le bonheur des autres semblaient régner, la nature attendait la pluie qui panserait ses plaies. Marguerite avait conscience des dangers que la forêt, sa forêt devait combattre, mais une fois de plus elle se sentait si impuissante à la préserver. Alors le soir venu, elle se réfugiait, loin de la réalité, dans les bras de son lutin.

Un soir de pleine Lune Marguerite invita Elros à gravir avec elle cet arbre qui abritait leur secret. Elle voulait le présenter à son amie la Lune. Comme à son habitude celle-ci ne dit rien mais qu'importe finalement pour la première fois depuis si longtemps elle pouvait partager ce moment. Elle avait envie de donner corps à cette relation en lui donnant un peu d'elle, en l'invitant à entrer dans son univers. La nuit était claire, les étoiles illuminaient leurs visages, donnant ainsi la vision de deux êtres sacrés. Elle lui conta la force de la Lune et la puissance des étoiles, la beauté de la voile lactée et l'inaccessible horizon. Le lutin malgré ses difficultés à vivre si haut fut subjugué par la passion avec laquelle cette petite fée pouvait parler des astres de la nuit, de la nature à préserver et des êtres vivants à aimer...

Leur relation était si récente, il n’était pas possible qu’elle puisse ressentir si rapidement un manque. Pourtant loin de l’autre, lorsque ses lèvres n’étaient pas sur les siennes, lorsque ses mains ne la touchaient pas ou lorsque sa voix ne berçait pas ses nuits, il y avait un vide…

Depuis le début de leur rencontre, Marguerite se répétait encore et encore qu’il ne fallait pas, leur vie, sa vie de fée ne pouvait pas être bouleversée par cette rencontre, des barrières devaient pouvoir être édifiées entre sa tête et son cœur. Même si un désir brulait entre eux, cela ne pouvait pas engendrer un avenir commun. Néanmoins, elle dû admettre que les remparts se fissuraient plus vite qu’elle ne le voulait, les regards échanges rendant la relation intense, le sentiment de se connaître depuis toujours semblait les habiter… A la fin de l’été, par une nuit sans Lune, leurs souffles se sont accélérés sous le chêne protecteur, leurs mains franchissaient toujours plus de limites et leur désir l’un pour l’autre devint insoutenable. Marguerite s’abandonna alors à son envie et laissant le corps d’Elros l’envelopper, ils firent l’amour pour la première fois. Le plaisir d’être ensemble a atteint son paroxysme, intense et fort comme les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Ils n’étaient plus qu’une seule et même personne, faisant naître des émotions encore inconnues pour ces deux êtres faits d’une même sensibilité. Allongée dans la mousse Marguerite posa son regard dans celui d’Elros. Une intensité si forte s’en dégageait qu’elle y vit soudain ses ailes apparaitre. Elle ferma les yeux, s’endormit en souriant et rêva de nouveau…

Même l’intensité du soleil n’avait pas réussi à faire sortir Marguerite de ses songes, c’est un baiser de son bien aimé qui lui fit sentir la chaleur de début de journée. Elle ne pouvait plus le quitter, plus après cette nuit, plus maintenant qu’elle avait retrouvé ce qu’elle cherchait depuis si longtemps. Pourtant ce matin-là la petite fée quitta son lutin sans savoir si elle viendrait le rejoindre pour une nuit de plus…

En parcourant la forêt ce jour-là, elle chercha des réponses à ses questions, des signes pour faire le bon choix… Jusqu’à ce jour Marguerite n’avait pas eu à prendre de décision seule, elle était une fée depuis toujours, avait une fonction et un rôle à jouer au sein de sa communauté et cela lui semblait naturel. Sans véritable effort, ni questionnement particulier, la vie avait fait des choix qui lui convenaient sans doute. Aujourd’hui, elle savait qu’aimer un lutin ne pourrait pas être compatible avec son existence. Aucune fée ne pourrait comprendre ce qu’elle pouvait ressentir, aucun raisonnement n’apporterait de solution, aucun regard ne lui donnerait autant d’espoir et d’envie que celui d’Elros. Mais aura-t-elle le courage d’accepter tout quitter … Marguerite prenait conscience petit à petit que la vie qui s’était construire autour d’elle allait s’écrouler, elle pourrait encore s’accrocher quelques temps à cette illusion que rien ne changerait. Après tout, qui se préoccupait vraiment de ses nuits, de ses sentiments, de sa vision du monde, plus personne en réalité. Elle pourrait encore faire semblant en oubliant chaque matin ses pensées de la nuit et chaque soir celles de la journée. Faute d’être courageuse en assumant une décision qu’elle ne se savait pas prête à prendre, elle serait ce que chacun voudra. Elle se sentait apaisée d’avoir retrouvé ses ailes et Elros s’inscrivait ainsi de façon indélébile au plus profond de son âme. Malgré tout, une sensation étrange l’envahit, elle ne savait pas véritablement quoi faire de ses ailes tant espéré…

Marguerite dans son tourment avait l'impression de trahir aussi bien les fées qui l'entouraient et qui comptaient pour elle depuis toujours que ce lutin récemment rencontré et pourtant si cher à son cœur. Vivre dans le secret ne pourrait pas durer éternellement elle en avait bien conscience. Elle savait que les sentiments qu’elle avait pour ce lutin ne pouvaient exister dans son univers et cela même s’il existait dans son cœur. Elle était amoureuse probablement depuis leur premier regard, un matin de printemps.

Au milieu de l’automne, alors que le monde des fées était en ébullition pour préparer l’hiver, Elros annonça son départ prochain. Il devait continuer sa quête pour un jour pouvoir retourner dans ses bois. Il avoua pour la première fois à Marguerite ses sentiments. Elle avait pu le sentir à chaque baiser échangé ou chaque regard qu’il posait sur elle, mais jamais aucun mot n’avait été prononcé. Par pudeur ou par peur de retour de l’autre sans doute. Le lutin l’aimait, il l’aimait tant qu’il souhaitait poursuivre sa quête avec elle. Toute fée des forêts qu’elle pouvait être, pour lui elle n’était pas une aventure passagère. Elle avait pris une place dans son cœur, dans sa vie et aujourd’hui il ne pouvait plus envisager d’avenir sans elle. Malgré leur différence, rien ne semblait pouvoir l’empêcher de l’aimer, cela était pour lui naturel. Il parlait d’elle comme d’un précieux trésor, une fleur sacrée qu’on a la chance de découvrir qu’une fois et que l’on veut pouvoir enfouir au plus profond de soi pour la garder à jamais.

Marguerite, une simple fée des forêts, comment pouvait-elle être aimé si fort par un lutin des bois. Elle était bouleversée par les mots qu’il lui prononçait pour la première fois. Comment une rencontre entre deux êtres pouvait-elle engendrer des sentiments aussi forts, si puissants que l’annonce de son départ provoqua la sensation d’être envahie par le néant. L’équilibre qu’elle avait réussi à construire venait de s’écrouler. Quand allait-il partir ? Reviendrait-il ? Devait-elle partir avec lui ?

Il n’y avait aucune réponse précise à ses questions. Son cœur se serra si fort qu’elle eue l’impression qu’il ne pourrait plus battre suffisamment pour continuer. Le temps de la décision était-il arrivé ? Cela faisait à peine 2 saisons depuis leur première rencontre et seulement deux Lunes que ses ailes étaient réapparues… la vie ne pouvait-elle pas lui laisser encore quelques saisons avant qu’elle ne se retrouve confrontée à ses contradictions ? Elle ne pouvait pas tout perdre, or peu importe sa décision elle perdra nécessairement un peu d’elle, il fallait maintenant déterminer ce qui était essentiel de conserver et ce qu’elle souhaitait devenir.

Après avoir passé la nuit à la cime de son arbre laissant le lutin au pied de celui-ci elle parla à la Lune et admira les étoiles comme elle le faisait chaque nuit avant leur rencontre. Son amie la Lune ne resta muette ... Masquée par un nuage, pas même sa couleur ne se reflétait dans les yeux de notre fée, mais elle sentit une étoile pénétrer au plus profond de son cœur et lui donner le courage qui lui manquait encore il y a quelques Lunes. Au matin, elle se laissa une fois de plus tomber de son arbre mais cette fois elle déploya ses ailes pour se poser délicatement dans les bras d'Elros. Il était temps de partir, il n'y avait pas d'autre alternative...

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