8 - Chaos

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Un immense boom résonne sur la place lorsque l'eau du bassin de la fontaine explose en l'air. Chaque goutellette s'est solidifié, se transformant en projectile mortel. Les derniers rayons de Primara se réfractent en traversant les gouttes, tapissant la place de milliers de tâches lumineuses.

Instinctivement, Laurina a poussé Olga derrière elle et mis ses mains en avant. De celles-ci apparaît un magnifique bouclier de lumière qui vient illuminer la nuit naissante, où les billes d'eau viennent s'écraser dans un bruit sourd. Elle entend l'enfant hurler dans son dos mais continue de maintenir le bouclier : la pluie assassine ne cesse de faire rage.

Plusieurs cris se font entendre, mais celui de l'individu qui est entré juste avant l'explosion est le plus fort de tous. Il hurle de douleur, agenouillé au sol. Laurina en est sûre, il est la cause de cette catastrophe.

Solembum sent chacune de ses cellules bouillir en lui. Il essaye de concentrer son esprit sur autre chose que son corps, sans succès. Les yeux embués de larmes, il ne sait même pas ce qu'il a causé cette fois-ci.

À ses côtés, Klük reste sans voix devant ce qu'il voit. Un désastre, rien de moins. Plusieurs personnes qui passaient juste par là sont touchées par les projectiles. Des gardes qui ont fait irruption sur la place au moment où la détonation s'est fait entendre se protègent derrière leurs boucliers. Des milliers de billes d'eau solidifiées jonchent le sol. Mais la scène la plus impressionnante se trouve presque au centre, au plus proche de la fontaine.

Là, Klük peut voir une jeune humaine, les mains brandies devant elle, créant, Klük ne sait pas vraiment comment même s'il s'en doute, un étrange bouclier de lumière repoussant les gouttellettes. Au centre de cette protection est dessinée une forme qui brille plus que le reste ; une fleur devine Klük. Les yeux horrifiés du Nain se posent sur la jeune fille qui hurle derrière l'humaine.

Se retournant vers son compagnon d'aujourd'hui, Klük ne veut pas croire qu'il est responsable de ce carnage. Pourtant, juste avant que l'eau explose, le Félinet est tombé au sol en hurlant. Cela ne peut pas être une coïncidence.

Soudain, tout cesse. Le calme revient brusquement. L'eau retombe au sol, aspergeant la place.

Faisant disparaître son bouclier lumineux, Laurina se retourne vers Olga. L'horreur de la scène qu'elle découvre écarquille ses grands yeux émeraudes.

"Olga, non !"

S'agenouillant, elle prend la petite fille dans ses bras. Laurina se met à pleurer, incapable de contenir les larmes. Elle n'a pas réagi assez rapidement. Une goutte à réussi à outrepasser ses défenses. Une goutte. Une seule goutte, venue se loger dans la poitrine de l'enfant.

"Non..."

Un mince filet de sang coule de la plaie, mais déjà une large flaque jonche les pieds de Laurina. Ses sanglots viennent rythmer la faible respiration de la petite humaine.

"Non !"

Toujours au sol, le corps encore brûlant, Solembum a relevé la tête pour observer le chaos qu'il a créé. La jeune fille mourante dans les bras de l'humaine est la première vision qu'il a de la scène. Les larmes abondent de ses yeux : de rages, de douleurs, de tristesses... Une nouvelle fois, il sème la mort.

"Solembum ?"

Klük s'est agenouillé à côté du Félinet, posant une main rassurante sur son épaule. Le Nain a compris. Il a compris pourquoi Solembum veux quitter le continent. Il a compris ce qui a pu le pousser à quitter son clan. Il a compris ce qu'il lui cache depuis le début.

"Solembum ? C'est déjà arrivé n'est-ce pas ?"

Le regard que lui lance le Félinet lui sert de réponse. Klük secoue la tête.

"Tu n'es pas responsable, boule de poil."

"Ça, ce n'est pas à toi d'en juger Klük."

Levant la tête, le Nain se rend compte que quatre gardes les ont encerclés. Alban pointe sur lui la lame luisante d'une épée.

Berçant tendrement Olga, Laurina ne se préoccupe même pas des gardes qui courent vers elle. Ils peuvent l'enfermer, la torturer, la condamner à mort, plus rien ne compte. Elle n'a pas pu protéger cette enfant. Elle n'a pas pu protéger une des seule personne qu'elle aimait et qui l'aimait en retour.

"Olga !"

Laurina connaît cette voix. C'est celle de la mère de l'enfant, dont le pas rapide résonne dans la place. Se jetant sur sa fille, elle pousse Laurina qui tombe à la renverse sur le dos. Les pleurs de la mère sont horribles et les sanglots de la jeune humaine redoublent d'intensité lorsqu'une ombre est projetée sur elle. Tentant de se relever, une gifle monstrueuse la projette à nouveau au sol ; assénée par le père d'Olga. Elle lève la tête pour le voir armer sa main à nouveau mais...

"Ça suffit !" gronde une voix puissante qui traverse toute la place. Hector, accompagné d'Arélia, s'avancent vers la fontaine. Il toise Laurina de toute sa hauteur.

"Une magicienne. Cela fait longtemps que nous n'en avons pas attrapé. Je pense que le peuple va être ravi du sort que nous te réservons ma petite."

Arélia relève Laurina en la tenant par la base de ses cheveux et lui fait, lentement, très lentement, découvrir l'étendu des dégâts. Une dizaine de personnes présentes sur la place au moment des faits ont été touchées. Les gardes ont commencé à évacuer certains blessés sur des civières vers l'hôpital du quartier. Plusieurs habitations ont les vitres brisées, des tuiles arrachées des toits jonchent le sol. Et bien sûr, Arélia finit son tour en maintenant la tête de Laurina au dessus de la plus horrible des scènes : le corps inerte d'Olga, dans les bras de sa mère.

"Ce n'est..." commence la jeune humaine, d'une voix brisée par le chagrin.

"Silence, ordure !" la coupe sa tortionnaire. "Regarde. Regarde bien ce que tu as fait. Tu vas payer, et crois moi, pas qu'un peu."

Hector s'avance vers elles, menaçant.

"À genoux, femme."

Laurina n'a pas besoin de l'aide d'Arélia pour s'exécuter, ses jambes ne la supportant plus. Elle n'a plus de larmes à verser mais ses sanglots persistent ; l'image de la jeune enfant décédée imprimée sur sa rétine.

"Hector ! Que se passe-t-il ici ?!"

"Seigneur Orghul. Une magicienne à semé le chaos dans votre quartier. Je pense aussi que ce Félinet n'est pas étranger à ces événements."

L'édile Orc regarde tour à tour la jeune femme au sol, l'enfant morte et le Félinet qu'Hector lui montre du doigt. Le maire aperçoit un Nain à côté de lui : Klük. Il sourit, plutôt heureux de pouvoir mêler le Nain à cette affaire.

"Bien, bien, bien." Reprend lentement le maire, d'une voix assez forte pour que toute la place l'enttende. "Amenez moi tout ce beau monde ici. Commençons par punir l'Humaine en conséquence : son châtiment doit être à la hauteur de ses crimes. Le meurtre d'un de nos citoyens est impardonnable. Arélia, je vous charge d'exécuter la sentence. Faîtes vous plaisir, faîtes la souffrir."

"Non ! " hurle Klük, alors que les gardes les poussent vers la fontaine. "Cette jeune femme a simplement tenté de protéger cette jeune enfant..."

Hector le fait taire d'un regard.

"Sans succès apparemment. De ce qu'on a vu, c'est elle qu'elle protégeait. Et c'est la seule personne que nous ayons vu pratiquer la magie ici. Même si ce Félinet est louche."

"Hector tu fais..."

L'Humain s'avance vers lui et lui assène une violente gifle de sa main gantée de fer. S'agenouillant pour se mettre à hauteur du visage du Nain, Hector reprend en murmurant :

"Cela fait longtemps que nous voulions un motif valable pour te coincer Klük, et tu viens gracieusement de nous l'offrir. Crois moi, Arélia va prendre son pied en te torturant. Tu vas cracher tout ce que nous voulons entendre, y compris la location de ton précieux Entrepôt."

Il se relève et se dirige vers sa seconde.

"Vas y."

Un sourire jusqu'aux oreilles, Arélia sort une dague de son fourreau. Brusquement, elle glisse la lame à l'intérieur du col de Laurina et tire un bon coup, déchirant la robe de la jeune humaine et révélant sa poitrine. Appuyant fortement la pointe juste en dessous de son cou, elle trace une profond ligne sur son torse qui passe entre ses deux seins. Un cris de douleur sort de la bouche de Laurina.

"Oh, ça fait mal chaton ? Ce n'est que le début."

Elle se relève pour faire face à la population du premier quartier qui s'est rassemblée sur la place. Malgré la faible luminosité, Laurina aperçoit toute la rage et la colère au fond de leurs yeux. Arélia pointe Laurina avec sa dague.

"Cette Humaine a tué une enfant de Noxus ! Mérite-t-elle de souffrir ?!"

D'une seule voix, la foule donne son verdict sans appel.

Klük et Solembum se regardent, impuissants. Le Félinet se hait : il a tué une enfant et une jeune femme s'apprête elle aussi à mourir par sa faute.

Arélia se retourne pour regarder Laurina.

"La population a..."

Elle ne finit pas sa phrase. Tout les yeux sont rivés sur la flèche plantée dans le cœur d'Arélia.

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