4 - Klük

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La lumière de Primara vient à peine d'éclairer les eaux de l'Océan du Sud, qu'un navire affronte vaillamment les vagues formées par le vent en colère.

"Le premier qui abîme cette voile, je le jette à la mer !"

Derrière le gouvernail, Klük garde un œil sur l'océan et l'autre sur son équipage. Le Nain au visage buriné ne relâche pas son attention : l'Intrépide et ses matelots arriveront à bon port. Ils sont épuisés et Klük s'en veut : il les a fait naviguer tard dans la nuit. Mais ils ont pris du retard en s'arrêtant à l'Entrepôt et il ne peut se permettre d'en perdre encore : à Noxus, une pharmacie attend son réapprovisionnement d'urgence. Cependant, la mer ne semble pas du même avis.

"Réduisez la voile, bordel ! Pas la peine d'aller s'écraser contre ces lames !" hurle-t-il, sa chevelure blonde tentant de s'engouffrer dans sa bouche.

Un vieux Nain situé à sa droite, accroché à la rambarde surplombant le pont, sourit.

"Tu deviens enfin raisonnable, mon brave Klük?"

L'Ancien. Personne ne connaît son nom et personne n'essaye de le connaître, il en va de même pour son âge. Cependant, le grand père de Klük l'a connu et certain disent que le vieux Nain a participé à la guerre contre les Dragons. De plus, l'Ancien est persuadé que les divinités qui étaient priées avant, existent bel et bien. Quoi qu'il en soit, il navigue avec Klük depuis le début et le capitaine le considère un peu comme son père, ou au moins un oncle un peu fou.

"Nous avons bien avancé cette nuit et Noxus n'est plus si loin. Nous mettrons les bouchées doubles une fois Secondara levée et la mer calmée !"

"Combien de temps comptes-tu rester à terre ?"

"Deux levers de Primara. Trois au maximum et après nous repartons !"

L'Ancien acquiesce d'un signe de la tête. Klük n'aiment pas rester sur le continent et encore moins à Noxus. Une fausse entente règne là bas, camouflant haine et violence. Les nuits du Nain sont encore hantées par ce jour où il a retrouvé une jeune Elf violée et battue dans une ruelle, laissée pour morte. Il caresse un de ses deux sabres accrochés à sa taille : aujourd'hui, la jeune femme vit loin de Noxus, heureuse ; ce n'était pas le cas de l'Orc et du Nain responsables de ce crime. Le Nain revient sur terre pour guetter la mer qui semble légèrement se calmer :

"Almir, ramène tes fesses ici !"

Au pied de l'escalier menant au pont se présente un jeune Orc, un peu pataud et l''air benêt.

"Prend la barre quelques instants, s'il te plaît."

"Oui, Capitaine !"

Almir est sûrement le meilleur navigateur, après Klük, que cette terre est portée : ne jamais se fier aux apparences.

Las, le capitaine Nain se dirige vers sa cabine, non sans jeter un regard sur son équipage : toutes les races, touts les sexes et touts les âges sont représentés sur ce navire ; ils sont la fierté de Klük. Si il n'hésitera pas à offrir sa vie pour son bateau, il donnera la mort sans réfléchir pour chacun de ses matelots.

Entrant dans ses quartiers, Klük souffle un grand coup : en mer, il ne dort pas beaucoup et les dernières heures ont été rudes. Il se regarde dans le miroir à sa gauche. Son visage couvert de cicatrices ; témoignages des nombreux combats qu'il a mené, exprime l'immense fatigue qui l'habite. Avec ses deux sabres rangés de chaque côté de sa taille, son arbalète déjà chargée dans le dos et son carquois rempli de carreaux bien visible au dessus de son armure en cuir, Klük ressemble à un pirate. Pourtant, il passe sa vie à protéger les mers et ceux qu'il peut aider.

Il s'avance à son bureau pour admirer l'immense carte épinglée dessus : sa troisième fierté, après son navire et son équipage. Aucun atlas au monde n'est aussi complet que celui-ci et la majorité des îles y figurant n'existent pas pour la plupart des gens : Klük les a découvertes lui même. Il pose ses yeux sur le dessin se trouvant à haut de la carte. Klük sourit bêtement en revoyant les visages des deux personnes représentées. À la mort de son grand père, un couple d'humain, Olm et Rebecca, avait élevé le jeune Nain, lui transmettant également leur passion pour l'exploration et la navigation. La vie étant ce qu'elle est, ils sont morts de vieillesse avant que Klük n'atteigne la force de l'âge. L'Intrépide est leur bateau, leur héritage, et Klük s'est juré d'en prendre soin, comme ils ont su le faire avec lui.

Posant ses fesses sur son fauteuil et ses bottes sur le bureau, Klük décide de fermer les yeux quelques instants.

*****

Un hurlement réveille le capitaine en sursaut.

"Varals !"

Ni une ni deux, le Nain se précipite dehors pour juger la situation. En ouvrant la porte, il s'aperçoit qu'il a dormi plus longtemps qu'il ne le pensait : la chaleur de Secondara inonde le pont. Rapidement, il remarque cinq créatures monstrueuses au centre du navire : des Varals. Une tête ovale, remplie d'immenses dents pointues, quatre pattes assorties de griffes et de nageoires au niveau des articulations, les Varals peuplent les fonds marins. Attendant le moment propice pour sauter à bord d'une embarcation et prendre au dépourvu un équipage non préparé, ils pillent, tuent et dévorent. Mais les marins de Klük sont tout sauf non préparés. Les Varals ont à peine eu le temps d'arriver à bord avant de se retrouver encerclés par une vingtaine de personnes. Cependant, chaque femme et chaque homme savaient à quel point l'agilité des Varals les rendaient dangereux ; ici, la supériorité numérique ne compte pas. S'assurant que son équipage était prêt tout en courant vers eux, Klük décoche un carreau à l'instant même où l'arbalète se glisse entre ses mains. Le projectile atteint le Varal du centre entre les deux yeux, déclenchant la colère des quatre autres.

Il ne leur faut pas longtemps pour riposter mais les marins les attendent. Trois des Varals restent au centre, se ruant sur les défenseurs qui les encerclent alors que le quatrième sort, habilement, de la mêlée et se dirige vers Klük. Remettant son arbalète dans son dos, le Nain dégaine un de ses sabres tout en continuant de courir. Toutes griffes et dents dehors, le Varal bondit sur Klük : grossière erreur. La créature n'a pas atteint le sommet de son saut que le sabre lui tranche les deux membres antérieur dans une spectaculaire giclée de sang.

D'une gracieuse pirouette, le Nain se décale juste assez pour laisser le Varal s'écraser au sol : finissant le travail, Klük lui plante son sabre dans la tête. Nettoyant l'arme avant de la ranger dans son fourreau, le capitaine lève la tête pour regarder son équipage jeter les cadavres des autres Varals par dessus bord. Efficaces.

"Bien dormi Capitaine ?"

Tout sourire, Almir le toise depuis le gouvernail.

"Alors comme ça on ne sait plus éviter les bancs de Varals ?"

"Tu en a déjà vu si près des côtes, capitaine ?"

Klük se tourne vers la proue et aperçoit, effectivement, les contours du port de Noxus. Songeur, il essaye de comprendre ce qu'il se passe. Les attaques de monstres en mer, en plein jour, sont monnaies courantes, là où, sur terre, ils se cachent tous dans des cavernes dès les premiers rayons de Primara. Pourtant, près du continent, aucune créature n'est censé attaquer ; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle la plupart des navires marchands longent la côte pour rejoindre les différentes villes.

Fermant les yeux et relevant le menton pour profiter des rayons chaleureux de Secondara, Klük se dit que quelque-chose a changé

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