8.

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Quel ne fut pas mon effroi lorsque je compris cela. Un instant auparavant, je croyais approcher de la fin de mon calvaire, de la délivrance, et voici qu’il me fallait maintenant faire volte-face pour retourner dans l’arène et repartir au combat. Je sentis mon sang affluer vers le cœur et repartir plus vite encore aux quatre coins de mon corps, me rendant ma vigueur, mon audace et ma peur. Je ne bougeai pas cependant. Le mouvement naissait de l’intérieur, qui prenait l’allure d’un tourbillon, et un formidable dilemme en était la cause. Qu’allais-je faire ? Étais-je un intrépide toréador ? Ou un simple rêveur ?

Devant moi, un espace vide s’était ouvert que j’aurais dû combler. Je sentis derrière moi une impatience muette. Muette mais tangible. Aurait-on eu quelque klaxon à disposition que le concert n’aurait pas tardé à commencer. Car je ne bougeais toujours pas. J’estimais mes forces. Mais j’étais bien incapable de prendre la véritable mesure de ma vaillance, de mon audace ou de ma résignation. Je m’épuisais en conjectures.

Le mutisme se mua bientôt en une remarque à peine moins que désobligeante et je fus contraint de prendre promptement une décision quant à la marche à suivre. Quelque chose en moi, qui obéissait à tout sauf à une résolution, décida pour moi. J’avançai d’un pas, je comblai le vide et je me repris à tergiverser. Est-ce que je n’avais pas, en parcourant méthodiquement le magasin de long en large, toutes les chances de la retrouver ? Ou bien était-elle, au moment où nos chemins s’étaient croisés tout à l’heure, en train de partir, ayant fini sa journée de travail, si bien qu’elle était loin maintenant et que je m’apprêtais à la chercher en pure perte ?

Mon indécision commença bientôt de me peser. Seul un accès de courage, un élan intrépide, m’eussent permis de couper court à toutes ces interrogations stériles. Et voici bien de quoi j’étais dépourvu en cet instant. Si bien que je finis par me résoudre à n’être plus qu’un lâche, ayant eu pour ce jour mon compte d’aventures et l’occasion d’être brave, laquelle n’avait certes pas été payée mais avait au moins eu le mérite d’exister.

J’avais donc repris ma progression dans la file d’attente et je m’acheminais lentement vers la sortie dans une sorte d’hébétude dont je n’aurais sans doute émergé qu’une fois le seuil de cet établissement franchi si le sort n’avait pas voulu se jouer de moi une nouvelle fois.

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