Chapitre IX, Partie 2 : Aux portes du savoir

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Il paniqua légèrement, et ça se comprenait : si n'importe qui le trouvait dans cette pièce, il était bon pour l'éviction définitive. Il ne pouvait pas se le permettre. Il tourna donc la tête dans tout les sens, à la recherche d'une porte de sortie. Mais la seule sortie donnant sur le vieux cagibi, il laissa tout les dossiers sortis en plan, prit ses affaires et se précipita de l'autre côté de la porte. Bien vite, il la referma, poussa l'armoire métallique devant pour cacher l'ouverture et se jeta sur sa serpillère.

Un individu se présenta dans l'entrebaillement de la porte du placard : c'était Tadéo. Encore et toujours lui. Dieter commençait sincèrement à penser que ce mec rôdait dans les couloirs la nuit. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici, d'ailleurs? Il n'avait pas des dossiers urgents à traiter dans son bureau, celui-là?

Le garçon à la chevelure brune resta calme. Il passait négligement sa serpillère sur le sol, et fit mine de ne pas remarquer tout de suite le grand-lieutenant. Ce n'est que quand celui-ci se râcla la gorge que Dieter se retourna et lui lança un regard surpris.

 -Monsieur le Grand-Lieutenant? Vous avez oublié de me demander quelque chose?

 -Absolument rien, je passais juste par ici.

Très bien, se dit Dieter, ce gars errait donc la nuit dans les couloirs d'EXODUS comme il le pensait.

 -D'ailleurs, reprit-il, je me suis arrêté parce que j'ai entendu un bruit assez étrange. Comme si on traînait une vieille commode sur le sol. Pas toi?

 -Euh, commença le garçon en déglutissant difficilement, eh bien...ça venait peut-être d'au-dessus?

 -Au dessus, hum? Pourtant, au dessus, c'est la salle de commandement. Pas grand chose à déplacer. Et il n'y a personne.

 -Peut-être des courants d'air?

 -Pas de fenêtres.

 -Un rat alors?

 -Trouve moi un rat qui a la force de déplacer des meubles, et je dissèquerai moi-même ses quadriceps.

 -Eh bien alors...

Dieter commençait franchement à manquer d'idées. Il continuait à nettoyer virtuellement le sol et se creusait la tête, mais ne savait pas trop comment expliquer ce bruit là.

 -Bon écoute, j'ai pas que ça à faire, courir après un bruit. Donc je vais m'en aller. Assure toi de bien refermer toutes les portes. Même celles qui sont bloquées par des armoires métalliques.

Le coeur du prince manqua un battement. Il s'arrêta machinalement de laver le sol et releva légèrement la tête. Tadéo jouait avec Dieter, actuellement, et ce derneir s'en rendait parfaitement compte. Depuis le début il savait qui avait fait ce bruit. Ce vieux crouton était un vrai tortionnaire. Sur le point de partir, Il se retourna même une dernière fois vers Dieter et lui dit en retenant un sourire :

 -Au fait, tu vas avoir du mal à nettoyer le sol avec une serpillère sèche.

 -C'est bon, lâchez moi !

Et le militaire reprit sa route en se gaussant d'un rire aigu. Ce cri venu du coeur irrita fortement le jeune Dieter. Ce dernier, la sueur au front, jeta violament le manche de bois contre l'armoire de métal dans un fracas assourdissant. Il ne se moquait bien d'avoir fait un boucan de tout les diables, après la scène que venait de lui faire le grand lieutenant. Dans sa tête, plusieurs pensées allaient et venaient dans tout les sens : il devait trouver des infos, se débrouiller pour esquiver la justice militaire, remplir son boulot de pseudo-concierge anciennement sous-lieutenant et cacher toutes ces petites activités illicites des yeux de sa hirerchie. Pour tout dire, ça commençait à faire beaucoup, même pour ses épaules à lui. Il s'y était pourtant bien préparé.

Touours était-il que Tadéo ne l'avait pas pris en flagrant délit de farfouillage. Il ne savait pas tellement quelles étaient les peines pour ce genre de délit, mais il serait au minimum radié pour toujours de l'armée et expulsé du pays. De plus, si des soupçons de trahison venaient à germer,il était bon pour la cour martiale et la peine capitale. La république ne prenait guère la peine d'amasser des preuves quand elle soupçonnait quelqu'un de la menacer.

Il sortit prudemment la tête dans l'encadrement de la porte, que Tadéo n'avait pas pris le temps de refermer. Mieux valait que personne d'autre ne le trouve ici, d'autant plus que la pièce ne contenait aucune des informations qu'il cherchait. Pour laisser croire qu'il faisait son boulot à peu près correctement, il passa quand même un rapide coup de chiffon et de serpillère sur le sol crasseux. Enfin, il referma la porte et se mit en route vers sa prochaine destination : la salle des enquêtes en cours.

En y repensant plus longuement, Dieter se demandait pourquoi il n'était pas allé inspecter cette pièce là en premier. C'était, par définition, là-bas que l'on classifiait les différentes affaires en cours d'éxecution. Si son cas se trouvait quelque part dans le batîment, c'était bien là. Il prit donc quelques minutes pour s'en remémorer le chemin. 

Elle -la pièce- se trouvait au troisième étage, au nord du complexe. Dieter soupira. Il allait devoir marcher un bout de temps avant d'y arriver. C'est pourquoi il se mit rapidemment en route. Il déambula dans les couloirs livides du rez-de-chaussée, prit un double escalier, se perdit au second étage, prit un ascenseur non-fonctionnel, reprit d'autres escaliers pour finalement parvenir au niveau désiré. Ne lui restaient plus qu'à trouver la bonne salle, ainsi que la bonne clef sur son porte-clefs de concierge. La seule qu'il n'y avait pas était celle de l'accès aux archives, un peu plus tôt, tout simplement parce que les concierges n'étaient pas habilités aux archives nationales officielles et officieuses.

Il chercha quelques minutes, mais tomba assez rapidement sur une porte, blanche comme le reste. Une plaque noire, d'un métal aussi asceptisé que le blanc des murs, indiquait à cet emplacement "Sa.3017 - ENQUETES EN COURS -". Dieter sut ainsi qu'il était arrivé au bon endroit.  Il fouilla dans la grande poche de son pardessus et en sortit un large cercle métallique avec une myriade de petites clefs, toutes assorties d'une minuscule étiquette. Il mit beaucoup de temps avant de trouver la clef correspondante. Une fois qu'il l'eut dénichée, il l'enfonça dans la serrure dans un petit "clic", la tourna, et ouvrit la porte.

L'interieur était assez différent de la salle des archives. La pièce était largement moins grande, et ne comptait qu'une quinzaine d'étagères. Sur celles-ci étaient rangées des boîtes de carton, sur lesquelles on pouvait lire ce que Dieter supposa être le nom des affaires correspondantes. IL marcha le long de ces rangements, lentement, pendant environ dix minutes, à la recherche de celle le concernant. Il ne savait pas trop quel nom elle portait : "Diet", "Mort d'un garde", "Agression du lieutenant Wähle", ou bien quelque chose dans le genre. Mais il lui fallut se rendre à l'évidence : là non plus, il ne trouva rien de concluant.

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