Chapitre VIII, Partie I : Le président à l'assemblée

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En périphérie de la capitale lazarienne, Quantopolis, se trouvait un batîment. Il était relativement simple, et même petit si on le comparait au palais républicain. Ce dernier avait été construit sur les ruines de l'ancien palais impérial, détruit pendant la révolte pourpre, et suivait donc les lignes exactes de ce dernier. Hors, cet édifice là était relativement raisonnable en termes de taille. Il fut, autrefois, le siège d'une grande banque lazarienne. Il servait, depuis quelques siècles déjà, de centre de la démocratie et de pôle de pouvoir, juste après la résidence et le lieu de travail du président. Il s'agissait de l'assemblée nationale.

De l'exterieur, tout était très sobre : en forme de demi-lune, des murs blancs, quelques colonnes de marbres et un toit parfaitement plat, il n'était décoré que de quelques plaques d'ardoise sur sa façade avant. Pour accéder à l'interieur, deux grands escaliers de pierre de plusieurs mètres de haut. L'ensemble n'était pas en materiaux composites strabonnés, contrairement à la quasi intégralité des édifices de la ville, car sa construction remontait à avant la découverte de la strabonite au début de l'empire. Très ancien, ce batîment inspirait respect et déférence.

A l'interieur, il n'y avait qu'une seule et unique pièce. Une grande salle marbrée, tapissée de bleu et de drapeaux lazariens démocratiques. Aucune hémicycle surélevé, les sièges des députés étaient divisés en trois parties distinctes. Non pas qu'il y eut différents partis, ce concept n'existait pas dans la démocratie de ce pays, mais la disposition était plus harmonieuse. Il y avait cependant un pupitre, haut de bien cinq mètres et bordé d'escaliers de bois. Enfin, derrière cette estrade, des bancs de bois, eux surélevés, qui servaient à accueillir les sénateurs.

Mais le silence ne dura pas plus longtemps. Les lampes, éteintes jusqu'alors, s'allumèrent toutes en même temps. On entendit des chahuts et des bruits de voix en provenance de la porte principale, ainsi que des portes secondaires. Ces sons se firent de plus en plus proches, de plus en plus forts, jusqu'à ce que les doubles battants de plexiglass de la grande porte d'entrée s'ouvrent en grand.

Une masse de gens, bien habillés, pénétrèrent peu à peu dans la grande salle et prirent place dans les sièges de cuir. Chacun avait le sien, les noms étaient cousus sur les dossiers et personne ne pouvait se tromper. Mais tous se dirigèrent vers leur place respective de mémoire, sans même regarder le nom. Ils étaient apparemment habitués à ces séances. Bientôt, toutes les places furent remplies, et l'assemblée se lança dans de joyeuses discussions mondaines. Ici, on parlait du cours de la bourse, là des nouvelles directives concernant les égoûts de Cardigor, à l'est, et là enfin on tenait une discussion passionante sur la destitution du président Fang en 387. Tout ce petit monde avait l'air de s'être donné rendez vous pour un dîner de mariage bourgeois.

Une des portes, sur le côté de la salle, s'ouvrit à son tour dans un grincement prononcé. La salle se tut brièvement à l'entrée du personnage haut en couleur. Son velours rougeâtre, ses cheveux plaqués, cet air de profond ennui et cet attaché casé qu'il portait à bout de bras étaient bien connus des parlementaires. Ils ne l'appréciaient d'ailleurs guère, avec ses remarques réitérées sur l'utilité de ce sénat et l'extravagance des locaux républicains. Oui, on pouvait le dire, le parlement était plutôt hostile à l'arrivée de Kardrija Oswald, président de la Démocratie lazarienne.

Il passa rapidemment devant les chuchottements des politiciens présents et rejoignit son siège à l'autre bout de la salle, posé sur une petite estrade. Il prit son sac de cuir, l'ouvrit et en sortit une bonne liasse de documents, tous plus ou moins administratifs. Il les traitait sans grande considération, la plupart étaient cornés, dertains étaient même déchirés par endroit. Il posa sur son nez aquilin des lunettes rectangulaires très fines, qui lui donnaient un air de bureaucrate prononcé.

Mais il ne fut pas le dernier à pénétrer dans l'encinte de la salle. Quelques minutes plus tard, la double porte principale s'ouvrit dans un claquement. Une femme suivie d'un homme. Elle, grande et fine, blonde, portait un costume noir et gris très sérré ainsi que de petites lunettes rondes. Elle avançait à grands pas, et semblait bien sûre d'elle. L'homme, lui, était relativement grand aussi, mais portait un complet brun et un pardessus noir refermé. Ses cheveux gominés luisaient sous l'éclat des lampes, et un terrible parfum qui se voulait viril émanait de lui.

Dans un bruit assourdissant, l'ensemble des députés se leva de leur chaise. Seul Oswald resta là, mollement assis, la tête posée négligemment posée sur la paume de sa main et les jambes croisées. Son regard, fatigué, croisa celui de la terrifiante blonde, un regard qui lançait des éclairs. Il était net que ces deux là ne s'appréciaent pas du tout. Elle monta à la tribune dans le bruit sourd de ses talons hauts sur les marches de chêne.

Arrivée tout en haut, elle sortit quelques feuilles soigneusement rangées dans des pochettes transparentes, et tapa du pied sur le pupitre. De deux portes camoufflées par des pilliers, une rangée d'hommes vêtus de bleu et de noir sortirent et prirent alors place sur les bancs placés au fond, derrière la grande dame. Quand tout ces messieurs se furent assis, le silence revint. Les députés étaient toujours debouts, Oswald était toujours posé sur son fauteuil, et l'homme habillé en vert avait rejoint le président sur le siège d'à côté. L'ambiance était pesante.

Soudain, la blonde reposa ses feuillets et plaça sa main droite sur le coeur. Tout les individus présents firent de même, y compris Oswald, même si son geste fut de mauvaise grâce. Tous en choeur, les députés, les sénateurs récemment entrés, la femme du haut de son pupitre, l'homme en vert et le président récitèrent le serment de la démocratie.

 -Nous jurons ici présents, sur les ruines des anciens tyrans, de jurer fidélité au peuple et à la constitution, ce pour ce jour et pour les siècles à venir. Nous saluons la démocratie, grande et bonne, et nous chantons à l'unisson quand l'ennemi crie de douleur. République, liberté, Démocratie ! Vive la Déocratie !

 -Vive la Démocratie, crièrent ensemble les parlementaires présents.

Et tout ce beau monde se rassit sur son petit siège, sauf le président qui n'avait pas eu à se lever, sous les regards réprobateurs des hommes de loi. La blonde, du haut de ses cinq mètres, se posa également et déclara :

 -Bien, l'emsemble du personnel politique est présent pour cette convocation exceptionnelle. La séance peut à présent commencer.

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