3. Laurène & Julie

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  • Bon, tu m’expliques ?

La piquante brune aux rondeurs girondes ne parvenait pas à obtenir les réponses qu’elle attendait de son amie pour justifier sa présence chez elle à 4 heures du matin.

  • Non parce que je te signale quand même qu’à un moment donné, ton mari va bien finir par se demander ce que tu as fait de ta nuit, peut-être même nous appeler, Florian ou moi… Qu’est-ce qu’on va lui dire ? « Oh J-L, tiens, comment ça va ? Ben nous nickel, à part que ta femme s’est invitée chez nous sans préavis à une heure où les gens normaux pioncent encore, mais sinon tout baigne ! »
  • OK, Julie, j’ai compris, je m’en vais… s’énerva l’intruse.

La brunette rattrapa son amie par la main et la contraignit à se rasseoir.

  • Excuse-moi, ma Lolo, mais tu débarques comme ça, sans rien me dire, juste avec le maquillage en vrac, vêtue d’une robe super sex', mais à l’effet ruiné par ces larmes qui ont dû récemment déborder de tes yeux ! Alors file-moi vite un décodeur, ma vieille, que je capte ce qui te met dans un tel état, parce que sinon, mon cerveau va exploser.
  • Je ne peux pas rentrer chez moi, Julie… Pas cette nuit ! souffla la blonde cannelle en reniflant.
  • Stop ! On reprend ; tu m’arrêtes si je me gourre. Donc hier soir, J-L et toi vous êtes rendus à l’anniversaire de mariage de votre couple d’amis, c’est bien ça ? La fête bat son plein, s’éternise, l'horloge tourne et toi, tu te retrouves en larmes en bas de chez moi à 4 plombes du mat'.
  • Mes larmes avaient cessé de couler depuis longtemps déjà, à ce moment-là...
  • Si tu veux, on ne va pas chipoter pour un détail ! Mais entre-temps, entre votre arrivée chez Nelly et Arnaud et ton départ, il s'est passé quoi ? Vous vous êtes engueulés, J-L et toi ?
  • Pas précisément, non…
  • Alors quoi ? Parle-moi, bordel de merde, vide ton sac ! Sinon, je sers à quoi, moi ?
  • Il... Il me trompe ! lâcha une Laurène étouffant un sanglot. J’en ai la certitude. En allant chercher quelque chose dans la voiture tout à l’heure, j’ai trouvé une boucle d’oreille qui ne m’appartient pas sous le siège passager, et un billet doux griffonné dans la boîte à gants. J’avais jusqu’alors des doutes bien sûr, mais…
  • Et tu ne lui as rien dit ? Rien du tout ?
  • Je ne savais pas quoi lui dire, j’étais sous le choc ! Et puis, il y avait cet anniversaire de mariage…
  • Et t’as tout gardé pour toi ? Ma pauvre Lolo va !
  • Non, il y a bien quelqu’un à qui je me suis confiée avant toi, qui m’a écoutée…
  • Ah bon ? Nelly, cette pimbêche ?
  • Non, quelqu’un d’autre… Quelqu’un que je ne connaissais pas… Un homme… Miguel.

Une lumière s’alluma dans le couloir, la porte du salon s’ouvrit sur un ado à moitié endormi qui dévisagea les deux femmes dans une pénombre à peine éclairée par une lampe à poser sensitive.

  • Putain, m’man, vous en faites un boucan ! Vous pouvez pas la mettre en veilleuse ?
  • Pardon, mon chéri, si l'on t'a réveillé, rétorqua Julie avec une pointe d'ironie dans la voix, mais quand tu rentres tardivement de tes soirées, seul ou accompagné, j'ai droit à peu de choses près à un volume sonore comparable. Vois comme c'est agréable quand on essaie de dormir...
  • Nan mais sans déconner, m'man !
  • OK, OK, on va faire en sorte de se faire plus discrètes, Lolo et moi.
  • Merci...

L'adolescent retourna dans sa chambre sans demander son reste.

  • Bon, maintenant que nous sommes à nouveau entre filles, reprit l'espiègle Julie, revenons à ce type, là, ce... Miguel, c'est ça ? Tu… Enfin, j’imagine que si tu t’es confiée à lui, c’est qu’il ne t’était pas indifférent… Tu vas le revoir ?
  • J’en sais rien. Il m'a juste… Enfin, il m’a laissé sa carte.
  • C'est pas vrai, il t’a embrassée ???
  • Julie !!!
  • Ben quoi ? La plus sage de mes amies se met à flirter avec un bel inconnu, alors j’ai envie de savoir jusqu’où vous êtes allés !
  • Trop loin pour une femme mariée, et pas assez pour me qualifier d’infidèle, ça te va ?
  • Il faut absolument que tu le revoies ! Il te plaît, c’est évident…
  • Non, je n’en ai pas le droit !
  • Ah ben merde alors ! J-L a le droit de s’envoyer en l’air avec n’importe quelle pétasse à gros nibards, et toi t’aurais pas le droit de goûter aux plaisirs épicuriens que t’offrirait ton bel inconnu ? Hé ho, on est au vingt-et-unième siècle, ma vieille, les nanas ont le droit de s’éclater autant que les mecs ! Et puis n’oublie pas une chose, ma Lolo : c’est lui le premier qui a planté un coup de canif dans votre contrat, pas toi.

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