4.Persistance rétinienne

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L'image de Laurène ne se dissipait pas de l'esprit de Miguel. Il y pensait sur le chemin du retour vers son loft, dans son salon, sa chambre... Il posa lestement son smartphone, sa montre et ses clés sur sa table de nuit, et ôta sa veste avant de se pelotonner tout habillé sur son lit en se repaissant de la fragrance qu'elle y avait laissée lorsqu'il l'avait glissée sur ses épaules nues... Il croyait reconnaître Poême de Lancôme. Pourquoi ne quittait-elle pas ses pensées ?

Il n'avait jusqu'alors jamais été spécialement porté sur les quadras ou les femmes mariées, bien au contraire. Il les préférait plus jeunes, plus libres. Des aventures de quelques mois avant qu'elles ne s'attachent trop à lui, avant de leur faire du mal. Et ça lui avait plutôt réussi jusqu'à présent.

Sauf avec la dernière en date. L'exception qui confirmait la règle : Valentine. Vingt ans à peine, bandante à souhait avec un corps de rêve, sculpturale et chaude comme la braise ; définitivement trop exclusive aussi, trop collante et émotionnellement trop immature. Incontestablement bonne au pieu, jamais rassasiée de sa bite, mais impossible à vivre. Il avait donc récemment rompu avec elle en essayant d'y mettre les formes, comme à son habitude, seulement elle s'accrochait à lui, le harcelait à coups de textos, d'appels nocturnes ou à la concession. C'était peut-être pour ça qu'inconsciemment, il s'éloignait des midinettes pour leur préférer des femmes plus mûres. Des femmes comme Laurène.

Allait-elle oser le rappeler ? Il l’espérait vivement. Parce qu’il ne connaissait ni son nom de famille ni son 06 – il ne savait même pas si elle était lyonnaise. Il l’avait bien raccompagnée à la porte du bâtiment où résidait l’une de ses amies, mais il n’en savait pas davantage…

Arnaud. Il pourrait demander son numéro de téléphone à Arnaud. Après tout, c’était l’une de ses invitées. Oui, mais sous quel prétexte ? Arnaud n’était pas vraiment un pote, plutôt une connaissance, un important client de la concession qu’il convenait de choyer. Cela faisait plusieurs années qu’il avait choisi d’équiper sa flotte d’entreprise de Mini en leasing, et c’est ainsi qu’ils avaient sympathisé. Sympathisé... Voilà ce qu’il pourrait dire à Arnaud à propos de Laurène ! Qu’ils avaient sympathisé, qu’elle avait évoqué son désir de changer de véhicule et qu’il avait omis de lui remettre sa carte de visite, qu’il ne savait pas comment la joindre. Oui, ce doux mensonge était une bonne idée, il lui enverrait un SMS aux premières heures du jour. Mais il lui fallait à présent dormir…

Sauf qu’il n’arrivait pas à fermer les yeux. La fragrance entêtante de Laurène l’envoûtait, meublant son esprit de fantasmes très érotiques dans lesquels il lui faisait suavement l’amour. Il se tourna subitement sur le dos. Une érection presque douloureuse le contraignit à déboutonner son pantalon et à sortir sa verge du boxer qui la comprimait pour en décalotter le gland. De fil en aiguille, il se surprit à se masturber comme un adolescent, chose qu’il ne faisait quasiment plus depuis qu’il avait une activité sexuelle aussi intense que régulière. Mais il en éprouvait l’impérieuse nécessité, à défaut de pouvoir assouvir son fantasme. Il retarda le plus longtemps possible sa salvatrice éjaculation – qu’il expulsa dans un puissant râle expiateur - tant les images qui dansaient devant lui lui était délectables. Il la voyait partout, nue, offerte, amoureuse. Sa chemise étant désormais intégralement déboutonnée, son sperme crémeux se répandit abondamment sur son torse dénudé. Ce fut ainsi qu’il finit par s’endormir…

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