Elles sont elles

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Arborant leur tenue habituelle des tours de bois, elles remontaient la rue. Elles ne passaient pas inaperçue dans ce quartier abritant des individus d’une autre époque. Leur accoutrement de « gens louches » qu’elles chérissaient aurait bien achevé tout styliste mésaventureux : débardeur et sarwell dont la couleur ne s’accordait pas, chaussettes flash mi mollet et chaussures basses de randonnée… aucune pièce ne s’accordait ! Ajoutant à cela trois chiens de gros gabarit -- Tina, un labrador croisé au regard vitreux puisque aveugle, Néro, un bordeur colley un peu stupide et Dolly, un boxer impavide et baveux -- elles faisaient PEUR aux personnes âgées venant de la calme maison de retraire de Bataillé qui accéléraient le pas lorsqu’elles les saluaient. Sans appel, elles faisaient se retourner les autres, ceux choquer par ces dégaines de « baba ». Un jour, un homme était même allé jusqu’à enlever ses lunettes de soleil pour mieux les observer. Peut-être n’avait-il jamais vu pareil phénomène auparavant. Elles en avaient immédiatement déduit qu’elles l’avaient ébloui de leurs beautés naturelles. C’était effectivement plus flatteur, bien qu’elles ne soient pas dupes de la situation !

Arrivées au bois, tous les jugements liés au conformisme de la société disparaissaient : seules dans leur endroit magique, isolées de tout être médisant, elles étaient enfin libres de tout étaux qui auraient pu réfréner leur pensée.

En effet, une fois leurs chiens détachés, elles commençaient à leur tour à se défouler. La méthode n’était jamais décidée par avance. Cela se faisait naturellement et d’un commun accord, au grès de leur humeur et de leur forme physique. Le temps et l’état du bois n’intervenait jamais dans leur choix. Petit à petit les balades étaient devenues pour elles une addiction précieuse et à ce jour, rien ne les aurait empêchées d’y aller. Le temps n’était qu’un détail parmi d’autre. Elles s’étaient accommodées à la pluie contre laquelle elles ne pouvaient pas lutter. Elles avaient bien essayé quelques fois de se vêtir d’une longue cape mais le résultat final était le même et le verdict sans appel : il fallait prendre une bonne douche chaude et mettre des vêtements propres et secs. Contre le froid, une large échappe et un bonnet suffisaient. La chaleur quant à elle était appréciée.

Bien entendu, cette pratique ne se faisait pas sans un brin de folie : elles chantaient, couraient, dansaient, parlaient de tout et de rien. Surtout de rien d’ailleurs. Leurs sujets de conversation étaient variés : cela allé du simple commérage à une découverte scientifique, en passant par des phrases sans queue ni tête. Pour éviter de tomber dans l’ennuyeuse routine de la langue, elles parlaient parfois anglais, plus ou moins bien, ou choisissaient des accents alambiqués comme rouler les R pour imiter les vieux habitants du quartier. Il leur arrivait aussi de parler d’elles en employant la troisième personne. Cela faisait des conversations très étrange que nulle autre mise à part elles n’auraient compris.

A ce stade vous pensez surement qu’elles sont folles. Mais elles sont elles. Le lâcher prise fait parfois des dégâts auquel nul dans ce monde n’est accoutumé. Comme vous le savez, une fois l’outre ouverte, les vents contraires trop longtemps contenus font des ravages.

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