Elle était assise devant la cheminée, dix ans plus tôt.

Elle est assise devant cette même cheminée, juste en ce moment.

Il en passe un temps, en dix ans. Possibilités infinies. Aventures sans limites.

Multitudes d’événements. De joie ne pouvant être contenue. De tristesse restée dans l’anonymat.

Dix Noël. Dix nouvel-an. Dix Halloween. Dix calendriers de l’Avent. Dix anniversaires.

Il se passe toute une vie en dix ans.

Une vie, entière, et bien complète.

C’est un temps imparti que l’on donne. Qu’on ne comprend pas, ou que l’on ne veut pas voir. On croit au temps infini, cette représentation fantaisiste que l’on conserve dans notre imaginaire. On pense l’avoir se temps. Pouvoir en disposer toujours.

Et au début, oui, il est bien là. Palpable dans l’air, on le reconnaît et on vit avec, mais sans vraiment y prêter beaucoup d’attention. On l’injurie des fois, lorsque l’on se désespère de sa façon d’agir. On s’en prend à lui pour les choses pas accomplies, celles faites, mais ratées. On se vante de l’avoir dompté quand quelque chose a réellement fonctionné. On s’en sert de bouclier pour se justifier.

Mais jamais tout de suite, on se rend compte, que plus on le manie, le modèle, le tort à tout va, plus il s’efface, et glisse entre nos doigts.

Et c’est peut-être mieux comme ça.

Jamais on ne pourra le contrer. Une bonne chose que l’on ne se rende pas tout de suite compte de son aspect éphémère.

Dix ans on lui a promis, à cette mère. En silence on lui a offert. Devant la cheminée, elle a accepté, sans même s’en rendre compte.

Les jours se sont envolés. Et dix ans de toute cette vie plus tard, elle s’est consumée. L’enfant a fermé les yeux. Concluant le pacte avec le temps.

En s’en allant, le temps l’a emporté avec lui.

Dans un souffle, s’envolant toujours plus haut, comme un petit oiseau se laissant porter par le vent.