C’était la fin. Un jour, soudain, l’univers avait décidé que son cœur ne battrait plus. En réalité c’était ses poumons qui s’étaient éteints en premier, se remplissant d’eau à la place de l’oxygène tant demandé.

Sur le pont, juste en-dessus du plan d’eau, un chauffard en sens inverse l’avait forcé à faire une embardée, directement dans la barrière de sécurité. La physique n’avait malheureusement pas œuvré en sa faveur cette fois-là. La vitesse trop élevée avait contribué à détruire cette barrière, et la gravité aidant, il s’était retrouvé directement plongé dans l’eau.

Encore une fois, le temps, pas en sa faveur, n’avait pas permis que les secours arrivent assez rapidement, ni qu’un sauveteur spontané se lance à l’eau soudainement. Lui-même n’avait pas pu s’extirper de la sa voiture avant que l’eau ne soit son seul environnement, son seul remplacement à l’oxygène.

On avait sorti la carcasse de tôle de l’eau, plus tard. Trop tard.

C’était ce genre de choses qui arrivaient. Bien souvent. Un enchaînement d’événements, qui stoppaient un cœur. Ou plusieurs.

C’est aujourd’hui qu’on les fête. Aujourd’hui que leurs âmes sont le plus proches de nos cœurs.

Pour tous ceux qui y croient, ceux qui ne pensent qu’à un ramassis de bêtises.

Je ne pense qu’à toutes ces âmes, quelque part où tout est inconnu.

Celles que le monde pleura, mais particulièrement celles que l’on ne verra pas s’en aller. Celles dont on se moquera de la mort, en lisant l’histoire dans le journal, en l’entendant aux informations. Celles dont on n’entendra jamais parler, dont on ne connaîtra jamais l’existence, et qui pourtant sont là quand même. Qui ont été là, de chair et de sang. Qu’on a juste oubliées un peu trop longtemps.

Aujourd’hui, c’est la fin. Comme ça l’a été hier ou avant-hier pour des milliers d’autres. Des millions. Ce qui diffère aujourd’hui, c’est qu’ils n’ont plus besoin de se cacher dans l’ombre. Sans les voir avec les yeux, je les vois avec le cœur.

Les yeux fermés, je vois. Et je vois bien mieux ainsi.