18 - Matin

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Une paupière. Lumière. Matin.

C’est le matin. Comme tous les matins. C’est la seconde où l’on ne fait encore rien.

Je préfère le soir, où l’on sait que tous les rêves nous attendent encore. Il y a toutes ces heures qu’on ne verra pas passer, et pourtant on sait qu’elles sont là. Juste devant nous.

Mais c’est peut-être pour ça que le matin est beau. Une seconde peut-être, il nous offre, de répit incertain, où tout n’est pas encore clair, où tout n’est pas encore vraiment là. Une seconde, au lieu d’heures. Une seconde, mais qui n’a besoin d’aucuns mensonges. C’est un instant que l’on a, complètement. Qui ne s’échappe pas dans notre sommeil sans aucun avertissement. Un instant d’inattention, et il ne nous reste plus que cette seconde, du matin.

J’aime le matin. Et pourtant, je le déteste tout autant.

Le matin, c’est l’instant où plus rien n’existe. Aucunes règles, aucuns devoirs, aucune obligation. C’est cette petite liberté de l’instant présent.

Mais par l’oubli, le matin amène aussi la mémoire. C’est la seconde d’après, que tout revient, encore plus fort que le jour précédent. Il ramène la douleur et les soucis. Toute la peine oubliée se fraye un chemin. Et on les revit à l’infini, ces moments que jamais on n’aurait voulu vivre. Mais ça marche aussi pour les bons. Moments. Ils reviennent, les jours suivants, comme une boucle de bonheur infini. Comme si l’on pouvait tout rembobiner pour ressentir cette euphorie encore une fois.

Le matin, c’est cet instant où tout est possible. Le temps n’est que devant nous, il reste tout à écrire.

Même si l’on nous amène par mémoire sur un plateau, tout ce que l’on devra faire sans le vouloir, et tout ce que l’on ne fera pas par manque de temps. Même si tout est déjà si tracé, avant même que ça n’ait commencé. On a cette folle possibilité de tout chambouler. D’attraper son sac à dos et s’en aller. Ne jamais accomplir ce que tout le monde attendait, et suivre un chemin tout inventé.

Matin. C’est cette frivole liberté.

Qu’on a pourtant tendance à ne pas attraper.

Est-ce que je me suis décidée à préférer cette vérité, qui n’a qu’une seule seconde de répit ? Peut-être pas, je ne sais pas.

Est-ce que mon désir se rapproche des heures, vaines et inattrapables ? Aucune idée.

Ce que je sais, c’est que toutes les nuits, j’ai des heures de répit inconnu, que j’essaie d’apprendre à apercevoir. Et avec, j’ai cette seconde de répit, que l’on peut compter, saisir. Pour retrouver ma vie ensuite.

C’est étrange. Mélange. Matin. Paupière. Lumière. C’est le matin, comme tous les matins.

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